
1. Introduction : la réforme de la dernière chance pour une agriculture durable ?
Une nouvelle réforme de la Politique agricole commune se prépare pour la période 2014-2020. Fondée, sur les principes du développement durable, dans un contexte de mondialisation et de course à la compétitivité, cette réforme constitue une chance unique de faire évoluer l’agriculture dans son ensemble vers des pratiques plus durables et de faire reconnaître l’intérêt à la fois économique et social de systèmes fondés sur la préservation des ressources naturelles et le lien au territoire. Sur les 20 dernières années, le nombre d’exploitations en France a été divisé par deux, privilégiant l’agrandissement à la création, abandonnant les meilleures terres à l’urbanisation et vouant certaines à la friche. La politique agricole commune, a eu pour effet de favoriser l’intensification et la spécialisation des productions avec pour corollaire une détérioration des ressources naturelles et un impact de plus en plus prégnant sur la santé humaine. Elle a en partie permis le maintien de productions plus extensives dans les zones fragiles. Aujourd’hui elle se veut résolument plus « verte », encore faut-il que ce « verdissement » s’inscrive dans une dynamique de projets pour accompagner une évolution en profondeur de l’agriculture qui, avec la raréfaction des énergies fossiles et des ressources naturelles, va forcément devoir bouleverser ses pratiques.2. L’approche territoriale, gage d’une agriculture plus durable
En apportant une vision locale et globale de la place de l’agriculture, l’approche territoriale joue un rôle clef dans les stratégies de développement durable. Cette approche peut sembler décalée dans un contexte de mondialisation généralisé. Cependant, cela correspond à une réalité très concrète : c’est principalement à l’échelle des territoires que les problèmes de développement durable sont perçus et c’est sûrement à ce niveau qu’ils peuvent trouver des solutions. Les diagnostics et analyses réalisés à l’échelle nationale et a fortiori internationale ne rendent pas comptes de la diversité des situations locales. De plus, l’agriculture ne peut concevoir son développement à elle toute seule, sans concilier les intérêts des autres secteurs et des autres acteurs et usagers. La durabilité des pratiques agricoles doit être envisagée à l’échelle de l’exploitation mais également du territoire sur lequel elle est ancrée. Il ne suffit pas d’être sur un espace déterminé pour qu’il y ait une dynamique territoriale et commune, une adhésion collective et reconnue. Cela signifie que le territoire est à construire avec un projet. Ce projet doit prendre en compte les spécificités locales, naturelles et culturelles du territoire, son économie, son histoire, ses atouts et ses contraintes géographiques et géologiques et travailler avec tous les acteurs locaux. C’est l’approche territoriale.3. Les Parcs naturels régionaux : une approche territoriale de l’agriculture qui va dans le sens des défis de la réforme de la PAC
Les Parcs naturels régionaux réalisent à l’échelle de leurs territoires, dans le cadre de l’élaboration et de la révision de leurs chartes, une démarche d’état des lieux régulier, de prospective, d’animation, de mise en réseau et de décloisonnement des acteurs… Celle-ci aboutit à la définition d’une nouvelle politique territoriale avec leurs partenaires, dans laquelle l’agriculture occupe une place prépondérante sur ces territoires fragiles. Cette démarche s’inscrit dans des politiques départementales, régionales, nationales et européennes. Ce travail unique de remise à plat en intégrant les évolutions dans les champs de l’environnement, de l’économie et du social est réalisé tous les 12 ans. Cette politique territoriale émane de réflexions descendantes – déclinaisons des politiques européennes jusqu’au très local – mais aussi de réflexions ascendantes qui se construisent et s’élaborent en grande partie grâce aux compétences des Parcs comme territoires d’expérimentation et donc d’innovation. Par cette approche transversale, les Parcs ont vocation à accompagner l’évolution de l’agriculture et du métier d’agriculteur qui connaît des bouleversements sans précédent. Les nouvelles chartes de Parcs répondent aux trois grands objectifs annoncés dans la réforme de la Politique agricole commune. Ces enjeux concernent simultanément la sécurité alimentaire, la protection des ressources naturelles, la lutte contre le changement climatique, le développement rural et l’emploi. Partant de la diversité de l’agriculture et des enjeux dans les territoires, marqués de façon globale par une diminution du nombre d’agriculteurs, nos propositions s’appuient sur une approche territoriale pour accompagner les changements en faveur d’une agriculture durable et diversifiée d’ici à 2020 en Europe.4. Un Ier pilier à rapprocher de la dimension territoriale et à rééquilibrer en faveur du second pilier
