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Le premier «budget carbone» est britannique

En marge du budget de l’État, le gouvernement a passé des objectifs chiffrés de baisse d’émissions de CO2.

Un article d’Éric Albert publié sur Latribune.fr


Le document est passé quelque peu inaperçu, perdu au milieu des déficits abyssaux du budget de l’État britannique présenté mercredi. Mais il est pourtant historique : le premier « budget carbone » au monde a été publié par le gouvernement du Royaume-Uni.

Concrètement, le gouvernement s’impose trois budgets quinquennaux avec des objectifs chiffrés de réduction de ses émissions de CO2 par rapport au niveau de 1990 : – 22 % d’ici à 2012
– 28 % d’ici à 2016,
– 34 % d’ici à 2022 (actuellement, les émissions sont déjà de 19 % en dessous de leur niveau de 1990).

Ce nouvel objectif est supérieur à celui de « – 26 % à -32 % » qui était affiché jusqu’à présent par Downing Street. Il pourrait être revu, pour être plus strict, si un accord mondial est trouvé à Copenhague en décembre.


Très peu d’argent

Surtout, ces budgets carbone présentent deux nouveautés. D’une part, ils offrent des niveaux intermédiaires, qui permettent de mesurer exactement si le pays est sur la bonne voie. D’autre part, ce sont des documents légaux, votés au Parlement (le vote parlementaire doit être réalisé avant le 1er juin).
« Le gouvernement pourra être poursuivi en justice s’il ne respecte pas ses objectifs », explique Liz Hutchins, porte-parole de Friends of the Earth, l’association à l’origine de cette loi.
Bien sûr, elle reconnaît qu’un procès n’aboutira pas à grand-chose, aucune amende n’étant prévue. « Mais le gouvernement risque de payer un fort prix politique s’il se retrouve devant les tribunaux », estime-t-elle. De plus, chaque budget quinquennal va être accompagné d’objectifs annuels indicatifs (qui seront déterminés dans les mois à venir), permettant de suivre de très près la réduction ? ou non ? des émissions de CO2 britanniques. « Ce système fournit un cadre clair et crédible pour soutenir l’investissement dans les économies d’énergies et les technologies à faibles émissions de CO2 », estime le gouvernement britannique.

Si le système légal est salué des groupes environnementaux, son application laisse beaucoup à désirer. Le budget ? le vrai, détaillant les finances ? n’annonce que très peu d’argent pour l’environnement. Au total, 1,4 milliard de livres (1,5 milliard d’euros) sont destinées à réduire les émissions de CO2. « C’est timide et inadéquat », estime Adrian Wilkes, le directeur de l’Environmental Industries Commission, un groupement de 300 entreprises de technologies de l’environnement. « Le chancelier doit être félicité d’avoir passé les premiers budgets carbone, mais il y a un vrai risque que leurs objectifs ne soient pas atteints s’il n’y a pas de nouveaux investissements dans les technologies de l’environnement », ajoute Algersgate Group, un groupement d’associations et d’entreprises.

Certaines décisions vont certes dans le bon sens.
Une aide de 375 millions de livres (420 millions d’euros) va améliorer l’isolation des habitations, particulièrement déficientes en Grande-Bretagne.
Des subventions de 525 millions (585 millions d’euros) sont aussi destinées aux éoliennes en mer : leur efficacité, pour une île ventée comme la Grande-Bretagne, est évidente, mais leur développement était bloqué par des coûts trop élevés (lire « La Tribune » du 11 mars 2009).

Il n’en reste pas moins que l’échelle des mesures semble limitée. Même lord Turner, le président du Committee on Climate Change, un organisme gouvernemental, est prudent : « Il est maintenant important que cette première étape soit suivie d’actions. Pour atteindre les objectifs, nous devons commencer à réduire nos émissions aujourd’hui. » Pour que les promesses ne restent pas lettre morte?

© crédits photo (La Tribune)

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