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RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 2011/2012

Affronter la rareté : Gérer l’eau, l’énergie et les terres pour une croissance inclusive et durable

Suite à la présentation officielle du rapport européen sur le développement 2011/2012 à Bruxelles le 16 mai 2012, une série d’événements sont organisés à travers l’Europe pour présenter les résultats du rapport au niveau national, impliquant la société civile, les gouvernements et les médias. Les événements mènent à la Conférence Rio +20, où une présentation aura lieu le 19 juin 2012. Le rapport européen sur le développement est un rapport indépendant qui comble le fossé entre la politique et la recherche et contribue à la vision de l’UE sur les grandes questions liées au développement. Publié chaque année, il met en lumière les questions de développement les plus pressantes dans un contexte mondial en mutation rapide. Il fournit une base de discussion et d’échanges et contribue à établir un terrain d’entente entre les différentes parties prenantes dans le monde, notamment chercheurs, décideurs et société civile.

Le rapport est la principale réalisation de l’initiative « Mobiliser la recherche européenne en faveur des politiques de développement » qui bénéficie du soutien de la Commission européenne et de sept Etats membres, notamment l’Allemagne, l’Espagne, la Finlande, la France, le Luxembourg, la Suède et le Royaume-Uni. L’édition 2011/2012 a été rédigée par une équipe dirigée par l’Overseas Development Institute (ODI), en partenariat avec le Centre Européen de Gestion des Politiques de Développement (ECDPM) et l’Institut Allemand pour le Développement (Deutsches Institut für Entwicklungspolitik) (DIE). Concentrer le débat pendant l’Année internationale de l’énergie durable pour tous et en vue de Rio+20 Le rapport européen sur le développement met en évidence les contraintes qui pèsent sur l’eau, l’énergie et les terres et la manière dont elles interagissent. Il étudie également la manière dont ces ressources peuvent être gérées en vue de promouvoir une croissance socialement inclusive et durable. 2012 est une année de débat important sur les enjeux globaux et sur les moyens d’achever un développement durable. Le rapport suit le « Sommet européen de l’énergie durable pour tous » en avril où l’UE a annoncé l’initiative « De l’énergie pour doper le développement » qui permettra à 500 millions de personnes supplémentaires dans les pays en développement d’accéder à l’énergie durable à l’horizon 2030. Dans la perspective de la Conférence des Nations unies sur le développement durable Rio+20, le rapport exhorte la communauté internationale à modifier son approche de la gestion des ressources hydriques, énergétiques et foncières afin de soutenir une croissance durable et inclusives dans les plus pauvres pays en développement et de fournir des idées concrètes pour la voie à suivre.
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 2011/2012
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 2011/2012
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RÉSUMÉ ET PRINCIPAUX MESSAGES

Il est de plus en plus difficile de fournir un accès universel à l’eau et à l’énergie et d’assurer la sécurité alimentaire de manière durable. Près d’un milliard de personnes sont sous-alimentées, 0,9 milliard n’ont pas accès à l’eau potable et 1,5 milliard ne disposent pas de source d’électricité. L’amélioration de la gouvernance de l’eau, de l’énergie et des terres jouera un rôle vital dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Dans le même temps, le contexte dans lequel les ressources doivent être gérées connaît une évolution rapide. Bon nombre des ressources naturelles nécessaires à la vie se font de plus en plus rares. Il existe désormais des preuves irréfutables que certaines limites planétaires sont atteintes ou dépassées. Parmi les problèmes, citons les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, la disponibilité de l’eau douce, le changement d’affectation des terres et les pertes de biodiversité. Ce rapport se concentre sur l’eau, l’énergie et les terres. Il passe en revue les contraintes qui pèsent sur chacune de ces ressources et les interrelations qui existent entre elles, analysant ensuite comment elles peuvent être gérées ensemble afin de promouvoir la croissance dans les pays