Cette année, la Chine est devenue le 1er émetteur de CO2 au monde, en partie à cause de ses centrales électriques au charbon. En effet, la demande énergétique des Chinois ne cessent de croître, tirée par la forte croissance économique du pays qui avoisine 11%.
Pour diminuer l’impact environnemental de son approvisionnement en électricité, la Chine a lancé il y a 13 ans la construction du barrage hydroélectrique le plus gigantesque au monde (200 mètres de hauteur et 2 kilomètres de large) : le barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangtze, d’une capacité prévue de 22 500 MW en 2009 ; A titre de comparaison, la capacité moyenne d’une centrale nucléaire française est de 2 600 MW.
Ce qui est une bonne chose, me direz-vous, puisque l’énergie hydroélectrique est une énergie renouvelable. Certes, mais…
Bien qu’il fasse la fierté de beaucoup de Chinois et de touristes, ce barrage pharaonique construit sur une zone géologique à risques ne provoque pas le même enthousiasme pour les habitants du site, qui le voient plutôt d’un autre oeil…
A une dizaine de kilomètres du barrage, des secousses qui ont commencé lorsque le barrage est entré en opération font trembler les modestes maisons en béton des habitants de Maoping, provoquant des lézardes du sol au plafond. Et les habitants du site vivent aussi dans la peur des risques de glissements de terrain. Ce sont en partie des personnes qui avaient déjà été relogées dans les années 90 après avoir dû quitter les zones englouties. La plupart veut partir, mais ils n’en ont pas les moyens, et les autorités font la sourde oreille.
«Pourtant, cette semaine encore, le gouvernement Chinois a minimisé les risques écologiques entraînés par le barrage, affirmant que les bénéfices étaient supérieurs aux désavantages.
« Globalement, en ce qui concerne l’impact sur l’environnement du projet des Trois Gorges, les bénéfices dépassent les conséquences négatives », a affirmé Wang Xiaofeng, l’un des responsables de la construction.
M. Wang a souligné que le barrage permettait d’économiser l’équivalent de 50 millions de tonnes de charbon et d’éviter l’émission de 100 millions de tonnes de CO2, en produisant une électricité « propre », pour le sud, l’est et le centre du pays.
Les bénéfices concernent également le contrôle des inondations, a-t-il dit.»
Source : Dan MARTIN SANDOUPING (Chine) (AFP)- Jeudi 29 novembre
“Globalement bénéfique”… pourtant, au final, ce sont 1,4 million de personnes qui ont été déplacées pour laisser place au barrage (116 villages ont disparu, parfois avec des chefs-d’oeuvre de l’histoire de la Chine), et on estime que 4 millions de personnes supplémentaires devront être relogées par mesure de « sécurité écologique » au cours des 10 ou 15 ans à venir…
Proportionnellement à la population de la France, ce seraient environ 250 000 personnes, soit la ville entière de Nantes ! Faut-il “sacrifier des gens du peuple” au nom de l’environnement ? C’est pourtant ce qui est en train de se passer en Chine où le président Hu Jintao ne cesse de prôner l’harmonie sociale du pays et depuis peu un développement durable. Est-ce cela le développement durable à la chinoise ? Où l’individu lambda ne pèse pas bien lourd face au “bien global” du peuple.
Il s’avère aujourd’hui que même d’un point de vue environnemental, les dommages collatéraux du barrage sont très lourds : sédimentation, érosion des sols d’où une perte de terres agricoles et des risques accrus de glissements de terrain, multiplication anormale des mauvaises herbes aquatiques et des algues, importants changements dans la faune et la flore, etc. Alors qu’en 1994, un rapport officiel avait montré que « les aspects négatifs de la réalisation outrepassaient les aspects positifs » sur le plan écologique… Pékin aurait dû écouter l’avis de ses experts.
Espérons que les prochains projets “verts” chinois seront mieux étudiés en amont pour permettre un réel développement durable et que la voix des experts sera prise en compte : ex. la plus grande centrale solaire au monde prévue dans la ville de Dunhuang, dans le Gansu (nord-ouest de la Chine), d’une capacité de 100 MW pour 2011.
Il en va également de la responsabilité des pays industrialisés qui doivent aider la Chine à développer des technologies plus propres, et au rendement energétique plus efficace.
Ex. transfert de technologie par le biais des MDP (Mécanisme pour un Développement Propre) dans le cadre du Protocole de Kyoto visant à limiter les émissions de gaz à effet (GES). Les pays industrialisés ayant ratifié le Protocole ont des obligations de réductions de leurs émissions de GES, et le Protocole leur alloue un quota annuel d’émissions.
Les pays ou entreprises ratificateurs ont aussi la possibilité d’investir dans un projet de réduction des émissions de GES dans un pays en développement en échange de quoi on leur distribuera un volume équivalent d’Unités de Réductions d’Emissions Certifiées qu’ils pourront, soit revendre sur le marché international de droits d’émission, soit déduire de leurs obligations internationales de réduction.
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