A la veille de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin, Reporters sans frontières rend public le rapport « Des enquêtes à hauts risques : Déforestation et pollutions ». Les exactions contre les journalistes s’intéressant aux dégradations de l’environnement ne cessent d’augmenter à travers le monde. Les reporters et les blogueurs enquêtant sur les responsables de ces deux fléaux que sont la destruction des forêts et les pollutions industrielles, sont particulièrement exposés. Grâce à son réseau de correspondants à travers le monde, Reporters sans frontières a collecté des informations sur des incidents en Indonésie, en Argentine, au Salvador, au Gabon, en Inde, en Azerbaïdjan, en Chine ou encore au Maroc. Chaque fois, derrière les menaces se cachent des entreprises, des mafias et des officiels corrompus par l’argent des mines et de l’exploitation forestière.
Dernier incident en date, le passage à tabac, il y a deux semaines, par un militaire indonésien du journaliste Ahmadi dans la province d’Aceh. L’officier lui reproche la publication d’un article sur son implication dans un trafic illégal de bois. Le nom de ce reporter vient s’ajouter à une longue liste de professionnels des médias visés pour leur travail sur la déforestation qui représente au moins 18 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce rapport publié en anglais, français et espagnol, Reporters sans frontières dénonce la responsabilité des gouvernements vietnamiens ou chinois dans des atteintes graves à la liberté de la presse, privant l’opinion publique d’informations cruciales sur des cas de pollution ou de déforestation. Par exemple, le rapport décrit la manière avec laquelle le gouvernement d’Hanoi a tenté d’étouffer tout débat sur l’impact environnemental de mines de bauxite exploitées par une entreprise chinoise. En Argentine, une enquête de terrain a permis d’établir que les journalistes étaient sous la pression à la fois des partisans et des adversaires d’un projet minier. Plusieurs entreprises minières (Aluminium Corp Of China, les canadiennes Yamana Gold et Pacific Rim, China Metallurgical Group), des groupes pétroliers (Shell, Addax ou Synopec) et du secteur papetier (Sinar Mas, Riau Andalan Pulp and Paper) mais également des entreprises françaises (Bolloré ou Areva) sont citées dans ce rapport pour leur rôle direct ou indirect dans des cas d’intimidations ou de censure. Il s’agit du second rapport publié par l’organisation sur ce sujet. En septembre 2009, le rapport d’enquête « Journaliste environnementaliste, un combat périlleux » détaillait une quinzaine de cas de journalistes et de blogueurs tués, agressés, emprisonnés, menacés de mort ou censurés pour avoir traité de problèmes environnementaux en Russie, au Cambodge, en Bulgarie ou encore au Brésil. Reporters sans frontières réitère son appel lancé lors de la conférence de Copenhague : « Les médias sont nécessaires pour collecter et diffuser l’information au public. En ce qui concerne les défis du changement climatique, les médias aident à établir des diagnostics crédibles et indépendants sur la situation de la planète. Leurs analyses sont cruciales pour aider les décideurs à adopter des politiques et des règles qui permettront d’obtenir ce changement attendu. »