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Selon une étude de PwC

Limiter le réchauffement climatique à 2°C : mission impossible ?

par Eric Lombard pour Ouvertures.net

Selon le cabinet PwC qui conseille nombre de grandes entreprises mondialisées, l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C parait « hautement irréaliste » car la réduction de l’intensité carbone de l’économie mondiale ne se fait pas assez vite. PwC recommande donc aux gouvernements de se préparer à un réchauffement de 4, voire de 6°C. S’agit-il de lâcher du lest pour éviter que la croissance ne soit remise en cause ?

Heat wave (Canicule). Crédit photo Gilderic Photography

La société PwC (PricewaterhouseCoopers, qui a réalisé un chiffre d’affaires mondial de 31,5  milliards $ en 2012 dans l’audit et le conseil)  a publié le 5 novembre 2012 une étude de prospective sur les défis du réchauffement climatique. Le rapport intitulé Low Carbon Economy Index s’attache essentiellement à comparer le rythme actuel de réduction de l’intensité carbone des principales économies mondiales à celui qu’il faudrait atteindre pour respecter l’objectif de +2°C entériné à Copenhague en 2009.

Intensité carbone

L’intensité carbone d’une économie est la quantité de CO2 (ou plutôt d’équivalent CO2 pour tenir compte des autres gaz à effet de serre) nécessaire pour produire une unité de PIB (Produit intérieur brut). Pour réduire l’intensité carbone, il faut par exemple faire des économies d’énergie, remplacer des énergies fossiles par des énergies renouvelables ou planter des arbres.

L’intensité carbone n’est qu’une des composantes de l’équation des émissions de GES (Gaz à effet de serre). L’autre composante est le PIB. Si dans le même temps que l’on réduit l’intensité carbone, le PIB croît d’autant, les efforts de  réduction des émissions de GES sont annihilés.

 Emissions de GES = Intensité carbone x PIB

 On pourra remarquer que les tenants du développement durable se focalisent sur l’intensité carbone, sans remettre véritablement en cause la croissance (du PIB), contrairement aux décroissants qui appellent à agir sur les deux termes de l’équation tout en contestant la pertinence du PIB comme indicateur phare.

L’analyse des émissions de GES a été affinée par un économiste japonais qui a proposé une équation qui porte son nom, l’équation de Kaya, qui fait également intervenir la croissance de la population.

Ne pas se voiler la face

« Si tous les citoyens européens faisaient autant de vélo que les danois, cela permettrait d’atteindre 26% de l’objectif européen de réduction de CO2 dans les transports ». Crédit photo European Cyclists’ Federation

Depuis 2000, l’intensité carbone baisse au rythme moyen de 0.8% par an au niveau mondial (0,7% en 2011), alors qu’il faudrait passer à un rythme 6 fois plus rapide (5,1% par an) si l’on veut cantonner le réchauffement à +2°C. Ce rythme n’ayant jamais été atteint au cours des 50 dernières années, les auteurs estiment irréaliste de penser qu’il pourra être atteint rapidement. Ils notent d’ailleurs que de nombreux experts en ont pris acte et étudient des scénarios beaucoup plus pessimistes, à +4, voire +6°C.

Leurs simulations montrent que si l’on n’accélère pas les efforts de réduction de l’intensité carbone de nos économies, le réchauffement de la planète risque d’excéder 6°C, un niveau jugé extrêmement dangereux par les climatologues.

Réduction annuelle moyenne de l’intensité carbone d’ici 2050 (%) Concentration de CO2 (ppm équivalent CO2) Augmentation de température
1,6 1200 +6°C
3,0 750 +4°C
4,5 550 +3°C
5,1 450 +2°C

De ce fait, ils appellent à « beaucoup plus d’ambition et d’urgence pour la politique climatique » et incitent gouvernements et acteurs économiques à se préparer aux conséquences du réchauffement. « Tout investissement dans des équipements ou des infrastructures destinés à durer doit prendre en compte les hypothèses les plus pessimistes, particulièrement dans les régions côtières et de faible altitude. Les secteurs dépendant de l’alimentation, de l’eau, de l’énergie ou des services procurés par les écosystèmes doivent examiner de près la résilience et la viabilité de leurs chaînes d’approvisionnement. Et les gouvernements doivent prévoir des actions plus radicales en faveur des communautés vulnérables ».

