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Le film Zambie : à qui profite le cuivre ? récompensé par le prix Albert Londres

Les Amis de la Terre et France 5 se réjouissent de l’attribution aujourd’hui du prix Albert Londres, le plus prestigieux de la presse francophone, au documentaire Zambie : A qui profite le cuivre ? des journalistes Alice Odiot et Audrey Galley. Ce film s’appuie sur le travail mené par les Amis de la Terre France dans le cadre de leur campagne sur la Banque européenne d’investissement (BEI) et le secteur minier en Afrique. Il dénonce l’implication de la banque publique de l’Union européenne dans la mine de Mopani en Zambie.

Alice Odiot et Audrey Galley se sont rencontrées lors des films « La mise à mort du travail ». Après deux ans d’enquête sur l’extraction du cuivre par la multinationale Glencore en Zambie, elles ont réalisé le film documentaire : « Zambie : à qui profite le cuivre ? », diffusé sur France 5 en mai 2011. Les deux réalisatrices expliquent : « Ce film est parti d’un constat simple dressé par les Amis de la Terre : chaque année de l’argent publiquec européenne destiné à lutter contre la pauvreté en Afrique tombe dans les mains de multinationales richissimes qui possèdent et exploitent des mines en Afrique. A travers ce film et l’exemple de la mine de Mopani nous avons pu mettre en lumière les conséquences sociales et environnementales désastreuses de l’extraction du cuivre en Zambie mais également apporté la preuve de l’évasion fiscale massive dont est victime le pays ». Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre se réjouit : « Je tiens à féliciter les deux réalisatrices pour avoir réussi à expliquer de manière pédagogique tous les rouages complexes de l’exploitation minière en Zambie, et le rôle-clé des institutions financières dans de trop nombreux projets controversés. » Anne Sophie Simpere, ancienne chargée de campagne aux Amis de la Terre et partie prenante du film, poursuit : « Le documentaire a été une formidable aventure et sa diffusion a largement contribué à l’avancée de notre campagne et a permis à d’autres organisations de se saisir du problème. De plus le cas Mopani est un cas d’école qui a fini par convaincre de nombreux décideurs ». Les Amis de la Terre suivent le projet Mopani depuis 2009, en collaboration avec des ONG locales Zambiennes. La pression médiatique, notamment liée à la diffusion du documentaire « Zambie : à qui profite le cuivre », la publication de rapports et d’audits fiscaux accablants et la mobilisation de nombreux députés européens (lire ci-dessous) ont conduit la BEI à exclure Glencore et toutes ses filiales de son portefeuille de prêt. Une première, et un succès notable, pour une Banque qui n’avait jamais établi de liste noire pour exclure des entreprises au comportement douteux de l’accès à ses fonds publics. Mopani n’est qu’un cas parmi tant d’autres de projet controversé soutenu par des institutions publiques. Les Amis de la Terre poursuivent leurs campagnes pour un meilleur contrôle de l’argent public et une remise en cause des politiques d’accaparement des ressources naturelles de l’Union européenne. Les documentaires d’investigation de la qualité du film récompensé aujourd’hui par le Prix Albert Londres représentent un soutien de poids dans ce travail.

Le scandale Glencore/Mopani

En mai 2011, la plus puissante société de négoce de matières premières, Glencore, ouvre une partie de son capital aux bourses de Londres et Hong-Kong, rompant avec 37 ans de tradition du secret. La multinationale basée dans un accueillant paradis fiscal (le canton de Zoug en Suisse) pèse déjà 60 milliards de dollars. Avec cette opération, elle espère dégager entre 9 et 11 milliards de dollars supplémentaires. C’est la troisième plus grande introduction en bourse jamais réalisée en Europe. Bien sûr, il y a l’envers du décor, mais vous n’en trouverez pas une ligne dans les documents financiers remis par la multinationale pour attirer les investisseurs, et pas beaucoup plus dans les journaux économiques, enthousiasmés par la réussite attendue de cette formidable opération. Grâce au travail de deux jeunes réalisatrices, il y a désormais moyen de s’informer très facilement sur les méthodes de cette multinationale. Pendant deux ans, Alice Odiot et Audrey Gallet sont allées enquêter en Zambie, un des pays les plus pauvres du monde, où Glencore exploite des mines de cuivre parmi lesquelles la mine de Mopani. C’est la plus importante source directe de cuivre de Glencore. Pourtant, depuis dix ans, elle est déficitaire , ne paie plus d’impôt sur ses bénéfices à la Zambie et a licencié trois mille des mineurs qui travaillaient pour elle depuis des années. La méthode d’extraction, financée notamment par la Banque européenne d’investissement (En 2004, la BEI a accordé à Glencore un prêt environnemental de 48 millions d’euros) est efficace mais extrêmement dangereuse : les habitants souffrent de problèmes pulmonaires, de peau et sont victimes de cancers. Car les cheminées de la mine Mopani rejettent dans l’air du dioxyde de soufre, un gaz toxique, et le processus d’extraction du cuivre entraîne une pollution des sols et de l’eau par l’acide sulfurique. La députée européenne Eva Joly dénonce le scandale : « Je pense que, dans quelques décennies, nous allons regarder cela avec les mêmes yeux que nous regardions la colonisation ou l’esclavage. » De cette enquête en Afrique australe, les réalisatrices nous ramènent des images qui racontent comment, grâce à un système d’évasion fiscale élaborée, la plus puissante société de négoce de matières premières au monde exploite à son profit quasi exclusif le cuivre zambien, ne laissant au gouvernement que des miettes de bénéfices et aux populations locales une pollution massive de l’air et des sous-sols. L’exploitation des gisements miniers des pays du Sud par les multinationales du Nord dans des conditions plus que contestables n’est ni une découverte, ni le seul fait de Glencore (même si son fondateur, Marc Rich, fut jadis condamné à 325 années de prison aux Etats-Unis pour corruption, évasion fiscale et commerce avec l’ennemi, avant d’être amnistié par Clinton). Mais Zambie, à qui profite le cuivre ?, le film d’Alice Odiot et Audrey Gallet a l’immense mérite de décortiquer très clairement tous les rouages de cette exploitation et ses conséquences économiques, sociales et environnementales.

