Parce que l’affichage publicitaire n’est pas qu’une question de paysage, RAP et les Déboulonneurs lancent un appel à soutien citoyen autour de 6 propositions, pour lutter contre la pollution visuelle, la privatisation de l’espace public, pour protéger les enfants et les écoles, pour lutter contre le gaspillage énergétique et la pollution émis par ces dispositifs publicitaires, pour retrouver la beauté des villes et reconquérir les espaces péri-urbains.
La protection du paysage a été une des grandes absentes du dernier Grenelle de l’environnement. Plusieurs associations ont fait savoir leur mécontentement concernant cette lacune. Ces protestations ont été entendues par le gouvernement. Il est donc question de réformer la loi de 1979 concernant la publicité, les enseignes et préenseignes lors des prochaines discussions du Grenelle de l’environnement. Pour ce faire, le Conseil National du Paysage a été réactivé, et a été réuni à 3 reprises de janvier à mars, afin de faire des propositions concrètes de modifications de la loi notamment sur les publicités, enseignes et préenseignes. Quelques associations ou collectifs ont fait entendre leurs voix, certaines en tant qu’auditeur (RAP, Les Déboulonneurs, etc.), d’autres en tant que membres du Conseil National du Paysage (Paysage de France, France Nature Environnement, etc.). Nous ne connaissons toujours pas les conclusions que va en tirer le gouvernement et le Sénateur Dupont (en charge d’un rapport sur la question), mais, à ce stade des débats, nous aimerions que la parole soit donnée à tout le milieu associatif, car la question de la publicité ne se résume pas au seul côté paysager. Il semble désormais inconcevable de nier les conséquences désastreuses de la publicité sur l’environnement ou la société. En effet, la publicité déconnecte l’acte d’achat des causes et conséquences qu’il peut avoir sur l’environnement ou la société. Elle incite au gaspillage et souvent à l’achat de produits nocifs pour l’environnement. Elle pousse au surendettement et à l’achat du moins cher sans regard sur les conditions sociales des travailleurs. A l’heure où le développement durable est prôné, on ne peut plus faire l’impasse sur la question publicitaire. Oublier cette donnée, c’est traiter les effets sans s’occuper d’un des fondements du problème. Alors qu’on invite le consommateur à adopter des gestes simples pour préserver la planète, il est un geste simple que l’on pourrait adopter : la diminution de la place de la publicité dans l’espace public. Les dispositifs publicitaires sont parfois eux-mêmes sources de pollution et de gaspillage énergétique : panneaux déroulant et éclairés, écrans plasma ou LCD, enseignes lumineuses allumées toute la nuit, véhicules publicitaires, écrans équipés de dispositifs Bluetooth générant une pollution électromagnétique… De même la question démocratique est posée. L’espace public, en tant que bien commun, est déjà largement privatisé au profit de la publicité, alors même que la liberté d’expression est plus que jamais à défendre pour l’opinion, les associations et l’art. Enfin, l’affichage publicitaire a aussi sa place dans un débat relatif à l’enfance et à l’éducation. La prolifération des panneaux publicitaires aux abords des écoles pose la question de la contradiction permanente entre ce que les professeurs enseignent en classe et les valeurs que prônent les messages publicitaires (l’argent roi, la violence, le sexisme, l’idéal de beauté par la maigreur, les mauvaises habitudes alimentaires…). Cette réforme de la loi du 29 décembre 1979 est demandée depuis plusieurs années par les associations antipublicitaires et paysagistes. Or, cette remise en question nécessite plus que les trois mois de discussions qui lui ont été accordées par le Ministère.Appel pour encadrer l’affichage publicitaire dans l’espace public