Si le projet de réforme de la PAC, dans ses ambitions, défend l’idée d’une agriculture durable connectée aux enjeux de la société, les solutions proposées ne sont pas toujours à la hauteur de ces enjeux. Le premier pilier relatif au soutien direct propose un empilement d’aides avec un revenu de base, une aide supplémentaire aux zones défavorisées et une composante écologique qui serait rémunérée et obligatoire. Cette proposition est encore trop déconnectée d’une approche territoriale qui intègre l’ensemble des facteurs et des acteurs qui constituent le territoire. Il serait également souhaitable qu’un rééquilibrage s’opère en faveur du second pilier dans une optique de complémentarité et non de concurrence. Actuellement le second pilier est financièrement trois fois moins important que le premier, et demeure plus complexe dans sa gestion (co-financements, contractualisation pluriannuelle). 4.1. Composante écologique du Ier pilier Un principe encore trop vague et réglementaire Les exigences environnementales du projet sur le premier pilier sont insuffisamment précises et fondées sur des bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) hypothétiquement améliorées, sur l’intégration des exigences établies pour les zones actuelles du réseau Natura 2000 et d’actions environnementales relatives aux prairies permanentes, aux couverts végétaux, aux rotations culturales et au gel des terres. On ne sait pas ce qu’implique le caractère obligatoire de cette composante. Le non-respect va-t-il induire une réduction du niveau de base des paiements directs ou au contraire un bonus pour les systèmes d’exploitation fournissant des services environnementaux ? Et à quelle hauteur ? Rien n’est précisé actuellement. Conséquences : un verdissement qui, déconnecté du territoire, n’amènerait pas de véritable changement dans les systèmes intensifs et pourrait décourager les initiatives locales des systèmes de productions fournissant des services environnementaux. Notre crainte est que le « verdissement » du premier pilier, sur une base réglementaire, annuelle et non contractuelle, normée au niveau européen, n’aboutisse qu’à des mesures qui conduiraient l’agriculture industrielle à réaliser quelques efforts individuels et ponctuels pour intégrer des enjeux environnementaux. Cette approche seulement technologique et non territoriale n’induirait pas de véritable changement dans les systèmes. Par ailleurs, pour les petites exploitations et les exploitations extensives en zones difficiles qui intègrent déjà cette conditionnalité dans leurs pratiques agronomiques, les contraintes administratives liées à l’application de cette conditionnalité renforcée risquent de décourager les actions environnementales engagées sur le second pilier, remettant en question le travail entrepris dans les précédentes programmations. De plus, l’absence de réflexion autour de la sécurité alimentaire des pays du Sud représente une incohérence vis-à-vis de l’objectif de la réforme. Notre agriculture n’est pas autonome en matières premières (soja, tourteaux) et n’est pas regardante sur les systèmes de productions de ces importations en termes environnemental et social. De même, l’exportation de produits agricoles européens subventionnés peut porter préjudice aux agricultures du sud. La nouvelle PAC devrait encourager l’autonomie de l’Union européenne en protéines végétales, être vigilante sur l’impact environnemental et social des importations subsistantes et supprimer ou mieux encadrer les exportations qui déstabilisent les productions vivrières du Sud. Cela concerne aussi la production d’agrocarburants et d’agromatériaux. Propositions : relier la composante écologique du premier pilier au contexte territorial et constituer un premier niveau d’engagement de base pour enclencher des actions plus fortes sur l’environnement, encourager les systèmes vertueux existants. Il nous semble que le cadre de l’approche environnementale du premier pilier doit être au minimum relié au contexte local et permettre une certaine souplesse dans son adaptation. Le projet de territoire, quand il existe, c’est le cas dans les Parcs naturels régionaux qui sont à la pointe de ces questions, peut contribuer à définir ce cadre. Les notions de marge de progrès et de lien au territoire doivent être introduites dans ce premier pilier pour entraîner l’ensemble des systèmes vers plus de durabilité dans leurs pratiques et avoir un impact significatif sur l’environnement et le changement climatique. On pourrait imaginer sur un territoire un niveau de base d’engagement environnemental fondé sur un diagnostic