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Vers une nouvelle révolution énergétique ?

De tout temps, l’homme a été avide d’énergie pour satisfaire ses besoins… sans trop utiliser la sienne ! De la maîtrise du feu au Paléolithique à la non-maîtrise du nucléaire à Fukushima, le rapport de l’homme à l’énergie fut toujours placé sous le signe de la domination, économique, sociale ou politique. Or, il est clair aujourd’hui que la course à la puissance énergétique est indissociable du chronomètre de la Terre et de la manière dont les hommes sauront prendre en compte ses limites. Quelles options reste-t-il ? Après le feu et la machine à vapeur, une troisième révolution énergétique semble aujourd’hui inéluctable. Sera-t-elle dans la lignée des précédentes ou à contrecourant ? Réponses dans cet ouvrage de l’ingénieur en énergie Sabine Rabourdin publié dans la nouvelle collection EDDen des éditions Le Cavalier Bleu.

Extrait : avant-propos par Sabine Rabourdin Jusqu’au XIXe siècle, le concept d’énergie tel qu’on l’utilise aujourd’hui n’existait pas. Parler de la relation entre la société et l’énergie n’avait pas de sens. On connaissait la chaleur et les forces de gravité, chimiques, électriques et magnétiques. À partir du XIXe siècle, plusieurs scientifiques, séparément, mais à peu près à la même période, ont cherché une unité dans ces différentes actions. Ils soupçonnaient un lien entre la radiation émise par le soleil, un courant électrique actionnant les roues d’un moteur, le bois qui libère de la chaleur par combustion… La substance en jeu dans ces transformations, ils l’ont nommée ÉNERGIE. Ils se sont rendu compte qu’elle était caractérisée par un principe étonnant : sa conservation. C’est le physicien James Prescott Joule, au milieu du XIXe siècle, qui a finalement formulé qu’à l’abri des influences extérieures, l’énergie se conserve. Ainsi, cette substance convoitée est devenue palpable et mesurable. Désormais, le domaine de l’énergie est semblable à une mégalopole dont il paraîtrait chimérique de décrire tous les quartiers et toutes les artères. Dans une mégalopole, chaque habitant a sa propre vision de l’espace urbain qu’il habite. Le concept d’énergie prend aussi des connotations multiples : l’un entendra « chaleur, électricité, transport », quand l’autre pourra tout aussi bien entendre « pétrole, uranium, panneaux solaires, communication », ou bien « enjeux géopolitiques, factures à payer, puissance, effet de serre, énergie vitale… ». Toute la matière, tous les échanges sont des formes d’énergie. Aussi peut-on la considérer comme le socle des sociétés humaines. Pourtant, dans la pensée scientifique, depuis l’avènement de la thermodynamique, une image s’est imposée : l’énergie n’est qu’une entité physique maîtrisable par des procédés techniques et dans un but économique. L’étude de plus en plus spécialisée de ces procédés (machines, capitaux, distribution) a pris le dessus dans la réflexion sur l’énergie. Pour les sciences humaines, elle n’existe pas comme objet de connaissance. Toutefois, l’énergie est la médiation la plus contraignante (mais pas la seule) du rapport de l’Homme à la Nature. Les plantes, organismes autotrophes, n’ont besoin d’aucune autre source d’énergie que la lumière directe du soleil pour prospérer. Les hommes, eux, ont besoin de faire appel à des convertisseurs. Ils en ont trouvé de différentes sortes au cours de l’histoire. Par deux fois au moins, l’utilisation de ces convertisseurs a constitué ce que nous pouvons appeler sans hésitation une « révolution », c’est-à-dire une innovation qui bouleverse l’ordre établi de façon radicale. La première fois, ce fut la découverte du feu, au Paléolithique. Avec lui, les hommes vont faire cuire les aliments, se chauffer et s’éclairer, se protéger, transformer des objets (terre, métaux, peaux, etc). Le système social va s’en trouver radicalement modifié car la puissance peut dès lors se répartir autrement. Lorsqu’il s’est mis à utiliser le feu, l’homme a pu consommer le double de l’énergie nécessaire à son métabolisme, c’est-à-dire environ 4 000 Kilo-calories (Kcal) au lieu des 2 000 Kcal recommandées pour la seule alimentation. La maîtrise du feu a constitué immédiatement un enjeu de puissance sociale et de hiérarchisation. La deuxième fois qu’une innovation énergétique a transformé radicalement l’humanité, ce fut avec l’utilisation à grande échelle des combustibles fossiles grâce à la machine à vapeur qui a conduit à la révolution industrielle et ainsi à la société moderne que nous connaissons. L’homme de la révolution industrielle a pu consommer quotidiennement 20 000 Kcal. Aujourd’hui, dans les pays industrialisés, il consomme jusqu’à 230 000 Kcal/jour si l’on inclut toutes les formes d’énergie utilisées quotidiennement (chauffage, déplacement, production, alimentation, etc.). Nous avons abouti à une société de puissance qui ne connaît pas de limites à sa volonté de croissance. Mais cette croissance repose sur la consommation démesurée d’énergies fossiles. Pourtant, aujourd’hui, celles-ci ne représentent plus une source d’énergie exploitable indéfiniment. Des limites se sont enfin imposées à nous : elles viennent des ressources qui se tarissent, des risques et des pollutions qui ont atteint un seuil nuisible. La catastrophe nucléaire de Fukushima a aussi créé une faille dans la confiance envers les machines thermo-industrielles. Maintenant, se pose plus crûment que jamais la question : quelles options reste-t-il ? Une autre révolution est nécessaire et inéluctable. Sera-t-elle dans la lignée des précédentes ou à contre-courant ? Cette révolution devra intégrer un nouveau paramètre, le besoin de s’insérer dans un développement durable. Quelles en sont les conditions ? Pour répondre à cette question, il est utile d’analyser les systèmes énergétiques, à partir des besoins jusqu’aux ressources, de manière historique, philosophique et technique. C’est à partir de là que nous pouvons explorer les voies qui s’offrent à nous pour construire la transition vers cette nouvelle « révolution énergétique ». – Références : Vers une nouvelle révolution énergétique ? de Sabine Rabourdin – Editeur : Le Cavalier Bleu (22 septembre 2011) – 192 pages – ISBN-13: 978-2846703819 – Prix public : 18 € Au sommaire COMPRENDRE ET AGIR Intégrer l’énergie dans le développement durable – Une source de nuisances – Un système inégalitaire – L’énergie à la base du progrès ? – L’énergie, un nouvel indicateur de richesse ? – Relation entre énergie et démographie – Énergie et démocratie : un contrôle centralisé De la demande à l’offre – Le besoin en énergie – Du côté de l’offre : les différentes sources d’énergie actuelles Petite histoire géopolitique de l’énergie – Aperçu historique – La sécurité énergétique – La nouvelle arme politico-diplomatique – Des scénarios pour le monde : le Nord face au Sud Une nouvelle révolution ? – La crise, facteur d’évolution ? – Quelques options pour le renouveau – Du côté de la demande : penser l’énergie différemment – Du côté de l’offre : peut-on miser sur des avancées technologiques ? ACTEURS Portraits – Les politiques – Les scientifiques – Les penseurs – Les experts Cahier pratique : les organisations clés – Producteurs et distributeurs d’énergie – Organismes de terrain – Organismes d’analyse, de recherche et développement sur l’énergie et/ou le développement durable – Agences internationales

 

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David Naulinhttp://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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