Bernard Maris, journaliste et écrivain, anime chaque matin sur France Inter une chronique économique. Le 26 novembre 2008, il signait un billet sur le livre Les pauvres remboursent toujours. Loin d’être aussi talentueux que lui, je vous invite à lire ci-dessous sa présentation :
"Pendant que les banques engrangent les milliards des Etats, les pauvres remboursent leurs microcrédits. Quel paradoxe ! Les grands banquiers responsables d’une catastrophe financière sans précédent récupèrent des sommes astronomiques tandis que Les pauvres remboursent toujours. C’est d’ailleurs le titre d’un livre paru aux éditions Yves Michel .
Les pauvres remboursent toujours, mais pourquoi ? On pourrait s’attendre à une proposition inverse : plus on est pauvre, moins on rembourse... La preuve avec les subprimes, ces crédits immobiliers consentis aux plus défavorisés des Etats-Unis d’Amérique. Mais le microcrédit n’a rien à voir avec les subprimes.
La Grameen Bank, la banque fondée par le prix Nobel de la paix Mohamed Yunus, est née dans le village bangladais de Jobra. Les emprunteurs de la Grameen Bank sont le contraire de personnes assistées. On leur fait crédit, et on fait appel à leur ingéniosité et à leur intelligence pour se sortir de la pauvreté. Les prêts sont généralement faits à des femmes, qui valorisent leur travail. Autrement dit, elles investissent dans des projets qui sont une source de revenu.
Là est la différence avec les emprunteurs des subprimes. Ceux-ci avaient déjà un travail, et leur possibilité de rembourser reposait sur le sort, sur la chance, et non sur le travail : c’est en faisant le pari d’une hausse de la valeur de leur bien immobilier - soit le pari de la spéculation et de la bulle immobilière - qu’ils pouvaient espérer rembourser.
Les emprunteurs de microcrédit, eux, font un pari sur leur propre travail. Vous connaissez la phrase du milliardaire Paul Getty : « Quand vous devez 100 dollars à une banque c’est votre problème, quand vous lui devez cent millions c’est le problème de la banque. » Si vous êtes un gros emprunteur, la banque sera extrêmement aimable, vous fera des facilités, des moratoires, tout ce que vous voulez.
La Grameen Bank, la banque du microcrédit n’a connu qu’une période de difficultés : en 1998, quand il y a eu les énormes inondations au Bangladesh : 80% des emprunteurs ont remboursé la banque, et 20% ont perdu contact avec elle. Tout le problème de la banque a été de les faire revenir vers elle, de les inciter à poursuivre leur activité, et au bout du compte à rembourser.
Comment ? En leur demandant de devenir, symboliquement, actionnaire de la banque, et de participer à l’élection du conseil d’administration : 9 membres du conseil d’administration sont élus chacun par 620 000 personnes, et ces 9 membres sont toutes des femmes !"
Références : Les pauvres remboursent toujours de Asif Dowla et Dipal Barua - Editeur : Yves Michel - Parution : 10/11/2008 - 300 pages - EAN13 : 9782913492608 - Prix public : 24 €
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