La voiture, autrefois symbole de liberté individuelle, est aujourd’hui l’une des principales causes de pollution urbaine. En France, le secteur des transports représente près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), avec l’automobile en première ligne. Pourtant, paradoxalement, la voiture pourrait devenir une partie de la solution à cette crise environnementale, à condition qu’elle devienne partagée et que l’électrique prenne une place croissante dans cette transition. Daniela Simões, PDG et cofondatrice de miio, a accepté de répondre aux neufs questions essentielles pour Cdurable.
Ces dernières années, la mobilité partagée a pris une place croissante dans les débats publics et les politiques de transport. Covoiturage, autopartage, vélos en libre-service, scooters électriques : ces solutions se sont multipliées, répondant aux besoins de flexibilité tout en contribuant à la réduction de l’empreinte carbone des déplacements.
Près de 900 000 trajets de covoiturage sont réalisés chaque jour en France (Observatoire du covoiturage), mais le Plan national de covoiturage (2023-2027) vise à tripler ce nombre pour atteindre 3 millions de trajets quotidiens. Si cet objectif est atteint, cela permettrait de réduire les émissions de 4,5 millions de tonnes de CO2 par an, soit environ 1 % des émissions annuelles de la France. La voiture individuelle, lorsqu’elle est partagée, devient ainsi un vecteur efficace de transport collectif.
Covoiturage : une nécessité pour lutter contre l’autosolisme
Le principal enjeu réside dans l’autosolisme : en France, 9 conducteurs sur 10 voyagent seuls pour les trajets domicile-travail (Ministère de la transition écologique). Cette habitude, qui est presque devenue une norme, est l’une des raisons majeures de l’impact écologique de la voiture. Pour remédier à cette situation, les autorités publiques ont pris des mesures fortes pour encourager le covoiturage au quotidien, notamment avec des incitations financières et le développement d’infrastructures spécifiques.
Le Plan national de covoiturage du quotidien fixe des objectifs clairs : il ne s’agit pas seulement de tripler les trajets en covoiturage, mais aussi de changer les mentalités et de rendre cette pratique courante pour les trajets domicile-travail. Ce plan inclut des mesures incitatives comme des subventions aux collectivités pour développer des plateformes locales de covoiturage ou des parkings adaptés.
Mobilité partagée : une approche complémentaire
La voiture partagée n’est qu’un volet de la mobilité partagée. Les services de vélos et de scooters en libre-service se multiplient également dans les villes françaises. À Paris, le nombre de trajets en Vélib’ a atteint 44,3 millions en 2022 et depuis le début du mois de septembre, les Franciliens étaient plus de 4,1 millions de courses recensées au 24 septembre 2024, dont 53 % en VAE (Vélo à Assistance Électrique), soit en moyenne 171.288 courses chaque jour.
Ces services permettent de désengorger les routes, de réduire la pollution sonore et atmosphérique et de proposer des alternatives flexibles aux habitants des zones urbaines. Cependant, pour que ces pratiques deviennent la norme, les infrastructures doivent suivre. Des villes comme Amsterdam et Copenhague montrent qu’avec des investissements massifs dans les pistes cyclables et les services de partage, les trajets en voiture individuelle peuvent être significativement réduits. Aux Pays-Bas, 27 % des trajets sont réalisés à vélo, contre seulement 3 % en France, ce qui illustre bien l’importance de l’infrastructure.
Une transition nécessaire pour l’avenir
Face à l’urgence climatique, il est impératif de revoir nos modes de déplacement. La voiture individuelle, dans sa forme actuelle, n’est plus adaptée aux enjeux écologiques d’aujourd’hui. Mais en devenant partagée, elle pourrait jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de CO2, tout en répondant aux besoins de flexibilité des usagers.
Pour réussir cette transition, il est essentiel que tous les acteurs – entreprises, collectivités locales, et citoyens – s’engagent. Des incitations financières pour encourager le covoiturage et l’autopartage, des investissements dans les infrastructures de modes de transport doux, et une sensibilisation à grande échelle seront nécessaires pour changer les habitudes de mobilité. Si les freins à l’adoption sont levés, la mobilité partagée peut devenir un pilier central de la transition écologique.
En définitive, la mobilité partagée, qu’il s’agisse de covoiturage, d’autopartage, ou de services de vélos et de scooters, offre une opportunité de repenser la façon dont nous nous déplaçons. Elle peut non seulement réduire notre empreinte carbone, mais aussi améliorer la qualité de vie en ville en réduisant le trafic et en rendant l’espace public plus agréable. Ensemble, nous pouvons créer un avenir plus durable, où la mobilité sera à la fois plus intelligente et plus respectueuse de l’environnement.
La voiture, en devenant partagée, pourrait-elle devenir l’une des solutions aux problèmes qu’elle a participé à créer ?
