La situation
En 2000, les scientifiques pensaient que l’océan Glacial Arctique serait navigable en été vers 2050. Or le phénomène de réchauffement est allé bien plus vite que ne l’indiquaient les modèles. Aujourd’hui, certains chercheurs affirment que l’affaire sera classée dès 2015, au plus tard.
Cela signifie que la banquise polaire arctique se sera totalement et définitivement retirée de la planète. Pour la première fois, l’humanité assiste à la disparition intégrale d’un milieu naturel.
Pourquoi la banquise ?
La banquise est le résultat du gel de la surface de la mer. La banquise est globalement plate et salée, même si, en vieillissant, elle tend à perdre son sel. Il ne faut pas confondre la banquise avec l’iceberg, intégralement constitué d’eau douce, et qui est le produit des glaciers se déversant dans la mer.
Il existe deux types de banquise :
La banquise annuelle qui se forme à l’automne et disparaît en début d’été. L’épaisseur de la banquise annuelle dépasse rarement un mètre. Même avec le réchauffement climatique, les températures hivernales dans l’Arctique resteront suffisamment froides pour que la mer gèle en surface et produise ce type de banquise.
La banquise pluriannuelle ou pérenne, que l’on rencontre sur l’océan Glacial Arctique et au nord de l’Arctique canadien. Cette banquise s’étend dans des zones où le dégel est insuffisant pour entraîner sa fusion. Elle se renforce donc d’années en années et peut atteindre 15 mètres d’épaisseur. C’est cette banquise puissante qui est en train de se déliter, progressivement remplacée par une simple banquise annuelle appelée à fondre en été.
Les glaces permanentes sont non seulement le plus sensible indicateur du réchauffement climatique mais aussi, elles agissent comme un miroir qui renvoie 90 % des rayonnements solaires. Sans elles, la montée en température de l’air et des océans sera irréversible.
Nous devons nous attendre à une fonte accélérée de la calotte glaciaire du Groenland, puis de celle de l’Antarctique. Dans moins d’un siècle, les océans auront monté de plusieurs mètres.
Le programme
Juin 2009 : Expédition « Les Robinsons des glaces ». Le projet : il s’agit de rejoindre une plaque de banquise et de se laisser dériver sur le pack (regroupement de glaces flottantes) de la côte orientale du Groenland aussi longtemps que possible. Aucun moyen motorisé n’est sollicité pour cette expédition. Tous les déplacements se font au moyen du kayak de mer, et seul cet instrument permettra d’évoluer parmi les glaces. Les protagonistes choisirons une plaque épaisse et relativement stable et y installerons un camp précaire. Cette plaque dérivera vers le sud mais s’éloignera aussi vers le large où elle sera chahutée par la houle, se brisera probablement, obligeant l’expédition à démonter et embarquer rapidement pour naviguer jusqu’à une autre plaque d’accueil. La veille doit être permanente afin de réagir instantanément aux mouvements de la banquise et aux visites des ours.
Cette aventure met en évidence la fragilité de l’homme dans un milieu extraordinairement puissant et soumis à des forces imprévisibles. D’ici quelques années, aucune plaque de glace ne sera assez épaisse pour autoriser une telle dérive. Il s’agit de célébrer ce milieu naturel fascinant en l’abordant avec simplicité et poésie - sans usage d’énergie fossile - et en acceptant les risques inhérents à une telle épopée.
Les protagonistes : Emmanuel Hussenet, guide d’expéditions polaires depuis 20 ans, conférencier et auteur de 7 ouvrages liés à ces régions et Luc Dénoyer, après 50 pays parcourus, de retour d’une année autour du monde, il retrouve son terrain préféré. Il a randonné en Arctique à pied, en kayak et en traîneau à chiens.
Tous deux se sont connus lors de la création de « Grand Nord/Grand Large » qu’ils ont cofondés avec les passionnés de l’Arctique en 1990. Il sont accompagnés de la vidéaste Catherine Meta qui sera chargée des prises de vue.
Un parcours en deux parties
Première partie : la "marche d’approche". Raid en kayak d’environ dix jours entre Tasiilaq et Sermiligaq, dernier point habité de la région de Tasiilaq. De là, combat contre les glaces pour atteindre le fjord de Kangerlussutsiaq où séjourna Paul-Émile Victor en 1936. Distance à parcourir : 250 km. Durée prévue : 2 semaines - du 1er au 14 juin.
Deuxième partie : la dérive. Installation du camp sur une plaque flottante. Dérive aléatoire vers le sud, c’est-à-dire en direction des secteurs habités que nous avons quitté. Vitesse moyenne de progression estimée à 15 km par jour. Distance à parcourir : 200 km. Durée prévue : 2 semaines - du 15 au 29 juin.
Retour à Paris le vendredi 3 juillet 2009.
Extrait de la carte du parcours
Emmanuel Hussenet et Luc Dénoyer transmettent par satellite des informations sur le déroulement de l’expédition. Pour les suivre : www.gngl-expeditions.com
Rejoignez l’équipe des "Robinsons des glaces" via l’Office des Guides et des Aventuriers Polaires