Alors que s’ouvre le Conseil européen des 10 et 11 décembre préparant la position de l’UE pour Copenhague, plusieurs ONG ont été reçues ce matin par le Président de la République. Elles ont rappelé au chef de l’Etat les mesures impératives à prendre pour lutter contre les changements climatiques, mesures d’ores et déjà soutenues par plus de 550 000 signataires de l’appel Ultimatum Climatique. Nicolas Sarkozy a donc précisé la position de la France à l’occasion du sommet mondial du climat de Copenhague. Réactions de France Nature Environnement et des Amis de la Terre.
Nicolas Sarkozy précise la position de la France
Pour Nicolas Sarkozy, l’enjeu de Copenhague ne se limite pas aux chiffres mais est également, et peut-être surtout, politique. Il défend l’idée d’un accord politique qui engage les Etats de manière à rompre avec la politique de « la patate chaude de l’échec » que chacun voudrait se repasser. Le Président a annoncé vouloir très fortement s’engager pour la création d’une organisation mondiale de l’environnement (OME) avec une compétence juridictionnelle. Il a même déclaré : « Je vais me battre à mort sur l’OME ». Il a indiqué que cette OME serait la preuve du sérieux et du respect des engagements pris à Copenhague. Il a également indiqué que cette OME devait être une institution politique car la question qui est posée à Copenhague est aussi celle d’une nouvelle gouvernance mondiale. S’agissant du conseil européen des chefs d’Etats ou de gouvernements qui se tient aujourd’hui et demain à Bruxelles, le Président a indiqué vouloir un engagement européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% en 2020. Il a précisé, en tout état de cause, que la position commune européenne serait « un poids moyen », c’est-à-dire, un plancher et non un plafond. En conséquence, la France se réserve le droit de défendre à Copenhague une position encore plus ambitieuse si l’Europe devait rester sur un objectif de 20% en 2020. S’agissant du financement de l’aide à l’adaptation, Nicolas Sarkozy s’est engagé pour des financements innovants et additionnels à l’aide au développement déjà versée aux pays les plus pauvres. Il a ainsi déclaré que ce devait être « fromage et dessert ». En outre, il a indiqué que le mécanisme du marché carbone n’était pas complètement satisfaisant et qu’il faudrait peut-être réaliser à son sujet une « inspection générale ». En tout état de cause, le Président défendra le principe d’une taxe sur les transactions financières et celui d’un financement «fast start » de 10 milliards par an, sur trois ans « pour allumer la mèche ». De manière générale, Nicolas Sarkozy a déclaré que la position de la France est constituée du plan Justice-Climat élaboré par Jean-Louis Borloo. Si la négociation n’est pas « bouclée », le Président de la République se montre optimiste en raison de la réunion à Copenhague, des chefs d’Etat ou de gouvernements.Réaction de France Nature Environnement (FNE)
France Nature Environnement prend acte de l’engagement et de l’énergie du Président de la République dans ces négociations climatiques. FNE espère que le principe d’une OME sera effectivement inscrit dans l’accord de Copenhague. Sans OME et sans mécanisme de suivi des engagements, le sommet n’aboutira qu’à un accord de papier. FNE considère que l’enjeu de Copenhague est à la fois écologique et démocratique : une nouvelle gouvernance mondiale qui associe aussi les représentants de la société civile que sont notamment les associations, est indispensable pour que les discours politiques soient acceptés et suivis des faits. Si FNE salue l’enthousiasme du Président de la République pour Copenhague, elle s’inquiète du décalage possible entre l’engagement international de la France et sa politique nationale. FNE regrette vivement que le gouvernement puisse remettre en cause la taxe carbone pour des intérêts particuliers. FNE souhaite également que la France donne l’exemple en matière de technologie propre en ne soutenant pas des fausses solutions comme celle du nucléaire. Pour FNE, rien n’est joué. La vigilance s’impose. Nicolas Sarkozy promet « fromage et dessert », FNE demande le café et l’addition !Réaction des Amis de la Terre
Claude Bascompte, Président des Amis de la Terre, revient sur sa réunion avec le Président de la République : « Nicolas Sarkozy ne nous a pas rassurés. Alors que la France pourrait montrer l’exemple en poussant l’Union européenne à Bruxelles, il s’est contenté de messages de bonnes intentions. Les 30% de réduction de GES ne sont pas inconditionnels ; les forêts bénéficieraient de financements publics, mais il n’est pas sûr qu’elles seraient intégralement en dehors des marchés carbone. Plusieurs points clés restent flous : la mobilisation des citoyens doit faire la différence et pousser le Président à trancher dans la bonne direction ! » Afin de porter leurs demandes et celles des citoyens qui se sont mobilisés massivement ces derniers mois, les Amis de la Terre France ont choisi de se rendre en très grand nombre à Copenhague et de participer à la « marée humaine pour la justice climatique » organisée par les Amis de la Terre International le 12 décembre matin. Hannah Mowat, chargée de mobilisation aux Amis de la Terre explique : « Vendredi, à 8h30, Gare du Nord, 400 militants prendront le train pour Copenhague affrété par les Amis de la Terre. Nous allons à Copenhague réclamer la justice climatique. Nous aurons aussi avec nous un Patchwork de très nombreux messages des citoyens qui n’ont pas pu venir mais qui veulent qu’on porte leur parole à Copenhague. » Sebastien Godinot, coordinateur des campagnes des Amis de la Terre conclut : « Le mot d’ordre de la « marée humaine », c’est le refus de la compensation carbone : les pays industrialisés ne peuvent payer ailleurs pour éviter de réduire leurs émissions nationales. Cette affluence de militants doit être entendue par les dirigeants français et européens pour que l’Europe dépasse ses blocages et s’engage fermement. » Les Amis de la Terre rappellent que pour éviter tout emballement climatique irréversible dans le cadre d’une justice climatique internationale, les pays de l’UE doivent : – s’engager à une réduction d’au moins 40% de leurs émissions de GES d’ici à 2020 par rapport à 1990, sans recours à la compensation ; – s’engager pour une participation financière publique aux 140 milliards d’euros par an nécessaires à l’adaptation et l’atténuation dans les pays du sud. Cette participation devra être proportionnelle à la responsabilité historique des pays dans les émissions de GES et à leur capacité financière (PIB par habitant) ; – Rejeter les mécanismes de flexibilité et le marché international du carbone, fausses solutions dans la lutte contre les changements climatiques ; – S’engager pour la mise en place de taxes financières internationales, et en particulier de taxes sur le transport aérien et maritime international, et sur les transactions de change.