Etes-vous « low-tech » ? Du moins peut-être connaissez-vous ou avez-vous entendu parler de cette autre façon d’innover, cette « nouvelle source d’innovation » qui « gagne du terrain » ? Qu’en est-il exactement ? Que recouvre ce concept, qui semble provoquer un certain enthousiasme, rejoindre les aspirations et les préoccupations de personnes toujours plus nombreuses ? Quel peut être son intérêt dans le cadre d’une nécessaire transition écologique ? Les initiatives et les réflexions sont nombreuses et diverses, chez les particuliers, dans les associations, les entreprises, les territoires, et chacun y va de sa définition. C’est l’objet de cette note, dans laquelle nous nous sommes attachés à mieux définir le contour encore instable du concept de low-tech – ces technologies qui se veulent plus sobres, plus résilientes, plus autonomes –, à montrer leur intérêt comme solutions complémentaires ou alternatives à l’approche « habituelle », toujours plus high-tech, et à émettre des recommandations pour leur développement. Un Quizz « Êtes-vous low-tech (sans le savoir) » vous est proposé en fin de note.
SYNTHÈSE DE LA NOTE
Une innovation low-tech ? Quel est cet étrange oxymore ? Faut-il retourner à la bougie ou à l’âge des cavernes au lieu de miser sur le progrès technologique ? Certes, le low-tech ne fait pas rêver comme le high-tech et ses applications futuristes. Et pourtant, si c’était là que se situait la vraie modernité et le courage d’innover ? Notre système technique et économique se heurte aux limites de la planète, qui n’a plus la capacité de lui fournir les ressources nécessaires et d’en absorber les rejets, comme le démontrent le changement climatique, la pollution généralisée et l’effondrement de la biodiversité. Les technologies « vertes » et intelligentes sont présentées comme la clé pour résoudre le défi planétaire. A y regarder de plus près, il serait dangereux de faire reposer la transition écologique sur une innovation technologique toujours plus complexe : les high-tech ont souvent tendance à accélérer notre modèle « extractiviste », à nous éloigner de l’économie circulaire et à provoquer de nombreuses problématiques sociales, humaines et politiques. Si le tout high-tech n’est pas l’eldorado promis par certains, il est indispensable de penser différemment et de développer, en parallèle, le concept et les initiatives dites « low-tech ». Ce terme formé par antonymie avec le high-tech, au contour encore flou, désigne des innovations durables (produits ou services) prenant mieux en compte les contraintes sur les ressources, se focalisant sur les technologies sobres, agiles et résilientes. De nombreuses initiatives émergent, l’engouement est réel mais cette innovation low-tech peine à se généraliser et à être reconnue. Pourtant, elle pourrait être un véritable accélérateur de la nécessaire transition écologique et énergétique, basée sur une technique au service de l’homme, créatrice d’emplois locaux, participant à la résilience des territoires et porteuse d’un nouveau récit positif. Comment développer les technologies sobres et résilientes ? Comment lever les freins à leur déploiement ? Trois propositions concrètes et volontaristes sont avancées dans cette note : – 1) Basculer les cotisations sociales vers une fiscalité environnementale ambitieuse. Dans les entreprises et les administrations, les arbitrages sur les choix d’organisation, les modes de production, la rentabilité des projets, l’utilité des investissements, seraient profondément modifiés, permettant l’émergence d’une économie « post- croissance » plus riche en travail et plus économe en ressources. – 2) Faire de la France la première « low-tech nation », championne de la réparation, du réemploi et du