environnemental qui amènerait un premier niveau de rémunération et des niveaux d’engagement plus forts, qui seraient rémunérés de façon additionnelle dans le cadre du second pilier. Ce premier niveau, envisagé de façon évolutive, pourrait ainsi amener les exploitations à : – être plus économes en énergie et en intrants, – consacrer une part de leurs surfaces à la nature (haies, bosquets, mares…) et aménagements paysagers favorables aux auxiliaires de cultures – réduire fortement l’usage des produits phytopharmaceutiques, – renforcer leur autonomie en protéines (relance de la culture durable des légumineuses aux effets environnementaux bénéfiques) La haute qualité environnementale proposée dans le cadre du Grenelle II reprend en partie ces principes (exploitations qui consacrent au moins 10% de leur surface à la nature et moins de 30% d’intrants dans leur chiffre d’affaires) Des systèmes de production fournissant des services environnementaux existent et sont déjà pratiqués par de nombreux agriculteurs. C’est le cas de l’agriculture biologique, l’agriculture à bas niveau d’intrants, la protection biologique intégrée ou les systèmes extensifs dans les zones à haute valeur naturelle comme les prairies fleuries (cf. 5.1.b). La PAC doit reconnaître et également soutenir ces systèmes en rémunérant leur composante écologique dans le premier pilier. 4.2. Un revenu de base plafonné, lié à l’emploi et à des critères régionaux Si la réforme poursuit un objectif de maintien des agriculteurs, d’une agriculture durable et diversifiée, la question foncière est essentielle dans le processus d’installation et de reprise et doit être anticipée. Le foncier agricole disparaît au profit du boisement, de la friche et de l’urbanisation ou va à l’agrandissement. Cette « course au foncier » est accélérée par le fait que l’aide actuelle est liée à la surface. Un plafonnement des aides pourrait donc, en limitant l’intérêt financier de l’agrandissement, favoriser l’installation et la reprise par une plus grande disponibilité du foncier. Cette aide de base au revenu pourrait en outre être pondérée par des critères liés à l’emploi voire des critères régionaux. 4.3. Notion d’actif agricole pour l’accessibilité aux aides : ne pas exclure les pluriactifs Il est important de ne pas exclure les pluriactifs et les exploitations non professionnelles qui jouent un rôle prépondérant dans la gestion de l’espace de certains territoires fragiles en déprise et le maintien des tissus ruraux. Par exemple, dans le Parc du Livradois Forez, le tiers de la surface agricole est entretenu par les pluriactifs. C’est là également l’approche territoriale et globale qui est importante. 4.4. Rééquilibrage des aides : équité entre systèmes de productions et intégration des productions diversifiées et oubliées dans les aides Certaines productions comme la vigne, l’olive, l’arboriculture et le maraîchage ne bénéficient que très peu des aides PAC. Le rééquilibrage des aides doit également profiter à ces cultures par la suppression des références historiques. Le principe du découplage doit permettre un changement d’affectation de parcelles vers des cultures permettant la valorisation locale sans pénalités financières. 4.5. Soutien additionnel aux zones difficiles L’agriculture en zone à fortes contraintes environnementales, comme la haute montagne, bien que moins productive, doit être absolument soutenue, en maintenant les agriculteurs localement à l’année, par une reconnaissance des pratiques existantes en faveur du maintien de la biodiversité et comme acteurs de la vitalité rurale et des paysages. En zone de montagne, les indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN) pourraient être déclinées en un socle se rapportant à l’existence des exploitations et une partie variable qui serait versée en fonction de la taille avec une pondération et un plafonnement (ou un système d’engagement) liés à des critères environnementaux et d’autres liés à l’emploi. 4.6. Un Conseil et une formation agricole multi-acteurs, source d’innovation et d’expérimentation, initiateurs de projets collectifs et transversaux aux deux piliers Ce conseil vise à accompagner le verdissement du premier pilier au-delà du cadre réglementaire pour faire évoluer progressivement les différents types d’agriculture vers une meilleure prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux. Pour les Parcs qui sont aussi des animateurs territoriaux, cela implique la notion de projet de territoire et de projet collectif, l’intégration de l’innovation pour la mise en place de systèmes agro-écologiques fondés sur le bon sens agronomique (conseil sur rotations, réintroduction des éléments fixes du paysage et des trames vertes et bleues, non-labour, auxiliaires des cultures etc.). Ce conseil doit forcément impliquer aux côtés des acteurs du développement agricole et des agriculteurs les acteurs du développement territorial, de la protection de l’environnement et de la recherche, pour notamment induire des mesures expérimentales et innovantes qui pourront également être mises en œuvre dans le second pilier. Ce conseil doit être transversal aux deux piliers.5. Un second pilier outil d’une approche territoriale combinant les enjeux environnementaux, climatiques et de compétitivité
