La monnaie « sol » (pour solidaire) fête sa première année d’expérimentation. Ce système de paiement électronique se présente sous la forme d’une carte, comparable aux cartes de fidélité, à laquelle est attaché un certain nombre de sols d’une valeur de 0,10 euro chacun. Elle peut être utilisée comme moyen de paiement ou d’échange. Imaginée par la MAIF, la Macif, le Crédit coopératif et le groupe Chèque-déjeuner, cette monnaie, d’inspiration équitable et solidaire, est valide au sein d’un réseau d’entreprises qui partagent ces valeurs dans 5 régions expérimentales : Bretagne, Ile de France, Nord Pas de calais, Rhône Alpes et Alsace. De janvier à fin octobre 2007, les transactions ont représenté 36 500 sols, soit l’équivalent de 3 650 euros. Un millier de cartes sol sont actuellement en circulation et plusieurs centaines d’autres devraient être distribuées dans les semaines qui viennent.
Aujourd’hui, la richesse est souvent réduite à l’argent, les indicateurs de richesse ne prennent en compte que ce qui se mesure en valeur monétaire. Toutes les activités économiques sont comptabilisées de la même manière, qu’elles améliorent la vie ou soient porteuses de destructions écologiques ou humaines. Au contraire tout ce qui ne donne pas lieu à des échanges en argent est ignoré. L’entraide, la vie associative, le temps passé avec les enfants ou l’attention portée aux anciens sont ignorés… Ce qui n’a pas de prix n’a plus de valeur ! La monnaie a été inventée comme outil pour faciliter les échanges. C’est une unité de compte dans un espace de confiance permettant d’aller plus loin que le troc. Mais dès que l’idée que l’on se fait de la richesse repose uniquement sur la valeur monétaire, sur l’argent, la spéculation prend le pas sur la fonction d’échange. Marie-Odile NOVELLI, Vice-Présidente du Conseil régional déléguée au Logement, au Foncier à la politique de la Ville et aux Solidarités explique le soutien de la Région Rhône-alpes au projet Sol (dans le cadre du lancement du Sol à Grenoble le 28 novembre 2007) : L’économie sociale et solidaire est une nouvelle compétence, issue notamment de la volonté de passer toutes les politiques régionales à l’aune du développement Durable. C’est un projet plus révolutionnaire qu’il n’y paraît, et plus réaliste qu’on ne le croit : Aujourd’hui en France l’ambiance est à la peur de la mondialisation, de la destruction de notre équilibre économique et social par le déploiement du productivisme et de l’ultra-libéralisme. Notamment parce que l’on n’entrevoit pas de solutions. Face à cette crainte, il y a plusieurs réponses possibles : 1) le repli, révolté ou frileux, qui n’ améliore pas la situation 2) le renforcement de la compétitivité qui sauve – éventuellement- l’économie nationale, et contribue à détériorer la situation ailleurs… 3) enfin, la promotion d’une économie qui permette à chacun de vivre convenablement, ici et ailleurs. Cette économie correspond notamment à celle que l’on nomme « sociale et solidaire ». Le projet SOL s’inscrit dans cette perspective avec au moins quatre spécificités : – La valeur d’un SOL est fondée sur son effet de solidarité et d’utilité sociale et non sur sa valeur marchande. Le cours du SOL engagement est de 1 mn de temps d’activité, quelle que soit l’activité, manuelle ou intellectuelle, le niveau de diplôme de la personne qui l’exerce. – L’orientation de la consommation vers des productions soutenables (au plan environnemental et du développement durable) – L’absence de spéculation, puisque le SOL a une durée limitée dans le temps – Le temps de travail bénévole a de la valeur. Toute l’activité des associations qui favorise le lien social sans contre-partie marchande est une des conditions d’un monde vivable. Ces conditions, l’économie marchande tend à les nier voir à les détruire (alors que les fondateurs de l’économie classique montraient qu’il s’agit des conditions de possibilités de l’économie) ; la monnaie SOL les met en valeur… Plus largement, elle s’inscrit dans une démarche de transformation de l’économie : en effet, la monétarisation de l’économie, sa transformation en une sphère autonome, hypertophiée, est récente au regard de l’histoire. Les formes d’économies sont plurielles, même chez nous , mais on ne le voit pas : l’économie domestique, celle qui permet aux êtres humains et à la sociéte de se reproduire (en élèvant des enfants par ex,) est très importante, et essentiellement « bénévole ». L’économie Sociale et Solidaire, et la monnaie sol qui la symbolise, contribue à « réencastrer » l’économie dans le lien social, contribue à la cohésion sociale, au lieu de rentrer en concurrence avec elle comme le fait l’économie marchande.Donnez du sens à vos choix de consommation
Contribuez au développement d’une économie basée sur des valeurs écologiques, humaines et sociales, en renforçant l’économie sociale et solidaire. Comment participer ? – Lors de vos achats dans une structure de l’économie sociale et solidaire, une carte SOL vous est remise. – Les achats effectués dans les structures du réseau SOL donnent droit à des SOLs Coopération cumulés sur votre carte. – Les SOLs Coopération peuvent vous servir à régler une partie de vos achats dans les structures SOL. – Vous cumulez et dépensez librement vos SOLs Coopération dans toutes les structures du réseau SOL ! – Vous pouvez aussi donner vos SOLs Coopération à des projets solidaires. — Exemple : Lors d’un achat dans un commerce équitable, le commerçant vous donne 30 SOLs. Libre à vous de dépenser ces SOLs au cinéma associatif, au café-librairie, ou encore au restaurant bio de votre quartier. Quels biens et services sont accessibles avec les SOLs Coopération ? – La liste des biens et services donnant droit à et pouvant être réglés en SOLs Coopération est consultable sur le catalogue – Seuls les entreprises et organismes signataires de la charte SOL peuvent distribuer et recevoir des SOLs. Le SOL Coopération, monnaie fondante… Unité de compte et moyen d’échange, le SOL Coopération ne permet pas la spéculation : s’ils ne sont pas utilisés par les consommateurs, les SOLs Coopération perdent de la valeur au fil du temps… – Votre carte SOL est valable jusqu’au 31 décembre 2008. – Pendant cette période, chaque SOL Coopération acquis conserve sa valeur 6 mois. Puis il perd progressivement de sa valeur : on dit qu’il “fond”. – La valeur qui a ainsi “fondu” n’est pas perdue : elle vient alimenter le fonds de fonte, compte commun de SOLs Coopération servant à la réalisation de projets solidaires. En tant que membre de l’association SOL, vous pouvez proposer des projets, voter et participer aux choix d’affectation de ce fonds.