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L’écologie de droite : la stratégie verte de l’UMP pour les régionales

Pour quelles raisons le 28 septembre dernier, Xavier Bertrand, en accord avec l’Elysée, a-t-il demandé à la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, de rédiger une note de cadrage dessinant les contours d’une écologie de droite ? Pourquoi un million de tracts « pédagogiques » concernant la taxe carbone – « édités sur papier recyclé » – commencent à être distribués auprès des fédérations de l’UMP ? Pour répondre à ces questions, vous trouverez ci-dessous des éléments de réponse avec le regard croisé de Philippe Frémeaux du mensuel Alternatives Economiques et de Pierre Jaxel-Truer du quotidien Le Monde.

Ecolo de droite par Philippe Frémeaux

Après avoir contribué à renforcer la légitimité des discours tenus depuis des décennies par les écologistes en plaçant les questions environnementales parmi les priorités de son quinquennat, Nicolas Sarkozy et sa majorité constatent qu’une part de l’électorat, notamment au sein de sa fraction modérée du centre, penche vers les Verts et leurs alliés. La montée des Verts a été vue d’un oeil favorable par la droite aussi longtemps qu’elle affaiblissait le Parti socialiste, jugé comme la seule alternative sérieuse au pouvoir de la majorité actuelle. Désormais, la percée des écolos est vécue comme une menace, car au lieu de se substituer simplement à la gauche socialiste, ils pourraient bien devenir le pivot d’un rassemblement plus large en faveur d’une alternative politique sociale et durable.
Alternatives Economiques - N°285 - Novembre 2009
Alternatives Economiques – N°285 – Novembre 2009
Pour Nicolas Sarkozy et sa majorité, il devient donc urgent d’éviter qu’un nombre croissant d’électeurs sensibles aux enjeux environnementaux ne préfèrent l’original à la copie. Cohn-Bendit à Borloo. Il leur faut aussi rassurer le coeur de leur électorat, plutôt hostile aux thématiques écologiques. Pas facile, car la droite peine à réconcilier ses fondamentaux idéologiques avec les exigences d’une économie réellement soutenable. Même le gentil Nicolas Hulot, qui, hier encore, nous donnait à voir les beautés du monde du haut de son hélicoptère, dénonce désormais le capitalisme sauvage. Il explique avec force que nos malheurs sont d’abord le fruit de notre incapacité à remettre la démesure de notre désir dans sa boîte, en autolimitant nos consommations. Mieux, le coréalisateur du Syndrome du Titanic a compris qu’il était bien difficile d’entendre son message quand on était chômeur. Et qu’en conséquence, la réduction des inégalités n’est pas seulement un enjeu Nord-Sud, mais concerne tout autant nos sociétés riches, car elle est la condition de l’acceptation par tous d’une société plus économe en ressources. Il y a quelques semaines seulement, Nicolas Sarkozy, présentant le rapport de la commission Stiglitz, expliquait à ses auditeurs que le bien-être de l’humanité était désormais largement déconnecté de la croissance du produit intérieur brut (PIB), que le marché n’était pas un outil de régulation optimal en toutes circonstances, etc. Mais voilà, la politique a ses raisons que la raison présidentielle doit aussi entendre. Aussi, Nicolas Sarkozy a-t-il confié à Chantal Jouanno, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, la rédaction d’un rapport définissant la spécificité de l’écologie de droite. Autour de quelles idées fortes s’agit-il de la construire? L’écologie de droite ne doit pas être hostile à la croissance, elle doit compter prioritairement sur la technique pour résoudre les problèmes de l’humanité et laisser à chacun, au nom de la liberté, la possibilité de polluer autant qu’il le souhaite, moyennant quelques taxes supplémentaires… Bref, une écologie qui ne doit surtout pas faire peur au CAC 40 ni remettre en cause, sinon à la marge, les situations acquises et les modes de production et de consommation qui nous conduisent droit dans le mur. Les masques tombent.
Editorial paru dans Alternatives Economiques de Novembre 2009 actuellement en vente chez votre marchand de journaux – Lire également sur Cdurable.info : Climat : peut-on éviter le pire ? – Un dossier à découvrir dans Alternatives Economiques – N°285 – Novembre 2009

« L’écologie de droite » ou l’art de marquer sa différence

Voici maintenant le compte rendu de Pierre Jaxel-Truer paru dans le quotidien Le Monde le 15 octobre 2009. La phrase claque comme un slogan : « Il faut gagner la bataille de la pédagogie contre la démagogie. » Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP, était en visite, lundi 12 octobre, dans une imprimerie « verte » de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), pour lancer une grande campagne de communication sur la taxe carbone. La réforme n’est pas populaire ? « Il faut expliquer les choses », affirme M. Bertrand, en rabâchant les arguments à un employé déjà convaincu : « Vous venez en transport en commun et vous avez cinq enfants ? La taxe carbone vous permettra de gagner de l’argent. » Un million de tracts « pédagogiques » – édités sur papier recyclé – vont être distribués auprès des fédérations et lors des réunions de militants. « Le marketing marche pour les entreprises, il n’y a pas de raisons que ça ne fonctionne pas pour les partis », assume la direction de la communication du parti au pouvoir. Au-delà de cette vaste entreprise de reconquête, l’UMP tente de calmer la grogne d’une partie de son électorat, qui n’adhère aux mesures en faveur de l’environnement que lorsqu’elles n’imposent pas un changement de mode de vie ou ne touchent pas au portefeuille. De nombreux élus craignent en outre que mettre l’écologie en avant soit un mauvais calcul, qui profite finalement en premier chef aux Verts. L’élection législative partielle de Rambouillet, le 27 septembre, a récemment servi de révélateur. La candidate écologiste Anny Poursinoff n’a perdu que de cinq voix au 2e tour face à Jean-Frédéric Poisson, dans un fief de droite. Les stratèges constatent que l’étiquette verte est fédératrice. Des militants du centre, voire de droite, peuvent être séduits. Il faut donc, pour l’UMP, marquer sa différence. Ainsi, dès le 28 septembre, M. Bertrand, en accord avec l’Elysée, a-t-il demandé à la secrétaire d’Etat à l’écologie, Chantal Jouanno, de rédiger une note de cadrage dessinant les contours d’une écologie de droite. L’argumentaire, qui reste à peaufiner, a été présenté lors du bureau exécutif de l’UMP, mardi 13 octobre. « Nous disons qu’une croissance écologique est possible, alors que les Verts proposent la décroissance, affirme Mme Jouanno. Pour nous, l’Etat ne doit pas dicter le mode de vie. Nous respectons la liberté de choix. Ce que nous proposons, ce sont des mesures d’incitation à changer de comportement : bonus-malus automobile, taxe carbone… Nous ne voulons pas interdire les 4 × 4 ! » Autre ligne de fracture, selon Mme Jouanno : « Nous ne sommes pas contre le nucléaire et nous croyons aux progrès technologiques. Nous avons multiplié par huit, par exemple, les crédits pour la recherche sur les OGM. » La campagne pour les élections régionales de mars 2010 a-t-elle commencé ? Mme Jouanno sera l’une des plumes du programme UMP pour l’Ile-de-France, où se présentera la patronne des Verts, Cécile Duflot. Sur le web également sur ce sujet : L’UMP veut promouvoir une écologie de droite – Le Figaro, où vous pourrez découvrir l’intérêt de l’UMP à promouvoir la vision sarkozyste de l’«écologie positive», ou «écologie plaisir», selon la formule de Frédéric Lefebvre…

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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