zéro déchet. Une véritable dynamique pourrait être impulsée à toutes les échelles territoriales. Chaque agglomération, chaque commune, chaque quartier pourrait ouvrir un lieu de réparation citoyenne et une « recyclerie – ressourcerie ». Des initiatives zéro déchet pourraient être lancées dans toutes les administrations, les écoles et les entreprises publiques. Des actions de sensibilisation et de formation appuieraient cette dynamique. – 3) Créer une « Cour de défense du bien commun » qui aurait notamment pour rôle d’autoriser ou d’interdire la production ou la commercialisation des produits et services, sur base de leur impact environnemental et humain. Il est plus que temps de prendre le parti de la lucidité et de la responsabilité : envisager et construire des alternatives, ouvrir des pistes, expérimenter d’autres modèles plus sobres, développer la diversité, l’autonomie et les approches locales, facteurs de résilience, d’inclusion, de réalisation personnelle et collective… en un mot, d’oser le low-tech ! Cette note est issue des travaux d’un groupe de réflexion réuni dans le cadre de La Fabrique Ecologique entre octobre 2017 et août 2018. Le groupe de travail de La Fabrique Ecologique auteur de cette note est composé de :Signataires
- Geneviève Besse, Politiste
- Amandine Garnier, Chargée de développement, Low-tech Lab
- Thierry Groussin, Créateur de perspectives, ingénierie de formation
- Thomas Guillermou, Entrepreneur, délégué national « Planète » au Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprise
- Arthur Keller, Spécialiste des vulnérabilités des sociétés industrielles et des stratégies de résilience, administrateur de l’association Adrastia
- Catherine Lapierre, Economiste, ingénieure
- Agnès Sinaï, Journaliste et enseignante à Sciences Po, fondatrice de l’Institut Momentum
- Mathilde Soyer, Sociologue, chercheure associée au LEESU, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées
- Bruno Tassin, Directeur de recherche à l’école des ponts ParisTech, co-resonsable scientifique du Labex Futurs-Urbains
- Arnaud Vanhove, Etudiant HEC Paris au sein du master « Sustainability and Social Innovation »
- Dominique Viel, Présidente du groupe de travail Prévention des déchets du Ministère de l’Ecologie
- Guillaume Duval, Journaliste
- Laurence Medioni, Directrice communication et RSE, Ubitransport. Relecture
- Michel Gioria, Directeur régional de l’Ademe Ile-de-France
- Olivier Rey, Philosophe
- Philippe Bihouix, Président du groupe de travail, ingénieur et essayiste, administrateur de l’Institut Momentum
- Emeline Baume de Brosses, Conseillère déléguée à l’Economie circulaire et la Prévention des déchets, Métropole de Lyon
- Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues, Président du Collège des Directeurs Développement Durable
- Marc Darras, Président du Groupement professionnel Centraliens « Ingénieur et Développement Durable », Vice-Président de l’Association 4D
- Thomas Désaunay, Administrateur de La Fabrique Ecologique
- Jean-Marc Gancille, Co-fondateur de Darwin
- Dominique Py, Secrétaire de l’association Adrastia
- Sandrine Roudaut, Editrice, prospective, conférence, auteure « L’utopie mode d’emploi », « Les suspendu(e)s »
SOMMAIRE
INTRODUCTION POURQUOI DÉVELOPPER LES « LOW-TECH » ?- A- Et s’il fallait changer de modèle ? Des limites et des risques d’une approche purement high- tech…
- B- « Think different »… chiche ?
- C- Les low-tech, c’est quoi ?
- D- Tentative de définition des low-tech
- E- Low-tech, high future.
- F- Humilité des low-tech
- A- Manifeste low-tech
- B- Freins et blocages
- C- Les low-tech, partout et maintenant
- D- Proposition 1 : Basculer les cotisations sociales vers une fiscalité environnementale ambitieuse.