en développement, d’une manière à la fois inclusive sur le plan social et respectueuse de l’environnement. La croissance de la population mondiale et l’essor économique international font peser de nouvelles pressions sur les ressources naturelles. La demande d’énergie et d’eau devrait augmenter de 40 % et la demande alimentaire de 50 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux actuels. Dans un monde interconnecté, ces pressions sont exacerbées lorsque les solutions aux contraintes de ressources dans un domaine renforcent davantage les pressions sur un autre domaine. Élargir l’offre de biocarburants, par exemple, peut contribuer à faire peser des pressions sur la terre et l’eau (figure 1). Les pays recherchant la sécurité alimentaire chez eux ont acquis des terres à l’étranger, parfois au détriment de l’accès à la terre et à l’eau des communautés existantes. Figure_1.jpg GÉRER L’INTERDÉPENDANCE ENTRE L’EAU, L’ÉNERGIE ET LES TERRES
INTERDÉPENDANCE EET
Ce rapport exhorte la communauté internationale à transformer radicalement les méthodes de gestion de l’eau, de l’énergie et des terres afin de soutenir une croissance inclusive et durable dans les pays en développement les plus pauvres. Cette transformation radicale est nécessaire pour satisfaire la demande croissante en eau, en nourriture et en énergie sans transgresser les limites ou les points de basculement environnementaux. Elle implique des changements institutionnels et une mise en oeuvre conjointe de la part des secteurs public et privé. Une approche intégrée de la gestion des liens entre l’eau, l’énergie et les terres met en lumière l’importance de certaines solutions (par exemple les paiements pour services écosystémiques) et minimise la pertinence d’autres solutions (par exemple les mandats de production de biocarburants). Dans un monde aux ressources limitées, les populations pauvres sont parfois gagnantes, mais souvent perdantes. Elles peuvent ainsi être confrontées à l’augmentation des prix de biens et des services essentiels mais grands consommateurs de ressources naturelles, tels que les denrées alimentaires et l’énergie. Et leurs opportunités d’emploi peuvent diminuer si la croissance est limitée par les pénuries physiques ou économiques. De tels scénarios ne sont néanmoins pas inévitables. Une vision alternative est possible : une croissance inclusive et durable qui fournit des moyens de subsistance pour tous, préserve l’environnement et est durable dans le temps. En 2012, année du Sommet mondial sur le Développement durable et de l’Énergie durable pour tous, cette nouvelle vision façonnera l’action mondiale. Comment une nouvelle vision peut-elle devenir réalité ? Pas en laissant le marché trancher seul entre les utilisations concurrentes des ressources et répartir les ressources entre les riches et les pauvres. Il existe trop de dysfonctionnement de marché intégrés au système économique actuel pour obtenir des résultats favorables sur le plan général. Les problèmes croissants concernant le changement climatique ne révèlent que trop bien l’enjeu. C’est plutôt la conjugaison de l’action publique et privée qui est nécessaire pour répondre aux défis et saisir les occasions. Trois types d’acteurs doivent relever les défis liés à la transition vers une croissance inclusive et durable. Le secteur public national fixe le cadre réglementaire et juridique, utilise les fonds publics et coordonne et facilite les actions. Le secteur privé peut répondre aux défis en rendant ses modèles économiques plus inclusifs et plus durables et en investissant en vue d’obtenir des résultats durables. L’Union européenne (UE) peut aider les pays pauvres au travers de ses politiques internes sur la production et la consommation, en tant que grand partenaire commercial et d’investissement, en tant que principal bailleur de fonds, et par des contributions en faveur de la gouvernance mondiale, ainsi qu’en promouvant l’amélioration de la cohérence des politiques pour le développement. Tous les acteurs doivent envisager l’ensemble des options concernant la gestion des pressions pesant sur l’eau, l’énergie et les terres. Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur des solutions partielles: les entreprises insistent sur les opportunités permettant d’accroître l’offre et d’augmenter l’efficacité des ressources; le concept d’économie verte à Rio+20 prône l’amélioration des réserves de ressources naturelles, de l’efficacité des ressources et de la consommation et de la production durables; les ONG mettent en avant le partage équitable des ressources pour les pauvres; d’autres mettent l’accent sur la résilience face aux chocs climatiques. Le présent RED fait valoir que l’ampleur et l’urgence des problèmes nécessitent une action transformatrice combinant quatre piliers (demande, offre, efficacité et résilience): • influencer les structures de la demande pour refléter les niveaux de rareté (par exemple la consommation et la production durables en réduisant les déchets et en modifiant les modes de vie); • améliorer la quantité et la qualité de l’offre (par exemple des partenariats sur les énergies renouvelables, les sols, le stockage de l’eau avec le financement approprié, la réglementation et le partage des connaissances); • accroître l’efficacité (par exemple le transfert de technologies, les systèmes nationaux d’innovation); • accroître la résilience contre les chocs et les bénéfices pour les plus pauvres (par exemple le partage des bénéfices, la protection sociale, la responsabilité sociale des entreprises, des politiques foncières inclusives). La figure 2 résume les principales recommandations du rapport pour saisir les opportunités d’action politique dans la gestion de l’interdépendance EET. Beaucoup exigent une coordination entre les acteurs et les secteurs. figure2.jpg Le rapport analyse plus en détail comment l’action est particulièrement nécessaire dans cinq domaines : 1. Réduire radicalement l’empreinte environnementale de la consommation (en particulier, mais pas seulement, dans les pays développés comme ceux de l’Union européenne) afin de promouvoir une croissance inclusive, sans augmenter l’utilisation des ressources. 2. Promouvoir l’innovation en vue d’accroître la productivité agricole et de nourrir plus de 9 milliards de personnes de manière durable d’ici 2050 et développer les technologies d’énergies renouvelables qui contribueront à fournir une énergie durable pour tous d’ici 2030. 3. Créer ou réformer des institutions oeuvrant pour une approche intégrée de la gestion des ressources. 4. Favoriser une politique foncière inclusive pour garantir l’accès aux terres et à l’eau aux plus pauvres et aux plus vulnérables. 5. Établir les prix des ressources naturelles et des services de manière complète et appropriée (par exemple en utilisant des instruments tels que les paiements pour services écosystémiques, PSE), tout en préservant le bien-être des plus pauvres. Ce programme radical à long terme devrait transparaître dans les valeurs et les institutions des secteurs public et privé. Il appelle également à repenser la gouvernance publique, privée et mondiale. Il prépare le terrain pour la prochaine Conférence Rio+20 et devrait contribuer à la conception et à la mise en oeuvre de la politique de développement de l’UE. La communauté internationale a besoin de mettre en place les structures de gouvernance appropriées et de mettre à disposition suffisamment de financements (à travers l’aide, les financements innovants et un investissement direct à l’étranger responsable) pour soutenir la transition vers une croissance inclusive et durable et la sécurité humaine, en particulier dans les pays pauvres. L’ÉVOLUTION DU CONTEXTE DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES Le bien-être humain est tributaire de la disponibilité et de la gestion de l’eau, de l’énergie et des terres. Il s’agit de facteurs de production essentiels au sein du système économique, qui font partie des écosystèmes qui régulent et maintiennent les conditions de la vie. Le capital naturel représente un quart de la richesse totale de l’Afrique subsaharienne et les ressources naturelles sont souvent la principale source de revenu des populations les plus pauvres au monde. Cependant, un manque d’investissement dans les infrastructures, les compétences et un cadre adéquat restreignent l’accès à l’eau, aux services sanitaires et à l’énergie, et limitent la productivité des terres. La croissance démographique, la hausse des revenus et les changements environnementaux mondiaux créent un nouveau contexte pour la gestion des ressources naturelles. Ce contexte génère des opportunités pour la croissance, mais pose aussi des défis majeurs. La hausse des revenus est susceptible d’accroître la demande