Même aux Etats-Unis, tous les profits ne sont pas jugés respectables. Ceux réalisés par les compagnies pétrolières sont si décriés par le grand public que le Sénat a, ce mercredi, convoqué les patrons des géants Exxon, Chevron, Conoco Philips, British Petroleum et Royal Dutch Shell devant deux commissions conjointes -de l’Energie et du Commerce- pour qu’ils rendent publiquement des comptes sur leur richesse. Les cinq premières compagnies d’énergie de la planète (*) ont réalisé 32,7 milliards de dollars de bénéfices au troisième trimestre (+52% par rapport à la même période de l’an dernier) et devraient dépasser le cap des 100 milliards sur l’ensemble de l’année. Avec 10 milliards de dollars engrangés en trois mois, Exxon a même pulvérisé tous les records trimestriels de l’Histoire… Son patron, Lee Raymond, va devoir convaincre les élus que cette augmentation de +75% par rapport à l’an dernier se justifie.
Une mission délicate alors que les consommateurs citent désormais, dans les sondages, le coût de l’énergie comme leur problème majeur, devant les frais de santé. Ils ont subi une hausse du prix de d’essence de +44% en un an et sont menacés par une flambée de +70% des notes de gaz cet hiver… Une fois n’est pas coutume, c’est un Républicain, le leader de la majorité au Sénat, Bill Frist, qui est à l’origine de cette drôle d’initiative qui vise l’un des principaux sponsors du parti – Big Oil a donné 13,3 millions de dollars aux candidats républicains au Congrès en 2004 et 3,3 millions aux démocrates, selon le Center for Responsive Politics (indépendant).
Plusieurs moyens sont évoqués. Des démocrates se sont unis à un républicain –le sénateur Judd Gregg du New Hampshire- pour déposer une proposition de loi qui vise à taxer 50% des bénéfices de Big Oil dès que le prix du brut dépasse les 40 dollars le baril; l’argent serait reversé aux contribuables.