Après Le monde selon Monsanto et notre poison quotidien, Marie-Monique Robin présente le dernier volet de sa trilogie sur l’agro-écologie. En partant d’interrogations simples – Comment nourrit-on les gens aujourd’hui ? Y a-t-il une alternative à la production intensive actuelle soumise aux impératifs chimiques des pesticides et autres insecticides ? –, Marie-Monique Robin a parcouru le monde (afrique, europe, Japon, amérique du sud) à la rencontre des paysans et des pratiques agricoles alternatives. Une enquête optimiste sur les solutions à la crise alimentaire qui touche la planète, pour peu que l’on change de paradigme agricole et que l’on repense l’organisation et la gestion de la chaîne alimentaire.
Le Doc
Pour préparer son tour du monde, Marie-Monique Robin a travaillé en étroite collaboration avec Olivier de Schutter, le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, qui a présenté un rapport sur l’agroécologie, le 8 mars 2011, à Genève. La réalisatrice a bien sûr filmé son allocution , qui ouvre (en partie ) le documentaire, puis l’a interviewé. Ci-dessous un extrait de cet entretien, où Olivier de Schutter explique pourquoi l’agroécologie est bien plus en mesure de nourrir le monde et de répondre au défi du changement climatique que l’agriculture industrielle, qui a échoué sur ces deux fronts : aujourd’hui, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, malgré les énormes moyens déployés depuis cinquante ans pour promouvoir le modèle agrochimique, qui, de plus, est responsable de 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, alors que l’agriculture devrait être une activité captatrice de CO2 ! Si l’agriculture industrielle participe largement au réchauffement climatique, c’est notamment parce que ses adeptes utilisent des engrais et pesticides chimiques, fabriqués avec des énergies fossiles (gaz et pétrole), ainsi que des techniques qui consomment énormément d’énergie (mécanisation, irrigation, transports d’intrants, etc). Il est urgent de changer de cap ! Olivier de SchutterBande annonce
Extrait . Pour en savoir plus sur le ce doc :- Lire sur MediaPart : Le film « les Moissons du Futur » laboure en surface.
Un état des lieux alarmant…
Les paradoxes de la faim – 925 millions : c’est le nombre de personnes sous-alimentées aujourd’hui dans le monde. Les trois quarts des personnes qui ne mangent pas à leur faim sont des agriculteurs et leurs familles : baisser les prix agricoles pour nourrir les plus démunis, c’est aggraver encore leur situation si la distribution des revenus n’est pas modifiée. – En 2050, avec plus de 9 milliards d’humains, il faudra nourrir une population environ 30% plus nombreuse qu’aujourd’hui. Mais la convergence des régimes alimentaires sur le modèle occidental et l’augmentation de la consommation de viande, obligeront l’agriculture à produire environ 70% de plus qu’aujourd’hui. – En 2008, des émeutes de la faim ont éclaté aux quatre coins de la planète ; pourtant, la production était 50% supérieure aux besoins : la pénurie a été artificiellement créée par les intermédiaires et les spéculateurs. Les 5 nouvelles plaies de l’agriculture- La dégradation des sols par l’agriculture productiviste. Au moins un tiers des terres agricoles mondiales, trop travaillées, sont exposées à une érosion prématurée, notamment par le ruissellement des eaux de pluie.
- L’étalement urbain, qui réduit les terrains agricoles. Ces deux facteurs confondus – envahissement par les constructions, et pertes de fertilité – soustraient chaque année 8 à 9 millions d’hectares à l’agriculture mondiale.
- L’augmentation du nombre d’événements catastrophiques, dont 90% sont d’origine directement climatique (canicules, inondations, tempêtes) : les mauvaises récoltes se multiplient.
- L’élévation des températures moyennes et des périodes pluviométriques inhabituelles. On estime qu’entre 2000 et 2020, les terres arides ou semi-arides couvriront 60 à 90 millions d’hectares supplémentaires en Afrique subsaharienne.
- Le niveau des océans va monter d’environ un mètre au cours du XXie siècle, gagnant directement des terres cultivables, mais aussi de grandes métropoles côtières dont une partie des habitants devront émigrer, avec d’incalculables conséquences en chaîne.
… Des solutions ?