Le second pilier vise à mettre en œuvre les objectifs liés à la compétitivité, au changement climatique, à l’environnement et à l’innovation. Cette approche est pluriannuelle et contractuelle, laissant plus de latitude d’application aux États et Régions. Les projets développés dans ce second pilier doivent être analysés à l’aulne de ces quatre enjeux combinés et de leur pertinence dans le cadre d’un projet territorial collectif. Il ne faut pas traiter les enjeux indépendamment les uns des autres, mais soutenir les systèmes de production qui y répondent simultanément par une meilleure gestion de l’eau, une réduction des intrants chimiques, le maintien de la biodiversité (y compris domestique) et des paysages, une approche économe de l’énergie au sein des exploitations et des systèmes de distribution etc. Les acteurs du projet de territoire doivent être mobilisés pour mettre en œuvre ces politiques durables et adapter globalement les mesures aux enjeux locaux. C’est une notion de « contrat agricole de territoire » qu’il conviendrait de développer. Une réflexion d’ensemble doit être portée sur les différentes mesures du second pilier qui ne doivent pas être prises isolément mais induire, par des projets concertés, des systèmes intégrant davantage les trois composantes, économiques, sociales et environnementales du développement durable. 5.1. Mesures agro-environnementales a) Des mesures environnementales au-delà du dispositif Natura 2000, définies localement à l’échelle de l’exploitation et du territoire avec des dispositifs sur le long terme Pour les mesures environnementales, l’approche territoriale doit prévaloir. Il faut laisser la possibilité aux acteurs de définir localement des critères avec un système de validation scientifique et de sortir du seul zonage Natura 2000. Au-delà des subventions à la parcelle, il est important que les aides soient alloués à des contrats à l’exploitation pour éviter leur détournement sur des parcelles marginales et une agriculture intensive sur le reste. C’était l’idée des anciens CTE (Contrat territoriaux d’exploitation) qui englobaient toute l’exploitation et plus anciennement des Opérations locales agri-environnementales (OLAE) qui s’appuyaient sur une approche collective et un diagnostic environnemental. De même, pour arriver à gérer les pollutions sur des bassins versants, les aides à quelques parcelles sur ce bassin ne résoudront rien. Il convient que les agriculteurs d’un territoire acceptent le même cahier des charges, ici un bassin-versant, pour résoudre le problème. On peut imaginer la même chose pour des aspects biodiversité ou paysager. C’est l’idée de contrats agricole de territoires quel que soit l’outil qui sera retenu. Des Parcs ont commencé à expérimenter le zonage HVN (haute valeur naturelle). Il nous semble également primordial d’adopter un système qui évolue sans être complètement bouleversé tous les 5 ans, gage d’une continuité, d’une adhésion et d’une compréhension administrative des agriculteurs. b) Obligation de résultats sur certaines mesures et généralisation de la MAE « prairies fleuries » à toutes les prairies fleuries Les Parcs ont proposé et expérimenté deux mesures fondées sur des résultats et non sur des moyens, ce sont les MAE « prairies fleuries » et « parcours pastoral » qu’il conviendrait également d’étendre au-delà de Natura 2000. Il s’agit d’un enjeu considérable sur les prairies naturelles des AOP en zone de montagne. Dans le contexte économique actuel, il est difficile pour les producteurs de lait d’accepter l’évolution des contraintes des cahiers des charges des AOP (autonomie fourragère des exploitations agricoles, animaux nés et élevés sur la zone, exigences environnementales) sans contreparties. D’autres pays européens tels l’Autriche et l’Allemagne, ont travaillé avec cette approche. Il nous semble important de la généraliser à d’autres mesures quand c’est possible. c) MAE orientant les exploitations vers une autonomie en protéines végétales Il faudrait que les exploitations qui bénéficient des MAE, s’orientent vers une autonomie en protéines végétales, notamment en insérant, dans les prairies temporaires de graminées, des légumineuses fourragères. 