Extraits de l’article de NICOLAS BAVEREZ (avocat et historien) paru dans le quotidien économique « Les Echos » du 11/10/2005.
A rebours du mot d’ordre de Guizot : « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne », la France du début du XXIe siècle a choisi pour devise : « Appauvrissez-vous par le chômage et par la dette publique. »
La dette publique est passée de 20 % du PIB en 1980 à 66 % en 2005… hausse bien réelle des prélèvements (+ 30 milliards d’euros, à 44 % du PIB), des dépenses (2 % en volume et 3,8 % en valeur) et des emplois publics (suppression faciale de 5.300 emplois cachant la création de 45.000 emplois subventionnés dans la seule Education nationale).
L’explosion d’une dette portée pour plus de moitié par des capitaux étrangers – combinée avec la remontée inéluctable des taux d’intérêt – ramènera la France à une dépendance financière qu’elle n’a plus connue depuis la fin de la IVe République. La situation de dépôt de bilan de la puissance publique prive l’économie de toute marge de manoeuvre, la plaçant à la merci des chocs de l’économie ouverte. Après avoir dilapidé l’héritage des Trente Glorieuses, après avoir coupé la France du cycle de croissance mondiale le plus soutenu depuis les années 1920, les responsables de la politique économique ont entrepris, à travers la dette affectée non aux investissements mais à la distribution d’un pouvoir d’achat fictif car non gagé par la production de richesses, de spolier les générations futures en préemptant les fruits de leur travail.
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L’enchaînement des déficits entraîne chaque année une hausse moyenne de 2 % du PIB de la dette publique, dont le montant aura explosé de 58 % à 68 % du PIB entre 2002 et 2007. Encore ne s’agit-il que de la dette au sens des critères de Maastricht (1.150 milliards d’euros à fin 2005) et non pas de la dette réelle à la charge des contribuables français, qui comprend en outre les 900 milliards d’euros d’engagements de retraite des fonctionnaires, les 360 milliards d’euros de dettes et d’engagements de retraite du secteur public, les 150 milliards d’euros logés dans les structures de cantonnement (dette sociale, infrastructures de transport, caisses de défaisance liées à la faillite des banques et des assurances publiques au début des années 1990), soit un total d’environ 2.500 milliards d’euros représentant 145 % du PIB et 42.000 euros par Français.
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