Canicules à répétition, inondations, feux de forêt majeurs, sécheresses : les événements climatiques qui ont marqué la France en 2022 montrent que le changement climatique est désormais une réalité tangible pour tous les Français. Il faut s’y préparer et anticiper les risques qu’il engendre tant pour la biodiversité que pour l’être humain. Les Français en ont en pris conscience, que ce soit dans leur vie quotidienne ou au travail. Afin de poser les bases d’une stratégie d’adaptation globale au changement climatique, et alors que le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) est en phase de préparation, France Stratégie publie deux notes sur le sujet : l’une concerne les enjeux spécifiques au monde du travail et l’autre se concentre sur les enjeux du changement climatique en matière de gouvernance territoriale.
Afin de poser les bases d’une stratégie d’adaptation globale au changement climatique, et alors que le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) est en phase de préparation, France Stratégie publie deux notes sur le sujet : l’une concerne les enjeux spécifiques au monde du travail et l’autre se concentre sur les enjeux du changement climatique en matière de gouvernance territoriale. Au regard de la multiplicité des domaines à prendre en compte (économiques, sociaux, environnementaux, territoriaux, sanitaires, ect.), ces deux notes font le même constat : l’adaptation au changement climatique doit passer par une approche plus systémique, que ce soit en matière d’évaluation des risques ou de coordination des plans d’actions.Note de synthèse sur l’adaptation dans les territoires
Les événements climatiques qu’a connus la France en 2022 − canicules à répétition, inondations, feux de forêt majeurs, sécheresse − traduisent la tendance lourde au réchauffement climatique. Ils mettent dramatiquement en évidence la nécessité de s’y adapter dès maintenant. À travers eux, les Français ont pris conscience qu’il leur fallait anticiper le changement climatique, les collectivités ont mesuré leur vulnérabilité et l’importance des enjeux de résilience et de transformation de leur territoire. L’objectif principal est désormais la mobilisation de tous les acteurs, en particulier des collectivités qui sont en première ligne. En France, les politiques d’adaptation au changement climatique ont pris du retard par rapport aux politiques d’atténuation, car elles ont longtemps sonné comme un aveu d’échec. Leur forte dimension territoriale implique qu’elles soient conçues et mises en oeuvre localement. Mais les décideurs locaux sont confrontés à un défi de taille : ils doivent assumer politiquement la situation, faire des choix d’investissement potentiellement coûteux pour prévenir des crises qui auront lieu dans un avenir relativement lointain, dont les risques et les impacts sont incertains, les solutions d’adaptation complexes et les annonces anxiogènes. Afin de prendre la mesure de ce défi collectif, nous avons interrogé des acteurs de trois territoires, qui ont chacun leur expérience de la résilience territoriale et de l’adaptation au changement climatique : à titre préventif, pour Grand Poitiers ; par une expérience séculaire de la gestion du risque d’inondation, pour Dunkerque ; ou à la suite d’une catastrophe naturelle, dans les vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée. Il en ressort que les connaissances scientifiques sur le changement climatique sont bien diffusées, mais qu’il manque un accompagnement méthodologique et technique auprès des décideurs locaux pour qu’elles soient traduites en actions. Cette mise en oeuvre opérationnelle suppose plusieurs conditions : une connaissance fiable et localisée des impacts du changement climatique ; une définition claire des critères de résilience ; un accompagnement liant à la fois les questions techniques et la conduite du changement ; une proximité des services de l’État avec les porteurs de projets pour créer une relation de confiance et la possibilité d’un dialogue. L’expérience de la catastrophe − comme la tempête Alex dans l’arrière-pays niçois en octobre 2020 − reste malheureusement le déclencheur le plus efficace du passage à l’action. Mais elle peut aussi être contre-productive, au sens où il est nécessaire de dépasser la gestion de crise traditionnelle et les réponses de court terme pour prendre des mesures préventives et systémiques. La multiplicité des acteurs ayant compétence sur un ou plusieurs champs de l’adaptation au changement climatique fait de la gouvernance un défi de taille. Une piste consisterait à améliorer la coordination locale en affirmant la