- E- Proposition 2 : Faire de la France la première « low-tech nation », championne de la réparation, du réemploi et du zéro déchet
- F- Proposition 3 : Créer une « Cour de défense du bien commun »
INTRODUCTION
Etes-vous « low-tech »[[France Info, Êtes-vous « low tech », Les clés du nouveau monde, 22 juillet 2015.]] ? Du moins peut-être connaissez-vous ou avez-vous entendu parler de cette autre façon d’innover, cette « nouvelle source d’innovation » (Les Echos[[Les Échos, Le « low-tech », nouvelle source d’innovation, 21 octobre 2014.]]) qui « gagne du terrain » (Le Figaro[[Le Figaro, L’innovation « low tech » gagne du terrain, 11 avril 2016.]]) ? « Soyons ingénieux, pensons low-tech », clame pour sa part le site spécialisé en innovation Boomer. Qu’en est-il exactement ? Que recouvre ce concept, qui semble provoquer un certain enthousiasme, rejoindre les aspirations et les préoccupations de personnes toujours plus nombreuses ? Quel peut être son intérêt dans le cadre d’une nécessaire transition écologique ? Répondre à cette question n’est pas si simple. Les initiatives et les réflexions sont nombreuses et diverses, chez les particuliers, dans les associations, les entreprises, les territoires, et chacun y va de sa définition. Le terme low-tech ne fait pas rêver comme le high-tech et ses applications futuristes. Et pourtant, loin du « retour à la bougie », si c’était là que se situait la vraie modernité ? C’est l’objet de cette note, dans laquelle nous nous sommes attachés à mieux définir le contour encore instable du concept de low-tech – ces technologies qui se veulent plus sobres, plus résilientes, plus autonomes –, à montrer leur intérêt comme solutions complémentaires ou alternatives à l’approche « habituelle », toujours plus high-tech, et à émettre des recommandations pour leur développement. A titre d’introduction, et avant d’entrer dans des considérations peut-être plus fastidieuses, on pourra se reporter au Quizz « Êtes-vous low-tech (sans le savoir) » proposé en fin de note.Note
ba2e19_8aad3888a34545318d8fbfff72e5740d.pdf – Télécharger la note « Vers des technologies sobres et résilientes – Pourquoi et comment développer l’innovation « low-tech » ?«QUIZZ : ETES-VOUS LOW-TECH (SANS LE SAVOIR ?)
Quel « technodurable » êtes-vous ? Pour vous aider à vous situer, voici un petit questionnaire en dix questions… À vos crayons (à papier) ! 1. La pollution générée par la mobilité motorisée devient ingérable, tant au niveau mondial (consommation de pétrole, émissions de CO2…) qu’au niveau local (oxydes d’azote, particules fines, etc.)- A. La voiture autonome va régler tout ça. En optimisant les parcours, la conduite, le taux d’utilisation et de remplissage, fini les embouteillages et la pollution ! Plus de galère à chercher la place de parking, moins de véhicules à produire, et d’ailleurs les routes fourniront de l’énergie photovoltaïque 100 % verte.
- B. Vous n’utilisez jamais de voiture. D’ailleurs, vos besoins de déplacement sont modestes et vous avez la chance de pouvoir vous approvisionner à quelques kilomètres de chez vous.
- C. Vous avez investi dans un véhicule hybride. Car vous êtes très sensible à la pollution générée, et vous passerez au 100 % électrique dès que le gouvernement aura déployé suffisamment de bornes de recharge. Vivement 2030 !
- D. Et si l’on enfourchait un vélo plus souvent ? Même si les voitures sont de plus en plus efficaces, elles sont toujours plus lourdes… et nous sommes probablement mal partis si toute la planète adopte notre modèle de mobilité.
- A. On construit désormais des bâtiments de faible bilan carbone et à énergie positive. Les progrès sont incroyables dans les nanomatériaux, les vitrages faiblement émissifs, la gestion électronique de la consommation… et l’arrivée des compteurs intelligents dans les foyers va permettre d’optimiser le système. Grâce aux énergies renouvelables décentralisées, nous serons demain tous producteurs et consommateurs.
- B. L’habitat traditionnel avait déjà tout inventé (inertie thermique, petites ouvertures, ventilation naturelle, constructions mitoyennes…). Pas de quoi s’extasier sur les nouvelles technologies de construction…
- C. Vos résidences principale et secondaire sont équipées du dernier cri en matière d’efficacité énergétique. Panneaux solaires, pompe à chaleur, triples vitrages, double-flux, chaudière à condensation… En hiver, il fait 23°C dans la maison (c’est nécessaire car vous avez de jeunes enfants) avec à peine 50 kWh par an et par m2. Label A++ !
- D. Peut-être pourrait-on baisser un peu la température de consigne et enfiler un pull-over… Un grand programme de rénovation thermique dans le bâtiment est nécessaire, mais au rythme actuel il faudra plus d’un siècle.
- A. Nous n’avons pas pris assez vite le virage de la mondialisation. Pour résister à la compétition, il faut jouer sur l’effet d’échelle et agrandir les exploitations. Aujourd’hui, robots de traite, drones de surveillance des cultures, big data permettent de réduire les coûts et d’optimiser les rendements… sans parler des OGM, indispensables pour éradiquer la faim dans le monde.
- B. Avec l’autoproduction, au moins vous savez ce que vous mangez. Le système est devenu trop complexe et on ne peut plus avoir confiance.
