Université Populaire de l’eau et du Développement Durable
Compte-Rendu de la séance du Mardi 23 janvier 2006
A l’Agence de développement du Val de Marne – 23 rue Raspail, à Ivry sur Seine (métro mairie d’Ivry)
Par Yvelines NICOLAS
présidente de l’association Adéquations
« Comment devenir éco-citoyen ? »
La présentation des différentes démarches d’éducation au développement durable par Yveline Nicolas, présidente de l’association Adéquations, a ouvert une séance particulièrement interactive de l’Université populaire, où l’on a vu que la pratique intensive du dialogue dérange les habitudes déjà prises en un an, bouleverse le rythme établi, mais constitue aussi un bon moyen d’accéder au contenu, pour un public hétérogène qui ne partage pas a priori les mêmes représentations et valeurs. Des recherches qui vont se poursuivre tout azimut dans les prochaines séances avec une représentation théâtrale, du théâtre-forum ou encore du cinéma… L’université populaire n’a pas fini d’innover et de surprendre !
La notion de développement durable se répand à partir du sommet de Rio en 1992, mais le démarrage est un peu plus tardif en France avec la stratégie nationale de développement durable lancée après 2002. Si en juillet 2006, 60% des Français ont entendu parler de développement durable, ils n’étaient que 23% dans ce cas en 2002. Dans l’agenda 21 de Rio, tout un chapitre est consacré à l’éducation avec l’objectif de changer de mode de développement d’ici à …l’an 2000 (sic). Un programme international est lancé en 1996. Devant le peu de résultats, le sommet de la Terre à Johannesburg en 2002 décide de lancer une nouvelle initiative, confiée à l’UNESCO, la décennie (2005-2014) de l’éducation au développement durable. En France, cette relance se traduit par un observatoire, par la charte de l’environnement, par l’intégration de « l’éducation à l’environnement vers un développement durable » aux programmes scolaires, selon la formulation officielle de 2004, non comme une nouvelle discipline à part entière mais comme une dimension des différentes matières enseignées.
Yveline Nicolas a quelque peu déstabilisé l’assistance en ouvrant une discussion sur « éducation au développement durable » ou « éducation vers un développement durable ». Les avis sont très partagés. « Vers » apparaît trop vague à certains, révélant le flottement des décideurs ou, plus positif, indiquerait le caractère non achevé, évolutif du développement durable pour d’autres. Tandis que « au » soulignerait le caractère acquis, constitué du développement durable. Dans la préposition « vers », Yveline Nicolas décèle plutôt une injonction à se plier à un nouveau modèle alors que « au » pose plutôt un concept qu’il faut certes connaître mais que l’on peut questionner.
Un des enjeux de cette discussion est la place de l’environnement. En France, les réseaux et les démarches d’éducation à l’environnement sont structurés et reconnus par la circulaire de 1977 ; ils sont séparés de ceux consacrés à l’éducation à la solidarité internationale. Cette organisation est bousculée par la référence au développement durable. Les associations environnementalistes craignent une déperdition de contenu, la perte de la référence à la nature. L’intégration aux disciplines scientifiques fait redouter la mise en avant d’une biodiversité théorique sans lien avec la nature. Une personne dans la salle remarque qu’on évoque souvent « l’éducation à l’environnement en vue d’un développement durable » mais jamais « l’éducation à l’économie solidaire en vue d’un développement durable » ! Une façon de pointer le chemin qui reste encore à parcourir entre la prise de conscience de la situation et une volonté politique résolue d’y remédier. Un hiatus qui reviendra dans une discussion sur la portée des éco-gestes.
Jean-Claude Oliva