La voie de l’agroécologie À l’inverse des idées reçues, l’agriculture industrielle ne produit que 30 % de l’alimentation mondiale. Moins soucieuse de ses ressources, et moins intensive en main d’œuvre, elle est en fait moins productive que l’agriculture familiale. on calcule en effet qu’elle obtient en moyenne 3 kilo-calories par kilo-calorie d’énergie investie, alors que ce rapport peut être dix fois supérieur dans de petites exploitations. C’est également le lobbying agricole industriel, lié aux producteurs d’intrants chimiques, qui propage l’idée qu’un passage à l’agriculture biologique aurait des effets catastrophiques. pourtant, la plupart des études scientifiques démontrent le contraire. en étudiant à l’échelle mondiale plusieurs centaines d’exploitations passées aux standards de l’agriculture durable, le chercheur anglais Jules pretty a trouvé en 2006 une progression moyenne de plus de 60% des productions à l’hectare. Les circuits courts En allongeant les chaînes de transformation et de distribution, en poussant à des achats inconsidérés, en appliquant aux produits agricoles des normes esthétiques, la dite « société de consommation » se caractérise par d’énormes gaspillages : 40 % des produits alimentaires disponibles dans les pays développés sont dilapidés. On parle de « circuits courts » pour caractériser des filières de distribution où un seul intermédiaire au maximum intervient entre producteur et consommateur : davantage de proximité spatiale et humaine, c’est plus de confiance dans le produit, et plus de conscience de sa valeur.5 questions à Marie-Monique Robin
Comment est né ce projet ? Marie-Monique Robin : Les moissons du futur sont dans la droite lignée de mes précédents documentaires. Je pars du discours dominant, qui prétend que si on sort de l’industrie agroalimentaire, c’est la famine assurée, et je démontre que ces allégations ne reposent sur rien. Tout a commencé sur un plateau de télévision où Jean-René Buisson, le président de l’Association nationale de l’industrie agroalimentaire, expliquait qu’il n’y avait pas d’alternative aux pesticides. Selon lui, si on passait à une agriculture bio, cela entraînerait une baisse de la production de 40 % et une augmentation des prix de 50 %. C’est ce discours qui est majoritairement relayé par les médias. J’ai donc décidé d’enquêter. Il se trouve que peu de temps après, j’ai rencontré à Genève Olivier De Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies, qui dit exactement le contraire ! Au fil de mon enquête, je me suis rendu compte que le discours des industriels est totalement faux : l’agroécologie permettrait de nourrir la planète. Est-ce que vos documentaires sont une forme de militantisme ? Ça, c’est le discours de l’industrie, qui me dit régulièrement que je ne fais pas du journalisme. Cela me fait sourire, parce que je fais ce métier depuis trente ans, que j’ai réalisé de nombreux films sur des sujets différents et que je n’ai pas changé ma manière de travailler : je vérifie les informations et je remets en cause les vérités établies. Ça dérange certaines personnes, mais c’est mon travail de journaliste. Sur des sujets tels que Monsanto, on se retrouve face à une véritable machine de désinformation, mais pour le prouver, il faut beaucoup de temps. Car il s’agit de puissances énormes, disposant de moyens financiers colossaux, qui noient les médias sous des tonnes d’études où il est très diffi- cile de démêler le vrai du faux. Comment procédez-vous, en tant que journaliste d’investigation ? Cela fait six ans que je travaille sur ce sujet et j’ai la chance, notamment grâce à ARTE, de vérifier leurs messages et de déconstruire leur discours. Je peux aller au bout du monde pour rencontrer l’expert que je veux, quand je veux. C’est un privilège inouï, mais c’est aussi la seule façon d’aller au bout de tels sujets. Le livre que j’écris actuellement me permet d’entrer dans ces détails, car je ne pouvais bien sûr pas tout mettre dans le film. Mon but, c’est de tirer un fil pour que les gens puissent s’en emparer et s’organiser collectivement s’ils le souhaitent. Quel bilan tirez-vous de cette enquête ? Ce qui se passe est un énorme gâchis. Il faut rappe- ler que non seulement l’industrie agroalimentaire rend les gens malades, mais