Les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que les 2/3 tiers de l’humanité. Le dernier rapport d’OXFAM comme le rapport de synthèse du GIEC le confirment : pour éviter un effondrement climatique, il est nécessaire de s’attaquer aux inégalités. 50 ans après le célèbre Rapport Meadows sur les limites à la croissance, Le Club de Rome, en collaboration avec de prestigieuses institutions européennes, lance une nouvelle feuille de route, Earth For All, qui vise à repenser notre système économique pour faire disparaître la pauvreté absolue vers 2050. Avec le scénario « Pas de géant », la Terre pour Tous c’est possible !
La feuille de route Earth For All s’articule autour de 5 caps primordiaux :Le modèle Earth for All / Terre pour Tous a permis d’articuler entre elles les diverses actions et d’évaluer si, ensemble, elles créent une dynamique économique qui engage très rapidement l’économie mondiale dans une voie résiliente. Résultat : ces cinq changements de cap pourraient faire disparaître la pauvreté absolue vers 2050, à condition que la prochaine décennie connaisse la transformation économique la plus rapide de l’Histoire.
- Mettre fin à la pauvreté
- S’attaquer aux inégalités flagrantes
- Émanciper les femmes
- Assainir notre système alimentaire au bénéfice de la santé humaine, animale et celle des écosystèmes
- Opérer une transition vers les énergies propres.
Les messages clés d’Earth4All
- Message clé n° 1 : La Terre pour tous, c’est possible. Nous pouvons tous prétendre à un niveau de vie élevé dans le respect des limites de notre planète.
- Message clé n° 2 : Le système économique actuel déstabilise les populations et la planète. Malgré une prospérité inégalée, nos sociétés restent très vulnérables aux chocs sanitaires, humanitaires et économiques. Au cours de ce siècle, elles seront confrontées à des menaces existentielles à long terme, auxquelles viendront s’ajouter d’inévitables chocs à court terme.
- Message clé n° 3 : Le fossé entre riches et pauvres continuera de se creuser au cours des prochaines décennies si rien n’est entrepris pour le combler. Nous pouvons nous attendre à une montée des tensions sociales. Les niveaux destructeurs d’inégalités et les urgences climatiques et écologiques croissantes seront probablement les principales causes de la montée des tensions sociales. Des inégalités importantes entament la confiance et sapent la cohésion sociale. Il sera donc plus difficile pour les gouvernements démocratiques de répondre aux chocs continus et aux défis existentiels posés par les urgences planétaires.
- Message clé n° 4 : Si la tendance actuelle se poursuit, le niveau moyen de la température du globe pourrait grimper jusqu’à 2,5 °C au cours de ce siècle, ce qui serait catastrophique. Cette hausse serait nettement supérieure à l’objectif fixé par l’accord de Paris sur le climat et entraînerait des risques graves pour toutes les populations. La résilience de la Terre, c’est-à-dire sa capacité à faire face et à surmonter les chocs, diminue chaque décennie en raison de notre inaction en matière de protection du climat et de la biosphère. Aujourd’hui, les activités humaines ont déjà précipité la Terre dans la zone dangereuse des points de bascule pour les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, ainsi que pour le permafrost. Si le réchauffement climatique dépasse 1,5 °C, le risque de franchir de multiples points de bascule irréparables et qui se renforceront d’eux-mêmes sera plus élevé encore. Sans mesures immédiates, les générations futures devront faire face à un climat dangereusement déréglé.
Stratégie française énergie climat
La stratégie française énergie climat, comme la planification écologique, encourage l’action, l’adaptation et l’innovation … Est-ce le scénario « Trop peu trop tard » ou « Pas de géant » ? Stratégie française pour l’énergie et le climat Sortir des énergies fossiles, le défi du siècle ! Du Plan Climat à la planification écologique pour mieux agir- Message clé n° 5 : Il faut agir au plus vite. L’avenir de l’humanité sur Terre sera bien plus pacifique, prospère et sûr si nos sociétés font tout ce qui est en leur pouvoir pour transformer les systèmes économiques au cours de cette décennie. Si nous n’accélérons pas radicalement le rythme de nos efforts, la pauvreté chronique et l’aggravation du changement climatique risqueront d’entraîner de graves problèmes sociaux dans certaines régions vulnérables du globe, voire un effondrement sociétal, avec des répercussions déstabilisantes à l’échelle mondiale.
