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De l’entreprise responsable à l’entreprise engagée

Il est bon parfois de revenir à l’origine des mots. « Bénéfice », mot clé de la vie économique vient du latin benefitium qui signifie…bienfait. De quoi faire réfléchir l’ensemble des acteurs économiques de la planète qui à la lecture de leurs bilans n’ont pas nécessairement le sentiment d’être des bienfaiteurs de l’humanité ! C’est heureusement de plus en plus couramment admis, l’entreprise ne peut plus être considérée comme une seule machine à produire…des bénéfices.

La responsabilité sociale des entreprises

L’entreprise a longtemps été considérée comme une entité dont l’objet est de générer uniquement du profit. Les récentes théories replaçant ces organisations au sein d’un ensemble social, comme un acteur de la cité avec des droits et des devoirs, remettent en cause cette approche simpliste. L’entreprise est plus que cela. Elle est mieux que cela. C’est au quotidien la conviction de patrons aussi différents que ceux d’Optic 2000 ou de Norauto en France, de Body Shop ou de Starbukcs ou encore HP, à l’étranger. Des entreprises différentes dans leurs structures, dans leurs histoires, dans leurs enjeux mais que fédère le sentiment d’être un acteur sociétal plein et entier. Le mouvement des entreprises dites « responsables » est désormais bien ancré dans les esprits. Né à la faveur de la mondialisation et du constat des effets ravageurs d’un développement capitaliste incontrôlé, il est devenu une véritable doctrine pour nombre de sociétés. Loin d’être le domaine réservé de quelques chefs d’entreprise tenaillés par une quelconque mauvaise conscience, il est la colonne vertébrale, l’alpha et omega, de certains grands groupes comme Danone, PSA-Peugeot Citroën ou encore Bonduelle qui figurent en tête du classement des entreprises socialement responsables, établi chaque année par l’Organisation Internationale du travail (OIT). Une analyse que confirme pour la France, l’agence de notation sociale Vigeo, dirigée par l’ancienne secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat, qui constate que sur ce point l’hexagone est assez exemplaire. L’idée centrale est que l’entreprise n’est pas une donnée solitaire, mais qu’au contraire elle tisse une très forte interdépendance avec son environnement. Dès lors, naissent pour elles des devoirs et des obligations. A sa façon, par les règles qu’elle s’impose, l’entreprise se positionne en outil de régulation d’un système économique qui, incontrôlé, peut avoir des dérives ravageuses, en particulier sur le plan social. Fortes de cette analyse, les entreprises responsables se sont forgées un code de bonne conduite qui gouverne leur stratégie de développement et s’applique à tous les échelons : règles de gouvernance, politique salariale, normes environnementales… Une éthique que l’on retrouve dans nombre de domaines. En ouvrant un atelier de montage de lunettes pour la deuxième paire gratuite, le groupe Optic 2000 qui peut s’appuyer sur sa culture de coopérative et ses valeurs, s’est appliqué à mettre en place un protocole social strict et à développer sans relâche les principes fondateurs, même en dépit d’une très forte croissance. Autre sphère économique, autre pays : en refusant d’utiliser de l’huile de palme pour ses produits, The Body Shop enserre son activité cosmétique dans des règles drastiques de bonnes pratiques. En acceptant de rendre publique la « traçabilité » de ses circuits de production textile, C&A ou H&M contribuent à faire installer un droit du travail dans des pays émergents qui en sont dépourvus.

Une accélération de la mise en avant des principes de responsabilité sociale

Les entreprises responsables ont le vent en poupe. Vitrine de ce courant porteurs, les prix nationaux et internationaux qui récompensent les plus performantes d’entre elles se multiplient, des plus hautes instances internationales jusqu’aux acteurs locaux : ainsi, dans la région Nord Pas de Calais, le réseau Alliance distingue chaque année une quinzaine de TPE ou PME locales qui améliorent leurs performances tout en respectant l’homme et son milieu. Aujourd’hui, toutefois, une nouvelle impulsion est donnée. L’idée de responsabilité a fait ses preuves, elle a acquis une légitimité économique et morale. Beaucoup pensent dorénavant à aller plus loin, en installant leur action dans le domaine de l’engagement. Le pari consiste à créer un effet de contagion et à donner aux bonnes pratiques une diffusion exponentielle. Pour ces entreprises, au fond, il s’agit non seulement d’être –irréprochables, par exemple-, mais aussi de d’agir, au-delà de leur strict domaine de compétence. Et cette volonté d’agir signifie s’engager dans l’action en « recyclant » une partie des profits dégagés pour servir de grandes causes. Par le biais de sa fondation, The Body Shop soutient activement des organisations caritatives en Zambie –l’un des pays les plus pauvres du monde-. La démarche est classique. L’est moins celle qui consiste pour la même société à développer de multiples initiatives en Europe pour lutter contre la violence conjugale. Les entreprises responsables et engagées choisissent des causes –elles ne manquent pas, hélas !- s’y attachent avec passion et les suivent avec une extrême fidélité. Le mot d’engagement vient à l’esprit en observant l’énergie déployée par l’équipe des dirigeants d’Optic 2000 pour obtenir une mobilisation de tous en faveur du Téléthon : chacun des 1 200 points de vente du leader de la lunetterie française est mobilisé au quotidien pour offrir à l’association de lutte contre la myopathie (AFM) le plus gros chèque possible. Et cet engagement ne se limite pas aux actions caritatives en France et à l’étranger, puisque «Optic 2000 a signé des accords avec les OCAM et près de 300 conventions Tiers Payant». Une démarche qui conforte la volonté de son président, Didier Papaz, de «décommercialiser la perception de l’opticien Optic 2000 » qui est en réalité «un vrai professionnel de la santé, un citoyen utile dans sa ville et non « un vendeur de lunettes ». Avec autant de savoir-faire et de détermination, Darty soutient en termes financiers mais aussi en termes logistiques l’Envie, une structure d’insertion qui compte plus de 500 personnes et qui remet à neuf du matériel électroménager de récupération. Ces démarches d’engagement sont particulièrement bien perçues par les consommateurs. Même si elles ne pèsent pas toujours suffisamment dans leurs arbitrages d’achat, elles sont perçues comme des avancées positives et font au moins autant, en fin de compte, que la plus percutantes des campagnes publicitaires.

 

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