- C. Vous n’achetez plus que bio – l’italien est meilleur que l’espagnol, dit-on – et vous réfléchissez même à entrer dans une AMAP locale. Entre le minerai de cheval roumain et les pesticides dans les fruits et légumes, il y a de quoi devenir méfiant !
- D. Et si l’on réfléchissait à de la polyculture-élevage de plus petite échelle, respectueuse du vivant ? On a fait les usines à cochons d’un côté, et le « désert » des grandes cultures de l’autre. À la clé, pollution aux nitrates, dépendance au phosphore minier, épuisement des sols, destruction de la biodiversité…
- A. C’est le secteur où l’innovation est la plus efficace. Ce n’est donc qu’un mauvais moment à passer : par exemple les centres de données dépensent toujours moins d’énergie par unité de calcul ou de stockage. S’il y a tension sur les ressources, le prix augmentera et on recyclera mieux les déchets, en attendant les biomatériaux.
- B. On s’en sortait très bien aussi sans tout cela. Personnellement vous survivez sans portable.
- C. Absolument, ces images d’enfants pieds nus dans des boues toxiques au Ghana ou en Chine sont révoltantes. Vous avez d’ailleurs votre smartphone depuis plus de deux ans et demi – bien mieux que la durée moyenne de 18 mois –, et vous êtes inscrit en liste d’attente pour l’achat d’un Fairphone équitable.
- D. Il faut réfléchir à notre usage dispendieux de la technologie. Sans jeter le bébé avec l’eau du bain, avons-nous besoin du temps réel et du sans-fil partout et tout le temps ? D’échanger toujours plus de vidéos et photos haute résolution ? De rester dans une course à la puissance entre logiciels et équipements ?
- A. Absolument ! Et ces nouveaux sites de partage sont aussi créateurs de valeur pour l’actionnaire. Aujourd’hui, on peut emprunter sa perceuse à son voisin – au lieu d’en avoir une chacun –, et pour une somme très modique, avec un simple clic sur son smartphone ! Génial, non ?
- B. Vous utilisez assez peu la perceuse. La décoration ce n’est pas vraiment votre truc…
- C. Tout à fait ! Grâce à l’auto-partage et la location entre particuliers, nous avons fait de belles affaires pour nos escapades week-end et avons même économisé de quoi partir l’été prochain au Pérou avec une petite agence de tourisme équitable.
- D. Dans l’économie du partage, tous les modèles ne se valent pas… certains consistent à mieux utiliser nos objets, c’est intéressant. Mais d’autres consistent surtout à monétiser des choses qui ne l’étaient pas. Et gare à l’effet rebond !
- A. Ce n’est pas un gadget. Car on empêchera ainsi de nombreux cancers de la peau ! Toutes ces nouvelles applications permettront un monde meilleur, grâce à la prévention médicale et à la gestion des risques sanitaires par les big data. Google a même promis de faire reculer l’âge de la mort si on lui donne accès aux données de la Sécurité sociale…
- B. Un quoi ?
- C. Il me semble que certains usages seraient plus utiles. Comme ces vieux téléphones portables qu’on peut poser sur les arbres de la forêt tropicale, et qui permettent d’alerter les gardes forestiers au moindre bruit de tronçonneuse alentour…
- D. Mais où s’arrêtera la technologie ? Des chercheurs, inspirés par la « réalité virtuelle » des jeux vidéo travaillent à mettre au point un casque pour poulets : toujours élevés en batterie, ils percevront des informations leur faisant croire qu’ils sont en plein air dans le Gers. O tempora…
- A. Bof, de toute manière, bientôt cette question deviendra secondaire. Avec les imprimantes 3D à steak, à base de cellules souches, terminés les problèmes environnementaux ou même la maltraitance des animaux !
- B. Où ça ?
- C. Effectivement il doit être compliqué d’assurer la traçabilité d’une telle chaîne logistique. Savez-vous si cela concerne aussi les saucisses barbecue bio ?