- Message clé n° 6 : Le passage à l’« économie du bien-être » provoquera sans doute des bouleversements. Le monde a dépassé le stade où une transformation progressive est encore possible. Les solutions adoptées doivent être équitables et justes, sous peine d’être rejetées.
- Message clé n° 7 : Cinq changements de cap extraordinaires devront être opérés concernant la pauvreté, les inégalités, l’émancipation des genres, l’alimentation et l’énergie. Ces changements de cap constituent une véritable transformation économique.
- Message clé n° 8 : La transformation économique est réalisable. Les investissements nécessaires pour bâtir une civilisation plus résiliente devraient être modiques : pour une sécurité énergétique et alimentaire durable, ils devraient être de l’ordre de 2 à 4 % du revenu mondial par an. Les coûts seront plus élevés au cours des premières décennies suivant leur mise en œuvre et diminueront ensuite.
- Message clé n° 9 : La transformation économique suppose des gouvernements forts et actifs pour remodeler les marchés et investir dans des projets d’infrastructures à long terme. Ceci permettra de créer des millions d’emplois et de stimuler l’innovation et le progrès économique.
- Message clé n° 10 : La surconsommation des pays à haut revenu doit être freinée et les modèles de consommation mondiaux doivent se réorienter vers des modèles circulaires et régénérateurs. La consommation de biens matériels des personnes à haut revenu est l’un des principaux moteurs du changement climatique, du déclin des écosystèmes et de la pollution, et rend de plus en plus difficile l’amélioration du niveau de vie des populations pauvres. Des politiques doivent être mises en œuvre pour assurer la subsistance de tous en redistribuant les richesses, en réduisant l’empreinte matérielle des riches. Elles doivent également favoriser la transition vers une utilisation intelligente des ressources naturelles, la circularité et les solutions régénératrices dans les pays à faibles, moyens et hauts revenus.
En amont de la COP 28, l’Institut de l’économie pour le climat vient tout juste de publier Les comptes mondiaux du carbone en 2023 : Taxes ou marchés carbone à travers le monde, éventail des prix du carbone, revenus de la tarification carbone, couverture mondiale des émissions par un mécanisme de tarification carbone… Ce sont quelques-unes des informations que vous découvrirez en parcourant la nouvelle édition des Comptes Mondiaux du Carbone d’I4CE. Pour compléter ce rapport, voir aussi l’analyse Prix du carbone : les vents contraires – I4CE.
- Message clé n° 11 : Les richesses doivent être redistribuées de manière plus équitable pour lutter contre les inégalités. Cette redistribution renforcera la cohésion sociale et instaurera la confiance envers les gouvernements pour remodeler les marchés et investir dans l’avenir. Nous préconisons la mise en place de politiques visant à garantir que les 10 % les plus riches concentrent moins de 40 % du revenu national d’ici 2030 environ, et la mise en œuvre d’efforts visant à réduire plus encore les inégalités au-delà de cette date.
- Message clé n° 12 : Nous avons atteint un point de bascule social positif. Les populations sont prêtes au changement. L’enquête mondiale que nous avons menée dans les pays du G20 a montré que 74 % des personnes interrogées sont favorables à une réforme des systèmes économiques qui ne serait plus axée uniquement sur le profit et la croissance, mais sur le bien-être des personnes et de la planète. L’émergence de grandes coalitions et d’initiatives politiques indique qu’une nouvelle vision du monde en faveur de la transformation est en train de voir le jour. Parmi elles, citons notamment l’Alliance pour le bien-être des pays, le Pacte vert pour l’Europe, le Green New Deal américain, l’initiative Global Deal et le concept de « civilisation écologique » défendu par la Chine. Il convient maintenant de mettre en place une vaste campagne publique de sensibilisation pour créer des coalitions plus larges et alimenter le débat sur le changement des systèmes économiques.
