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La nature est un Livre ...

Le Jardin de la Foi

Auteur : Frère Jean | Editeur | Presses De La Renaissance

« Il n’y a qu’une seule façon d’apprendre : c’est d’aimer ce que l’on fait, car la lumière que nous cherchons nous la portons dans le creux de nos mains » Frère Jean est l’auteur du Jardin de la Foi dont il a souhaité que nous diffusions quelques extraits. La résonance entre ces textes, d’une poésie et d’une sagesse qui nourrissent le coeur des êtres humains, et ses photos de Jardins en Lozère, d’une beauté et d’une sérénité qui ouvrent nos yeux sur l’harmonie et notre esprit à plus de conscience, nous a touché et nous en diffusons 4 extraits : Le Skite Sainte Foy (Monatère où Frère Jean est jardinier), Aime ce que tu fais, l’Eau de Vie et Châtaigne. Et puis CDURABLE.info va bientôt emménager dans ses nouveaux bureaux en Lozère, entre Ardèche et Gard, dans une clède au pied des Cévennes, dans un hameau qui porte un nom évocateur : Les Aydons … Alors ces mots et ces images nous préparent à réconcilier notre vie professionnelle et les valeurs universelles qui imprègnent notre existence d’être humain.

«Le Jardin de la Foi de Frère Jean est l’oeuvre humble et forte d’un moine jardinier que le scientifique que je suis rejoint dans une profonde communion de nature. Comment résister à ces récits courts et prenants, à la manière des paraboles, nourris tout à la fois du suc de la terre et de l’esprit ? Le Skite Sainte Foy, cette noble demeure, s’offre en effet “comme un phare qui relie l’océan du ciel à la terre des Cévennes”. De ce livre, où chaque petit récit est à déguster et à méditer en silence, émane une paix profonde et une atmosphère de haute spiritualité et de contemplation. J’ai profondément aimé ce petit livre et le garde à proximité pour souffler, pour respirer, pour prier.» Jean-Marie PELT
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Par le moyen des choses naturelles nous pouvons recevoir des enseignements très clairs sur des choses spirituelles” dit Saint Jean Climaque dans l’Echelle Sainte (26-15). L’homme trouve des vérités toujours actuelles dans le témoignage des Anciens (…) Il puise dans la prière des outils pour progresser sur le chemin spirituel (…) La nature est un Livre offert à ceux qui cultivent la terre de leurs mains, qui découvrent que la création révèle une sagesse universelle qui relie l’homme au Royaume céleste. L’acte quotidien, sans tomber dans l’habitude, éduque le jardinier des profondeurs en aiguisant sa vigilance. Il le dépouille de la tendance à s’approprier, à fractionner les éléments pour accéder à une perception innocente, totalement présente, à la contemplation intérieure ! Tout lui parle dans la simplicité de l’instant : le chant d’une source, la rotation d’une rose amoureuse du soleil, la louange d’un coquelicot qui embrasse le ciel, l’histoire d’un mur à pierres sèches, d’un chêne ou d’un châtaignier… Le risque est de prendre à la lettre les modèles que nous offre la nature, de tomber dans le panthéisme, de confondre le chemin de la connaissance de soi avec la reliance au divin. Le cheminement du jardinier passe de la terre des profondeurs au fruit, il n’y a pas de progression dans ces paraboles d’aujourd’hui. (…) Les photographies disent par une écriture de lumière ce que les mots ne peuvent pas montrer, elles révèlent par un dégradé de gris des nuances subtiles qui court-circuitent le raisonnement, elles parlent à la mémoire de l’être. Les images prises avec un appareil automatique soulignent un désir de sobriété. Ces petites histoires décrivent l’ouverture du coeur, elles n’ont pas la prétention d’être un traité de théologie, de philosophie ou d’agronomie. Elles sont une promenade méditative, un témoignage poétique de la foi d’un homme qui a choisi de consacrer sa vie à Dieu, qui essaye de la partager avec ses frères à travers les actes simples du quotidien. Son désir :  » réinventer la splendeur du simple, sans trahir la sagesse des Anciens ». Fr Jean
Jardin en Lozere
Jardin en Lozere
Télécharger le Catalogue de l’exposition que présente le Conseil général de la Lozère sur les cimaises du château de Saint-Alban du 29 juin au 22 août. Entrée libre.

