Quant à l’objectif proclamé de diviser par 4 les émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici 2050, il semble, pour l’heure, purement et simplement hors d’atteinte. C’est pourtant le seul moyen d’éviter les pires impacts des changements climatiques qui affecteront tous les pays, et de manière disproportionnée les plus pauvres.
Certes, les campagnes de sensibilisation impulsées par le gouvernement montrent des effets encourageants sur la prise de conscience du public. Cependant un problème majeur et récurrent vient noircir le tableau : l’érosion des budgets du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, de l’ADEME et la baisse des subventions destinées aux associations de protection de l’environnement. Ainsi, les crédits de l’ADEME, amputés de 20% cette année, seront réduits d’autant en 2006, alors que cette agence est la cheville ouvrière du Plan Climat. « Les Français sensibilisés ne doivent pas être abandonnés au milieu du gué. Tout doit être fait pour faciliter leurs comportements vertueux et pour amener tous les secteurs professionnels et économiques à ramer dans le même sens. Nous ne comprenons pas les gels et baisses de crédits de l’ADEME à ce stade crucial », remarque Edouard Toulouse, chargé du programme changement climatique au WWF-France. Dans le secteur des bâtiments, la revalorisation des crédits d’impôts pour les travaux de maîtrise de l’énergie et les équipements d’énergies renouvelables a été accueillie favorablement par les associations membres du RAC-F. Néanmoins, ces mesures sont bien insuffisantes pour permettre de rattraper le retard français en matière d’écohabitat. La transcription tardive et à minima des directives européennes est le signe d’une frilosité du gouvernement sur la question de la rénovation du bâti ancien et du développement des énergies renouvelables. « Même si on perçoit un frémissement dans le développement de l’éolien, cette filière peine à décoller du fait des blocages politiques et administratifs persistants. Pour ce qui est du photovoltaïque ou du biogaz agricole, tant que le gouvernement refusera de mettre en place un système de tarif d’achat ambitieux, leurs marchés demeureront inexistants », analyse Laetitia De Marez, chargée de campagne climat pour Greenpeace. Pour les transports, autre secteur très préoccupant, et parent pauvre de la politique gouvernementale, les associations dénoncent l’absence de mesures fortes. Le fameux “bonus-malus” a été remplacé par une version light : une taxe CO2 affectée sur la carte grise qui ne concernera que 8% des véhicules neufs. Cette mesure aura un bénéfice environnemental très réduit (surcoût peu dissuasif à l’achat donc CO2 évité insignifiant). Le gouvernement s’interdit de remettre en cause le “tout-routier”. « Les offres alternatives comme les transports en commun, le ferroutage, les voies d’eau ou l’intermodalité, manquent toujours de soutiens. Au lieu de s’attaquer frontalement à l’augmentation du trafic de voitures et poids lourds en instaurant une politique courageuse (fiscalité, réglementations, urbanisme), le gouvernement parie sur d’hypothétiques réductions spontanées des émissions de CO2 des véhicules », déplore Olivier Louchard, coordinateur du RAC-F. Pour plus d’information, téléchargez le document de 20 pages : Etat d’avancement du Plan Climat – Analyse du RAC-F (nov 2005) sur http://www.rac-f.org