Le dilemme des gaz de schiste

Le rapport s’interroge également sur les gaz de schiste, se demandant si c’est un bien ou un mal. A leur actif, ils ont permis aux Etats-Unis de réduire leurs émissions de CO2 en abandonnant le charbon dans nombre de centrales électriques (avec quand même de sérieux doutes quant à leurs réels bénéfices en termes d’émission de GES).

A leur passif, les pollutions liées à leur extraction, mais aussi le fait que leur faible coût n’incite pas à investir dans des technologies nettement moins émettrices de CO2 comme le nucléaire et les énergies renouvelables ou dans la séquestration du CO2. La conversion au gaz de schiste peut certes donner un certain répit, mais ne sera en aucun cas suffisante pour faire face au défi climatique.

> Le fait qu’un cabinet conseil aussi puissant et renommé que PricewaterhouseCoopers tire le signal d’alarme climatique n’est pas anodin. Cela signifie que, bien que le risque climatique n’ait pas  constitué un enjeu des récentes élections présidentielles américaines, le monde économique ne remet plus en question la réalité du réchauffement ni ses conséquences probables.

On pourra toutefois remarquer qu’en évitant d’évoquer l’autre levier de réduction des GES, à savoir le PIB, sa modération voire sa réduction volontaire, le cabinet de conseil tente de protéger le mythe de la croissance sur lequel repose le système économique et politique dans son ensemble. Mais celui-ci pourra-t-il résister aux assauts d’un climat déréglé ?

On peut également s’étonner de la résignation de PwC à laisser filer la température, à l’encontre des conclusions du rapport Stern (2006) qui montrait sans ambigüité que le coût de l’inaction dépasserait largement le coût d’actions de prévention, même massives.

– Source : http://www.ouvertures.net/limiter-le-rechauffement-climatique-a-2c-mission-impossible/

Etude PwC 2011 « Low Carbon Economy Index »

