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Synthèse des débats

Financer la croissance durable, de l’efficacité énergétique aux business models de demain

Un colloque organisé par le Groupe BPCE

Organisé mercredi 21 novembre à Paris, le colloque « Financer la croissance durable, de l’efficacité énergétique aux business models de demain » a réunit 450 personnes à quelques jours du lancement du débat national sur la transition énergétique, avec une actualité forte, sur les gaz de schiste en particulier. Et une semaine auparavant, la nouvelle directive européenne sur l’efficacité énergétique était publiée au Journal Officiel de l’UE. Introduit par François Pérol, président du directoire du Groupe BPCE, et Dominique Dron, nouvellement chargée de mission sur le financement de la transition écologique auprès du gouvernement, le colloque a vu se succéder cinq tables rondes : « Efficacité énergétique : de l’enjeu sociétal à l’enjeu de marché« , « Marché de l’efficacité énergétique : organisation des acteurs économiques et réponses bancaires« , « Quels leviers pour une croissance durable ?« , « Comment relier création de valeur et croissance durable ? Un nouveau défi pour l’asset manager« , « Cité durable : financer un écosystème repensé« . Il s’est clos par la remise du prix de l’investisseur responsable au Groupe Humanis. Voici la synthèse du colloque « Financer la croissance durable » avec les vidéos, les conclusions et les prises de paroles des intervenants …

Synthèse en vidéo

  • Efficacité énergétique et enjeux bancaires
Matinée animée par Jean-Louis Caffier, journaliste-consultant spécialiste du développement durable, LCI

François Pérol

Président du directoire du Groupe BPCE,
président du Groupement européen des Caisses d’Epargne

« J’aborde le sujet de l’efficacité énergétique en citoyen et en banquier« , affirme François Pérol. Comme citoyen, d’abord, car la transition énergétique est l’un des enjeux majeurs des années à venir, eu égard aux projections climatiques de la Banque Mondiale : 4 °C supplémentaires à attendre d’ici à 2060 si la planète continue au rythme actuel. Comme banquier, ensuite, le Groupe BPCE étant le deuxième groupe de financement bancaire en France : nous finançons 20 à 25 % de l’économie française, auprès de toutes les clientèles : PME, TPE, créateurs d’entreprise, investisseurs, etc. Nous sommes présents de manière capillaire, a résumé François Pérol. Songeons que Natixis Asset Management, l’une des entités du groupe, dispose d’un portefeuille de 10 milliards d’euros dédié au financement de l’économie sociale et solidaire ou des start-up du secteur des cleantechs !
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Dominique Dron

Chargée de la mission sur le financement de la transition écologique

Introduction par Dominique Dron, chargée de la mission sur le financement de la transition écologique Si, en 2009, le Groupe BPCE a choisi d’inscrire le développement durable dans ses axes stratégiques, c’est parce qu’il y a urgence. Comme le rappelle Dominique Dron, « nous sommes à un tournant structurel de l’humanité où il est question, de rendre son existence viable. En trame de fond, il y a la bombe démographique : 2 milliards d’habitants en 1930, 7 milliards aujourd’hui, 9 à 10 milliards en 2020. La planète gagnera deux milliards et demi d’habitants en trente-huit ans, un laps de temps plus court que la durée de vie d’un bâtiment ou d’une infrastructure de transport !« , compare l’ancienne Commissaire générale au développement durable. L’efficacité énergétique a évidemment « une place centrale » dans ce défi, tout comme l’accès aux autres ressources finies que sont l’eau ou les minerais. Pour Dominique Dron, le chantier le plus important réside dans le bâtiment, dont la rénovation énergétique nécessitera « 300 milliards d’euros sur les trente à quarante ans à venir« . Vu sous cet angle, « les acteurs du monde de la finance ne sont pas que des accompagnateurs de changement, mais aussi des moteurs« , soutient-elle. Un rôle qu’il faudra assurer « au plus près des territoires« , appuie François Pérol, dont le groupe, « premier financier de prêts réglementés verts« , est fort de 36 banques régionales. Un rôle qu’il faudra aussi assurer avec un outil de financement fondamental pour les plus précaires : le micro-crédit. Dominique Dron Chargée de la mission sur le financement de la transition écologique
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Financer la croissance durable, de l’efficacité énergétique aux business models de demain
Financer la croissance durable, de l’efficacité énergétique aux business models de demain
Table ronde 1

