Mise à jour Novembre 2008 : Des entreprises engagées pour un commerce responsable du bois
Après l’appel au boycottage des salons de jardin fabriqués en teck illégal d’Indonésie en 2006, l’association de préservation de la nature WWF a lancé, vendredi 12 octobre, une campagne pour freiner l’exploitation des forêts tropicales du bassin du Congo.
Selon le WWF, la plus grande partie du bois industriel produit en Afrique Centrale est exportée vers les pays européens, et la France en est le plus grand importateur. Sensibiliser les consommateurs de ce bois aux enjeux de la gestion durable des forêts du Bassin du Congo et à la nécessité d’acheter du bois certifié est un moyen d’encourager les concessionnaires dans leurs efforts pour une bonne gestion et une certification crédible des forêts. C’est pourquoi, la sensibilisation des consommateurs Français est indispensable pour améliorer les pratiques de gestion forestière.
Les activités illégales
39 % des importations françaises de bois tropical sont présumées d’origine illégale. On estime qu’environ la moitié des transactions internationales de bois serait issues de l’exploitation forestière illégale et du commerce lié. Ce chiffre se base sur la comparaison entre les volumes de bois déclarés à l’exportation par les pays producteurs et ceux déclarés à l’importation par les pays importateurs.
Selon l’étude de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (« Le marché du bois en France : Situation actuelle et perspectives à court terme », septembre 2006), les données issues des statistiques douanières, relatives au commerce des espèces tropicales sont malheureusement trop peu fiables, absentes ou inutilisables. Ainsi, certains pays d’une importance prioritaire tels que la RCA et la RDC (pour les pays producteurs) et la Chine (pour les pays consommateurs) n’ont fourni aucune réponse sur leurs importations et leurs
exportations.
Les pratiques contraires aux réglementations nationales ont lieu tout au long de la filière : de l’exploitation à la commercialisation en passant par la transformation et le transport. Elles se traduisent par des coupes dans des zones protégées ou en dehors des concessions, l’abattage d’espèces protégées, des coupes d’arbres n’ayant pas atteint le diamètre minimal d’exploitation, le non paiement des taxes d’exportation, la falsification de permis CITES et le non-respect du quota d’exportation. Ces pratiques illégales sont renforcées par l’insuffisance
des contrôles due au manque de moyens financiers et matériels, par la corruption et la pauvreté.
Les sociétés étrangères, notamment celles implantées depuis des décennies dans le Bassin du Congo, ont un rôle moteur à jouer dans la diminution des pratiques frauduleuses ainsi que dans l’application d’une gestion plus durable des forêts africaines.
Dans le secteur forestier où la transparence fait cruellement défaut, seul le label FSC permet de lutter efficacement contre l’exploitation forestière aveugle et le commerce de bois illégal. Car cette certification repose sur
une chaîne de traçabilité qui permet de vérifier jusqu à l’achat final que bois est bien issu d’une forêt certifiée.
La France a ratifié en 1998 l’Accord International sur les bois tropicaux selon lequel, depuis 2000, toutes les exportations de bois et de produits dérivés des bois tropicaux doivent provenir de sources gérées de façon durable. Cet accord n’est cependant pas appliqué, comme en témoigne l’afflux de produits en bois tropicaux d’origine illégale sur le marché français venant principalement d’Afrique et du Brésil. Au Cameroun, 50 % du bois était exploité illégalement au début des années 2000 (rapport WWF, 2002 « The timber footprint of the G8
and China »). En 2006/2007, le WWF estime que ce taux serait de 30%, notamment grâce à la mise en place d’un nouveau système d’adjudication des concessions forestières bien plus transparent.
Dans un tel contexte, il est impératif de promouvoir, d’appliquer et de renforcer les réglementations en vigueur.
Le WWF demande notamment qu’une loi soit votée, rendant illégale l’entrée sur le territoire européen des bois issus de l’exploitation frauduleuse. Les accords internationaux destinés à améliorer la gestion
des forêts tropicales étant peu efficaces à ce jour, une responsabilité importante revient aux acheteurs et aux consommateurs.
Pour faire son choix en toute connaissance de cause et en toute responsabilité, il est indispensable que le consommateur, public et privé, puisse clairement identifier l’essence qui compose le produit, grâce à la mention de son nom scientifique.
Certaines essences, telles que l’Ayous (particulièrement présente sur le marché français, actuellement classée comme « Menacée » sur la liste rouge de l’UICN du fait de sa surexploitation), possèdent plusieurs noms commerciaux selon le pays producteur et/ou consommateur; Le risque avéré est alors d’acheter un produit en « Abachi » ou en « Wawa », sans savoir qu’il s’agit en réalité d’Ayous.
A travers cette campagne, trois cibles sont visées :
– les consommateurs, en les incitant à acheter des produits en bois tropicaux de provenance légale et issus d’une gestion forestière durable. Les bons conseils sont repris dans un Consoguide distribué notamment auprès des enseignes partenaires du WWF (Castorama et Leroy Merlin).