Nous nous réjouissons d’apprendre la remise en cause de la loi de 1979 sur l’affichage publicitaire. Cette révision doit ainsi être l’occasion de mettre en œuvre une action décisive qui concerne tout à la fois l’environnement et le patrimoine, le cadre de vie des habitants, l’équité entre citoyens, l’éducation et les modes d’expression dans l’espace public. Nous espérons que la modification de la loi de 1979 sur l’affichage publicitaire sera à la hauteur de ces enjeux et que nos responsables politiques prendront ce problème à bras le corps notamment au vu de la situation catastrophique de la France en matière d’affichage publicitaire et en comparaison de lois plus volontaristes adoptées dans certains pays. De plus, toute loi se faisant dans un but d’intérêt général, il apparaît ainsi important de souligner que la publicité, qui prend toujours plus de place dans nos sociétés, suscite des réactions de plus en plus négatives de la part de nos concitoyens. Voici 6 propositions pour lutter contre la pollution visuelle, la privatisation de l’espace public, pour protéger les enfants et les écoles, pour lutter contre le gaspillage énergétique et la pollution émis par ces dispositifs publicitaires, pour retrouver la beauté des villes et reconquérir les espaces péri-urbains. 6 propositions que les associations, syndicats, collectifs et citoyens peuvent soutenir en renvoyant un mail : à contact@antipub.org6 propositions pour lutter contre les nuisances de l’affichage publicitaire
1. Une surface équivalente allouée à l’affichage publicitaire et aux espaces d’expression libre Afin de rétablir l’équité entre espaces publicitaires et espaces d’expression sans but lucratif, nous demandons un renforcement des dispositions de la loi prévues pour cet affichage, en prônant une égalité de traitement entre l’affichage publicitaire et l’affichage libre permettant l’expression artistique, associative, sociale, politique, syndicale dans l’espace public et en les rendant vraiment accessibles à tous. 2. Interdiction de l’affichage publicitaire aux abords des écoles Dans nos sociétés où la publicité est omniprésente, il doit rester des endroits où les enfants ne sont pas soumis aux injonctions publicitaires. Alors que de plus en plus d’études prouvent l’effet négatif de la publicité sur les enfants, ne serait-il pas temps de faire preuve de courage politique en la matière en instituant un périmètre de protection autour des écoles de 100 mètres minimum. 3. Interdiction des publicités et enseignes énergivores et animés Alors que les économies d’énergie sont plus que jamais essentielles dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la généralisation de l’éclairage des panneaux publicitaires et le recours quasi systématique à des dispositifs mobiles propres à capter davantage l’attention du public représentent un gaspillage énergétique inacceptable. Un panneau de ce type éclairé et déroulant consomme autant d’électricité qu’un ménage pour ses besoins quotidiens ! Afin de diminuer la pollution sonore et lumineuse nocturne, de réaliser des économies d’énergie et d’assurer une exemplarité sur l’espace public en la matière, nous demandons que la loi interdise les dispositifs énergivores et animés. 4. Interdiction des supports publicitaires polluants Au vu de l’urgence climatique et dans un souci de cohérence politique, nous demandons l’interdiction de la publicité sur les véhicules terrestres, sur l’eau ou dans les airs. 5. Publicité sur des supports existants Les panneaux publicitaires scellés au sol ou installés directement sur le sol sont l’un des principaux vecteurs de la pollution visuelle en matière d’affichage publicitaire telle qu’elle se manifeste notamment aux abords des villes et des zones commerciales parce qu’ils constituent de véritables constructions se détachant du paysage. De plus, ces dispositifs représentent un encombrement sur les trottoirs et donc un obstacle à la circulation des passants et plus particulièrement des personnes à mobilité réduite. Nous demandons l’interdiction des panneaux scellés au sol ou installés directement sur le sol afin de privilégier les dispositifs muraux. 6. Formats des panneaux publicitaires La limitation des panneaux à 16 m², prévue à l’heure actuelle par le code de l’environnement, est totalement insuffisante pour protéger réellement les paysages sans compter quelle bafoue le principe de liberté de réception des usagers de la voie publique. C’est pourquoi, nous vous demandons d’opter pour un format publicitaire de 2 m² maximum qui permettrait à chacun de s’exprimer sur l’espace public et en même temps de respecter le droit de chaque citoyen à ne pas être importuné par une information qui ne l’intéresse pas.