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Méditerranée : 43 espèces de poissons menacées d’extinction

A quelques jours du début de la pêche au thon (qui débute le 15 mai) voici un nouveau pavé dans la mare. Plus de 40 espèces de poissons dont près de la moitié des espèces de requins et de raies risquent de disparaître en Méditerranée ces prochaines années, notamment en raison de la surpêche, de la dégradation des habitats marins et de la pollution, selon une étude réalisée pour la liste rouge de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Les espèces comme le thon rouge (Thunnus thynnus), le mérou (Epinephelus marginatus), ou le merlu (Merluccius merluccius) sont considérées comme menacées ou quasi menacées d’extinction au niveau régional en raison principalement de la surpêche. « La population du thon rouge en Méditerranée est particulièrement préoccupante. Il y a eu une baisse d’environ 50% ldu potentiel de reproduction de cette espèce au cours des 40 dernières années en raison de la surpêche intensive », explique Kent Carpenter, coordonnateur de l’évaluation mondiale des espèces marines à l’UICN. « Le manque de conformité avec les quotas actuels combinée avec la sous-déclaration généralisée de la capture peut avoir sapé les efforts de conservation pour cette espèce en Méditerranée. »
Les populations de thon rouge en Méditerranée sont particulièrement inquiétantes
Les populations de thon rouge en Méditerranée sont particulièrement inquiétantes
L’utilisation d’engins de pêche, telles que les lignes de pêche, filets maillants ou de chalutage, et l’utilisation illégale de filets dérivants signifie que des centaines d’animaux marins sans valeur commerciale sont capturés, menaçant les populations de nombreuses espèces de requins, raies et autres poissons, ainsi que d’autres animaux marins, dont les dauphins, les baleines, les tortues et les oiseaux. « L’utilisation de chaluts est l’un des principaux problèmes pour la conservation et la durabilité de nombreuses espèces marines », explique Maria del Mar Otero, du programme UICN-Med. « Parce que ce n’est pas une technique sélective, elle capte non seulement les poissons cibles, mais également un grand nombre d’autres espèces, tout en détruisant le fond de la mer, où de nombreux poissons vivent, se reproduisent et se nourrissent. » L’étude souligne la nécessité de renforcer la réglementation sur la pêche, de créer de nouvelles réserves marines, de réduire les quotas de pêche et en particulier le nombre de captures autorisées pour les espèces menacées. Un message qui a du mal à passer puisque les 48 Etats pêcheurs de la Commission internationale pour la Conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) ont adopté une limite de la pêche au thon rouge en Méditerranée à 12.900 tonnes en 2011, contre 13.500 t en 2010. Aucune mesure concernant la protection des zones de reproduction n’a été adoptée malgré de nouveaux éléments scientifiques allant dans ce sens et les prises de position de certains Etats et des ONG environnementales (pour en savoir plus lire notre article : « Thon rouge : nouvel échec diplomatique pour la France au CICTA » en cliquant ici). « La consommation responsable est une des façons dont nous pouvons tous contribuer à la conservation de nombreuses espèces marines », explique Catherine Numa, qui assure la direction du programme UICN-Med. « Sur la base des conclusions de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées, nous espérons que les politiques prendront les décisions appropriées pour assurer cette source de nourriture importante pour l’avenir, tout en protégeant et en valorisant la diversité biologique de la planète en même temps. » En attendant les décisions politiques, un groupe d’entreprises leaders sur leur marché viennent de signer le manifeste du WWF sur le thon rouge, et s’engagent à l’arrêt de la commercialisation du thon rouge d’Atlantique et de Méditerranée, pour permettre la reconstitution des stocks (pour en savoir plus lire notre article : « 40 entreprises suspendent la commercialisation du thon rouge d’Atlantique et de Méditerranée » en cliquant ici). Le rapport souligne également le manque substantiel d’informations sur l’état de conservation de près d’un tiers des poissons de la mer Méditerranée (qui ont été évalués comme « données insuffisantes »), une proportion importante de ce qui est considéré comme endémique dans la région. D’autres recherches pourraient montrer que le groupe « données insuffisantes » pourrait d’ailleurs inclure une grande proportion de poissons menacées. L’augmentation du financement et de la recherche doivent donc être dirigés vers ces espèces, préconise l’UICN.

Pour aller plus loin

  • Depuis dix ans, Greenpeace tire la sonnette d’alarme. Le thon rouge de Méditerranée est menacé d’extinction. Dans son premier rapport sur le sujet, en 1999, Greenpeace annonçait que le nombre de thons rouges adultes avait diminué de 80% au cours des vingt années précédentes. Aujourd’hui, la catastrophe annoncée se confirme : le stock de thon rouge de Méditerranée va s’effondrer. Peut-être dès 2012 estime l’ONG. Pour en savoir plus, consulter le document : « Mais où est donc passé le thon rouge en Méditerranée ? » et le dossier « Le thon rouge en Méditerranée ».
  • La Méditerranée, un joyau menacé selon le programme international Census of Marine Life. La Méditerranée compte parmi les mers les plus riches au monde – elle représente à peine 1% de la surface des océans et abrite plus de 17 000 espèces, soit 9% de la biodiversité marine. Mais elle est aussi l’une des plus menacées. Pour en savoir plus, cliquez ici).
  • Expédition MED : 1 million de clics pour sauver la Méditerranée de l’invasion plastique. Des chercheurs issus d’une dizaine de laboratoires universitaires européens se mobilisent pour mettre en lumière un phénomène alarmant, la présence d’une pollution quasi invisible, susceptible de rentrer dans notre chaine alimentaire : les microfragments de plastiques. En effet, la première série d’analyses des échantillons réalisée par l’IFREMER et l’université de Liège, estiment qu’environ 250 MILLIARDS de microfragments de plastiques contaminent la Méditerranée en surface. La mer Méditerranée est-elle en train de devenir une « soupe de plastique » ingérée par les poissons et même le plancton, base de toute la chaîne alimentaire ? Pour en savoir plus, cliquez ici).

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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