Efficacité énergétique : de l’enjeu sociétal à l’enjeu de marché

Table ronde 1
Table ronde 1

Cette première table ronde a permis de voir en quoi la recherche d’une meilleure efficacité énergétique peut faire vivre un marché, avec ses acteurs, ses emplois, son modèle économique. Elle était introduite par Douglas Crawford-Brown, responsable du département de recherche sur le changement climatique à l’université de Cambridge. Ce dernier a replacé le sujet de l’efficacité énergétique dans la problématique d’un développement plus durable, moins émetteur de gaz à effet de serre, et cela, dans toutes les régions du monde : Europe, Amérique du Nord, pays émergents d’Afrique et d’Asie.

« À raison d’un à trois emplois créés par million d’euros investi dans l’efficacité énergétique, la France peut espérer créer 600 000 emplois sur sept ans« , a calculé François Dauphin, expert du sujet chez HP EMEA. Pour lui, les objectifs européens à réaliser en matière d’efficacité énergétique pour 2020 vont demander 150 milliards d’euros d’investissements en France, étant entendu que « chaque térawattheure économisé (1 TWh = un milliard de kWh) nécessite d’investir un milliard d’euros« .

Un ratio qu’Eric Donnet, gestionnaire d’actifs immobiliers chez AEW Europe, traduit à sa façon : « en rénovation énergétique dans l’ancien, nous en sommes
à 200 ou 250 euros le mètre carré
« , explique-t-il. Un investissement assez vite remboursé à Paris, où les prix des surfaces à la vente ou à la location sont élevés, mais beaucoup moins vite en province. « À notre échelle, la prochaine réglementation thermique du bâtiment représente un investissement de
1,2 milliard d’euros
« , poursuit-il, appelant toutefois à davantage de stabilité dans le cadre réglementaire (« il y a eu quatre réglementations thermiques en dix ans !« ) afin de « ne pas perturber la planification« .

Pour financer tout cela, la palette d’outils actuels suffit-elle ?

« Non, répond François Dauphin, qui invite à mieux flécher certains produits bancaires vers l’efficacité énergétique« , comme le livret A (en relevant les plafonds) ou le livret de développement durable.

Pour Roman Doubrava, en poste à la direction générale de l’Énergie de la Commission européenne, l’Europe joue un rôle moteur sur ce plan, avec des programmes comme le programme Elena. Un outil déjà déployé en Allemagne par l’intermédiaire de la KfW, et bientôt en France, auprès des collectivités locales porteuses de projets, par l’intermédiaire des banques du Groupe BPCE. Roman Doubrava compte sur un effet de levier de 1,6 milliard d’euros.

En définitive, juge François Dauphin, « pour l’efficacité énergétique, nous avons les idées, les technologies, les compétences, mais pas assez les financements, ni la garantie d’une rentabilité immédiate« . Sur ce dernier point, dit-il, « l’énergie n’est pas encore assez chère » !

Pour Christophe Pinault, directeur du développement commercial au Crédit Foncier, la cherté de l’énergie est pourtant une réalité. Pour preuve, de nombreux consommateurs logés en logement social tombent dans la précarité énergétique : 10 % de leurs revenus sont consacrés à l’énergie, transport compris. Et cela, bien que le logement social figure parmi les meilleurs élèves, avec les collectivités locales, en matière d’efforts en faveur de l’efficacité énergétique. En effet, leur ratio de consommation est tombé à 170 kWh/m2/an, contre 250 kWh/m2/an en moyenne générale tous logements confondus en France. « En investissant dans l’efficacité énergétique, il faut montrer que les gens ont quelque chose à gagner, dit-il. Il faut transformer un coût en un gain immédiat« .

La cherté de l’énergie, c’est aussi ce qui pousse André Joffre, PDG du bureau d’études Tecsol, à envisager le développement de l’autoconsommation photovoltaïque : « bientôt, il reviendra moins cher de s’auto-alimenter en électricité avec ses panneaux solaires que de vendre toute sa production au réseau et s’y abonner pour sa propre consommation. C’est déjà le cas en zone méditerranéenne« , dit-il.

Cette fameuse « parité réseau » est source d’économies d’énergie, au sens où elle évite le recours systématique à un réseau électrique sujet à des pertes. Dépourvu de raccordement, le consommateur sera en quelque sorte beaucoup plus vigilant sur les usages qu’il fait de son énergie.