qu’en plus elle ne parvient pas à nourrir le monde : un milliard de personnes souffrent de la faim. L’argument qui dit que les pesticides constituent la seule solution à la famine est donc complètement faux. Il faut aller sur place pour voir ce qui se passe. La bonne nouvelle, c’est qu’avec l’agroécologie, il y a des solutions qui marchent. Je suis revenue pleine d’espoir de ce voyage parce s’il y avait une vraie volonté politique, grâce à ce modèle, on pourrait nourrir le monde très vite. En quatre ou cinq ans, tout serait réglé. Et la mauvaise nouvelle ? J’ai fait plusieurs fois le tour du monde, mais je n’ai jamais ressenti un tel sentiment d’urgence que lors de ce voyage qui m’a menée du Mexique au Malawi en passant par le Japon. J’ai véritablement pris conscience que les conséquences que le réchauffement climatique nous prépare à court terme, d’ici à trente ans, sont absolument terribles. Nos enfants vont vivre dans un chaos inouï : des millions de réfugiés, la fin du pétrole et du gaz… La nécessité d’agir est extrême, les solutions sont à notre portée, mais on continue à faire comme si de rien n’était. Il faut une prise de conscience de la part des poli- tiques. En Afrique, là où aujourd’hui les conséquences du réchauffement sont ressenties le plus durement, les gouvernements ont commencé à promouvoir l’agroécologie avec succès. Mais en Europe, on n’en est pas encore là. J’estime donc que le bilan est positif, puisqu’on a les moyens de s’en sortir, mais je suis en même temps très pessi- miste parce que, pour la première fois, je me dis qu’il est peut-être déjà trop tard. Propos recueillis par Kristel Le Pollotec pour ArteLivre et DVD
A retrouver en librairie le 11 octobre 2012, les moissons du futur de Marie-Monique Robin co-édité par ARTE et Les éditions de la Découverte. « Si on supprime les pesticides, la production agricole chutera de 40 % et on ne pourra pas nourrir le monde. » Prononcée par le patron de l’industrie agroalimentaire française, cette affirmation est répétée à l’envi par les promoteurs de l’agriculture industrielle. De son côté, Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies, affirme qu’il faut « changer de paradigme », car « l’agriculture est en train de créer les conditions de sa propre perte ». Pour lui, « seule l’agroécologie peut relever le défi de la faim et répondre aux besoins d’une population croissante ». D’après la FAO, il faudra augmenter la production agricole de 70 % pour nourrir 9 milliards de Terriens en 2050. Comment y parvenir ? C’est à cette question que répond Marie-Monique Robin dans ce livre, complément indispensable à son documentaire diffusé sur Arte. Références : Les moissons du futur de Marie-Monique Robin – Coédition : Arte/Éditions La Découverte – Parution : octobre 2012 – 192 pages – ISBN : 9782707171542 – Prix : 19,50 €Pour en savoir plus
ARTE a ouvert un espace où les internautes peuvent dès maintenant consulter des vidéos et papiers que Marie-Monique Robin a réalisé en marge du documentaire, des « pas de côté », parfois pleins d’humour, toujours riches en informations et images, qui permettent petit à petit de s’approprier la matière du film et du livre. L’AGRA, cheval de Troie de l’agrobusiness en Afrique ? Le premier « module », aussi le plus « grave », concerne AGRA, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, financée par la fondation Bill & Melinda Gates , qui est très proche de … Monsanto. Marie-Monique Robin explique : « Du 1er au 3 février 2012, j’étais à Accra (Ghana) pour couvrir un événement exceptionnel : la rencontre entre des représentants de l’Association pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA), financée par la Fondation Bill & Melinda Gates, et une cinquantaine de paysan(e)s du monde entier, tous défenseurs d’une agriculture familiale et agro-écologique. Visant à orienter « la recherche agricole pour le développement de l’Afrique de l’Ouest », l’improbable dialogue était organisé par Michel Pimbert, un agronome qui travaille pour l’International Institute for Environment and Development (IIED), basé à Londres. Présidée par Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le Droit à l’Alimentation et Farah Karimi, directrice exécutive d’OXFAM, la réunion fut quelque peu mouvementée… » Dès