Scandale Glencore/Mopani : plus de 50 députés demandent un moratoire sur les financements européens aux mines en Afrique

Communiqué des Amis de la Terre du 24 mai 2011 : Suite aux révélations accablantes sur les impacts de la mine de Mopani, en Zambie, qui a bénéficié de fonds européens pour le développement via la Banque européenne d’investissement (BEI), plus de cinquante députés européens interpellent aujourd’hui la Commission et la Présidence de l’Union européenne (UE). Leur demande : un moratoire sur les financements publics de l’UE aux projets miniers en Afrique (vous pouvez télécharger cette lettre en cliquant ici). Les Amis de la Terre France soutiennent cette démarche et exhortent les institutions européennes à engager un débat sérieux sur la dépendance de l’Europe aux matières premières et sur ses politiques vis-à-vis des pays du Sud. Le géant Suisse Glencore réalise aujourd’hui une entrée en Bourse record à Londres alors qu’un scandale a récemment éclaté au sujet des activités de sa filiale en Zambie, Mopani Copper Mine (MCM). En 2005, Mopani a bénéficié d’un prêt de 48 millions d’euros sur les ressources de l’aide au développement européenne, via la Banque européenne d’investissement (BEI) pour la construction d’une nouvelle fonderie sur le site de Mufulira. Enquêtant sur le projet, les Amis de la Terre France et l’ONG zambienne CTPD ont mis à jour les pratiques controversées qui l’entourent : évasion fiscale, pollutions massives à l’acide, dégradation des conditions de vie des mineurs, expulsions forcées… (Télécharger le rapport de CTPD et des Amis de la Terre « Projet Mopani : l’Europe au cœur d’un scandale minier » en cliquant ici). Savior Mwambwa, directeur de l’ONG zambienne CTPD, commente : « Mopani délocalise ses profits en Suisse pour éviter de payer des impôts en Zambie. La compagnie paie des salaires très bas aux mineurs, et est responsable de pollutions graves autour du site de Mufulira, notamment d’émissions très toxiques d’acide sulfurique dans l’air. Dans ces conditions, il est difficile de soutenir que le projet contribue au développement. » Pour les députés européens signataires de la lettre ouverte rendue publique aujourd’hui, Mopani pourrait n’être « qu’un exemple parmi tant d’autres ». Anne-Sophie Simpere, des Amis de la Terre, explique : « La BEI a investi dans de multiples projets miniers en Afrique, dans des pays souvent sensibles, alors que les industries extractives sont une activité extrêmement risquée. La banque n’a aujourd’hui ni les normes, ni les procédures, ni les capacités de les évaluer et de suivre leur réalisation. Nous soutenons donc l’appel des députés à un moratoire sur les financements publics de l’Union européenne aux projets miniers – y compris via la BEI – tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne sont pas en place pour garantir que des cas comme Mopani ne se reproduiront pas. » Cette demande intervient alors que les initiatives pour les matières premières de la Commission européenne semblent au contraire vouloir augmenter les prêts de la BEI aux mines en Afrique, pour assurer l’accès aux minerais de l’Europe. Anne-Sophie Simpere conclut : « Au lieu de nous accaparer les gisements africains, il faudrait questionner notre dépendance aux minerais. Ce sont des ressources finies dont l’extraction a un coût environnemental et social lourd. Les exploiter pour alimenter la surconsommation d’une partie du monde est irresponsable. »

 

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