Douglas Crawford-Brown

Director of the Cambridge Centre for Climate Change Mitigation Research


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François Dauphin

Expert international énergie, HP EMEA (Europe Middle East Africa)

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Christophe Pinault

Directeur général délégué développement commercial,
Crédit Foncier

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Eric Donnet

Directeur général adjoint et responsable gestion d’actifs,
AEW Europe

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André Joffre

Président directeur général, Tecsol, président du conseil d’administration, Banque Populaire du Sud

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Roman Doubrava

Policy officer, European Commission, Directorate General for Energy


+ Bio express Table ronde 2

Marché de l’efficacité énergétique : organisation des acteurs économiques et réponses bancaires

Table ronde 2
Table ronde 2

Cette deuxième table ronde a permis aux acteurs offrant des solutions d’efficacité énergétique de faire part de leurs retours et de leurs attentes quant au développement du marché.

Ainsi Loïc Heuzé, trésorier d’IGNES, le syndicat des industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire, replace-t-il son activité de constructeur d’équipements éco-efficaces (délesteurs, thermostats programmables, etc.) dans la perspective du déploiement des smart grids, ces réseaux électriques intelligents, capables de piloter la demande usage par usage, de suivre les consommations en temps réel, de décaler des consommations, d’arbitrer entre plusieurs sources d’énergie décentralisées en fonction du prix de l’électricité et de son contenu en carbone. « Nous faisons de l’efficacité énergétique depuis quarante ans, mais aujourd’hui il faut en faire sur une plus grande échelle« , résume-t-il. Par exemple, à l’échelle d’une région entière, comme la Bretagne. Située « en bout de ligne » par rapport au réseau électrique français, cette région est en effet fragile lorsque surviennent des pointes de consommation.

Bruno Leclercq, secrétaire général de la Caisse d’Epargne Bretagne-Pays-de-Loire, a vanté à ce sujet les mérites du dispositif Ecowatt, par lequel les usagers bretons sont informés de la survenue d’un épisode de pointe, et sont invités à réduire ou décaler leurs consommations en conséquence.

Ces acteurs économiques ont également appris à manipuler un outil complexe : les certificats d’économies d’énergie (CEE). Il s’agit de donner une valeur marchande à une « non-consommation« , obtenue grâce à l’installation d’un équipement énergétiquement efficace. Les CEE consistent à inciter les fournisseurs d’énergie, appelés « obligés« , à faire exécuter, chez leurs clients particuliers, industriels ou collectivités, des travaux allant dans le sens des économies d’énergie : changement de chaudière, de moteurs, etc. En contrepartie, ils reçoivent des certificats (1 pour 1 kWh économisé) monnayables sur une bourse d’échange (comme pour les quotas de CO2) et déductibles d’un quota triennal individuel. Sur la période 2011-2013, un total de 345 TWh « cumac » (pour « cumulé-actualisé« ) devra être économisé.
Mais rien n’empêche un non-obligé, par exemple un acteur bancaire, à décrocher et vendre des CEE aux obligés, pour le compte de clients ayant engagé des travaux d’efficacité énergétique.

C’est ce que fait le Groupe BPCE avec sa nouvelle filiale Valoénergie. « Nous détenons de nombreux gisements d’économies d’énergie au travers du patrimoine bâti que nous possédons en tant que bailleur social« , explique ainsi Daniel Oriol, directeur général de Valoénergie. « Nous finançons l’investissement, et la recette des CEE obtenus au titre des travaux viennent alléger le coût, de 5 à 10 %, parfois jusqu’à 30 %« , poursuit-il.

Un dispositif que connaissent aussi les banques coopératives régionales du Groupe, à l’image de la Banque Populaire des Alpes : « certaines opérations dont nous aidons à supporter l’investissement sont éligibles aux CEE, par exemple chez les propriétaires privés ou, plus prosaïquement, lorsqu’un boulanger veut changer son four à pain« , témoigne Pierre-Henri Grenier, son directeur général adjoint. Mais cela exige de bien connaître sa clientèle et la réalité du terrain. Et cela demande aussi de replacer ces initiatives dans des problématiques nationales.