septembre 2006, les fondations Rockefeller et Bill & Melinda Gates répondent à l’appel lancé par Kofi Annan, en levant 150 millions de dollars pour la création de l’Association pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA). Et aujourd’hui que promeut l’AGRA ? Elle promeut l’usage de semences améliorées et d’engrais chimiques … Alors quels sont les liens entre AGRA (Association pour une Révolution Verte en Afrique) et Monsanto ? Saviez-vous qu’en 2010, la Fondation Bill & Melinda Gates, qui finance plus de la moitié du budget de l’AGRA (400 millions de dollars), a acheté 500 000 actions de Monsanto, pour un montant de 23,1 millions de dollars ? Le site d’ARTE publie une infographie pour répondre à ces questions. L’agriculture industrielle accélère le réchauffement climatique Dans un autre billet, la réalisatrice explique pourquoi l’agriculture industrielle émet des gaz à effet de serre, contrairement aux pratiques agroécologiques (agroforesterie, techniques culturales simplifiées ou permaculture) qui, elles, en revanche, permettent de créer des « puits de carbone ». Plusieurs billets seront prochainement publiés sur le site de Arte avant la sortie du livre qui apportera de nombreuses précisions. « D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’agriculture totalise à elle seule 33% des émissions de gaz à effet de serre (GES) [[Source : « Bilan 2007 des changements climatiques », GIEC, Rapport de synthèse, 2007.]], bien avant l’industrie (19,4%) ou l’approvisionnement énergétique (25,9%). Les 33% se déclinent en deux postes principaux : l’agriculture industrielle (14%) et la déforestation (19%). Or, comme je l’ai écrit, nous sommes devant un incroyable paradoxe : les grandes exploitations agro-industrielles sont, aujourd’hui, des productrices de GES, alors qu’au contraire, l’agriculture devrait avoir un bilan positif. Pour en comprendre les raisons, je m’appuierai sur un excellent document de Nature Québec, qui a conçu un manuel, destiné aux agriculteurs et aux décideurs, et intitulé « Des pratiques agricoles ciblées pour la lutte aux changements climatiques »[[ Jeanne Camirand, Christine Gingras, Module 1, Des pratiques agricoles ciblées pour la lutte aux changements climatiques, Nature Québec, 2009. Document réalisé dans le cadre du projet Agriculture et climat : vers des fermes 0 carbone, 44 pages]]. Les auteures commencent par rappeler quels sont les gaz qui constituent les fameux « GES »: il y a, bien sûr le CO2, qui constitue le principal (et le plus connu) d’entre eux. S’y ajoutent deux autres gaz, émis principalement par l’activité agricole : le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), dont le pouvoir de réchauffement global est beaucoup plus élevé que le CO2 [[Pour une meilleure comparaison de l’impact de chacun des GES, leur concentration est souvent exprimée sur une même base : le CO2 équivalent (CO2e dans le texte). Le CO2e est une mesure des GES, qui tient compte du pouvoir de réchauffement global (PRG) par rapport au gaz de référence, le CO2. C’est ainsi que le N2O, pour une même quantité, réchauffe 310 fois plus l’atmosphère que le CO2, donc 1 kg de N2O émis correspond à 310 kg de CO2e. Le PRG du CH4 est de 21 COEe.]] [[Depuis l’ère industrielle, la concentration de ces trois gaz a augmenté de 30 % pour le CO2, de 150 % pour le CH4 et de 16 % pour le N2O. Source :« Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2006 et leur évolution depuis 1990 », Ministère du développement durable de l’environnement et des parcs, 2008.]]. « Les GES sont naturellement présents dans l’atmosphère, expliquent-elles. Ces gaz forment une couche autour de la Terre, qui lui permet de conserver sa chaleur : c’est l’effet de serre. En effet, le soleil réchauffe la Terre qui, par la suite, réémet une partie de sa chaleur vers l’espace. Les GES présents dans l’atmosphère emprisonnent une partie de cette chaleur, l’empêchant de retourner dans l’espace. Ce phénomène permet de conserver des températures moyennes de 15 °C sur notre planète. Sans cela, il y ferait environ – 18 °C, ce qui ne permettrait pas la vie telle que nous la connaissons ». Quelles sont maintenant les sources d’émission des différents gaz dans le milieu agricole ? Concernant le dioxyde de carbone, la