L’énergie éolienne s’appuie aujourd’hui sur une industrie établie, avec des pays leaders comme le Danemark et l’Allemagne. L’éolien onshore (terrestre) a ainsi représenté 30 % de la capacité de production d’électricité mise en service en Europe au cours des cinq dernières années. Dans un communiqué de presse, Alcimed soulève donc la question de l’éolien offshore (marin). Encore balbutiant, va-t-il prendre le relais ? Quels sont les atouts permettant de mesurer son véritable potentiel ? Quels sont les défis technico-économiques à relever ?
L’utilisation de l’énergie éolienne offshore reste encore anecdotique (1GW de capacité installée en offshore versus 70 GW en onshore), cependant, de nombreux projets voient le jour. L’Allemagne compte en effet installer environ 25 GW à proximité de ses côtes d’ici 2030 afin de couvrir 15% de sa consommation annuelle d’électricité. Le consortium anglais emmené par Shell et E.ON UK annonce des objectifs comparables : il prévoit la construction du plus grand parc éolien offshore au monde, doté d’une capacité de 1 GW (soit la capacité de certains réacteurs nucléaires!). Le Danemark, pays leader en la matière, suit la même voie : à titre d’exemple, le projet « Horns Rev 2 » va permettre de rajouter 200 MW au site offshore existant. Plus généralement, l’EWEA (European Wind Energy Association) estime le potentiel de l’éolien offshore à 3000 TWh/an : ce qui serait suffisant pour couvrir la consommation européenne en électricité !
Pourquoi un tel engouement pour l’éolien offshore ?
D’une part, l’industrie offshore s’inspire d’une industrie onshore établie et à fort ancrage européen. « En 2006, deux tiers de la capacité mondiale installée en onshore sont localisés en Europe », rappelle Vanessa Godefroy, responsable de l’activité Energie d’ALCIMED.
D’autre part, l’utilisation de l’énergie éolienne en mer permettrait de surmonter certaines difficultés que rencontre aujourd’hui l’éolien terrestre. Les nuisances visuelles et acoustiques des éoliennes terrestres sont par exemple au cœur de nombreuses discussions : l’importance de cette problématique disparaitra au fur et à mesure que les éoliennes s’éloigneront des côtes. Autre exemple, les turbulences du vent sont moindres sur terre qu’en mer, ce qui laisse présumer une durée de vie plus élevée pour les éoliennes en mer. Enfin, un atout majeur réside dans la « productivité » des éoliennes offshore, le facteur de charge de ces dernières étant sensiblement plus élevé. « 1 MW de capacité installée en offshore permet de générer en moyenne entre 3500 – 4000 MWh d’électricité par an. Ceci est un point fort par rapport à l’onshore dont la production annuelle d’électricité par MW installé se situe entre 2000 – 2500 MWh », commente Christian Oeser, consultant au sein de l’activité Energie d’ALCIMED.
L’éolien maritime va toutefois devoir relever des défis clefs pour pouvoir exploiter – au moins en partie – son potentiel considérable :
– Tout d’abord, au niveau économique, l’éolien offshore doit devenir une source d’énergie compétitive : les coûts du kWh sont plus de deux fois supérieurs à ceux de l’éolien onshore. On attend notamment une importante diminution du coût des structures de support des éoliennes qui contribuent considérablement aux coûts d’investissement.
– Au niveau technique ensuite, les structures de support jouent également un rôle important. Celles qui existent ne permettent pas aujourd’hui d’installer des éoliennes au-delà de 25m de profondeur, ce qui limite l’utilisation des éoliennes à des eaux situées à proximité des côtes. La maintenance ainsi que le raccordement des éoliennes au réseau électrique font aussi partie des principaux défis à relever : les éoliennes offshore étant difficilement accessibles, des exercices d’hélitreuillage sur éolienne constituent le quotidien des équipes de maintenance. Et aux enjeux liés à la pose de câbles sous-marins s’ajoute le fait que le cadre réglementaire n’est pas encore entièrement défini pour les raccordements au réseau terrestre.
– Finalement, l’installation des éoliennes offshore constitue à elle-seule un enjeu logistique … de taille : Actuellement, les pâles des plus grandes éoliennes (dotées d’une capacité de 5 MW) ont un diamètre d’environ 120m qu’il s’agit de jucher à une hauteur de 100m au milieu de la mer. De plus, le développement de turbines offshore de 10 MW est prévu, ce qui augmenterait encore la taille des éoliennes.
En conclusion, l’éolien offshore, source d’énergie renouvelable prometteuse, doit encore faire face à de nombreux défis économiques, techniques et logistiques. Dans ce contexte, un développement lent mais conséquent de est à prévoir d’ici 2020. « Les prévisions de capacité installée en offshore varient fortement en fonction des hypothèses prises concernant le cadre politico-économique. En tenant compte des différentes forces et faiblesses de l’éolien offshore, on peut donc raisonnablement estimer à 35 GW la capacité installée d’ici 2020 », conclut Vanessa Godefroy, responsable de l’activité Energie d’ALCIMED.