La désertification décrit l’aridification locale ou l’avancée du désert vers les terres auparavant non désertiques.
C’est un phénomène qui a pour origine des variations climatiques (sécheresse, diminution des précipitations), et qui aggravé par les conséquences d’activités humaines (réchauffement climatique, déforestation, surpâturage, irrigation intensive, etc.) prend une ampleur croissante.
La désertification affecte actuellement directement 200 millions de personnes mais au total deux milliards de personnes pourraient être concernées, qui vivent dans des zones arides. Tous les continents sont touchés, selon l’ONU qui chiffre à 47,6 milliards d’euros les pertes économiques annuelles liées à la dégradation des sols (pertes en production agricole, etc.).
L’Afrique subsaharienne et l’Asie centrale sont les régions les plus vulnérables.
En Afrique, les zones désertiques ou arides représentent les deux tiers du continent, et la région connaît des sécheresses fréquentes et marquées.
Le lac Tchad est le deuxième plus grand lac d’Afrique. L’irrigation intensive et la diminution des précipitations ont réduit sa surface de 95%! (de 25.000 km² en 1963 à 1.350 km² aujourd’hui…)
Images satellite :
En Asie, sur un total de 4.3 billions d’hectares, le continent est constitué de 1.7 billions d’hectares de terres subhumides sèches, semi-arides et arides, s’étalant des côtes de la Méditerranée jusqu’aux rivages de l’Océan Pacifique. Les zones dégradées incluent les dunes de sable de la Syrie, les pentes escarpées et érodées des montagnes du Népal et les régions montagneuses du Laos affectées par la déforestation et le surpâturage.
En Chine, l’un des pays les plus durement touchés d’Asie, on estime que 27% environ de la superficie du pays est touchée par la désertification, qui, chaque année, gagne en moyenne 2.460 km². Près de 400 millions de personnes vivent dans ces zones.
Une conférence de l’ONU sur la désertification a lieu en ce moment à Madrid (du 3 au 14 septembre), qui doit approuver un plan d’action sur 10 ans contre la désertification.
Plus de 2.000 experts sont attendus à cette VIIIe conférence internationale des 191 pays signataires de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCDD), adoptée à Paris en juin 1994 et entrée en vigueur en 1996.
Un groupe de quatre ONG écologistes, dont WWF, a profité de la tenue de la conférence pour dénoncer la « passivité des gouvernements face à la désertification mondiale ». « La Convention pour la lutte contre la désertification continue, onze ans après sa naissance » mais « l’absence de moyens nouveaux » pour lutter contre ce fléau « reste une constante », ont déploré les ONG.
Des réunions auront lieu les 12 et 13 septembre, avec la participation de ministres et parlementaires de plusieurs pays. Et une déclaration sera rendue publique à l’issue de la conférence.
Il faut s’attendre à des déplacements massifs de populations entières. On estime à 250 millions le nombre de « réfugiés climatiques » pouvant être poussés à quitter leurs terres et à migrer d’ici 2050 à cause de la sécheresse, du manque d’eau et des famines. Avec l’avancée de la désertification, des régions deviendront trop inhospitalières pour les communautés humaines. Et des populations entières seront obligées de quitter leurs territoires ce qui ne fera qu’augmenter les tensions aux frontières et entre les populations…
Rappelons les raisons du conflit au Darfour, à l’ouest du Soudan, qui a fait 200.000 morts et deux millions de déplacés…
Les origines du conflit sont d’ordre politique, mais il s’agit surtout d’une lutte pour des ressources : eau (phénomène de sécheresse dans tout le Sahel), terres (explosion démographique, la population a doublé en 20 ans, une compétition pour l’espace), pétrole (découverte de ressources pétrolières qui suscitent les convoitises de grandes puissances), le tout sur fond de nettoyage ethnique (des ethnies différentes, aux répartitions imbriquées et un pays vaste et mal unifié; le pouvoir central néglige les peuples de la périphérie qui se révoltent)
Un monde avec beaucoup d’autres Darfour est le scénario cauchemar de plus en plus probable…
Citons aussi l’exemple de l’Inde qui s’est lancée dans la construction d’une barrière de 4.000 km pour endiguer l’immigration venue du Bangladesh! (Au Bangladesh, les premiers réfugiés climatiques)
En arriverons nous à la fiction futuriste de Globalia de Jean-Christophe Rufin (Folio) où d’immenses bulles de verre protègeront toutes les régions civilisées d’un monde extérieur constitué de déserts ?