A propos de Daniela Simões
Daniela Simões, cofondatrice et PDG de miio, s’est inspirée de sa propre expérience avec les véhicules électriques pour créer une start-up qui a pour but de simplifier la mobilité électrique et la recharge. Titulaire d’un Master en informatique et faisant partie des Forbes 30 Under 30 au Portugal, l’entrepreneuse de 27 ans a également lancé l’application miio pour faciliter la transition énergétique et potentialiser la croissance de la mobilité électrique en Europe. miio compte actuellement plus de 300 000 utilisateurs dans trois pays différents, et fournit un service complet et personnalisé aux propriétaires de VE.
Questions Cdurable !
ou c’est pas durable ?
Au delà des communiqués, qui ne présentent souvent que le « meilleur », et du développement durable, qui ne fait que tenter de réduire les impacts négatifs d‘une croissance volumique, nous nous intéressons aujourd’hui, 20 ans après la création de Cdurable.info, aux questions essentielles. Alors Cdurable ou pas ? 9 questions qui nous invitent à Comprendre pourquoi Agir & Coopérer avec le vivant, Cdurable !
Daniela Simões, PDG et cofondatrice de miio, a accepté de répondre aux neufs questions Cdurable, essentielles comme les neufs besoins fondamentaux des êtres vivants dont les humains que nous sommes …
1 – Quelle est la nature de ma relation avec le vivant ?
Ma relation avec le vivant repose sur un profond respect pour la vie et un engagement pour la durabilité. Je suis végétarienne, je roule en voiture électrique et utilise les transports en commun autant que possible. Ces choix m’aident à réduire mon empreinte écologique et à contribuer à un avenir plus respectueux de l’environnement. Je crois en l’harmonie avec la nature et en la nécessité de prendre des décisions responsables pour préserver la planète et toutes ses formes de vie.
2 – Quels sont mes besoins et choix d’alimentation ?
Mes choix alimentaires sont guidés par un équilibre entre ma santé et ma responsabilité environnementale. Je privilégie les produits frais et locaux, et j’essaie d’éviter au maximum les emballages, en optant pour des produits en vrac. Ces choix sont le reflet de ma volonté de consommer de manière plus durable.
3 – Quel est mon type d’habitat actuel et idéal ?
Mon habitat actuel mêle la vie urbaine pratique et l’accès à la nature. Mon habitat idéal combinerait encore davantage ces deux éléments, avec des espaces communautaires dynamiques, des espaces dédiés au sport, à la beauté naturelle et aux opportunités de développement personnel.
4 – Quelle activité physique favorise mon bien-être et ma santé ?
Le CrossFit est une pratique qui m’a beaucoup apporté. Il renforce mon corps tout en développant ma résilience mentale et mon sens de la discipline. L’activité physique m’aide à rester centrée et à aborder les défis quotidiens avec énergie et clarté.
5 – Quels savoirs m’ont permis de comprendre comment agir ?
Les savoirs qui m’ont le plus marquée proviennent de deux sources : des mentors qui ont partagé leur expérience et les leçons tirées de ma propre vie. Apprendre à équilibrer individualité et responsabilité collective a été essentiel pour orienter mes actions.
6 – Quel est le sens que je donne à mon travail ?
Mon travail est une occasion de contribuer au changement. Chez miio, je participe à l’évolution de la mobilité électrique, un secteur qui allie innovation et durabilité. C’est très gratifiant de savoir que nos efforts aident à construire un avenir plus propre et plus connecté.
7 – Quelle énergie j’utilise pour mes usages et besoins ?
Je puise mon énergie dans les énergies renouvelables, tant de manière littérale que figurée. Professionnellement, je soutiens les solutions d’énergie propre, et personnellement, je m’appuie sur un mode de vie équilibré, entourée d’une équipe formidable et d’amis qui m’inspirent. J’apprécie aussi les voyages et les nouvelles expériences, qui m’apportent un regain d’énergie et me poussent à continuer d’apprendre. Cette combinaison me permet de rester motivée et pleine d’énergie pour atteindre mes objectifs.
8 – Quelle est mon implication personnelle pour l’intérêt général ?
Mon engagement personnel se traduit par la création de solutions durables qui bénéficient à la fois aux individus et à la société. Je crois en la capacité de chacun à faire des choix responsables, respectueux de l’environnement. De plus, je suis profondément investie dans le bien-être et le développement de l’équipe miio, pour qu’elle puisse s’épanouir dans un environnement axé sur la collaboration, l’innovation et le sens commun.
9 – Quels sont mes liens de coopération et ma participation au bien commun ?
La coopération est au cœur de mon approche. En travaillant avec des équipes et des partenaires variés, je m’efforce de trouver des solutions aux défis communs, notamment en matière de durabilité et de mobilité. Au sein de mon équipe, je mets un point d’honneur à maintenir un environnement de travail inclusif, où chacun se sent écouté et capable de contribuer. Cela passe par une communication claire, un respect mutuel et un dialogue ouvert, tout en garantissant un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, pour que chacun puisse se développer tant individuellement que collectivement.
10 – Carte blanche : quel est le message essentiel que vous souhaitez faire passer à nos visiteurs ?
Les choix que nous faisons aujourd’hui façonneront le monde de demain.
Chaque décision, qu’elle soit grande ou petite, doit être prise avec réflexion, empathie et avec l’engagement de bâtir un avenir meilleur et plus inclusif pour tous.