d’un large éventail de biens et de services, offrant aux pays des occasions précieuses de tirer parti du potentiel de création de richesse de l’eau, de l’énergie et des terres. Dans le même temps, l’augmentation de la demande fera peser de nouvelles pressions sur la capacité de régénération des ressources renouvelables et sur la capacité d’absorption des systèmes physiques de la Terre. Les populations pauvres et vulnérables sont les plus exposées et les moins à même de faire face aux conséquences probables. L’interconnexion des différentes ressources naturelles, ainsi que des processus locaux et mondiaux d’utilisation des ressources, met en lumière les questions complexes qu’implique le fait de répondre à ces défis tout en exploitant les opportunités de manière efficace. Les interactions étroites entre l’eau, l’énergie et les terres – que nous appelons interdépendance EET (figure 1) – indiquent clairement que la gestion de chacune d’entre elles ne peut pas être considérée isolément, mais doit être envisagée comme faisant partie d’un système intégré. Le recours à la notion d’interdépendance pour la gestion de l’eau, de l’énergie et des terres fait référence aussi bien à la gestion des interactions entre les ressources, qu’à la manière d’y procéder en tenant compte des effets intersectoriels des politiques sectorielles. Mettre l’accent sur l’interdépendance EET est donc une approche analytique visant à faciliter l’élaboration de solutions reposant sur une évaluation intégrée des défis et des possibles opportunités liés à la gestion de l’eau, de l’énergie et des terres. Un certain nombre de caractéristiques soulignent l’importance de l’interdépendance EET. Tout d’abord, le monde se dirige vers une situation de pénurie absolue de certaines ressources et capacités d’absorption. Une ressource rare peut ainsi devenir une contrainte indirecte, qui présente à la fois des défi s et des opportunités d’identifier des solutions intégrées. Deuxièmement, les ressources sont de plus en plus interdépendantes. Il faut donc s’attaquer aux problèmes de coordination entre les politiques de l’eau, de l’énergie et des terres afin d’éviter les effets négatifs de ces interdépendances. Troisièmement, même s’il existe des marchés pour fixer les prix des facteurs de production classiques (par exemple le travail, le capital), les marchés permettant de fixer les prix des terres et de l’eau – et préalablement d’établir des droits de propriété clairs et des données sur l’état des ressources – sont souvent inadaptés, en particulier dans les pays en développement ; ou ils sont parfois tout simplement inexistants, comme c’est le cas pour la capacité de puits de carbone. Enfin, cette interdépendance touche les groupes les plus pauvres de la population de manière disproportionnée. Les trois éléments – eau, énergie, terres – sont essentiels à leur survie et ont souvent été, à un degré ou à un autre, gratuits. Dans un monde qui se dirige vers la pénurie absolue de certaines de ces ressources, les pauvres sont les premiers à en ressentir la pression sur leurs moyens de subsistance. RISQUES ET OPPORTUNITÉS DANS LA POURSUITE DE LA CROISSANCE INCLUSIVE ET DURABLE L’évolution du contexte exige une transition vers un nouveau modèle de croissance à la fois inclusive et durable. Le concept de croissance inclusive et durable repose sur trois principes essentiels qui au sens large font références à : une croissance soutenue, compatible avec les cycles naturels qui permettent de reconstituer les ressources des écosystèmes, d’absorber les déchets et de maintenir les conditions de vie adéquates, tout en donnant la possibilité à tous de participer et de profiter des avantages liés à l’augmentation de richesse pour la génération présente et les générations futures. Les compromis seront inévitables, mais des situations «gagnantes sur trois plans» sont aussi possibles. Le nouveau contexte de la gestion des ressources naturelles pose des risques graves à la fois pour l’inclusivité et la durabilité. Le monde a déjà dépassé trois des neuf limites planétaires au sein desquelles il peut fonctionner de manière sûre : perte de biodiversité, charge en azote et en phosphore et changement climatique. Les limites concernant l’acidification des océans et l’eau douce sont censées être les prochaines à être dépassées au cours des 50 années à venir (Rockström et al. 2009). Le