« Assez de discours, des actes ». C’est le message des ONG, réunies au sein de l’Alliance, qui ont placé ce matin, devant l’Elysée, une maison symbolisant « notre maison qui brûle ». Avant le second tour, elles rappellent aux candidats leurs attentes sur les enjeux écologiques et les notes qu’elles leur ont attribuées : 16/20 pour Ségolène Royal et 8/20 pour Nicolas Sarkozy.
L’écologie a-t-elle une place dans les programmes des candidats à la présidentielle ? C’est à cette question que l’Alliance pour la planète s’est efforcée de trouver une réponse en étudiant les programmes de 10 candidats. Au lendemain du débat et à la veille du second tour, voici les notes des deux candidats : la note du ps candidat : Ségolène Royal Les engagements de Ségolène Royal rejoignent les propositions de l’Alliance en termes d’objectifs tout comme de moyens sur la rénovation des logements anciens, la réglementation thermique, le financement des transports en commun et de développement des énergies primaires (1, 2, 3, et 5). Toutefois elle ne prend pas position sur la demande de moratoire concernant les projets autoroutiers (4). Elle s’engage par écrit à ce que la suspension du projet de nouveau réacteur EPR soit appliquée pendant les débats qu’elle engagera sur cette question (6) En matière de gestion des déchets, les objectifs fixés par la candidate sont inférieurs à ceux escomptés. En effet, si la candidate propose bien un moratoire sur la construction de nouveaux incinérateurs d’ordures ménagères, les moyens proposés pour développer la collecte sélective de l’ensemble des déchets ménagers ne satisfont pas l’objectif du traitement de 80% vers des procédés (8). Concernant la fin de l’artificialisation et de la dégradation des milieux naturels et ruraux (10), les objectifs sont repris et certains moyens sont proposés. La candidate s’attachera à renégocier la PAC vers la réinstauration de la biodiversité, tout en réformant le code des marchés publics en insérant une clause préférentielle de performance environnementale (Par ailleurs elle soutient la création d’un grand réseau écologique) (11). Néanmoins la question de la suppression complète des aides publiques aux activités portant préjudices aux milieux naturels et à l’environnement n’est pas directement abordée (12). Concernant la responsabilité des entreprises (13), si l’objectif poursuivi est bien de mettre en application le principe pollueur payeur, les moyens retenus sont en décalage avec les propositions de l’Alliance. Elle propose bien d’étendre l’obligation d’information des grandes entreprises sur l’impact de leurs activités mais sans pour autant alourdir le régime de responsabilité des dirigeants par rapport à la sanction déjà prévue par la directive communautaire. L’objectif d’une écotaxe est repris mais ses modalités ne sont pas suffisamment précises pour correspondre complètement à la mesure proposée par l’Alliance (14) Par ailleurs, favorable à un moratoire sur les OGM et à l’interdiction de l’usage des CMR, les moyens qu’elle propose pour interdire toute substance chimique reconnue dangereuse pour la santé et l’environnement, dans une application rigoureuse du règlement REACH, vont dans le sens des mesures proposées par l’Alliance (15 et 18). Le lancement d’un programme national de recherche épidémiologique est retenu mais les moyens à engager ne sont pas précisés (16). En matière d’agriculture les objectifs de conversion des terres agricoles en agriculture biologique sont repris et des moyens sont proposés (17). Dans l’ensemble, les objectifs de coopération et de co-développement plus favorables aux pays du Sud (19) et de meilleure distribution de l’Aide Publique au Développement (20) sont repris et des moyens mis en œuvre. Par ailleurs, la candidate propose la mise en place d’une politique visant à protéger les pays du Sud par, notamment, la suppression des subventions de l’OMC vers les pays du Nord et une meilleure gestion des capacités de pêche (21). Cependant il manque encore beaucoup de précisions sur les modalités de mise en œuvre. Concernant l’éducation, la formation et la sensibilisation du public sur les solutions à la crise écologique (22), l’objectif est repris et des moyens sont apportés comme la mise en place de nouvelles filières scolaires, de nouveaux métiers et d’une adaptation des programmes. Concernant la publicité si la candidate reprend bien l’idée d’une éthique de la publicité bannissant les usages infondés de l’argument écologique et réglementant la promotion des produits les plus