Dans le cas de l’Allemagne, Isabelle Canu, du groupe KfW, explique que « les économies d’énergie sont indispensables au regard d’une double menace » : celle d’une recarbonisation (partielle) de la production d’électricité outre-Rhin, avec la sortie annoncée du nucléaire, et celle du déséquilibre croissant qui s’opère sur les réseaux électriques. En effet, ces réseaux doivent acheminer au sud du pays, où se trouvent les grands foyers de consommation (notamment industrielle), une production éolienne qui se trouve au nord.

Isabelle Canu

Vice-présidente des Promotional Loans EU & Leasing,
Groupe KfW

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Loïc Heuzé

Trésorier, IGNES (Syndicat des industries du génie numérique énergétique et sécuritaire)

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Pierre-Henri Grenier

Directeur général adjoint,
Banque Populaire des Alpes

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Bruno Leclercq

Secrétaire général, Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire

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Daniel Oriol

Directeur général, Valoénergie

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+ Bio express Conclusion de la matinée

Conclusion par Christine Fabresse, directrice du développement des Caisses d’Epargne

Cette matinée riche en débats fut l’occasion pour Christine Fabresse, directrice du développement des Caisses d’Epargne de donner son point de vue sur l’intégration du développement durable dans le métier de banquier au quotidien.

Pour Christine Fabresse, « ce qui remonte des banques de terrain, c’est que le sujet de l’efficacité énergétique est de plus en plus au cœur des préoccupations des clients ; il faut donc que nous les accompagnions« . Or, « nous ne sommes pas des experts de l’énergie ; nous sommes des experts de la banque« . Les banques ont donc dû s’entourer de personnes compétentes, à même de bien appréhender le sujet et de diriger le client vers les bons choix d’investissements. C’est ce qui a conduit, notamment, le Groupe BPCE à s’associer aux régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées sur des prêts bonifiés dédiés aux projets d’énergie renouvelable. Ou à se positionner sur le marché des certificats d’économies d’énergie. « Un outil qui, selon Christine Fabresse, doit être industrialisé« .

Mais ces experts avouent rencontrer un problème : l’instabilité réglementaire. « Il n’y a rien de pire que de changer tout le temps de cadre, on en vient à se demander si le modèle économique de l’activité que l’on soutient financièrement sera valable deux, trois ou quatre ans après« , regrette Christine Fabresse. Heureusement, « il est dans l’ADN du groupe de s’engager dans des projets de société« , par-delà les vicissitudes réglementaires.

Christine Fabresse résume le positionnement du groupe avec cette phrase : « on peut être à la fois créateur de valeur et acteur de développement durable« .

Christine Fabresse

Directrice du développement Caisse d’Epargne, BPCE

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Clôture par Pascal Voisin, directeur général de Natixis Asset Management.

Pascal Voisin, directeur général de Natixis Asset Management, a présenté l’engagement majeur de Natixis Asset Management dans l’investissement responsable .

« Nous avons souhaité créer Mirova [1] un pôle d’expertise entièrement dédié à l’investissement responsable, car nous observons une demande croissante en France et à l’échelle mondiale, des besoins de financement dans ce domaine, et parce que nous avons un savoir-faire historique en la matière« . Natixis Asset Management est ainsi N°1 en France de la gestion solidaire [2] et 2e gérant européen en encours fonds ouverts ISR et en fonds d’entreprenariat social/solidaire [3].

[1] Mirova est une marque de Natixis Asset Management
[2] Source : Baromètre Finansol 2012. Gestion solidaire : dont 55M€ investis directement dans des structures solidaires.
[3] Source : Feri Lipper, sur la base des encours gérés au 30/06/2012

Pascal Voisin

Directeur général,
Natixis Asset Management

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Pierre Servant

Directeur général,
Natixis Global Asset Management


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  • Investir dans les business models de demain
Après-midi animée par Jean-Marc Vittori, éditorialiste, Les Echos
Table ronde 1

Quels leviers pour une croissance durable ?

Table ronde 1
Table ronde 1

Animée par Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Echos, la table ronde réunissait Brice Lalonde, coordonnateur exécutif aux Nations Unies de la conférence Rio+20 et ancien ministre de l’Environnement, Robert Bell, professeur et président du département finance de Brooklyn College à New York, et Michel Lepetit, président de Global Warning et trésorier de The Shift Project.

