Nucléaire, sondage contre sondage. Cette semaine, Les Echos publiaient une enquête d’opinion, commandée par EDF, indiquant que « les Français restent de justesse favorables au nucléaire ». Aussitôt, Cécile Duflot a dégainé un autre sondage, censé au départ ne pas être rendu public, assurant que… 70% des Français sont favorables à une sortie du nucléaire ! Mais, encore une fois, les questions posées n’étaient pas exactement les mêmes.
« 42% des Français sont favorables « à la demande des écologistes d’abandonner la production d’électricité nucléaire en France ». 55% n’y sont pas favorables. » On comprend pourquoi EDF a eu la délicatesse de confier aux Echos les résultats de sa dernière enquête d’opinion, réalisée par TNS Sofres les 15 et 16 mars derniers [[Sondage TNS Sofres réalisé les 15 et 16 mars par téléphone auprès de 1000 personnes de plus de 18 ans et sondage Ifop réalisé du 15 au 17 mars en ligne auprès de 1008 personnes, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. (méthode des quotas).]]. Malgré la catastrophe nucléaire au Japon, une (courte) majorité de Français reste favorable à l’énergie nucléaire. On est loin des chiffres des derniers sondages en Allemagne et en Suisse, indiqués par le quotidien économique : 87% des Allemands, et 77% des Suisses souhaitent un arrêt progressif des centrales. Selon ce sondage, 68 % des Français pensent qu’un accident comme celui qui vient de se produire au Japon aurait pu arriver en France. Les Français, dont 55 % sont inquiets des conséquences dans l’Hexagone de l’accident japonais, sont près d’un sur deux à penser que le nucléaire est remplaçable essentiellement par les énergies renouvelables. Les chiffres de cette enquête d’opinion ont été soumis le 21 mars sur France Inter à Cécile Duflot, la dirigeante d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui plaide pour un référendum sur une sortie du nucléaire dans les 30 prochaines années. Aussitôt, elle cite un autre sondage, réalisé par l’Ifop et qui était censé rester interne au parti, qui indiquerait, lui, qu’« environ les deux-tiers des Français » sont favorables à « une sortie rapide ou programmée » du nucléaire. Dans la foulée, Duflot n’oublie pas de juger « un peu gros » les résultats d’EDF. Pour elle, « sortir de manière intelligente et concertée du nucléaire, c’est possible » : Suite à l’intervention de Cécile Dufot l’AFP indique s’être « procuré » ce fameux sondage : « 70% des Français se déclarent favorables à la sortie du nucléaire : 51% pour un arrêt progressif à 25 ou 30 ans et 19% pour une sortie immédiate. 30% souhaitent en revanche que la France « poursuive son programme nucléaire et construise de nouvelles centrales ». » Denis Baupin a souligné que ce sondage devrait « faire réfléchir » le Parti socialiste et le PCF, traditionnellement pro-atome. Une majorité des sympathisants de gauche (56% au PS et 65% au Front de gauche) sont favorables à une sortie sur 25 ou 30 ans, tout comme 50% des MoDem et 53% des FN. Les sympathisants de l’UMP sont les seuls à vouloir poursuivre le programme nucléaire en majorité (55%). L’association Agir pour l’environnement a pour sa part exprimé « son plus profond écœurement devant cette indécente tentative de manipulation » d’EDF, « à l’heure où des milliers de Japonais luttent de toute leur force pour limiter l’ampleur de la catastrophe nucléaire ». Elle « va saisir la commission des sondages afin de vérifier les méthodes utilisées par cet institut de sondage ».Le nucléaire et les sondages magiques ! Par Thomas Legrand