– les distributeurs de bois afin qu’ils s’engagent à s’approvisionner auprès de fournisseurs dont les exploitations sont gérées durablement et donc à vendre davantage de produits labellisés FSC.
– les acheteurs publics (gouvernement, collectivités) car ¼ des importations françaises de bois africain est utilisé dans les marchés publics. Le gouvernement français s’est engagé (document en annexe), en 2005, à ne plus utiliser que du bois et des produits dérivés issus d’une exploitation durable. A ce jour, aucun résultat concret n’est encore visible.
Des villes comme Bonn, Barcelone ou Genève se sont engagées à privilégier dans leurs appels d’offres le bois labellisé. Paris, Lille, Lyon ou Calais se sont déjà engagées dans une démarche similaire visant à favoriser l’achat de bois issu de forêts gérées durablement, c’est-à-dire certifié FSC.
Un des partenaires du Club ProForêts, le Conseil Régional du Nord Pas-de-Calais, s’est engagé à privilégier le bois certifié FSC dans ses approvisionnements. Dans une délibération de mai 2005, le Conseil Régional s’engage notamment :
– à veiller au strict respect de la convention CITES sur le commerce des espèces menacées,
– à s’assurer de la traçabilité de tous les achats financés par la région en termes d’appellation de l’essence, de mode d’exploitation des forêts et de pays d’origine,
– à éviter l’utilisation de bois tropicaux issus de forêts gérées non durablement.
Les recommandations du WWF aux acheteurs de produits tropicaux
Acheter en priorité des produits portant le label FSC. Il garantit
la légalité des bois qui entrent dans sa composition ainsi que la réelle prise en compte des aspects écologiques et sociaux dans la gestion forestière.
A défaut, vérifier que l’espèce n’est pas menacée, que le bois ne provient pas d’un pays à risque et qu’il présente des garanties de traçabilité et de légalité. Sans ces garanties minimales (légalité, traçabilité), le risque de contribuer à la destruction des forêts tropicales est grand.
Sources : WWF France
Réseau Forêt et Commerce du WWF : des entreprises engagées pour un commerce responsable du bois
Pour éliminer l’exploitation illégale du bois et améliorer la gestion forestière, en particulier en milieu tropical, le WWF-France lance le Réseau Forêt et Commerce France, déclinaison à l’échelle nationale du Réseau International Forêt et Commerce (GFTN*).
Les forêts tropicales disparaissent à un rythme alarmant : plus de 13 millions d’hectares de foret tropicale sont perdues chaque année. Or le commerce de bois issu de forêts surexploitées ou exploitées illégalement en est la cause majeure de leur disparition.
C’est pourquoi, le Réseau International Forêt et Commerce, initiative du WWF, s’appuie sur une démarche partenariale avec les entreprises de la filière bois ou commercialisant des produits à base de ce matériau, pour la mise en œuvre concrète de la gestion durable des forêts, garantissant à la fois la pérennité des ressources, le maintien de la biodiversité (faune et flore) et le bien-être social des populations dépendantes de la forêt. Le WWF les accompagne, par un appui technique soit vers la certification, soit vers des achats de bois responsable. Ce réseau contient à ce jour 360 entreprises dans 34 pays,soit 15% du volume de bois commercialisé dans le monde et couvre 23,7 millions d’ha de forêt certifié, plus 9,3 millions d’ha en cours de certification.
La France, en tant que premier importateur Européen de bois africain, a une responsabilité particulière envers ces forêts. Ainsi les membres du Réseau en France sont en priorité des utilisateurs de bois tropicaux. Il s’agit actuellement de Berry Wood, Castorama, Conseil Régional Nord-Pas de Calais, Fournier, Leroy Merlin, et Nature et Découverte . Ils s’engagent, et ce pour l’ensemble de leurs activités, à éliminer le bois illégalement exploité, les essences menacées de disparition pour
des raisons de surexploitation, et tout produit dont l’origine ne peut être prouvée. Ils doivent aussi justifier d’un approvisionnement croissant en produits forestiers issus de forêts certifiées par un système indépendant et crédible (FSC).
« Il est urgent que toutes les entreprises concernées s’engagent à nos côtés pour cesser de participer à la destruction des forêts tropicales » déclare Claude Dumont, Président du WWF-France.
Les résultats de l’enquête 2008 sur les produits en bois tropicaux africains confirment cette nécessité.
Aucune amélioration n’a été apportée sur les garanties environnementales et les informations offertes aux consommateurs de produits en bois tropical africain depuis 2007 :
– Seuls 4 % des produits à base de bois tropical africain affichent le label FSC
– Plus de 90 % des produits ne mentionnent pas le nom scientifique de l’essence
– Près de 80 % des produits n’indiquent pas le pays d’origine
– La meilleure enseigne n’obtient que 10 % de produits labellisés
* GFTN :Global Forest and Trade Network