On connaissait Al Gore, vice-président des Etats-Unis, puis candidat à la Maison-Blanche. Place désormais au spécialiste mondial du réchauffement planétaire qui, depuis sa défaite contre George Bush en 2000, a donné plus de 1 000 conférences sur ce sujet aux Etats-Unis et à l’étranger. Jamais ce fils d’éleveur du Tennessee n’avait imaginé qu’un de ses diaporamas deviendrait un jour un film présenté à Cannes et vendu dans le monde entier (sortie française le 11 octobre). Approché par les producteurs de Quentin Tarantino et de George Clooney, Al Gore utilise le cinéma pour frapper vite et fort les esprits. « Une vérité qui dérange » n’est pas un film politique : c’est une formidable synthèse limpide, passionnante et terrifiante dressée par un citoyen du monde qui tire la sonnette d’alarme et met dans la balance toute son aura et sa force de persuasion.
Le Point : Comment est né votre intérêt pour les questions environnementales ?
Al Gore : Etudiant, j’ai eu pour professeur Roger Revelle, le premier scientifique à avoir mesuré, dès 1957, le taux de CO2 dans l’atmosphère. Il nous avait déjà prédit, à l’époque, les conséquences catastrophiques d’une croissance de ce taux. En 1976, quand j’ai été élu au Congrès, j’ai organisé les premières enquêtes sur ce sujet et je lui ai demandé de venir témoigner. Je pensais que ces exposés scientifiques inciteraient les politiques à prendre des mesures. Je me suis trompé. Mais, depuis trente ans, je n’ai cessé de voyager aux quatre coins de la terre pour approfondir mes connaissances.
Vous avez été vice-président entre 1993 et 2000. Quelle est la mesure prise à cette époque dont vous soyez le plus fier ?
Le traité global de Kyoto, signé en 1997, auquel j’ai pris une part très active. Seul bémol : à mon retour aux Etats-Unis, le Sénat a refusé de le ratifier. Si j’avais été élu en 2000, cette ratification aurait été ma première mesure. Mais mon pays finira un jour par l’accepter. C’est une des raisons principales de ce film : inciter les citoyens à exercer une pression sur les politiques.
Pourquoi employez-vous dans le film cette image frappante : si le Groenland continue à fondre, le mémorial du 11 septembre sera un jour sous les eaux ?
La tragédie du 11 septembre 2001 nous a incité à dire : plus jamais. Mais nous ne devrions pas seulement nous soucier de la menace terroriste. Car si nous refusons d’affronter la menace climatique, alors ce pour quoi nous nous battons n’aura plus aucun sens.
Partagez-vous les analyses du biogéographe Jared Diamond, qui, dans son essai « Effondrement », démontre que plusieurs civilisations (Mayas, Vikings, Khmers d’Angkor) ont disparu à la suite de catastrophes écologiques ?
Tout à fait. En 1992, j’ai écrit un ouvrage, « Earth in the balance », où j’étudie les liens entre l’histoire des civilisations et les changements environnementaux. La différence aujourd’hui, c’est que nous sommes dans une civilisation globale.
Après l’ouragan Katrina, l’écologie peut-elle devenir le principal enjeu des prochaines élections américaines ?
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Le site d’Al Gore
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> Le site officiel du film « une vérité qui dérange »
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