L’augmentation des émissions de carbone des pays du G20 est plus rapide que la croissance économique Selon la nouvelle étude de PwC « Low Carbon Economy Index », pour la première fois depuis 2000, aucune réduction de l’intensité de carbone (qui reflète le mix énergétique, l’efficacité énergétique, ainsi que l’équilibre entre industrie et services) n’a été constatée pour les pays du G20, malgré une modeste reprise économique mondiale. Ces résultats inversent ainsi la tendance à la baisse, lente mais progressive, de l’intensité des émissions de carbone observée depuis 2000. En effet, au cours de la crise économique de 2008-2009, plusieurs pays ont vu leurs émissions de carbone chuter plus rapidement que le PIB, en raison d’une baisse de la production. Cette tendance s’est inversée en 2010, lorsque la croissance du PIB mondial de 5,1 % a été dépassée par celle des émissions, qui s’élève à 5,8 %. L’augmentation de l’intensité de carbone de 0,6 % est une première depuis plusieurs années. Plusieurs facteurs ont contribué à l’augmentation de l’intensité de carbone l’année dernière : la croissance rapide des économies émergentes à forte intensité de carbone en 2010 (Chine, Brésil, Corée) ; les hivers plus froids en début et fin d’année ; la baisse des prix du charbon par rapport au gaz ; et le recul du déploiement des énergies renouvelables. Ces résultats remettent en cause la vraisemblance d’une décarbonisation mondiale assez rapide qui permettrait de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius. Au niveau mondial, l’intensité de carbone doit être à présent réduite de 4,8 % par an, soit deux fois plus qu’en 2000, pour atteindre cet objectif. L’étude de PwC avertit qu’à moins que la corrélation entre croissance économique et hausse des émissions ne soit rompue, la réalisation de cet objectif semble peu probable Selon Thierry Raes, associé Stratégie et Développement Durable au sein de PwC : « Les résultats sont des plus frappants. Notre étude aboutit clairement à la conclusion que si nous comparons les prévisions de cycles de croissance pour les pays développés et en voie de développement avec le niveau de réduction des émissions de carbone requis pour respecter le scénario de 2 degrés, nous avons atteint la limite du possible en termes de réduction d’émissions de carbone. » « Les économies du G20 qui s’acheminaient trop lentement sur la bonne voie vont désormais dans la mauvaise direction. Ce n’est que dans quelques rares cas que les pays ont réussi à réduire leurs émissions de carbone de 4,8 % en une décennie. » Olivier Muller, directeur Energie et Climat au sein de PwC précise : « La reprise économique, lorsqu’elle a eu lieu, a été très polluante. Même lorsque les pays membres de l’OCDE ont enregistré une certaine croissance au cours de la crise financière mondiale, celle-ci était associée à une trop forte intensité de carbone et n’a pas accru leur productivité carbone. » La France prévoit de diviser par quatre ses émissions de CO2 d’ici 2050. A l’horizon 2020, les engagements pris lors du Grenelle de l’environnement permettront, d’après le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, de réduire de près de 23 % nos émissions par rapport à celles de 1990. Pour atteindre cet objectif, tous les secteurs de l’économie sont concernés. Selon Benjamin Cros, directeur PwC, expert en Energies Renouvelables : « Pour atteindre les taux de productivité carbone nécessaires, il faudrait révolutionner la façon dont le monde produit et utilise l’énergie. En outre, dans le contexte actuel de crise financière mondiale, nous devons transformer les financements pour réaliser la transition à l’échelle et à la vitesse requises. » « Le compromis coût/carbone peut être évité. En particulier dans les pays en voie de développement qui ne disposent pas d’une infrastructure de réseau existante, les énergies renouvelables peuvent être compétitives avec les combustibles fossiles. » « Les consommateurs contestent déjà la hausse des dépenses de carburant et d’électricité, et ne sont sans doute pas prêts à payer plus pour atteindre les objectifs en matière de changement climatique. Or, le report des mesures nécessaires pour briser le lien entre les émissions élevées de carbone et la croissance économique implique que les réductions qui seront requises à l’avenir seront plus importantes, plus coûteuses, et auront des répercussions négatives plus significatives sur les consommateurs ». L’étude est disponible sur le site www.pwc.fr A propos de l’étude Low Carbon Economy index – L’intensité de carbone est l’unité de mesure privilégiée pour analyser les avancées des pays en faveur d’une économie à faibles émissions de carbone, dans la mesure où elle tient compte des prévisions de croissance économique, et elle peut générer des objectifs comparables. – L’intensité de carbone d’une économie correspond aux émissions par unité de PIB et est impactée par le mix énergétique, l’efficacité énergétique et la proportion des secteurs industriels par rapport aux secteurs des services dans un pays. – Taux historiques de décarbonisation : aucun pays ne présente un taux de décarbonisation approchant les 4,8 % désormais requis. Hormis la Chine dans les années 90, aucun des pays du G20 n’a atteint les 4,8 % de réduction depuis 1980. Six pays ont réduit leur intensité de carbone de plus de 3 % au cours de certaines décennies (la Chine, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, la Russie, le Japon) et ils y sont parvenus seulement dans des circonstances exceptionnelles. La France a atteint un taux de décarbonisation de 4,2 % dans les années 80 en augmentant la part du nucléaire dans le mix énergétique de 7 % à 33 %. La Royaume-Uni a atteint un taux de décarbonisation de 3,0 % dans les années 90 en raison de l’engouement croissant en faveur de la production d’électricité au gaz qui a remplacé la production d’électricité au charbon. (Un tableau de données est disponible en page 10 de l’étude de PwC « Low Carbon Economy Index 2011 »)

 

A propos de PwC

PwC développe en France des missions d’audit, d’expertise comptable et de conseil créatrices de valeur pour ses clients, en privilégiant des approches sectorielles. Plus de 169 000 personnes dans 158 pays à travers le réseau PwC partagent idées, expertises et perspectives innovantes au bénéfice de nos clients et partenaires. Les entités françaises membres de PwC rassemblent 4000 personnes dans 25 bureaux.

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1 COMMENTAIRE

  1. Le nucléaire n’est pas une solution
    L’article parle d’investir dans le nucléaire pour moins émettre de CO2. Mais, en dehors de tous les problèmes posés par le nucléaire, ce n’est pas une solution.

    http://energeia.voila.net/electri/electricite_co2.htm

    Comme cela est bien noté, le nucléaire ne se développe que très lentement, avec des phases de déclin, alors que des énergies renouvelables comme l’hydraulique, l’éolien et le solaire font beaucoup mieux d’ici 2020.

    Et encore mieux entre maintenant et 2030.