Reconnaître les précieux services rendus par les écosystèmes tels que les zones humides et les forêts – et pas seulement se concentrer sur la productivité de l’eau pour l’agriculture – peut améliorer les moyens de subsistances, accroître les rendements des cultures et aider à répondre de manière durable aux demandes mondiales croissantes des ressources en eau, selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
L’augmentation de la productivité et de l’efficacité de l’eau dans de nombreuses régions du monde est une préoccupation majeure pour les décideurs; d’autant plus que la hausse des revenus et que l’évolution des régimes alimentaires fait accroître la demande en eau, déjà sous pression.
Le rapport du PNUE, qui s’intitule Releasing the Pressure: Water Resource Efficiencies and Gains for Ecosystem Services, produit par des chercheurs de l’Institut Environnemental de Stockholm (IES), invite les décideurs et les gestionnaires de ressources à passer de la productivité traditionnelle de l’eau par unité de rendement agricole (‘plus par goutte de culture’), à une vision plus large du concept, qui comprendrait les services écosystémiques.
Une telle approche prendrait en compte la régulation et la purification de l’eau, la pollinisation, le contrôle de l’érosion et des autres services écosystémiques effectués, par exemple, par les zones humides et les forêts. Les services dépendants de l’eau, et les communautés qui dépendent de ces services, peuvent être affectés lorsque l’eau est vidée des rivières ou des ruisseaux, ou drainée par les marais, pour l’utilisation agricole.
Equilibrer les objectifs des terres agricoles (écosystème agricole) avec ces types de services écosystémiques – en utilisant certaines techniques décrites dans le rapport du PNUE – peut servir à améliorer le bien-être humain, à augmenter les rendements de façon durable et à soutenir la transition vers une Economie Verte à faible émission de carbone, et utilisant des ressources efficaces et équitables.
« Evaluer la productivité de l’eau de manière étroite – par exemple en observant simplement les cultures et les produits forestiers – pousserait à sous-évaluer le rôle de l’eau pour la société en général et pour l’économie », déclarait le Secrétaire Général Adjoint et le Directeur Exécutif du PNUE, Achim Steiner.
« Reconnaître les avantages générés par l’eau, par exemple pour le flux des nutriments et pour le refroidissement, et offrir des services, des supports et des régulations écosystémiques pour les habitations, est l’objectif de notre travail. L’eau pourrait bientôt être une ressource limitée pour un nombre croissant de personnes. Dans un peu plus de trois mois, les gouvernements du monde se réuniront pour la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (Rio+20). Ce rapport adresse une question importante pour le développement durable futur : la façon d’améliorer l’utilisation productive et équitable de l’eau pour les besoins multiples. »
Etudes de cas
Utiliser les techniques existantes afin d’améliorer la productivité de l’eau Le rapport s’appuie sur des études de cas en Afrique et en Asie pour démontrer que certaines pressions sur les ressources limitées en eau peuvent être gérées avec des techniques existantes – d’une manière qui est avantageuse aussi bien pour les agro-écosystèmes que pour les services écosystémiques ‘en aval’. L’amélioration de la productivité de l’eau utilisée dans l’agriculture pluviale en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie Centrale – qui fournit 60 pour cent des cultures céréalières dans le monde – est une occasion inexploitée pour répondre aux demandes alimentaires, selon l’étude. La conservation des sols et de l’eau, le travail minimum des cultures et la récolte des eaux de pluie sont des techniques qui peuvent combler l’écart entre les rendements réels et les rendements potentiels des cultures dans une perspective durable. Combler le déficit du rendement actuel de 95 pour cent par un rendement potentiel dans l’agriculture pluviale pourrait accroître la production de céréales de 58 pour cent, tout en maintenant les niveaux actuels d’utilisation d’eau. Cela permettrait aux flux d’eau de continuer à soutenir les services écosystémiques. Une étude de cas du rapport d’évaluation des écosystèmes de la plaine inondable de Baroste, en Zambie, montre que plus des trois-quarts du revenu du ménage est issu des activités de subsistance pris en charge par les services écosystémiques, tels que la pêche et le pâturage du bétail. Le rapport montre aussi que les interventions de gestion des eaux agricoles ont eu des effets aussi bien positifs que négatifs sur les sorties d’eau, le transport des sédiments et la perte de sol dans le bassin versant de Kothapally, dans le sud de l’Inde. « Une définition réduite de la ‘productivité de l’eau’ considère seulement la valeur des produits agricoles, mais ne met pas de prix sur la perte d’eau potable, sur la réduction des populations de poissons, sur les pâturages desséchés, ou sur le rétrécissement des réservoirs souterrains d’eau », déclare Jennie Barron, une chercheuse du centre de l’IES de l’Université de York, en Grande Bretagne, qui a rédigé le rapport avec le chercheur Patrick Keys de l’IES-U.S., situé à Seattle, aux Etats-Unis. « L’amélioration de la gestion de l’eau afin de refléter les besoins et les utilisations multiples est crucial pour le maintien de nombreux avantages de l’eau pour le bien-être de l’homme, des sociétés et des économies », ajoute Patrick Keys. « De nombreux services écosystémiques qui sous-tendent les moyens de subsistance des gens s’appuient sur les mêmes ressources en eau utilisées pour l’agriculture : les zones humides qui procurent des roseaux, du poisson et du riz ; les forêts qui approvisionnent en bois de chauffage et en gibier. De plus, l’eau est nécessaire pour soutenir et réguler des fonctions importantes telles que le transport des nutriments, les flux des vapeurs et des sédiments. » Le rapport vise à encourager les gestionnaires des ressources en eau et en terres à travers le monde à explorer les gains et les compromis du service écosystémique dans leurs contextes locaux, tels que les bassins versants, les paysages, ou les pays.Recommandations clés
Les autres recommandations clés du rapport incluent: – Dans la gestion du bétail, l’adoption de certaines techniques peut améliorer autant les services écosystémiques que les moyens de subsistance de l’agriculture. Ces stratégies comprennent: la rotation des troupeaux, l’utilisation d’engrais à base de fumier, la gestion des résidus de récolte pour l’alimentation du bétail, le choix d’un climat approprié et de la taille du bétail – Inclure la régulation et le soutien des services écosystémiques (par exemple, la purification de l’eau, la régulation des maladies) en programmes locaux et régionaux de gestion de l’eau – Utiliser des méthodes de gestion de l’eau qui imitent le stockage naturel de l’eau, afin que l’eau agricole reste liée aux paysages environnants – Intégrer la foresterie dans les efforts de gestion de l’eau est nécessaire afin d’assurer que la valeur des écosystèmes forestiers soit prise en compte dans l’utilisation de l’eau – Etendre la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) afin de gérer la productivité de l’eau pour les services écosystémiques dans les utilisations diverses du paysage, en particulier de la pêche à l’élevage.Ecosystem Management Tools
Lancement des Ecosystem Management Tools du PNUE Le PNUE lance également une série de trois manuels pour permettre aux décideurs et aux praticiens de l’eau d’intégrer les approches écosystémiques dans la gestion des ressources en eau. Les publications visent à répondre à la fois au manque de sensibilisation et au manque de données disponibles, et à permettre aux décideurs d’utiliser une approche politique afin de stopper et d’inverser, de manière effective, la dégradation des écosystèmes. – 1) La gestion des écosystèmes : concept pour la mise en oeuvre à l’échelle locale Basé sur la collaboration entre plus de 20 experts provenant de 14 institutions à travers le monde, ce manuel vise à améliorer la compréhension de la structure, de la fonction et des services écosystémiques des gestionnaires et des autres praticiens des bassins versants. Les 18 modules sont constitués de courtes présentations et d’exercices pratiques qui permettent aux participants d’appliquer les concepts à leur travail quotidien de gestion des ressources en eau. – 2) La Gestion Intégrée des Ressources en Eau pour les Petits Etats Insulaires en Développement (PEID) La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) est un processus de développement durable, attribuant et contrôlant l’utilisation de l’eau vers des objectifs sociaux, économiques et environnementaux. Ce livre de référence, qui contient un large éventail d’études de cas et de meilleures pratiques, examine comment la GIRE peut être appliquée aux petites économies insulaires en développement et met en avant un Cycle de Planification et de Méthodologie pour soutenir les organisations ou les personnes qui traitent les bassins versants ou gèrent les zones côtières. – 3) Option d’Evaluation Globale Ce manuel de formation s’adresse aux fonctionnaires gouvernementaux et aux autres travailleurs sur des projets de grande envergure. Il soutient les efforts qui prennent en compte, au moment d’entreprendre de tels projets, et sur un pied d’égalité, les facteurs environnementaux et sociaux, et les préoccupations techniques et financières plus traditionnelles. Ce manuel met en évidence les questions et les principes clés qui soutiennent le développement durable des infrastructures – en particulier en Afrique et dans d’autres régions en développement.Téléchargement
– Télécharger le rapport du PNUE, Releasing the Pressure : Water Resource Efficiencies and Gains for Ecosystem Services – Télécharger les Ecosystem Management Tools du PNUE- UNEP Training Manual: Comprehensive Option Assesment
- UNEP Training Manual: Integrated Water Resources Management for Small Island Developing States
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