Earth for All: A Survival Guide for Humanity – Résumé analytiqueEarth for All / Terre pour Tous est une initiative internationale qui explore les moyens à mettre en œuvre pour que les sociétés humaines puissent garantir à leurs populations un niveau de bien-être décent à l’horizon du siècle. Elle a été lancée en 2020 par le Club de Rome, la BI Norwegian Business School, le Centre de résilience de Stockholm et l’Institut de recherche de Postdam sur les effets du changement climatique. Antidote au désespoir et feuille de route pour les temps très incertains à venir, Earth for All / Terre pour Tous se fonde sur les acquis du Rapport Meadows et s’attache à repenser le capitalisme dans le respect des limites planétaires afin d’“envisager un avenir sain, sûr et prospère à l’ère de l’anthropocène”. 1972 : Les Limites à la croissance (dans un monde fini) ou Rapport Meadows Cet ouvrage, qui doit son nom à ses principaux auteurs, les écologues Donella Meadows et Dennis Meadows, a été commandé par le Club de Rome : il a remis en cause le dogme de la croissance et prédit l’effondrement du système planétaire à moins que l’humanité ne stabilise sa population et sa production industrielle. Il insistait sur la nécessité de réinventer les modèles économiques. ] 2022 : Earth for All/Terre pour Tous. Nouveau Rapport au Club de Rome Une équipe internationale de scientifiques, d’économistes (issus de la Commission sur l’économie transformationnelle) et d’experts pluridisciplinaires a exploré pendant deux ans les possibilités de créer des mondes alternatifs. Baptisé Earth for All/Terre pour Tous, le projet présente, à partir d’un modèle de dynamique des systèmes ultraperfectionné (qui articule entre eux de très nombreux facteurs au sein de grandes régions du monde : le comportement humain, le développement technologique, la croissance économique, la production alimentaire, etc.), un ensemble d’hypothèses et leurs répercussions sur la biosphère et le climat au cours du xxie siècle.
“Earth for All/Terre pour Tous démontre de manière concluante que l’avenir de l’humanité sur une planète vivable dépendra de la réduction drastique des inégalités socio-économiques et d’une répartition équitable des richesses et du pouvoir. Il constitue une lecture essentielle sur le long chemin qui nous mènera vers une société où la Terre est à tous et pour tous.”
Thomas Piketty
Deux scénarios :
António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, déclarait en 2021 que le monde se dirigeait soit vers un déclin, soit vers une avancée. L’équipe de Earth for All / Terre pour Tous s’est penchée sur deux scénarios possibles à l’échelle mondiale, au cours de ce siècle.- “Trop peu, trop tard” : Ce scénario envisage la trajectoire du développement économique et de la consommation non durable si l’on poursuit la même voie que ces quarante dernières années. Les dysfonctionnements politiques et les crises permanentes s’aggraveront-ils, ou bien verra-t-on une lumière au bout du tunnel ?
- “Le pas de géant” : Ce scénario envisage quant à lui une trajectoire où les sociétés prendraient dès maintenant des décisions extraordinaires et investiraient massivement pour renforcer la cohésion sociale, instaurer la confiance et définir, pour l’essentiel, un nouveau contrat social entre les populations et les États. Et si nos sociétés se mettaient à investir pour appréhender véritablement notre avenir collectif sur Terre, et au-delà ?
- une pensée cathédrale – c’est-à-dire une pensée sur le long terme et intergénérationnelle ;
- l’adoption de nouveaux indicateurs économiques
- des marchés remodelés et un système financier mondial amélioré ;
- la circularité et la régénération ;
- de nouveaux modes de réflexion sur les droits de propriété, afin que chacun puisse bénéficier du patrimoine commun de l’humanité.
Le Club de Rome
CoR-logo-web-large-2022.svg Fondé en 1968, le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de cinquante-deux pays, préoccupés par les problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.- https://www.clubofrome.org/