Le Skite Sainte Foy

Le Skite Sainte Foy, cette noble demeure, élevée au-dessus des paysages environnants, s’offre comme un phare qui relie l’océan du ciel à la terre des Cévennes. Cette forteresse ouverte sur une cour intérieure, mas sobre et puissant, lieu de concentration et de rayonnement, sourit au temps qui passe. De son sein jaillit une source dont la musique désaltère le coeur du pèlerin de passage. Construit avec le roc, sur le roc, le Skite Sainte Foy s’enracine par les Anciens jusqu’à l’Immuable vivant. De cette citadelle de schiste s’élève la psalmodie humble et joyeuse des moines : les amants du Christ. Skite signifie petit monastère, cellules, ermitages des moines, on peut traduire par “celle”.

Aime ce que tu fais

Un Compagnon nous rend visite il affirme :  » Il n’y a qu’une seule façon d’apprendre ». Vivement intéressés nous lui demandons de nous révéler cette unique façon afin de la mettre en pratique. Le compagnon témoigne : – D’abord savoir ce que l’on veut. Si le postulant ne sait pas ce qu’il veut on ne peut pas l’aider. S’il souhaite travailler : la pierre, le bois, le fer… nous allons tout faire pour l’initier à cet art. Mais si le postulant hésite, se cherche ou veut régler des comptes nous ne pouvons rien faire pour lui, nous attendons qu’il choisisse, qu’il se décide, qu’il s’engage. – Ensuite chercher l’Ancien qui a acquis l’expérience de ce qu’il souhaite acquérir. Apprendre seul est une perte de temps inutile et d’énergie. On ne s’initie pas à la taille de la pierre avec un philosophe, ni à la peinture avec un grand musicien mais avec un peintre. – Puis écouter l’Ancien et le regarder faire. Il n’y a pas d’évolution sans écoute. A travers l’enseignement ce n’est pas l’humain qui s’exprime mais la tradition, la sagesse du geste, le respect de l’objet, l’amour du travail bien fait. – Enfin accomplir un chef-d’oeuvre. L’enseignement se vérifie par l’incarnation qui révèle la maîtrise de la technique de l’apprenti. Si l’oeuvre n’est pas harmonieuse c’est son manque de vigilance qu’il faut condamner et non les événements, la matière ou l’Ancien. On reconnaît un artiste à son oeuvre! Le maître compagnon sourit avec douceur il répète : – savoir ce que l’on veut, – chercher l’Ancien qui a acquis l’expérience, – écouter l’Ancien et le regarder faire, – accomplir un chef d’oeuvre. – Il n’y a qu’une seule façon d’apprendre : c’est d’aimer ce que l’on fait, car la lumière que nous cherchons nous la portons dans le creux de nos mains.