risque que des points de basculement soient atteints, ou en passe de l’être, mettra en péril le bien-être futur des plus pauvres, qui seront le plus durement touchés par la dégradation de l’environnement. Mettre en oeuvre les technologies qui sont à la base de la Révolution verte des années 60 ne permettra pas de produire durablement des denrées alimentaires pour 9,3 milliards de personnes d’ici 2050 (Noone, 2011). Les réserves de ressources naturelles de la Terre ne permettent pas aux économies en développement et émergentes de suivre les habitudes de consommation que les pays développés ont suivies et continuent à suivre (par exemple, la tendance à consommer de la viande) (Allan, 2011). Il conviendra donc d’aborder des problèmes de répartition, en particulier car le progrès technologique n’a pas été suffisant pour dissocier la consommation des ressources naturelles de la croissance économique. Il convient d’agir maintenant pour éviter d’importants coûts économiques et sociaux: l’inaction concernant le changement climatique pourrait entraîner une baisse du PIB mondial de 20 % d’ici 2050 (Stern, 2006). Les pays les plus pauvres subiront les eff ets les plus forts du changement climatique, même si leur contribution au problème a été moindre. L’aggravation de la pénurie d’eau pourrait conduire à des pertes annuelles de céréales de 30 % par rapport à la consommation actuelle (FEM, 2011a). Certaines régions de Chine, d’Inde, du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne connaissent des pénuries physiques d’eau localisées. En Chine, les coûts liés aux pénuries d’eau représentent environ 2,3 % du PIB (Banque mondiale, 2007). Ne pas investir dans le développement des ressources hydriques pourrait entraîner des coûts importants à l’avenir : en Afrique, les coupures de courant représentent environ 2 % du PIB et la sécheresse et les inondations jusqu’à 25 % dans les pays concernés (BAD, 2009). La dégradation de l’environnement et les réponses inadéquates du secteur public touchent principalement les plus pauvres : entre 30 % et 60 % des systèmes d’approvisionnement en eau dans les zones rurales ne fonctionnent pas à un moment donné (Brikké et Bredero, 2003); par conséquent, les personnes les plus pauvres, et en particulier les femmes et les filles, finissent par payer le plus pour des services d’approvisionnement en eau dont la fiabilité et la qualité sont moindres. Bien que le respect de limites acceptables sur le plan environnemental et social impose des restrictions sur l’utilisation économique des ressources naturelles, il offre également des perspectives en termes d’innovation et d’avantages économiques. L’écologisation de l’économie nécessitera beaucoup d’innovation, ce qui pourrait off rir d’énormes opportunités. Ainsi, dans le cadre du World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), des grandes entreprises font valoir que le fait de placer la durabilité au coeur de leur mission fait sens économiquement et commercialement. Beaucoup d’entreprises investissent dans les énergies vertes (par exemple, les biocarburants, l’énergie solaire, les microcentrales hydroélectriques, la géothermie) dans des pays tels que la Chine, l’Inde ou le Kenya. Les grandes entreprises commencent à placer la durabilité au centre de leur planification pour en tirer parti. Les risques et les opportunités pour les différents pays, régions et secteurs sociaux dépendent des systèmes de gouvernance, des niveaux de revenu et de la richesse en ressources. Les pressions accrues pesant sur l’eau et les terres et l’importance des énergies renouvelables entraîneront une augmentation des bénéfices potentiels liés aux terres, à l’eau et aux énergies renouvelables. Cela aura des incidences sur le commerce, les investissements et les modes de production. Les pays et les groupes qui disposent des richesses adéquates bénéficient de nouvelles opportunités, mais celles-ci comportent des risques sociaux et environnementaux. Les pays, régions et groupes moins bien lotis sont confrontés à différents types de risques et d’opportunités (par exemple des régions du Nord de la Chine, l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique australe disposent de ressources hydriques limitées, tandis que des pays comme l’Éthiopie, le Ghana, Madagascar et le Soudan bénéficient de grandes étendues de terres). L’augmentation des pressions va