Interrogé sur la construction d’une gouvernance mondiale pour lutter contre les menaces qui pèsent sur l’environnement, Brice Lalonde a reconnu des déceptions depuis 20 ans. « Le sommet de Rio en 1992 s’est tenu dans un contexte favorable suite à l’écroulement du mur de Berlin, ce qui explique les décisions spectaculaires qui en sont sorties. Or, deux décennies plus tard, la communauté internationale n’a pas réussi à les mettre en œuvre. » Pourtant, il y a urgence. L’humanité s’oriente vers une classe moyenne de sept milliards de personnes qui comptent bien consommer. Comment relève-t-on un tel défi ?

Rio+20 a montré que les États refusent la création d’une instance supranationale qui constituerait une limitation à leur souveraineté. Malgré tout, « les 193 pays présents à Rio reconnaissent l’importance des enjeux« , a souligné Brice Lalonde. Surtout, ce blocage ne doit pas masquer le foisonnement des initiatives en provenance des collectivités publiques et des entreprises qui vont jouer un rôle croissant dans les années à venir. « La cause du développement durable va continuer à avancer : pas forcément par le haut avec les États, mais aussi par les acteurs économiques que sont les entreprises et les collectivités, » a estimé l’ancien ministre.

Robert Bell s’est ensuite penché sur les aspects technologiques du développement durable. « Le réchauffement climatique est le véritable moteur. » Avec l’ouragan Sandy, Wall Street a constaté de visu les dégâts provoqués par le changement des climats alors que les marchés financiers, trop obnubilés par le court terme, ont jusqu’à présent échoué à prendre en compte le phénomène. Lors du G20 en 2010, Robert Bell a proposé la création de fonds verts à long terme (green redemption funds) qui seraient investis dans les technologies d’avenir : transformation de l’électricité issue des éoliennes en méthane, création de nouvelles batteries de stockage, développement de l’éthanol à partir des déchets agricoles, montée en puissance de la voiture électrique… toutes ces technologies existent et ont besoin de financements.

Se tournant enfin vers Michel Lepetit, Jean-Marc Vittori s’est interrogé sur le rôle de la finance. « Elle doit gérer le risque dans l’intemporalité« , a affirmé le président de Global Warning. Or, la prise en compte du risque nécessite le développement de nombreuses expertises pour traiter ces sujets. En même temps, il faut une volonté publique pour mobiliser des montants importants d’épargne. Les avantages fiscaux dont bénéficient aujourd’hui l’assurance-vie ou le PEA n’encouragent pas le soutien des investissements en faveur du développement durable. Enfin, les régulateurs devraient supprimer Solvabilité II qui dissuade tout investissement à long terme.

Brice Lalonde

Coordonnateur exécutif aux Nations Unies de la conférence Rio+20,
ancien ministre de l’Environnement, président du Jury du prix de l’Investisseur Responsable 2012

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Robert Bell

Professeur et président du département finance,
Brooklyn College, New York


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Michel Lepetit

Président, Global Warning,
trésorier, The Shift Project


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Comment relier création de valeur et croissance durable ? Un nouveau défi pour l’asset manager

Philippe Zaouati, Directeur Général délégué de Natixis Asset Management, a présenté Mirova [1], le nouveau pôle d’expertise dédié à l’investissement responsable dont il a désormais la responsabilité. « Notre objectif est ambitieux : il s’agit d’apporter des solutions concrètes et créatrices de valeur à long terme aux clients, institutionnels ou épargnants, qui sont à la recherche de rendement et de sens pour leurs investissements.« 

La finance est considérée comme l’une des causes du déclenchement de la crise actuelle, a rappelé Philippe Zaouati, d’où l’avalanche de réglementations à laquelle on assiste. Ces réformes montrent en même temps que la finance fait aussi partie de la solution« , a souligné le Directeur Général délégué de Natixis Asset Management. Nous devons en effet faire face à un triple défi : l’explosion démographique qui va porter la population mondiale à 7 puis à 9 milliards d’habitants, le réchauffement climatique et la raréfaction des ressources.

Les besoins financiers sont, par conséquent, immenses. Beaucoup d’entreprises innovantes, qui apportent des solutions, sont à la recherche de financements. Elles constituent des opportunités qui ne sont souvent pas reconnues par le marché. Les besoins en infrastructures sont, quant à eux, évalués en Europe à 500 milliards d’euros par la Commission de Bruxelles à l’horizon 2020. Or, les États ne pourront financer seuls de tels montants. Enfin, il existe des besoins dans l’économie sociale et solidaire auxquels ne s’adresse pas le marché.