5.2. Composante énergétique : favoriser des systèmes économes, autonome et limiter la production intensive d’énergie verte (suppression des agrocarburants) Il faut soutenir les pratiques économes en énergie et en intrants qui rendent de la matière organique aux sols permettant le stockage du carbone. Les démarches de productions énergétiques ne doivent être subventionnées que si elles vont dans le sens des autres objectifs, être produites avec des systèmes économes, extensifs et ne venant pas concurrencer les productions alimentaires et mettre en péril la sécurité alimentaire. Pour les Parcs, les biocarburants tels qu’ils sont produits actuellement ne remplissent pas ces critères et leur production et utilisation devraient être supprimées. Lorsqu’on prend en compte les changements d’affectation des sols (déforestation notamment), l’impact effet de serre des agrocarburants est le double de celui de l’essence ou du gasoil remplacé. De même le solaire au sol, parce ce qu’il a un impact négatif sur le paysage et est consommateur d’espace agricole, ne doit pas être développé. Mieux vaut utiliser les toits existants. 5.3. Installation : anticipation des départs et reprises, veille foncière et relèvement de l’âge d’accès aux aides L’accès au foncier reste un facteur limitant la reprise et l’installation. Dans la mesure où une grande part du foncier risque de changer de main dans les décennies à venir, agir et accompagner le foncier doit devenir une priorité. Le second pilier devrait contribuer à faciliter cet accès, en aidant au financement de diagnostics fonciers agricoles, au repérage et à la préparation des structures en phase de transmission et la mise en relation avec des repreneurs potentiels. Ceci concerne en particulier les petites exploitations très rapidement démembrées si elles ne sont pas accompagnées très en amont vers la transmission. Le relèvement de l’âge d’accès aux aides à l’installation pour les personnes de plus de 40 ans lèverait aussi certains freins à l’installation. Cela concerne beaucoup d’installations en circuits courts. Il conviendrait également de réintroduire dans la programmation le financement d’aménagements collectifs sur le foncier, en particulier dans les zones soumises à déprise où l’installation peut passer par une remise en état préalable de terres abandonnées depuis longtemps. Le soutien à l’utilisation collective des espaces pastoraux doit être maintenu. Des opérations type Opérations groupées d’aménagement foncier (OGAF) pourraient être remises en œuvre. 5.4. Urbanisation intelligente et mise en cohérence avec les fonds structurels La mise en cohérence et la complémentarité avec les fonds structurels (FSE et FEDER) en particulier dans la politique en zone périurbaine sont nécessaires pour préserver les terres agricoles d’une urbanisation débridée qui en France soustrait chaque année près de 75000 hectares à l’agriculture. Il existe des politiques d’urbanisation faibles consommatrices d’espace et des systèmes de protection des terres agricoles qu’il convient de renforcer. De même ces politiques doivent intégrer dans leurs réflexions les trames vertes et bleues. 5.5. La politique sur les produits : un lien entre activité agricole et demande sociétale
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6. Les 3 options proposées par la Commission ; proposition d’une quatrième voie
On a un niveau de précision différent, pour les trois options. L’option 2 est celle qui a été le plus travaillée et dont les instruments ressortent dans le projet tel qu’il est présenté. Il est donc difficile de se prononcer sur l’une ou l’autre option puisque c’est la deuxième qui fonde les bases de l’ensemble du projet. De plus, on ne dispose d’aucun élément sur la partition entre les deux piliers. L’option 1 est celle du moindre changement. La faisabilité de l’option 3 qui peut apparaître plus brutale par la suppression des paiements directs mériterait d’être davantage creusée, elle pourrait être une façon de concrétiser une approche territoriale des aides et d’aller vers cette quatrième voie7. Conclusion : un retour au bon sens agronomique, enrichi par l’innovation agro-écologique et une approche territoriale
Il faut que la réforme induise partout un passage progressif vers une agriculture intégrée à son environnement au sens large, qui se base sur la diversité régionale et la préservation des ressources naturelles et place le bon sens agronomique et l’innovation agro-écologique au centre des décisions agricoles pour atteindre les objectifs sociaux, économique et environnementaux. La prise en compte des enjeux environnementaux ne pourra avoir un impact réel que si elle est abordée à une échelle territoriale dans les deux piliers. L’animation locale peut être garante d’une mise en œuvre territoriale de la politique agricole commune.