L’édito politique du jeudi 24 mars 2011 diffusé à 7h45 sur France Inter : Deux sondages ont été rendus publics sur la question du nucléaire. Ils permettent d’avoir une petite réflexion sur les sondages en général et aussi sur le nucléaire. Le premier sondage a été effectué par nos amis de la SOFRES pour le compte d’EDF. Le second a été réalisé par nos amis (on a que des amis chez les sondeurs!) de l’IFOP pour le compte d’Europe-Ecologie-Les Verts ! Rendez-vous compte la chance qu’on a ! On ne pouvait pas espérer plus limpide comme cas d’école. A soumettre à tous les étudiants en communication ou en sciences politiques. La même semaine, un sondage commandé par les producteurs de nucléaire et un autre par ceux qui le combattent ! C’est un peu comme si le grand méchant loup et le petit chaperon rouge commandaient chacun un sondage pour déterminer la fin de l’histoire et le sort de la Mère-grand ! Que croyez-vous qu’il arriva ? Les deux sondages disent l’inverse… Mais pour autant ils ne sont pas contradictoires. Ils sont tout simplement bien tournés, chacun dans leur genre. La question posée par la Sofres et EDF est la suivante : « êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt pas favorable, pas du tout favorable à la demande des écologistes d’abandonner la production du nucléaire en France ? » La réponse des sondés est conforme à ce que le client EDF attend : total défavorable : 55%, total favorable à l’abandon du nucléaire : 42%. (Remarquez bien, la question ne dit pas favorable « à l’arrêt » ni « à la sortie » du nucléaire mais « à l’abandon »). Selon EDF, les Français sont contre la proposition des écologistes ! Tournons-nous maintenant vers le sondage IFOP, commandé et payé par les Verts : voici la question : « Souhaitez vous que…(3 possibilités) la France poursuive son programme nucléaire et construise de nouvelles centrales, arrête progressivement sur 25 ou 30 ans son programme nucléaire, arrête rapidement son programme nucléaire… ? » Et là…incroyable ! Le résultat est inverse ! Oui, 51% des Français répondent qu’il faut arrêter en 25 ou 30 ans, 19% souhaitent l’arrêter rapidement et 30 % seulement veulent la poursuite du nucléaire. Donc, une très large majorité veut que la France aille vers la sortie du nucléaire si on le lui demande comme ça. Vous l’aurez compris, tout est dans le libellé de la question. On le sait, c’est un classique mais pour une fois on avait l’exemple parfait sous les yeux. EDF laisse entendre aux sondés que les écologistes sont pour un arrêt brutal et les écologistes formulent une question détaillée, dans laquelle il est précisé que l’arrêt du nucléaire serait lent et progressif mais l’alternative qu’ils soumettent aux sondés, c’est de poursuivre le programme et de construire de nouvelles centrales dans une formulation un peu angoissante… Ces questions concoctées par les sondeurs pour leur clients sont évidemment un brin manipulatoires. C’est particulièrement visible quand on a les deux sondages sous les yeux. Il ne faut pas en conclure que les sondeurs sont malhonnêtes et que tout ça ne veut rien dire. Ce sont aussi des commerçants et tout ça est, au contraire, très instructif. Il ne faut donc pas arrêter de lire les sondages mais il faut les lire tous et les comparer. En l’occurrence ces deux sondages sont complémentaires et nous indiquent que le débat sur la sortie ou non du nucléaire (débat qui n’a jamais eu lieu en France ou le nucléaire est classé au rang des spécialités identitaires du pays au même titre que le fromage ou le TVG)… Donc, que le débat sur la sortie ou non du nucléaire mérite d’être mené.
Les français et le nucléaire : les sondages contradictoires de EDF et des Verts
A- Première question : êtes-vous pour les sondages ?
B- (après réflexion) : non
A- Deuxième question : êtes-vous contre les sondages
B- (après réflexion) : oui
A- Troisième question : êtes-vous pour ou contre les sondages ?
B- (après réflexion) : merde !
Êtes-vous pour ou contre qu’on vous prenne pour un con ?
Le sondage, ce n’est pas une opinion qu’on fige, mais une escroquerie de haute voltige,
qui se substitue à moi pour élire, compter et opiner…
Je préfère encore me shooter à l’héro matin, midi et soir, avorter ce que je devrais enfanter,
renoncer à ma féminité que d’avoir l’illusion de penser quelque chose que je n’aurais jamais pensé,
de choisir quelqu’un que je n’aurais jamais choisi, de vivre une vie que je n’aurais jamais vécue…
Je préfère encore y laisser ma peau plutôt que de répondre à la requête d’un collabo.
Si le pouvoir avait le pouvoir… Il interdirait tout sondage d’opinion !
http://www.lejournaldepersonne.com/2011/03/enfumees/