source « naturelle », c’est la respiration des plantes et des animaux. S’y ajoutent deux sources (les plus importantes) qui n’existaient pas avant l’avènement de l’agriculture industrielle : l’utilisation des combustibles fossiles (pétrole et gaz) due à la mécanisation et aux techniques d’irrigation, mais aussi à l’usage intensif d’intrants chimiques, et la décomposition de la matière organique du sol par les microorganismes, qui produit du CO2, quand les sols sont nus, ce qui caractérise les pratiques agricoles industrielles. Ces émissions massives de CO2 ne sont pas compensées par l’activité de photosynthèse des plantes, des arbustes et des arbres présents dans les exploitations agroindustrielles, qui captent et accumulent le carbone dans leur biomasse pour se développer. Résultat : au lieu d’être globalement captatrice de carbone, l’agriculture industrielle est émettrice de CO2. Concernant le protoxyde d’azote (N2O), le plus puissant des GES, il est émis presque exclusivement par le secteur agricole. Sa création est liée au cycle de l’azote (N), dont les plantes ont besoin pour croître, mais dont la présence excessive dans le sol est néfaste. Ainsi que l’expliquent les auteurs du manuel québécois, « c’est dans l’atmosphère que l’on retrouve les plus grandes quantités d’azote, principalement sous forme de N2, ce dernier n’étant pas un GES ». Les légumineuses, comme le soja, la luzerne et le trèfle, ont la capacité de fixer l’azote de l’air et de le transformer sous une forme assimilable par les plantes, grâce à une association symbiotique avec certaines bactéries du sol (les rhizobium). Une autre manière d’enrichir le sol en azote, c’est d’enfouir des résidus de végétaux dans le sol ou d’épandre des fumiers. Les microorganismes se chargent alors de ce que l’on appelle le « processus de nitrification et de dénitrification de l’azote » : « lors de la nitrification, l’ammonium (NH4+) est converti en nitrate (NO3-), et lors de la dénitrification, les nitrates (NO3-) sont convertis en azote atmosphérique (N2) ». Le protoxyde d’azote (N2O) est un sous-produit de ces processus . Si l’émission de ce GES puissant a considérablement augmenté au cours des trente dernières années, c’est parce que les adeptes de l’agriculture industrielle ont massivement recours à des engrais de synthèse pour nourrir leurs sols ( de plus en plus dégradés) en azote. Or, « les excédents d’azote non exploités par les plantes sont disponibles pour les micro-organismes producteurs de N2O ». L’usage intensif d’engrais chimiques explique, donc, l’émission de protoxyde d’azote, mais est aussi à l’origine de la pollution des eaux par les nitrates. [[Au Canada, 15 à 20 % des émissions de protoxyde d’azote provenant des activités agricoles sont dus à l’utilisation d’engrais de synthèse. E.G. Gregoritch et Al , « Greenhouse gas contributions of agricultural soils and potential mitigation practices in Eastern Canada », Soil and Tillage Research., 2005, Vol 83, p. 53-72.]] Enfin, comme le protoxyde d’azote, le méthane (CH4) est directement lié à l’activité agricole. Ses principales sources d’émission sont les fumiers, mais aussi, et surtout, le système digestif des ruminants. Le développement de l’élevage intensif de bétail, nourri avec des aliments de synthèse, qui sont plus difficiles à assimiler qu’un fourrage naturel de qualité (herbe des prairies ou foin) et qui entraînent, donc, une perturbation du processus de fermentation entérique, est à l’origine de l’augmentation des émissions de méthane dans l’atmosphère. Comme l’expliquent les experts que j’ai interviewés dans mon film et livre Les moissons du futur, les techniques agroécologiques permettent d’inverser radicalement la tendance, en refaisant de l’agriculture ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une activité captatrice de carbone, avec un bilan de N2O et de CH4 neutre ».La permaculture, l’art de vivre avec la nature.
Présentation de la permaculture, un système de culture qui cherche à collaborer avec la nature et non à l’exploiter pour son bénéfice personnel.
Les moissons du futur : comment l’agroécologie peut nourrir le monde
Bonjour , Où peut-on se procurer le DVD Les moissons du futur ?
Merci
me répondre sur mon adresse Mail jean-yves.clavreul@wanadoo.fr