généralement de pair avec la nécessité de renforcer la bonne gouvernance. Les gouvernements et les entreprises qui répondent à ce défi sont également les mieux placés pour en exploiter les opportunités. Enfin, l’augmentation des revenus et des niveaux d’investissement contribue à offrir des activités complémentaires (infrastructures, compétences, etc.) pour l’affectation des terres, de l’eau et des énergies pour la croissance inclusive et durable. ÉLABORER DES RÉPONSES AUX NOUVEAUX DÉFIS Assurer la transition de l’économie vers une croissance inclusive et durable exige des changements de grande envergure dans les institutions, les politiques et les valeurs, et la participation de toutes les parties prenantes. La réussite de cette transition dépendra du caractère approprié des mesures d’incitation, notamment l’efficacité de la réglementation, la sûreté et la transparence des droits de propriété, le prix des ressources et la coordination des activités qui orientent le marché dans la direction souhaitée. Il est nécessaire que le secteur privé soit fort et régi par un cadre réglementaire approprié afin de répondre aux mesures d’incitation, d’identifier et de saisir de nouvelles opportunités et d’innover en réalisant le potentiel de croissance des ressources naturelles dans le respect des limites physiques naturelles. L’établissement de nouveaux cadres, qui se traduira également par le remplacement des anciennes mesures d’incitation, est un processus profondément politique. Il faudra pour cela une société civile forte et vigilante, un leadership public et une intervention décisive de la part de l’État. Il sera nécessaire de mobiliser une volonté politique importante et des niveaux de coordination sans précédent sur le plan international. Un cadre reposant sur «quatre piliers», (demande, offre, efficacité et résilience) permet d’évaluer les rôles des secteurs public et privé et de leurs interactions, et de répondre aux nouveaux défis de la gestion des ressources naturelles afin de contribuer à la transition vers une croissance inclusive et durable. Premièrement, il convient de gérer la demande pour refléter les niveaux de rareté, qu’il s’agisse d’une ressource individuelle ou d’un ensemble de ressources. Deuxièmement, l’offre doit être gérée de manière à en améliorer la quantité et la qualité. Troisièmement, l’efficacité de l’utilisation des ressources doit être améliorée. Quatrièmement, les stratégies de développement doivent mettre l’accent sur la résilience et le bien-être des populations les plus pauvres face aux chocs liés à l’économie et aux ressources. GÉRER L’INTERDÉPENDANCE EET La gestion de l’interdépendance EET dépend d’une approche intégrée. On ne peut envisager une goutte d’eau, un champ ou un kilojoule d’énergie renouvelable à travers le seul prisme d’une politique ou d’un système de gestion sectoriels. Ce qui peut apparaître comme une politique efficace dans un domaine peut avoir des répercussions néfastes dans les autres, et les différentes façons d’exploiter l’eau et les terres ou de produire des énergies renouvelables font peser des contraintes sur les autres ressources. Pour répondre de manière adéquate aux défis émergents, en particulier liés aux interactions entre l’eau, l’énergie et les terres, il est impératif d’examiner et de gérer les arbitrages, non seulement entre les utilisateurs et les utilisations de la même ressource, mais également entre les autres ressources connexes. Les défis de gestion qui se situent à l’interface entre les politiques concernant l’eau, l’énergie et les terres sont influencés par des facteurs tels que – 1) la richesse en ressources foncières et hydriques; – 2) les modes de consommation et de production à forte intensité de ressources; – 3) l’accès à l’eau, à l’énergie et aux terres pour les populations les plus pauvres; – 4) et surtout de bons et adéquats systèmes de gouvernance et de surveillance. Les sections suivantes traitent de la gestion des trois éléments liés à l’interdépendance EET. Elles se concentrent sur la façon dont se manifestent les défi s mondiaux dans le secteur, les réalisations des secteurs public et privé dans certains domaines, et sur la manière dont la gestion de l’un des aspects influence la gestion des autres. – Télécharger le Résumé du Rapport Européen sur le Développement 2011/2012

 

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