- D. Oui, nous sommes peut-être allés un peu trop loin dans l’application des « avantages comparatifs »…
- A. Les progrès sont étonnants : interface homme-machine, thérapie génique, convergence nano-bio-technologies et sciences cognitives… Pas de doute, nous finirons par pouvoir télécharger le contenu de nos cerveaux sur ordinateur, et, comme le dit Joël de Rosnay, par « évoluer en complémentarité et en symbiose avec les machines numériques et l’intelligence artificielle ». Et si cela prend un peu plus de temps qu’annoncé, nous pourrons toujours nous faire cryogéniser puis nous faire dégeler au bon moment !
- B. Je tombe rarement malade.
- C. Ces « transhumanistes » font quand même un peu froid dans le dos. Mais il y a des applications intéressantes : grâce aux implants dans le cerveau, des aveugles vont voir à nouveau, des handicapés marcher avec un exosquelette… et je rêverais d’un implant qui permette de parler toutes les langues ; alors, la planète serait vraiment un village global !
- D. Ne devrions-nous pas essayer d’apprivoiser la mort ? Mozart n’écrivait-il pas : « Je ne me mets jamais au lit sans me rappeler que peut-être (si jeune que je sois) le lendemain je ne serai plus et néanmoins personne, parmi tous ceux qui me connaissent, ne pourra dire que je manifeste la moindre humeur maussade ou triste »[[W.A. Mozart, Lettre à son père du 4 avril 1787, Vienne.]]…
- A. Aujourd’hui, les logiciels éducatifs, les ressources illimitées du numérique, l’adaptative learning permettent un enseignement personnalisé, adapté au rythme de chaque élève, tellement plus efficace et ludique. Le rôle des professeurs doit changer, ils doivent devenir des ingénieurs pédagogiques, des « catalyseurs d’intelligence collective » ! Il faut faire entrer les vieilles écoles de la République dans le XXIème siècle.
- B. Ce qu’on adapte, c’est surtout le niveau des épreuves, à la baisse bien sûr. L’enseignement était plus efficace au temps des encriers et des règles en bois. Un peu de discipline ne ferait pas de mal.
- C. C’est vrai que nos enfants connaissent des problèmes d’addiction, que le numérique peut créer un déficit d’attention, de concentration. Il faut donc faire preuve de discernement, en fonction de l’âge, des usages… mais c’est quand même formidable, ces logiciels de « dissection virtuelle » des pelotes de réjection. Et puis, comme il y a de moins en moins de chouettes (et de chauve-souris, de grenouilles, de papillons, etc.) c’est quand même pratique pour les profs de SVT…
- D. Est-ce qu’on apprend mieux avec le numérique ? Les promesses « techno-pédagogiques » ne datent pas d’hier (lanternes magiques, cinéma, radio, télévision…) et n’ont jamais été tenues. Est-il bien raisonnable d’apprendre aux élèves de CM1 le « langage informatique » avec des cours de code alors qu’ils ne maîtrisent pas encore leur langue maternelle ? De focaliser sur le numérique au détriment du vivre-ensemble, des activités artistiques, de la nature ?
- A. Naturellement, la conquête spatiale est l’avenir de l’humanité. Comme le disait le paléoanthropologue Yves Coppens en 1996, « cessons de peindre l’avenir en noir ! […] La génération qui arrive va apprendre […] à se promener dans les étoiles et à coloniser les planètes qui lui plairont. » Il y a des milliards d’exo-planètes habitables qui nous tendent les bras.
- B. C’est un peu loin quand même, non ?
- C. Ce type est génial ! Bien sûr, il est un peu mégalomane, et probablement tous ses projets ne se réaliseront pas. Mais il bouscule les codes établis, introduit des méthodes managériales innovantes, nous donne de l’espoir en repoussant les limites du réalisable, avec des voitures électriques qui font rêver, des batteries pour l’énergie solaire domestique, des transports ultra-rapides en Hyperloop. Et si la colonisation de Mars n’a finalement pas lieu, on pourra peut-être se servir de ses Big Fucking Rockets pour faire du tourisme spatial, ou relier New-York à Tokyo plus rapidement.
- D. Avec quelle énergie et quels métaux irons-nous sur Mars ? On n’est pas près d’exploiter les ressources minières des astéroïdes… Nous pourrions plutôt consacrer nos énergies et nos connaissances à conserver des conditions de vie hospitalières sur notre bonne vieille planète. Il y a de belles idées à inventer, ici et maintenant.