place de la Région et du préfet de région dans la mise en cohérence des objectifs et des stratégies d’adaptation sur le territoire régional, et en renforçant le rôle du préfet de département comme fédérateur des acteurs locaux. Les expériences de passage à l’action les plus réussies sont celles où les cofinancements viennent consolider la coopération entre les acteurs. L’élaboration des diagnostics de vulnérabilité et la définition des critères de résilience des projets devraient être un préalable à leur cofinancement par l’État. Enfin, le dialogue entre les services déconcentrés de l’État, les élus ou les porteurs de projets doit être constant, sur la base des retours d’expérience, afin que l’adaptation soit, pour les territoires vulnérables, moins une contrainte qu’une opportunité désirable. Note de synthèse « Adaptation au changement climatique : retour d’expérience de trois territoires »- Auteurs :
Note d’analyse sur l’adaptation du travail au changement climatique
Les effets du changement climatique sont désormais visibles et reconnus, tant sur la biodiversité que sur la santé humaine. En revanche, les impacts sur les travailleurs restent peu analysés et peu débattus alors même que certains métiers pourraient se trouver en première ligne. Quels sont les risques professionnels associés à l’augmentation de la chaleur ? Quels sont les travailleurs et les territoires les plus exposés ? Les mesures réglementaires et de prévention sont-elles suffisantes ? Le changement climatique affecte – à des degrés divers – tous les travailleurs. Les températures élevées altèrent leurs capacités physiques comme cognitives, menacent parfois leur santé et leur sécurité, surtout en présence de facteurs aggravants tels des gestes métier pénibles, une condition physique fragile ou des trajets domicile-travail éprouvants. Les risques professionnels liés à la chaleur peuvent in fine diminuer la productivité du travail et freiner la croissance économique. On connaît mal aujourd’hui la part des travailleurs exposés à la chaleur. En France, elle oscillerait entre 14 % et 36 % selon les sources. Les plus concernés exercent souvent des métiers agricoles ou liés au bâtiment. Pour les trois prochaines décennies, tout dépendra de la localisation de ces travailleurs. Mais à quelques exceptions près, on ne constate pas de superposition entre les zones d’emploi appelées à connaître une augmentation marquée de journées anormalement chaudes et celles caractérisées par une surreprésentation des métiers les plus exposés à la chaleur. Les dispositifs réglementaires en vigueur restent néanmoins insuffisants car ils s’inscrivent dans une logique de gestion d’événements exceptionnels, au détriment d’une approche plus structurelle et systémique. Si plusieurs plans nationaux − Plan santé au travail (PST), Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), Plan national santé-environnement (PNSE) − abordent déjà le sujet, ils manquent de coordination et d’un pilotage global à l’échelle interministérielle. Les pouvoirs publics et le monde du travail doivent se saisir de ces enjeux pour structurer davantage l’action publique nationale et locale.Retour d’expériences de trois territoires face aux défis de l’adaptation
France Stratégie a également interrogé les décideurs publics de trois territoires : Grand Poitiers, Dunkerque, les Vallées de la Roya, de la Vésubie et de la Tinée dans les Alpes-Maritimes, pour comprendre comment relever le défi de l’adaptation au changement climatique dans les territoires : quels sont les défis mais aussi les déclencheurs du passage à l’action ? Les élus locaux sont confrontés à quatre défis :- ils doivent assumer des décisions en situation d’incertitude sur le climat et ses impacts territoriaux futurs ;
- ils doivent passer d’une réponse sectorielle (gérer les inondations, construire des routes) à des politiques systémiques, pour éviter des solutions de maladaptation qui pourraient empirer la situation ;
- ils doivent passer de la gestion de crise, bien connue des pouvoirs publics locaux, à l’élaboration de stratégies de résilience territoriale ;
- enfin, les élus doivent prendre des mesures acceptables dès maintenant pour agir sur le long terme, alors que le sujet est anxiogène.
Conférence | Adaptation au changement climatique dans les territoires : comment avancer ?
France Stratégie et l’Institut de l’Économie pour le Climat (I4CE) ont organisé une conférence pour faire le point, quelques mois après un été ravageur qui a marqué les consciences, sur les ambitions des politiques publiques d’adaptation, et leur nécessaire montée en puissance.