Alors que la population est asphyxiée par le pic de pollution persistant dans un grand nombre de régions françaises, des mesures d’urgence sont enfin prises pour la baisse des vitesses et la circulation différenciée. Mais au-delà de ces mesures palliatives, il faut diminuer la pollution chronique en s’attaquant aux causes : la responsabilité du modèle de transports actuel (dominé par la voiture, le fret routier et le diesel) est confirmée par une nouvelle étude. Des propositions de mesures politiques sont justement sur la table des décideurs aux niveaux des grandes agglomérations, du Gouvernement et du Sénat. La pollution de l’air diminuerait significativement si elles étaient appliquées.
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— – Lire aussi : Un nouveau contrat pour une société plus écologique et plus juste
En France, le diesel cause deux tiers des décès prématurés attribuables à la pollution des transports
Selon une étude internationale inédite[[ – Etude de chercheurs de ICCT et des universités George Washington University Milken Institute School of Public Health et Colorado Boulder publiée le 27 février 2019]], les émissions polluantes des véhicules ont causé 385 000 décès prématurés en 2015 dans le monde. En moyenne, la moitié de ces décès prématurés dus à la pollution à l’ozone et aux PM2,5 est causée par des véhicules routiers diesel. Cette proportion s’élève même à deux-tiers dans quatre pays dont la France, pays particulièrement diésélisé.Il est urgent de déployer de nouvelles mesures pour sortir du diesel.Les élus locaux n’ont aucune raison de ne pas agir pour sortir du diesel
Au niveau des collectivités territoriales, les élus locaux disposent de compétences en matière de transports et de mobilité qui leur permettent de limiter le trafic routier. Ils peuvent instaurer des zones à faibles émissions (où la circulation des véhicules les plus polluants est limitée) et déployer des solutions de transports alternatives aux véhicules essence et diesel. En octobre 2018, les élus de quinze territoires en France ont pris l’engagement de mettre en œuvre une zone à faibles émissions. Nous appelons toutes les villes concernées à concrétiser cet engagement en intégrant les voitures. Il est aussi nécessaire de transformer l’essai, en planifiant dès aujourd’hui la fin de la circulation, en zone dense, des véhicules diesel puis essence d’ici à 2025. Le développement des alternatives satisfaisantes et les mesures d’accompagnement doit être accéléré. En Ile-de-France, les élus de la métropole du grand Paris ont voté en novembre pour la mise en œuvre dès 2019 de la zone à faibles émissions dans le périmètre interne à l’A86. Alors que toutes les communes sont censées lancer les concertations, seule la moitié des communes s’est engagée dans la procédure (43 sur 79 communes concernées). Or, un sondage publié le 26 février et réalisé pour la métropole du Grand Paris montre que 74 % des franciliens sont favorables à la zone à faibles émissions et que 72 % sont prêts à changer leurs habitudes de mobilité. L’État a un rôle déterminant à jouer pour mettre en place des aides au changement de véhicule et au changement de mobilité qui permettent de sortir de la dépendance aux énergies fossiles.Loi Mobilité au Sénat : la possibilité doit être donnée à toutes et tous de se déplacer en polluant moins
Alors que le projet de loi Mobilité fait son entrée dans le débat parlementaire, des propositions d’amendements favorables à la baisse de la pollution de l’air et au développement d’alternatives au routier et au diesel ont été déposés par des Sénateurs de différents bords. Nous appelons le gouvernement à les soutenir et les Sénateurs à les adopter. Il s’agit notamment : – De mesures favorables au vélo : le droit pour tous les salariés de bénéficier, de la part de l’employeur, du remboursement des frais de covoiturage ou de vélo liés aux trajets domicile-travail, et de les cumuler avec les transports en commun ; un nouveau bonus à l’achat de vélos à assistance électrique, etc. – Un plan d’investissement publics pour le train, les transports en commun, le vélo et la baisse de la TVA sur les transports en commun à 5,5 %. – La prise en compte des émissions de gaz à effet de serre et de polluants dans le bilan global des projets d’infrastructures de transports, une mesure qui pourrait permettre d’éviter la construction de projets routiers ou aéroportuaires néfastes pour le climat et la santé. – L’amélioration du dispositif de zone à faibles émissions pour baisser l’exposition des établissements recevant des publics sensibles comme les écoles et les crèches. – La fin de vente des voitures neuves essence et diesel, proposée par les Sénateurs à un horizon 2040, qu’il faudrait avancer à 2030 pour être au plus proche de l’objectif visé de 1,5°C de hausse des températures. – Une vignette sur le transport routier de marchandises mais son périmètre d’application et la fin des exonérations à la taxe diesel détermineront grandement l’efficacité sur la qualité de l’air.—
La France tousse tous les jours sous la pollution de l’air
En raison de sa dépendance aux énergies fossiles comme le diesel, les transports représentent l’une des causes majeures de la pollution de l’air, véritable problème de santé publique (48 000 décès prématurés chaque année selon Santé Publique France), sans compter le coût gigantesque pour la sécurité sociale et les amendes financières auxquelles l’Etat et les collectivités locales s’exposent avec le contentieux européen.Une nouvelle politique visant à transporter et se déplacer moins, mieux et autrement aura des effets bénéfiques sur la qualité de l’air et sur les émissions de gaz à effet de serre.— – Lire aussi : Un nouveau contrat pour une société plus écologique et plus juste