Nous sommes à un moment de l’histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l’espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d’orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C’est un défi magnifique, mais redoutable.
Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s’impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l’idéologie néo-libérale ne sait plus que s’auto-célébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d’influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. Cette représentation du monde n’est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l’injustice, sous-estime la gravité de l’empoisonnement de la biosphère, promeut l’abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. Pour l’auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s’attaquer à la crise sociale concomitante. Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd’hui les riches qui menacent la planète. Editions du Seuil, 14 €. Auteur : Hervé KEMPF La critique d’Alexandre Fache dans L’humanité du 13 janvier 2007 – Extraits : Le titre annonçait la couleur. Mais, avouons-le, on ne s’attendait pas à un coup de gueule si véhément, à un état des lieux si noir de la planète. Sans doute était-ce l’image, toute d’objectivité, de retenue et de pondération, du quotidien du soir dans lequel travaille le journaliste Hervé Kempf qui nous avait induits en erreur. La lecture des premières lignes de ce brûlot salvateur devait vite nous remettre les idées en place. « La situation écologique de la planète, écrit l’auteur, empire à une allure que les efforts de millions de citoyens du monde conscients du drame mais trop peu nombreux ne parviennent pas à freiner. » Ajoutant immédiatement : « Le système social qui régit actuellement la société humaine, le capitalisme, s’arc-boute de manière aveugle contre les changements qu’il est indispensable d’opérer si l’on veut conserver à l’existence humaine sa dignité et sa promesse. » Nourri par vingt ans de reportages et d’enquêtes sur les questions d’environnement, Hervé Kempf a vu la biodiversité se dégrader, la « guerre secrète » autour des OGM s’intensifier, les constats scientifiques sur le changement climatique s’affiner. Opportunément, il nous invite à comparer l’augmentation des températures qu’on nous promet d’ici la fin du siècle (entre 1,4 et 5,8 ºC) avec les cinq petits degrés qui séparent notre température moyenne actuelle (15 ºC) de celle de l’ère glaciaire (10 ºC)… Il nous rappelle également que nous vivons actuellement « la sixième extinction majeure dans l’histoire de la terre, la plus importante depuis que les dinosaures ont disparu il y a 65 millions d’années ». Fort de ces constats, l’auteur ne craint pas d’affirmer aujourd’hui que « nous sommes entrés dans un état de crise écologique durable et planétaire ».Plus d’infos sur le site de l’auteur : Reporterre – consommer moins, répartir mieux La crise écologique est plus aigüe que jamais. Le monde va devoir changer. Mais on ne peut plus traiter l’écologie indépendamment de la crise sociale qui lui est liée et qui empire elle aussi de jour en jour. Pour réfléchir à ces nouvelles questions et discuter des solutions, Reporterre veut être le forum de tous ceux qui imaginent le nouveau monde, un monde où l’on arrêtera de détruire l’environnement et qui retrouvera l’idéal de la justice.