Nicolas Hulot a repris mardi soir la présidence de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) qu’il avait quittée en avril dernier pour se lancer dans la primaire d’Europe Ecologie Les Verts, perdue face à Eva Joly, a annoncé mardi la fondation. Il retrouve ainsi un rôle qui lui avait davantage réussi en tant que promoteur du « pacte écologique » de 2007.
En avril dernier, Nicolas Hulot avait dû démissionner de la présidence de la FNH, son engagement dans l’élection présidentielle étant incompatible avec l’indépendance et l’apolitisme de la Fondation. La Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme avait alors pris le nom de «Fondation pour la Nature et l’Homme». « Fidèle à l’engagement qu’il mène depuis plus de 20 ans, Nicolas Hulot souhaite aujourd’hui reprendre sa place à la tête de sa Fondation pour y poursuivre son action au service de l’intérêt général. Comme il l’a toujours fait, Nicolas Hulot entend conserver sa liberté d’expression et d’intervention auprès de l’ensemble des responsables économiques et politiques; une posture indispensable au portage des idées qu’il défend avec la FNH », écrit la Fondation dans un communiqué de presse. « Nicolas Hulot se mobilisera pour que les propositions innovantes du Comité de Veille Ecologique (CVE) de la Fondation, en faveur de la transition économique, écologique et sociale soient entendues. Il souhaite également se consacrer à des projets concrets de terrain, notamment à l’international, en soutenant le fonds dédié aux initiatives de développement durable dans les pays du Sud mis en place par la Fondation ». FNH a démenti que ce retour soit motivé par d’éventuels « problèmes financiers » ou pour éviter que ses grands mécènes (L’Oréal, EDF et TF1) ne s’en détournent en l’absence de son fondateur. « La Fondation est revenue vers lui, ils ont besoin de lui pour redémarrer, il ne peut pas les laisser tomber » car « financièrement, la situation est très mauvaise », a cependant assuré à l’AFP l’un des proches de Hulot, sous couvert d’anonymat. En tout cas, Cécile Ostria, la directrice générale de FNH, se félicite du retour de Nicolas Hulot: « Lorsque Nicolas Hulot a souhaité tenter une autre forme d’action, nous avons respecté son choix. Nous sommes aujourd’hui heureux de retrouver celui qui incarne notre positionnement “ Evolution : Chapitre 2 “, au service de la construction d’un autre modèle de société ». Dans un message adressé aux sympathisants de FNH, Nicolas Hulot écrit, quelques instants après avoir retrouvé la tête de « sa » Fondation. : « Je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous annoncer personnellement mon retour à la tête de la Fondation. J’ai en effet été réélu Président de la Fondation pour la Nature et l’Homme, ce mardi 22 novembre 2011, par le Conseil d’Administration. J’en suis très heureux. Je tiens à remercier chaleureusement Pierre Siquier, président depuis le mois d’avril, pour sa fidélité et son implication au sein de la Fondation depuis sa création. Vous le savez, désireux de tenter une autre forme d’action pour porter nos messages au sein même de la scène politique, j’avais dû, en avril dernier, suspendre mes fonctions et démissionner de mon poste de Président. Très attaché à la Fondation, à son équipe, et fier de ce que nous avons accompli depuis 20 ans, c’est tout naturellement que j’entends poursuivre mon engagement au service de l’intérêt général . Je l’ai toujours dit, ma mobilisation en faveur de la transition écologique, économique et sociale ne faiblira pas. Avec toute la liberté d’expression que vous me connaissez, je vais notamment me mobiliser pour que les propositions innovantes du Comité de Veille Ecologique soient entendues. Je me consacrerai également aux projets de terrain, et plus précisément au fonds dédié aux initiatives de développement durable dans les pays du Sud mis en place par la Fondation. » Ce retour clôt une délicate parenthèse politique de sept mois pour celui qui avait créé en 1990 la Fondation Nicolas Hulot. Depuis sa nette défaite au 2e tour des primaires écologistes face à Eva Joly (41,34% contre 58,16% des voix), en juillet, l’animateur vedette d’Ushuaïa, 56 ans, s’interrogeait sur le sens à donner à son action. Il accepte aujourd’hui de reprendre ce rôle de conseiller, d’aiguillon, qui lui avait notamment permis de peser lors de la campagne présidentielle de 2007. Avec son « pacte écologique », il avait réussit à inscrire l’écologie au coeur des débats et contribué en partie à la mise en oeuvre dans la foulée des tables rondes du « Grenelle de l’environnement ». Il avait ensuite entretenu son image d’« écologiste préféré des français » avec une parole rare, de plus en plus orientée vers les sujets économiques, en se tenant proche des dirigeants mais hors des partis. Ce qui ne l’avait pas empêché de prendre ses distances avec le gouvernement après le report de la taxe carbone en mars 2010 puis le retrait de l’Energie du périmètre du ministère de l’Ecologie à l’automne suivant. Le caractère « apolitique » de la Fondation devrait, désormais, le contraindre à une certaine réserve vis à vis d’EELV et sa candidate. « Il sera tenu à une certaine neutralité du point de vue de l’engagement partisan », confirme un proche, ajoutant qu’il « doit envoyer ce soir (mardi) ou demain matin (mercredi) un message à ceux qui l’ont soutenu pendant la primaire pour dire qu’il reste complémentaire d’Europe Ecologie-Les Verts ». La ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a salué mardi la réélection de Nicolas Hulot à la présidence de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH). Hier soir, dénonçant à la tribune de la convention de l’UMP sur le projet pour 2012 les « dérives idéologiques » des écologistes et du PS sur le nucléaire, elle a déclaré : « Moi, je trouve que c’est bon pour l’écologie, c’est bon qu’il reste là. Les Verts n’en ont pas voulu. Je ne dis pas qu’il a envie de faire de la politique mais, enfin, c’est bon qu’il soit présent pour la campagne. Si les Verts n’en veulent pas, je crois que tous les Français en veulent ! »