Désormais, la population urbaine dépasse la population rurale de notre planète. Le taux d’urbanisation dans le monde a en effet franchi le seuil des 50%, selon l’Institut national d’études démographiques (INED).
En 1950, le monde comptait 86 villes de plus d’ 1 million d’habitants ; aujourd’hui on en dénombre 400 et en 2015 il y en aura au moins 550. Et avec l’urbanisation galopante, la taille des villes augmente de manière spectaculaire. En 1975, on comptait seulement 3 agglomérations de plus de 10 millions d’habitants : Tokyo, New York et Mexico. Leur nombre est passé à 20 en 2005 ; la majorité étant située dans des pays en voie de développement (Shanghaï, Pékin, Bombay, New Delhi, Calcutta, etc.). Cette urbanisation intensive s’accompagne de problèmes d’engorgement de nombreuses grandes villes du Sud : élévation du niveau de pollution et accroissement des bidonvilles. (Photo : Jean-Marc Kiener – www.voyages-virtuels.eu) On assiste à l’extension exponentielle des mégalopoles du tiers monde, conséquence d’un exode rural mal maîtrisé. Le phénomène des migrations rurales est déjà fort ancien : fuyant les conditions de vie difficiles des campagnes, la population rurale est attirée par les lumières de la ville mais vient s’y brûler les ailes… Ainsi en Chine des centaines de millions d’ouvriers-paysans, les mingong, viennent « offrir » leur force de travail pour les travaux les plus pénibles et les moins rémunérés en ville ! Un milliard de personnes survivent dans les bidonvilles du monde et désormais les bidonvilles s’agrandissent en « megabidonvilles » dans des conditions de vie de plus en plus instables (pollution, pénurie d’eau, problèmes d’hygiène et de santé). En 1927, dans son film de science-fiction Metropolis , Fritz Lang imaginait une mégalopole de 2026 divisée en deux : la ville haute, où vivent les familles dirigeantes, dans l’oisiveté, le luxe et le divertissement, et la ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville. Aujourd’hui, 80 ans plus tard, n’est-ce pas déjà le cas ? Les villes se vantent de développer des projets d’«écopolis» un peu partout dans le monde : Dongtan à Shanghai qui devrait être achevée pour l’exposition universelle de 2010, BedZed terminée en 2002 à Londres, le projet Seoul Commune en 2026, etc. Mais comment remédier durablement en parallèle à l’expansion exponentielle des bidonvilles ? ces projets ne restant limités et accessibles qu’à une élite de la population… Les villes des pays développés ne sont pas épargnées par cette crise : phénomènes d’exclusion sociale, ségrégation spatiale (cités des banlieues, ghettos), un nombre croissant de personnes en situation de précarité, difficultés d’accès à l’emploi. Que peut-on attendre du futur des villes ? le meilleur, écoloville, et le pire, les bidonvilles ? Aujourd’hui, les richesses mondiales se de plus en plus mal réparties. Les écarts se creusent, entre catégories sociales et pays du Nord et pays du Sud. Une étude des Nations Unies, parue en décembre 2006, révèle que 2% de l’humanité détient la moitié du patrimoine des ménages tandis que la moitié de la population mondiale en détient 1%. En résumé, l’étude de l’IFEN apporte la conclusion suivante : « Alors que l’urbanisation est historiquement un des moteurs du progrès économique et social, la forte croissance urbaine actuelle dans les pays du Sud, avec les difficultés de logement, d’emploi ou de transport qu’elle engendre, semble au contraire ralentir leur développement. » Fiche pédagogique Survivre en ville de l’exposition Le Développement Durable, Pourquoi? de Yann-Arthus Bertrand