Le 2 janvier prochain, Arte diffuse le documentaire Mission Antarctique, un voyage scientifique d’une éblouissante beauté au cœur du dernier continent vierge de notre planète et des eaux qui l’entourent : un paradis en sursis, dont la faune extraordinaire subit déjà les conséquences du réchauffement climatique.
Entre 2005 et 2006, Le Sedna, un somptueux trois-mâts de 51 mètres, a traversé l’Océan austral avec à son bord une équipe de cinéastes et de scientifiques cherchant à mesurer les répercussions des changements climatiques sur le dernier continent vierge de notre planète. Car l’Antarctique, plus vaste que l’Europe et peuplée d’une faune extraordinaire (manchots et albatros, phoques, otaries, éléphants de mer, baleines à bosse…) est l’une des régions du monde qui se réchauffe le plus vite. Ces paysages d’une beauté à couper le souffle, ces eaux figées durant les neuf longs mois de l’hiver austral, ces icebergs majestueux, surnommés autrefois « les géants endormis », constituent un régulateur essentiel pour la grande machine climatique terrestre. Écosystème encore mal connu, dont l’on découvre au fil du voyage la splendeur constamment changeante, l’Antarctique est désormais affecté directement par le réchauffement des eaux, la fonte des glaciers et peut-être, le rayonnement des ultraviolets dû au trou de la couche d’ozone. Ainsi, la population des manchots Adélie diminue rapidement, la hausse des températures perturbant la période de reproduction, avec des chutes de neige tardives qui inondent les nids et noient les poussins. Comme beaucoup d’autres espèces, mais de façon plus spectaculaire, elle est aussi affectée par la raréfaction d’une ressource alimentaire essentielle : le krill, un zooplancton indispensable à la survie de bons nombres d’animaux marins, qui a diminué de 80% au cours des 30 dernières années, apparemment parce que la hausse de la température des eaux freine sa reproduction.
Jean Lemire, cinéaste québécois qui est le « Cousteau » de sa génération, communique au spectateur l’impression, enivrante et déchirante à la fois, d’accomplir lui-même ce voyage aventureux au pays des merveilles pour mesurer combien il est menacé. Au gré des rencontres avec les différentes missions scientifiques internationales qui travaillent sur place, mais surtout en regardant de tout près vivre et s’ébattre, sur terre et sous les eaux, les êtres extraordinaires qui peuplent ce monde en sursis, les conséquences et les enjeux du réchauffement climatique apparaissent dans toute leur alarmante dimension. Un commentaire sobre et informatif accompagne discrètement ces images exceptionnelles, tournées sur soixante semaines. Un grand film.
Mission Antarctique documentaire de Jean Lemire et Caroline Underwood (Canada/France, 2007, 2h) diffusé le mercredi 2 janvier sur Arte à 20h40.