Cela fait maintenant 5 jours que Jean-Gabriel Chelala est parti en mer pour réaliser la traversée de l’Atlantique sur son « cyclomer ». C’est le début de la première étape maritime qui s’inscrit dans un projet plus global : la réalisation d’un tour du monde grâce à la force humaine, en solitaire, sur terre et sur mer.
Parti le 13 janvier de Paris à vélo, le jeune Franco-Libanais est parti vendredi 8 mars au soir à l’assaut de l’Atlantique avec pour objectif d’atteindre Jacksonville en Floride après 8.000km (4.300 miles nautiques) de traversée. À bord de son embarcation propulsée à l’aide de ses mollets, sa première nuit n’a pas été de tout repos. « Au départ de Lagos, la circulation des cargos m’a obligé à pédaler toute la nuit comme un fou, pour me dégager un maximum des zones les plus fréquentées. Même avec un radar qui fonctionne bien, j’ai dû rester très vigilant pour gérer le passage de plusieurs navires qui passaient simultanément à proximité de mon bateau ». Il faut dire que les 72 premières heures n’ont pas été en sa faveur avec des vents de Nord, Nord-Ouest et même un passage à l’Ouest, le tout accompagné d’une mer désagréable, avant qu’il ne traverse la dorsale de l’anticyclone (A), que les vents s’orientent au Nord-Est et que la mer se calme. Le jeune aventurier, qui n’a jamais connu le mal de mer, reste par ailleurs concentré sur sa santé. Il explique qu’il a ménagé ses efforts sur les premiers jours pour s’acclimater à la mer. « Durant les trois premiers jours, j’ai vraiment été attentif au moindre signe avant-coureur du mal de mer, je ne pédalais en moyenne que 3 heures pour économiser mes forces. Je suis content de ne pas avoir été malade depuis le début. Maintenant que je suis plus en forme, je pédale environ 5 heures par jour ». Avec une moyenne est de 1,5 nœuds en 5 jours, il a atteint 2,8 noeuds, ce mercredi. Tributaire de courant et de vents défavorables au début du parcours, le jeune aventurier était poussé à l’Est vers le Détroit de Gibraltar et un temps couvert rendait les communications difficiles par le réseau satellite. « Je n’ai pas de soucis particuliers à bord tout se passe bien, mais cette histoire de téléphone satellite qui ne captait pas m’a vraiment mis les nerfs en pelote ». Avec 140 miles parcourus depuis le départ, le Breton d’adoption s’habitue peu à peu à la sensation du tangage permanent de la mer, oubliant la stabilité de la terre ferme même si, pour l’instant, il a conscience d’avoir été à peu près épargné sur le plan de la météo. « Depuis mon départ, les conditions me sont à peu près favorables, on verra bien comment mon corps et mon moral réagiront par la suite » explique-t-il. Un peu déphasé au début, Jean-Gabriel commence à prendre son train de vie à bord. « Les premières nuits ont été en peu étranges. J’étais plus concentré que vraiment angoissé par le vide qui m’entourait. Maintenant, je m’habitue à la tombée de la nuit, cela fait partie de mon cycle quotidien. Je rentre dans ma cabine et j’écoute de la musique. J’évite, pour l’instant, de manger dans la cabine car cela me donne encore des nausées » avoue-t-il Depuis mardi, des conditions lui ont permis de reprendre le bon cap vers l’Ouest et de communiquer plus facilement avec son routeur, Mayeul Riffet. Ces conditions vont continuer à s’améliorer pour les deux jours à venir avec des vents d’Est, Nord-Est assez faibles, mais avec une houle toujours orientée au Nord-Ouest et donc de 3/4 avant pour le marin pédaleur qui doit faire un stop pour réparer sa connexion satellite. Pour son routeur, « c’est plus délicat pour les modèles de prévision car un anticyclone centré sur le Nord du Maroc laisse toutes les côtes sous le vent d’un flux de Nord-Est et va ainsi générer au large de petites mais vicieuses dépressions orageuses qui remontent généralement sur un axe Nord-Est dont les trajectoires sont très aléatoires et souvent mal prévues par les modèles. La conséquence de ces dépressions est un renforcement du flux de Nord-Est en mer et de possibles vents de Sud près des côtes. Depuis plusieurs jours, une première dépression doit se créer sur le S des Canaries pour remonter sur Gibraltar, et mercredi soir, sa petite soeur vient aussi de se créer juste dans son Nord. L’analyse doit rester prudente dans ces conditions. Pour l’instant je peux juste affirmer qu’une grande zone triangulaire entre Casablanca, Palma et les côtes marocaines va être à éviter à partir du 14 au soir, avec des vents assez fort localement et une mer odieuse dans cette zone ». Plusieurs options restent envisageables, Jean-Gabriel se trouve désormais à 440mn de Funchal (Madère) et 550mn de Las Palmas (Canaries). A suivre sur Cdurable.info…