polluants, elle ne s’engage pas concrètement à réformer l’actuel Bureau de Vérification de la Publicité pour le transformer en autorité administrative indépendante (23). L’objectif de rendre l’Etat exemplaire dans sa gestion comme dans ses achats est intégré. La candidate propose ainsi un certain nombre de mesures comme l’engagement des administrations et entreprises publiques et des grandes entreprises françaises à remplacer progressivement leurs flottes captives par des véhicules économes ou encore l’adoption d’objectifs HQE (Haute qualité environnementale) dans la totalité du parc immobilier public (logements sociaux, écoles, hôpitaux …) mais les moyens proposés restent encore insuffisants (24). la note de l’ump candidat : Nicolas Sarkozy La position de Nicolas Sarkozy sur la rénovation des logements anciens n’intègre pas d’objectif thermique ni de réelle précision sur les moyens envisagés (1) Le candidat ne répond pas sur réglementation thermique les constructions neuves et sur l’augmentation d’énergies primaires (2 et 5) Par contre sa position ses nouveaux engagements intègrent un réel chiffrage du financement des transports en commun (3) Soutenant la construction de nouvelles autoroutes, il s’oppose à cet effort nécessaire de sobriété (4) ainsi qu’à tout moratoire sur l’EPR (6) sur la construction d’incinérateurs (9) et sur l’arrêt du financement public des énergies non renouvelables (7) S’il existe dans sa position une volonté affichée de développer la collecte sélective et de limiter l’artificialisation des milieux naturels et ruraux, celle-ci ne s’accompagne d’aucun moyen (8 et 10) et les engagements sur la question des réseaux écologiques sont sans rapport avec la demande de l’Alliance (11). Rien n’est dit sur les subventions aux activités polluantes (12). Une bonne volonté est engagée sur la responsabilité environnementale des entreprises (13) mais la loi NRE n’est pas évoquée, et aucune obligation d’information n’est affichée. La réorientation fiscale est affichée avec de grands objectifs mais sans vision suffisamment précise (14). Rien n’est avancé sur la question des pesticides (15), alors qu’un début de réponse est donné en termes de recherche sur la santé environnementale (mais pas épidémiologique, 16). Concernant les cultures biologiques, un effort très minime a été annoncé (17), et surtout aucun moratoire n’est demandé sur la culture d’OGM (18). Concernant les relations avec les pays du sud, quelques propositions sont faites, mais demeurent insuffisantes sur la question des transferts de technologies (19), même si les mesures en terme d’annulation de la dette sont un peu plus poussées (20). Enfin, aucune solution n’est envisagée concernant les subventions, la redéfinition annuelle des quotas ne pouvant suffire à atteindre les objectifs (21). Concernant l’éducation à l’écologie, un effort de solutions a été ébauché (22), l’objectif est clair mais il manque de précision sur les moyens. Sur le comportement exemplaire de l’Etat, des éléments sont apportés mais demeurent insuffisants (24). Enfin, rien n’est avancé sur la question du rôle de la publicité et de l’utilisation abusive des arguments écologiques (23). – Lire aussi l’article de Novethic : »Ecologie : denier message des ONG avant le second tour »
Le WWF ne passe pas son tour : l’association plaide pour une planète vivante auprès des deux candidats à l’élection présidentielle
Le 03 Mai 2007,
A quelques jours du scrutin, l’organisation mondiale de protection de la
nature a décidé d’interpeller les deux présidentiables dans une lettre
envoyée aujourd’hui à Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Le WWF leur rappelle les grands enjeux et rendez-vous environnementaux que
l’un d’entre euxaura à négocier en tant que nouveau président de la
République Française.
Dans le même temps, l’organisation a adressé aux deux responsables
politiques son « Manifeste pour une planète vivante ». Fort de son expérience
issue du terrain et des nombreux partenariats passés avec les acteurs
publics et les entreprises, l’organisation a regroupé à travers cette
plate-forme une série de propositions nécessaires, voire indispensables
pour maintenir un « avenir vivable et durable ».
Au delà des clivages politiques, ces propositions constituent avant tout
un appel à l’intelligence collective. Le WWF espère qu’elles susciteront
l’intérêt du futur président français et créeront les fondements d’un
dialogue et d’une politique volontariste répondant aux menaces et aux
enjeux de la planète.
Jo Barthes du wwf france