Financer l’économie réelle

Ces phénomènes plaident en faveur de l’investissement responsable qui représente déjà 130 milliards d’euros en France et affiche une croissance à deux chiffres en Europe. Tel est le point de départ de Mirova. « La création de ce nouveau pôle d’expertise vise à connecter la finance et l’économie réelle en orientant l’investissement vers les business models qui façonnent le monde de demain « , a souligné Philippe Zaouati.

L’offre de Mirova est organisée autour de quatre piliers :

1) La gestion des actions cotées, en proposant une gestion fondamentale de conviction sur les entreprises européennes et mondiales apportant des solutions aux enjeux de développement durable.

2) Le financement des infrastructures [2], en finançant des projets qui répondent à ces mêmes enjeux et qui génèrent des cash flows réguliers à long terme.

3) Impact investing [3], c’est-à-dire la gestion solidaire, en recherchant un rendement social et/ou environnemental en finançant des besoins qui sont insuffisamment remplis par les circuits financiers traditionnels en France.

4) Le conseil en vote et engagement, en accompagnant les investisseurs institutionnels et gérants d’actifs dans l’exercice de leur responsabilité actionnariale.

Pour améliorer les pratiques financières et mieux appréhender les évolutions technologiques, politiques, réglementaires et sociales dans le monde, l’équipe s’enrichit aussi de collaborations diverses : partenariat de recherche avec l’Université de Cambridge et publications communes, participation active aux initiatives de Place internationales (PRI [4], ICGN [5]…).

> POUR ALLER PLUS LOIN : Consultez la présentation projetée lors de cette intervention

[1]Mirova est une marque de Natixis Asset Management
[2] L’activité de financement des infrastructures est gérée par Natixis Environnement et Infrastructures, filiale de Natixis Asset Management.
[3] Impact investing : gestion à fort impact social/environnemental.
[4] PRI : Principles for Responsible Investment
[5] ICGN : International Corporate Governance Network

Philippe Zaouati

Directeur général délégué de Natixis Asset Management, responsable du pôle d’expertise investissement responsable : Mirova

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+ Bio express Table ronde 2

Cité durable : financer un écosystème repensé

Table ronde 2
Table ronde 2
La table ronde a réuni Mouloud Behloul, directeur innovation et construction durable de Lafarge France, Albert Asséraf, directeur général stratégie études et marketing de JCDecaux, Thomas Orsini, directeur business developpement véhicule électrique de Renault, Michel Crochon, directeur général business infrastructures de Schneider Electric, et Anne Bosche-Lenoir, directrice générale adjointe au Conseil Régional Île-de-France. Michel Crochon a décrit la façon dont la bataille énergétique se joue aujourd’hui dans les villes. Celles-ci totalisent 75 % de la consommation d’énergie et 80 % des émissions de CO2. Or, grâce à une action volontariste dans la gestion de l’énergie, à travers le smart grid (le réseau intelligent), de la mobilité avec le véhicule électrique, de l’eau, des services publics et des bâtiments, il est possible de diminuer de 30 % la consommation d’énergie, de 15 à 20 % les pertes d’eau et de 20 % les temps de transport. Mouloud Behloul a expliqué l’engagement de Lafarge en faveur de l’habitat durable à travers l’expérience de la maison ABCD+ qui signifie « accessible, belle, citoyenne, duplicable et qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme « . Il a également rappelé qu’entre 1974 et 2012, la consommation d’énergie des bâtiments neufs avait été divisée par dix. L’enjeu réside aujourd’hui dans la rénovation des bâtiments anciens. Les solutions techniques sont limitées d’où la nécessité d’une mobilisation d’ampleur. Albert Asséraf est revenu sur la stratégie d’éco-conception des équipements JCDecaux installés sur la voie publique. Les sanitaires sont recyclables à 97 %, le mobilier urbain à 95 % et les vélos en libre service à 100 %. Les colonnes Maurice et les éléments de mobiliers urbains récupèrent les eaux de pluie afin de les réutiliser pour le lavage. Enfin, Albert Asséraf a souligné le succès des 47 000 vélos JCDecaux en libre service. Selon une étude de l’OMS, les impacts positifs de cette activité physique auraient permis d’importantes économies en frais de santé. Thomas Orsini a présenté la stratégie de Renault dans le domaine du véhicule électrique. Le constructeur a investi avec son partenaire Nissan 4 milliards d’euros afin de commercialiser quatre modèles en deux ans. L’objectif est de vendre 1,5 million de véhicules électriques d’ici la fin 2016. Avec la prime écologique, le modèle Zoé affichera un prix de vente de 13 700 euros, soit moins qu’une Clio. Mais au-delà des véhicules, l’un des principaux facteurs de réussite réside dans la capacité des villes à s’équiper en bornes de recharge. Anne Bosche-Lenoir a conclu en présentant l’émission obligataire éco-responsable réalisée en 2012 par la région Ile-de-France. L’objectif était triple : la région souhaitait procéder à une opération de financement exemplaire tout en diversifiant sa base d’investisseurs et en ouvrant la voie à d’autres collectivités locales. Ce type d’émission est contraignant dans la mesure où l’emprunteur doit définir en amont les projets qui seront financés. Au final, l’opération a permis de lever 600 millions d’euros, soit deux fois plus que l’objectif initial.

