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Oiseaux, poissons, crabes : les hécatombes d’animaux en série n’ont rien d’apocalyptique

Depuis le début de l’année, les annonces de morts massives d’animaux agitent les médias du monde entier. Cinq mille oiseaux tombés du ciel dans l’Arkansas, deux millions de poissons morts dans la baie de Chesapeake dans l’Etat du Maryland, des milliers de poissons échoués, éborgnés, dans les villes portuaires du Brésil, 40.000 crabes entassés sur les plages de Grande-Bretagne, quelques dizaines d’oiseaux retrouvés morts en Suède ou au Japon, etc. Des événements souvent impressionnants qui suscitent d’incroyables hypothèses sur les blogs et les forums de discussion. Certains prétendent que l’armée américaine procède à des tests de rayons énergétiques émis depuis l’espace, d’autres expliquent les premiers signes d’une fin du monde annoncée pour 2012… Mais comment expliquer de manière rationnelle ces hécatombes ? Les scientifiques affirment que ce genre de phénomène, s’il est rare, n’est cependant pas inhabituel. Explications.

Tout commence dans la nuit du 31 décembre 2010, quand une pluie de 5000 oiseaux morts s’abat sur Beebe, une petite ville de l’Arkansas. L’histoire de la mort massive, subite et inexpliquée de ces carouges à épaulettes fait rapidement le tour du monde, relayée notamment par les chaînes telles que BFM TV : Parallèlement, plus de 100 000 poissons sont retrouvés morts dans une rivière située à 160 kilomètres de Beebe. Les deux événements ne sont pas liés, comme le souligne très vite la Commission sur la chasse et la pêche de l’Arkansas, mais l’association des deux images apocalyptiques fait son chemin sur le web. Quelques jours plus tard, ce sont 500 oiseaux qui sont retrouvés sans vie dans une localité de l’État voisin de Louisiane. Enfin, c’est en Suède que l’on découvre à nouveau un phénomène similaire comme le constate Euronews : Des scientifiques expliquent vite que ces événements sont probablement liés aux tirs de feux d’artifice de la Saint-Sylvestre. Une brusque détonation au milieu d’une nuée de ces oiseaux très sensibles au bruit, expliquerait leur mort brutale et simultanée en plein vol. Ils auraient été frappés en masse d’une crise cardiaque. C’est d’ailleurs la position officielle de la LPO (Ligue de protection des Oiseaux) : « Dérangés en pleine nuit par des lumières et un bruit soudains, les oiseaux ont décollé de leur dortoir dans un mouvement de panique. Beaucoup d’espèces grégaires, face au danger, ont tendance à chercher le couvert et à plonger au sol pour trouver refuge. Carouges comme choucas sont des espèces diurnes, dont la vision nocturne n’est pas forcément excellente. On peut donc penser que, dans la panique, les oiseaux cherchant le sol, n’ont pas vu l’asphalte des rues qui se confond avec la noirceur ni, sans doute, les murs ou les vitres des bâtisses et se sont alors écrasés, ce qui semble attesté par les traumatismes dont souffraient les oiseaux retrouvés morts. A cela, on peut imaginer qu’un dégagement important de soufre, lié aux feux d’artifice, ait pu intoxiquer certains oiseaux qui auraient alors eu des difficultés à voler et se seraient écrasés. Mais cela n’a pas été démontré ». La LPO de conclure : « En tout état de cause, il s’agit d’un phénomène assez exceptionnel, mais pas sans précédent, qui a touché cette fois-ci un grand nombre d’oiseaux ». Une explication qui ne convainc pas les blogueurs et certains médias à l’image de l’hebdomadaire Marianne (N°716 du 8 au 14 janvier 2011) : « Mais pourquoi ce phénomène frapperait-il lors des festivités du nouvel an 2011, en Arkansas, alors que les moineaux parisiens supportent parfaitement chaque année les feux d’artifice du 14 juillet ? C’est d’autant plus stupéfiant que, depuis l’invention de la poudre, les oiseaux ont survolé bien des champs de bataille. Il faudrait donc que les carouges de l’Arkansas soient vraiment des cons pour s’affoler en entendant les pétards du nouvel an. A moins que les autorités de l’Etat de l’Arkansas ne nous prennent pour des oiseaux. » L’association de protection de la nature, Natagora, évoque l’hypothèse, plus probable, des tornades qui ont touché le Missouri, l’Arkansas et la Louisiane le 31. Celles-ci pourraient d’ailleurs avoir tuées les 500 oiseaux retrouvés en Louisiane. Quant aux poissons, ils ont probablement été foudroyés par une maladie puisqu’une seule espèce a été touchée. Les résultats des analyses, qui prendront encore un mois, permettront de confirmer ce scénario. De son côté, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a recommandé que davantage de recherches sur le sujet soient menées sur ces morts étonnantes – pour savoir notamment pourquoi les baleines commettent parfois des erreurs fatales de navigation venant s’échouer sur les plages, ou encore pour savoir pourquoi autant d’oiseaux ont été retrouvés morts dans un rayon aussi restreint. « La science a du mal à expliquer ces choses. Ce sont des exemples des surprises que la nature peut encore nous faire » a déclaré Nick Nuttallm porte-parole du PNUE. Les morts massives assez fréquentes Kristen Schuler, du Centre national