Pour le magazine économique Capital, oui, la pollution tue au quotidien. Oui, le réchauffement de la planète menace de mettre à bas notre économie. Mais non, l’air n’était pas plus pur il y a quarante ans. Il faut selon la rédaction garder la tête froide pour mieux la sauver… Capital consacre son numéro de février 2007 au combat du siècle : l’environnement.
Dans son éditorial, Jean-Joël Gurviez estime que : « Les idéalistes soulèvent souvent de bonnes questions, même quand ils y apportent de mauvaises réponses. Souvenons-nous des années 70. Crinière blanche en pétard, René Dumont, apôtre du mouvement écolo, prêchait alors dans le désert. Le Club de Rome s’inquiétait des dégâts de la croissance sur la nature. Les disciples d’Ivan Illich combattaient la «société industrielle» comme Don Quichotte les moulins à vent. On ne voulait pas les croire. Depuis, les étés caniculaires ont grillé les certitudes, le manteau neigeux des Alpes a fondu de 30%, toutes sortes d’insectes et de bactéries ont émigré du sud au nord, les scientifiques ont mis en évidence les dangers pour la santé des nitrates dans l’eau, des pesticides dans les fruits et légumes, des particules de dioxyde d’azote dans l’air, et même des émanations de certains meubles ou détergents ménagers. Aussi les cris d’alarme des Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand et autres Al Gore résonnent-ils de plus en plus fort. Le message n’a pas beaucoup changé depuis trente ans, mais l’opinion, concernée cette fois dans sa vie de tous les jours, semble enfin le prendre au sérieux : halte au massacre !
Rassurons-nous quand même, le pire n’est jamais sûr et l’humanité en a vu d’autres. Les experts qui nous annoncent un cataclysme écologique planétaire à l’horizon 2050 partent de l’hypothèse que rien de vraiment efficace ne sera fait pour l’éviter. Ce n’est pas le plus probable. Il existe des solutions, collectives et individuelles, coûteuses et exigeantes mais réalistes. Et on en inventera d’autres. La prise de conscience actuelle, à laquelle le grand dossier que nous consacrons au sujet apporte sa contribution (page 46), est un premier pas dans le bon sens. Le second sera le grand combat du siècle. »
Le dossier consacré à l’environnement commence par une vision d’avenir apocalyptique : » Y aura-t-il assez de sapin pour tout le monde? Pas sûr. Selon les calculs de James Lovelock, biologiste britannique de renom et spécialiste incontesté de l’atmosphère, le réchauffement climatique fera disparaître d’ici 2100 environ 80% de l’humanité. «La plus grande partie de la surface du globe sera transformée en désert, prévient-il. Les survivants se regrouperont autour de l’Arctique, mais la place manquera, alors il y aura des conflits, des populations déchaînées, des seigneurs de la guerre… Ce n’est pas la Terre, qui sera menacée, mais la civilisation.» Fichtre ! Fort heureusement, nous rassure le cancérologue Dominique Belpomme, il y aura alors beau temps que les hommes seront devenus infertiles pour cause d’absorption de pesticides et autres cochonneries toxiques, ou carrément décimés par les tumeurs. En sorte qu’il n’en restera guère qu’une poignée à s’étriper au couteau de cuisine sur la banquise fondue. » (…)
A lire dans ce numéro :
– Réchauffement climatique La hausse des températures a déjà des effets sur certaines activités, agriculture et sports d’hiver en tête.
– Pollution de l’eau Souillées par l’activité agricole, nos ressources en eau exigent un traitement de plus en plus coûteux pour garantir la potabilité.
– Pollution de l’air Les médecins estiment qu’elle provoque 6 000 décès par an et aggrave le risque de maladies allergiques, comme l’asthme.
– Pollution domestique A la maison, l’air est pire que dehors : sols, meubles et nettoyants ménagers dégagent des substances toxiques.
– Pollution des fruits et légumes Fraises, pêches… Nos primeurs présentent des traces de pesticides, souvent au-delà des normes légales.
– Traitement des déchets Chaque Français produit aujourd’hui
360 kilos d’ordures par an. Nos décharges et incinérateurs saturent.