Eau de vie

L’eau incarne l’esprit, elle est le véhicule nécessaire de la vie ! L’eau s’écrit, comme le “oui”, avec trois voyelles, trois germes de feu, trois atomes : deux d’hydrogène, un d’oxygène. Trois natures : fluide, solide, vapeur. Elle s’écoule naturellement vers le bas, chaste et humble elle purifie tout corps qui la touche. L’eau dilue ce qui est concentré, concentre par évaporation ce qui est dilué. L’eau est par nature claire et transparente, mais elle peut se durcir et devenir neige, glace. Elle est capable de s’élever dans le ciel en goutte de vapeur, amoureuse du soleil l’eau gobe l’air, comme l’air aspire la lumière du soleil. Elle peut se réconcilier avec le feu dans un désir ardent qui transfigure la matière pour l’offrir à Dieu. Toujours horizontale dans un bocal incliné elle occupe tout l’espace. Archimède nous apprend dans son principe : “Que l’eau a tendance à soulever au dessus de sa surface tout corps immergé”. C’est grâce à cette poussée verticale que le vivant a pu sortir de l’océan et coloniser la terre. La rivière ondule naturellement en formant des méandres, lorsqu’elle déborde de colère, elle bondit en ligne droite, plus rien ne l’arrête. Jamais la même eau ne s’écoule sous le pont de notre existence. Le bercement de la mer obéit à l’harmonie d’or, six petites vagues, suivies d’une grande. Les vagues ressemblent par le flux et le reflux à l’inspir et à l’expir de la respiration. La vague n’existe pas en elle-même, elle est le comportement de l’eau face à un phénomène cosmique. Un simple rocher crée instantanément un remous. Lorsque deux volumes d’eau d’origine différente n’arrivent pas à s’unir, surgit un tourbillon. Le vent excite l’eau élastique jusqu’à provoquer des tempêtes. Les vagues, qui s’échappent de l’océan, retournent à lui sans mémoire, sans troubler ses profondeurs. Le cycle des marées la relie à la lune montante, descendante. Eau de source, de mer, de pluie, du corps, de rose, eau bénite, agitée, dormante, calme, plate, gazeuse… L’homme s’habille de soixante-quinze pour cent d’eau : sang, larme, transpiration, salive, urine, lait, sperme, bile, liquides… Le Christ change l’eau en vin, le vin en eau, calme la tempête, marche sur le chemin de l’eau. L’océan sans rivage de la Genèse, où l’Esprit de Dieu se meut sur les eaux, n’a pas fini de faire éclore les fleurs du Jardin de la foi. Si tout évolue, qu’y a-t-il de vrai ? Derrière l’immensité des phénomènes d’en-bas repose l’immuable Océan d’en-haut.

Châtaignier

Dans le châtaignier tout est bon ! “C’est l’or du pauvre, l’arbre à pain, l’ami de l’homme” dit au XI ème siècle le moine qui introduisit des greffons dans la terre des Cévennes. Le bois est utilisé pour la charpente, la menuiserie et l’ébénisterie, la feuille pour la nourriture des animaux, le branchage pour chauffer le four à pain, la bousquasse pour les piquets imputrescibles, la sève, au tanin âcre, pour teindre la soie, tanner les peaux, le pelous pour entretenir un feu de trente jours qui sèche les badjanes dans la clède, le marron pour la nourriture, la farine. La châtaigneraie impose un paysage rural avec : les faïsses, la clède, le moulin. Le grand-père plante pour son petit fils un châtaignier qui lui donnera une bonne récolte après une génération. Sous l’oursin du pelous reposent deux châtaignes jumelles. En Cévenol : – badjane : châtaigne séchée, blanchie, – bousquasse : rejet du châtaignier, – clède : séchoir à deux étages, – faïsse : terrasse en escalier, – pelous : bogue à poils.

 

Documents joints

Le Frère Jean, né en 1947, un ancien photographe-journaliste,
devint moine orthodoxe en 1980 au monastère de Saint Sabba, dans le désert de Judée en Terre Sainte.

Il fonde en 1993 la Fraternité Saint Martin qui regroupe des
artistes chrétiens et en 1996 le Skite Sainte Foy dans les Cévennes. Le Skite Sainte Foy dépend canoniquement de l’archevêché russe en Europe occidentale, dans l’obédience du patriarcat oecuménique de Constantinople.

“Le Jardin de la foi” témoigne de son expérience d’ancien dans
cette fondation, où il s’occupe du jardin et de la cuisine.

Il est l’auteur de :
– Hommes de Lumière, Éditions Mame – 1988 ( avec photos )
– Pèlerinage au Mont Athos, Éditions Jacqueline Renard – 1990 (avec photos)
– Fils de lumière, Éditions Jacqueline Renard – 1991 ( avec photos )
– J’ai soif d’une eau de vie, Éditions Terre du Ciel – 1994
– L’amour en questions, Éditions Le Fennec – 1995
– Insaisissable fraternité, avec Alain Finkielkraut, Albert Jacquard, Éditions Dervy – 1998

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Cyrille Souche
Cyrille Souchehttp://cdurable.info
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