pour la faune de l’Institut de géophysique américain (USGS), ne voit d’ailleurs « rien d’apocalyptique » dans ces phénomènes. Les statistiques de l’USGS regorgent de ce type d’événements : en moyenne, 163 phénomènes similaires sont rapportés chaque année aux Etats-Unis. Ce qui n’empêche pas une carte réalisée par un internaute et recensant les hécatombes rapportées par la presse dans le monde entier ces deux derniers mois de circuler de manière virale sur Internet. En dehors des cas déjà mentionnés, les plus impressionnants événements recensés sont pourtant imputables… au froid. Pas si mystérieux pour les biologistes habitués à ce type de morts massives. Ainsi, les spécialistes pensent que les 40 000 crabes retrouvés morts ces derniers jours sur les côtes du Kent ont été victimes d’hypothermie, car ce mois de décembre a été le plus froid qu’ait connu le Royaume-Uni depuis 120 ans. « C’est très triste de voir toutes ces crabes morts rejetés sur la plage. L’hiver a été très froid et cela montre que tous les animaux sont affectés par ces conditions glaciales, et pas seulement nous, les humains », résume un habitant de la région de Margate au Daily Mail. Déjà, dans l’indifférence médiatique, en février 2010, des milliers de poissons morts avaient été retrouvés dans le port de Rio de Janeiro, vraisemblablement eux aussi tués par le froid (photo ci-dessous). C’est également la baisse soudaine de la température qui serait responsable de la mort, début janvier, de deux millions de poissons échoués dans la baie de Chesapeake dans le Maryland confirme le département américain de l’Environnement. Le mois de décembre 2010 a été le plus froid des 25 dernières années dans la région…
En février 2010, des milliers de poissons morts avaient été retrouvés dans le port de Rio de Janeiro, vraisemblablement tués par le froid. Crédits photo : ANTONIO SCORZA/AFP
En février 2010, des milliers de poissons morts avaient été retrouvés dans le port de Rio de Janeiro, vraisemblablement tués par le froid. Crédits photo : ANTONIO SCORZA/AFP
Petter Boeckman, un zoologue du Musée d’Histoire naturelle de Norvège confirme que les décès massifs d’oiseaux ne sont pas inhabituels mais passent souvent inaperçus, se produisant en mer ou dans des zones reculées. De nombreux oiseaux sont faibles et meurent en hiver lorsque la nourriture est rare. Lors d’un exemple peu connu, 60 000 canards sont morts dans la Mer Baltique en 1976 après s’être échoués sur une nappe de pétrole épaisse. Les tempêtes qui entraînent les petites créatures ont été associées à des événements tels qu’une pluie de perches en Australie en 2010 ou à une pluie de grenouilles en Serbie en 2005. En conclusion, « la « pluie de l’Arkansas » a donc tout simplement provoqué un effet boule de neige médiatique sans que les différents événements ne soient liés entre eux », résume Tristan Vey du Figaro qui cite Robert Thomson, professeur de « pop culture » à l’université de Syracuse : « En 1960, quand des oiseaux se mettaient à tomber du ciel, c’était peut-être noté par quelques personnes et repris dans le journal local, mais cela n’allait pas plus loin. Aujourd’hui, certaines de ces histoires, du fait qu’elles apparaissent sur internet, font tout de suite les titres de la presse nationale si elles sont spectaculaires ». « Piqués, les curieux n’ont alors aucun mal à trouver des histoires similaires par dizaines dans la masse d’informations disponible sur le net. Au risque d’alimenter les fantasmes les plus délirants », conclut le journaliste du Figaro. Les explications rationnelles sur ces événements ne doivent pas cependant éclipser une réalité : actuellement, la perte de biodiversité et les changements dans l’environnement qui y sont liés sont plus rapides qu’à aucune période de l’histoire de l’humanité. De nombreuses populations animales et végétales sont en déclin, que ce soit en termes de nombre d’individus, d’étendue géographique, ou les deux. La disparition d’espèces fait partie du cours naturel de l’histoire de la Terre. Cependant, l’activité humaine a accéléré le rythme d’extinction, qui est au moins 100 fois supérieur au rythme naturel d’extinction, un rythme qui ne cesse d’augmenter, certains biologistes renommés comme E.O. Wilson parlent de 1000 fois ! La médiatisation de ces phénomènes aura donc, au moins, le mérite de nous rappeler que nous sommes face à une crise biologique majeure puisque d’ici à 2100, on considère que 25 à 50 % des espèces auront disparu.

 

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David Naulin
David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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1 COMMENTAIRE

  1. Oiseaux, poissons, crabes : les hécatombes d’animaux en série n’ont rien d’apocalyptique
    Mais oui bien sur qu’ il n’y a rien d’allarmant c’est comme la crise financière la reprise est là ! tout va bien dans le meilleur des monde !Pourquoi parler d’apocalypse et faire le prophéte de malheur ! On vous dit que tout va bien dans le meilleur des monde ! Dormez tranquillement tout est normale : la crise, les guerres, les révolte, les famines, les animaux qui meurent subitement etc…