Le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo voit un lien entre la météo grise de l’été et le réchauffement climatique et il a déclaré que les pluies du mois d’août renforçaient sa détermination à agir.
« Notre planète est vraiment sens dessus-dessous. Il suffit de regarder l’été pourri que nous avons eu et c’est pour cela qu’il est urgent d’agir », a-t-il dit à la presse lors d’une visite au centre national de Météo France, à Toulouse.
« Il faut agir. Nous n’avons plus le choix et c’est là tout l’objectif du prochain ‘Grenelle de l’environnement' », a ajouté le ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, dans une allusion à la réunion qu’il doit tenir à la rentrée avec diverses organisations écologistes.
Jean-Louis Borloo, qui a passé près de deux heures à Météo France, s’est dit éclairé.
« Notre planète se réchauffe et elle se réchauffe de plus en plus vite. Nous allons vers des extrêmes météorologiques. Il est donc temps de réagir et de prendre des mesures aux niveaux nationaux, européens et internationaux pour ne plus foncer vers ce mur. C’est tout l’enjeu du ‘Grenelle de l’Environnement », a-t-il estimé.
Pour lui, une absence de décision menacerait l’économie toute entière. « La prévision météorologique n’est plus un luxe, c’est une nécessité économique pour tous », a-t-il dit.
Le responsable des recherches de Météo France, Alain Joly, estime qu’un euro investi dans les prévisions météorologiques permet d’épargner sept euros pour l’économie.
Voici les éléments de synthèse sur les conditions climatiques de l’été 2007 et sur la problématique du réchauffement climatique :
– les données d’observation montrent un réchauffement de la planète d’environ 0,75°C au cours des cent dernières années ; en France, le réchauffement est d’environ 1°C sur le dernier siècle et s’accélère sur les trente dernières années ; dans son dernier rapport technique publié début 2007, le Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat (GIEC), déclare que le changement climatique est désormais sans équivoque et que l’essentiel de l’accroissement des températures observé depuis la seconde moitié du XXe siècle est très vraisemblablement dû à l’augmentation des gaz à effet de serre d’origine anthropique (la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté d’environ 30% depuis le début de l’ère industrielle) ; – ce réchauffement va se poursuivre au cours des prochaines décennies ; les simulations réalisées dans le cadre des travaux du GIEC montrent que la température moyenne de la planète pourrait se réchauffer de 1,1°C à 6,4°C à l’horizon 2100 (par rapport aux valeurs observées durant la période 1980-1999) ; le rythme de ces évolutions dépend étroitement des hypothèses d’évolution des émissions de gaz à effet de serre pour les prochaines décennies ; la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit ainsi constituer une priorité au niveau national mais également au niveau européen et international ; – au niveau national les simulations réalisées montrent que la France devrait continuer à se réchauffer avec une augmentation des précipitations en hiver, surtout dans la moitié Nord, et une diminution en été et une accentuation de certains phénomènes extrêmes : augmentation des pluies intenses en hiver, vagues de chaleur et sécheresses estivales plus longues et plus intenses ; à ce stade, on ne constate toujours pas d’augmentation récente du nombre des tempêtes ou des épisodes de pluies diluviennes dans le Sud-Est de la France ; – l’été 2007 particulièrement médiocre en France ne remet pas en cause ces éléments ; d’abord parce qu’on continuera à connaître une variabilité du climat, avec des variations importantes d’une année à l’autre, ensuite car cette situation ne concerne qu’une frange nord-ouest de l’Europe, le sud-est de l’Europe ayant au contraire connu une sécheresse très sévère jusqu’en juillet et deux épisodes de canicule exceptionnels (45,5°C à Bari fin juin puis à nouveau en juillet, plus de 40°C à Athènes, 39°C à Bucarest) ; – au-delà de l’action engagée pour réduire l’émission des gaz à effet de serre il est indispensable de se préparer aux conséquences du changement climatique qui va se poursuivre : adaptation aux phénomènes extrêmes (canicules, inondations…) par l’action publique en matière de prévention et de gestion des risques, gestion de l’eau avec un accroissement vraisemblable des phénomènes de sécheresse au sud, politique d’aménagement.