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Par François-Régis Fine - Ofm Toulouse

LA TERRE POUR TOUS

Motivations pour appartenir à un groupe création/écologie

Ce texte a été élaboré pour motiver des étudiants de Toulouse à rejoindre un groupe « Frères de la Création avec François d’Assise« . Evitant de jouer sur la peur (cf.: ‘combien de catastrophes avant d’agir‘), nous avons préféré insister sur la nécessaire solidarité et sur le partage. Par ailleurs, s’adressant à des étudiants, nous avons insisté sur le fait que tous les savoirs étaient concernés par cette nouvelle approche de notre rapport au monde.

Motivations pour s’intéresser au thème « Ecologie – Création ».

1-Partons d’un souhait

Que tous les peuples de la terre parviennent au niveau de vie européen’. Ce projet, qui semble bon et raisonnable s’avère impossible : il y faudrait 5 planètes Terre. Il faudra donc, si l’on veut partager les ressources de la terre de manière plus équitable, baisser notre niveau de vie, amorcer une décroissance ; «vivre simplement afin que d’autres puissent simplement vivre» (Gandhi). Cependant, prôner une décroissance, suscitera de vives ‘oppositions’, tant individuelles que collectives : – Individuelles : ‘la pauvreté volontaire, libre, consentie ne peut que résulter d’une profonde tranquillité et assurance concernant le principal, i.e. le sens de la destinée humaine’. Reconnaissons que notre société est loin de cette tranquille assurance. Nous souhaitons, dans notre groupe aborder ces problèmes métaphysiques : d’où venons-nous, où allons-nous ? Quel est le but de la création, de la vie ? Quelle est notre place dans la création ? – Collectives : on ne voit pas un responsable politique annoncer : ‘pour sauvegarder la terre, nous allons diminuer notre taux de croissance de 20%. Conséquence immédiate : le taux de chômage augmentera d’autant’. Les politiques gèrent le court terme ; ce n’est pas le plus souhaitable, mais c’est ce qu’on leur demande. En réalité, s’il devait y avoir une décroissance, elle sera le fait de mouvements citoyens à la base. Les politiques et les entrepreneurs s’y rallieront quand ils verront où est leur intérêt et l’intérêt du bien commun tels qu’ils auront été anticipés par des initiatives prises à la base. Nous souhaitons, dans notre groupe, repérer de telles initiatives pour nous en inspirer.

2-S’émerveiller de cette création remise entre nos mains

Sa diversité, sa créativité et son unité, et surtout, de son époustouflante précision, dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit : notre grand et généreux soleil offre, à chaque seconde, 4 millions de tonnes de lui-même transformés quotidiennement en lumière et en énergie pour l’usage de toute forme de vie sur terre. (transformation que nous essayons, à grande peine et à grand coût, d’imiter dans le projet Iter). Einstein disait ‘qu’il y avait davantage d’intelligence dans une goutte d’eau que dans toutes les machines inventées par les hommes’ : pensons, alors, à la merveille réalisée par le fait de voir, d’entendre, de comprendre , à la merveille de la procréation assurant le caractère unique de chaque homme dans l’ensemble de l’humanité. Merveille qui se renouvelle pour des milliers d’espèces ! Alors vient la question : qui a fait tout cela, et dans quel but ? Car il ne suffit pas de répondre que l’auteur de ce monde est doué d’une intelligence supérieure . Il faut expliquer pourquoi la création est bonne. Pour cela, à côté du grand livre de la nature, nous disposons du grand livre de la Bible, avec ses 2 Testaments : AT (Gn1) ; NT (Jn1) permettent de voir l’étonnante modernité de la Genèse ainsi que la profonde unité des mystères chrétiens entre eux, en particulier entre la Création et l’Incarnation. Nous souhaitons ouvrir ce grand livre pour y trouver un éclairage sur ces questions.

3- Enfin, l’écologie nous presse de revisiter la place de l’homme dans la création

Simple espèce parmi d’autres dans le vaste écosystème terrestre, ou sommet de la création ? Car l’écologie nous apprend à considérer des ensembles, systèmes, connexions où les composants échangent des propriétés. Toute démarche hiérarchique est alors suspecte de vouloir établir une domination qui risque de rompre l’équilibre. Impossible d’ignorer ce nouveau rapport au monde, qui concerne toutes les branches du savoir : – Agriculture : ‘mal bouffe au Nord, famine au Sud ’. Le bio n’est pas destiné à rester une alimentation pour privilégiés : c’est une opportunité pour le Nord, et la voie la plus sûre pour que le Sud puisse enfin mettre fin à la faim (Cf le concept de ‘permaculture’ exploré dans les pays du Nord). – Energie : les signaux d’alerte ne laissent plus la place au doute quant à la nécessité de changer notre manière d’appréhender l’énergie aujourd’hui . Nous avons franchi le ‘Pic de pétrole’ : l’offre de pétrole va baisser, alors que la demande mondiale ne cesse de croître. La technologie actuelle et celle prévue dans un futur proche ne permettent pas de remplacer cette ressource dans tous ses usages ; nous y sommes mal préparés, au contraire, nous en demandons toujours plus à la nature. – Sciences humaines : philosophie (qu’est-ce que l’homme ? quelle est sa place dans le monde ? Et quelle est la place du monde non-humain dans cet ensemble ? – Géopolitique : ‘ Fin de l’Occident, naissance du monde ’ : pour que chacun ait sa juste part, l’appauvrissement matériel de l’Occident est inéluctable. Comment allons-nous vivre cette mutation : en changeant nos sociétés pour nous adapter au mieux à ce nouveau monde, ou en nous opposant au sens de l’histoire, au prix d’un déchaînement de la violence ? Sciences sociales, économiques, politiques, droit international pour faire face au défi géopolitique. Et Dieu dans tout ça ? L’évangile ? Le X ? Ils nous offrent les ressources spirituelles nécessaires pour faire face à l’épuisement des ressources naturelles.

Quelques expressions contemporaines

Expressions contemporaines résumant ces questions : – « Nous avons assez transformé et exploité le monde, le temps vient de le comprendre » (M. Serres). – « Si on ne donne pas à la foi chrétienne la dimension de la création, ce pourrait en être fini de l’intelligibilité du salut chrétien, réduit à la grâce et à l’éthique » (A. Gesché). – « Dans notre légitime souci anthropologique, nous avons accueilli largement les sciences humaines ; il nous faut maintenant écouter avec une même attention, les sciences de la nature » (id.). – ‘On se plaint d’un monde sans Dieu ; n’est-ce pas parce qu’on a trop pensé un Dieu sans monde’ ? – Sauvegarde de la création : l’homme garde ce que Dieu sauve. – Pas de ciel sans la terre ; la grâce suppose [parfait] la nature. – ‘Moins de biens, plus de liens’. – ‘Echange effet de serre contre chaleur humaine’ – ‘Vivre simplement afin que d’autres puissent simplement vivre’ (Gandhi). François-Régis Fine
Ofm Toulouse,
Le 5 octobre 2013

 

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