PIERRE LAFFITTE (Sénateur RDSE des Alpes-Maritimes) dans une tribune dans le journal « le Figaro » (07/09/2005) ose annoncer avec un rien de provocation ce qui constituait il y a moins de six mois une hérésie difficile à soutenir : « vive le pétrole à 100 dollars, ou plus, qui pourra aider à la réussite du plan climat ». Jubilatoire…
« La pire menace pour l’humanité est le changement de climat consécutif à l’utilisation massive des combustibles fossiles : il est urgent de réagir. Dans moins de vingt ans, ouragans et typhons, canicules, feux de forêts et sécheresses suivies d’inondations, seront des phénomènes qui se répéteront tout au long de l’année. Il deviendra impossible de les considérer comme des catastrophes naturelles, imprévisibles, aux conséquences remboursées par la puissance publique ou les assurances.
Heureusement que le pétrole devient rare et cher ! Certes, dire ceci n’est pas politiquement correct. Mais comment faire prendre conscience à la population, de la gravité de notre situation d’aujourd’hui ?
J’en veux à mes collègues géologues et climatologues, qui savent, depuis vingt ans pour la plupart (à 70% au moins et depuis cinq ans à 95%), que le climat tempéré que nous vivons en Europe est une anomalie fragile. Sur terre, pendant des millions d’années, des déserts, glacés ou torrides, ont existé presque partout. Les dépôts de terrains continentaux comportent des étendues épaisses de sables et de grès stériles et de très rares niveaux montrent la présence de sols. Quelques oasis dans les déserts !
J’en veux aux décideurs politiques qui pensent trop souvent que Cassandre a tort. Ils inventent un principe de précaution destiné à des éventualités imprévisibles, mais engagent fort peu d’actions de prévention pour arrêter des dangers certains.
Dans ces conditions, que faire ?
Informer systématiquement, dès l’école primaire, des dangers réels de l’évolution climatique. Non pas en disant, dans 50 ans ou dans 100 ans, mais en disant que cela nous concerne aujourd’hui. Le changement est quotidien. Déjà, le nombre de morts liés aux ouragans, typhons, orages, inondations s’accroît et dépasse chaque année, et de loin, les morts liés aux catastrophes industrielles.
Lorsque cela se passe au Bangladesh ou au Costa Rica, on l’évoque à peine dans la presse ou sur les ondes. Cela reste pourtant très grave. Quand les ouragans et inondations touchent la vallée du Rhône ou la Bavière, ou encore la Floride ou la Louisiane, on en parle un peu plus. Mais quelle fréquence faudra-t-il attendre pour que les gouvernements prennent les mesures radicales qui s’imposent ?
La France, comme souvent, devrait montrer l’exemple.
Si l’on remplace 20% du diesel et de l’essence par des carburants d’origine biologique, la facture pétrolière sera moins lourde. Cela se fait au Brésil. Quel marché pour nos paysans ! Quelles perspectives pour les recherches en biotechnologie !
Pour activer le passage des combustibles fossiles vers les combustibles liquides bio, une mesure supprimant pour ces derniers la TIPP et doublant la TIPP pour les autres combustibles fossiles serait très efficace. Elle permettrait, de plus, de financer recherche et nouveaux transports en commun.
Pour les transports par véhicules électriques, de nouvelles batteries sont disponibles. Un système d’échange standard dans les stations-service devrait être fiscalement encouragé avant d’être rendu obligatoire sur tous les réseaux français autoroutiers. Et commençons par les poids lourds et les flottes captives de l’Etat, celles des services publics, des collectivités locales…
Dans le bâtiment, rendons obligatoire, pour toute construction nouvelle, le label de l’Ademe et du CSTB qui prônent la consommation énergétique minimale, voire le bâtiment producteur net d’énergie. Et développons pour les architectes et bureaux d’études la formation continue.
Combinons réglementation, taxation et détaxation, recherche scientifique et soutien par l’innovation.
Mais aussi et surtout, informons. » […]
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