Mouloud Behloul

Directeur innovation et construction durable, Lafarge France


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Albert Asséraf

Directeur général stratégie, études et marketing, JCDecaux


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Thomas Orsini

Directeur business développement véhicule électrique, Renault


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Michel Crochon

Directeur général business infrastructures, Schneider Electric

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Anne Bosche-Lenoir

Directrice générale adjointe des finances, de l’audit et de la gestion,
Conseil Régional Île-de-France

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Prix Investisseur Responsable

Le Groupe Humanis remporte la 5e édition de ce Prix organisé par Natixis AM et Amadeis, en partenariat avec Les Echos
Prix de l’Investisseur Responsable 2012
Prix de l’Investisseur Responsable 2012

Le Prix de l’Investisseur Responsable 2012 a été décerné au Groupe Humanis, acteur paritaire et mutualiste majeur de la protection sociale en France, à l’occasion d’une manifestation qui a réuni près de 200 participants. Organisé depuis 2008 par Natixis Asset Management et Amadeis, en partenariat avec le quotidien Les Echos, ce prix récompense chaque année l’investisseur institutionnel qui, à travers ses actions, s’est le plus illustré dans sa démarche d’investisseur responsable.
Le jury, composé de personnalités sensibilisées aux enjeux de l’investissement responsable, était présidé cette année par Brice Lalonde, Coordonnateur exécutif aux Nations Unies de la conférence Rio+20, ancien ministre de l’Environnement.

+Télécharger la newsletter du Prix de l’Investisseur Responsable 2012
+ Voir la vidéo de Brice Lalonde, président du Jury 2012
+ Voir la vidéo de Didier Bonneau, Directeur Finances du Groupe Humanis, lauréat 2012

+ Accéder au site du Prix de l’Investisseur Responsable 2012

 

L’efficacité énergétique

L’efficacité énergétique

L’efficacité énergétique consiste à satisfaire autant de besoins qu’aujourd’hui, mais avec moins d’énergie. Cette notion participe de l’ambition de préserver le niveau de confort d’aujourd’hui en construisant un modèle énergétique durable.

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Le contexte

Le contexte

L’efficacité énergétique est au menu de quatre textes phares : les 3 x 20 européens de 2008, le Grenelle de l’environnement, une directive européenne récente et un plan national de 2011. Un cadre rigoureux pour une préoccupation européenne.

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Les métiers

Les métiers

Réelle problématique, l’efficacité énergétique fait intervenir de nombreux métiers. Ce n’est pas qu’une affaire de vendeurs de chaleur, d’électricité ou de carburant. Le bâtiment, le transport ou encore l’industrie sont fortement impliqués.

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Le financement

Le financement

Les banques sont au cœur du financement de l’efficacité énergétique. À la fois comme organisme prêteur, mais aussi comme relai des instruments européens et comme intermédiaire sur le marché des certificats d’économies d’énergie.

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L’investissement responsable

L’investissement responsable

Épuisement des ressources, réchauffement climatique, deux tiers de la population mondiale vivant sous le seuil de pauvreté… le modèle de développement économique actuel n’est plus soutenable.

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