Dans un contexte où le bien être humain est prioritaire et le développement durable en vogue, il se pose la question de savoir si l’intégration du concept de la coopération internationale permet au développement durable d’atteindre ses objectifs, principalement la réduction de la pauvreté. Pour mieux comprendre la relation entre le développement durable et la lutte contre la pauvreté en Tunisie il est utile d’analyser comment les mesures de pauvreté que nous utilisons sont calculées et comment il sera possible de décrire l’évolution de la pauvreté dans le temps et dans l’espace. Pour cela et pour mieux cerner l’incidence de la coopération internationale sur le développement durable, il est important de rappeler ses impacts sur le développement économique, le développement social, le développement environnemental. Dans ce contexte on a fait une analyse des données tunisiennes, un essai de décomposition de la variation de pauvreté entre 1980 et 2005 et le rôle du développement durable dans la réduction de pauvreté. Pour cela on a fait une application de la méthode de l’Analyse en Composantes Principales sur une batterie d’indicateurs centrées autour des différents Objectifs du Millénaire pour le Développement et qui présente une bonne illustration de la persistance de disparités régionales en Tunisie.
Introduction
Depuis des années, la Tunisie connaît une importante croissance économique accompagnée d’une réduction de la pauvreté, ce qui lui a permis d’améliorer, à des degrés divers, les conditions de vie et de bien-être social de la population. La Tunisie est, en effet, l’un des pays de la région de nord Afrique où la pauvreté a le plus reculé. Ces performances économiques et leur impact placent ainsi la Tunisie parmi les pays émergeants et parmi ceux qui réussiront à atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, L’élimination de la pauvreté et le développement humain sont au cœur des ces Objectifs .En Tunisie, la pauvreté a cessé d’être un phénomène uniquement rural. Entre 1990 et 2004, le pourcentage de la population qui vit en zone rurale est passé de 42,1% à 32,6% et 27% des pauvres vivent dans les campagnes. Au cours des dernières années, beaucoup de pauvres sont venus grossir les rangs des périphéries des grands centres urbains. Si l’on ne peut donc parler exclusivement de pauvreté rurale, l’isolement, le manque d’accès aux services sociaux et le manque de possibilité de diversifier leurs revenus rendent les pauvres ruraux plus vulnérables aux changements économiques du pays et aux aléas climatiques. Depuis 1990, la Tunisie a développé une politique active d’insertion socio-économique des populations les plus pauvres en s’appuyant sur trois objectifs majeurs contenus dans l’Agenda 21. Il s’agit : – D’accorder une attention plus grande aux familles et aux personnes démunies ou sans soutien familial, en vue de réduire la pauvreté. – D’assurer l’intégration des nécessiteux en mesure de travailler dans le processus productif en leur permettant d’accéder à une source stable de revenus. – De garantir une gestion efficace des programmes sociaux et des transferts sociaux en vue d’une plus grande équité sociale. Pour atteindre ces objectifs la stratégie adoptée englobe 3 volets : – Des assistances financières visant à garantir et à assurer un revenu minimum suffisant à tous les citoyens, notamment les plus défavorisés. – Développer des programmes spécifiques de développement visant à profiter d’opportunités ciblées pour améliorer la dynamique générale du développement et contribuer à la croissance. – Une action régionale, visant la promotion sociale et l’amélioration des conditions socio-économiques des populations vivant dans les zones d’ombre en situation marginale des centres économiques. Ce chapitre est consacré à l’analyse de la dynamique de la pauvreté en Tunisie entre 1980 et 2004, pour cela nous allons utiliser quelques indicateurs sur la base des données de l’institut national des statistiques.Section 1. L’évolution de l’indice de développement humain en Tunisie
En Tunisie, le seuil de pauvreté a diminué de manière très nette. En termes monétaires c’est-à-dire selon l’approche traditionnelle, le seuil de pauvreté, qui était de 22% en 1975, 12,9 en 1980, a été ramené à 4,2% en 2004. Si on applique l’approche développée dans le rapport mondial sur le développement humain, c’est-à-dire l’Indice de pauvreté humaine, les pauvres représenteraient sous l’angle de cet indice, 20% du total de la population. Il faut préciser ici que cet indice est fortement influencé par la persistance d’un taux d’analphabétisme encore élevé en milieu rural. Il s’agit surtout de l’analphabétisme des femmes rurales. L’IDH représente la moyenne arithmétique des trois composantes suivantes : – L’indice de longévité : mesurée par l’espérance de vie à la naissance. – L’indice d’éducation : mesuré par une moyenne pondérée aux deux tiers du taux d’alphabétisation des adultes et à un tiers du taux de scolarisation à tous les niveaux (primaire, secondaire et supérieur). – L’indice du niveau de vie : représenté par le PIB par habitant en terme de parité de pouvoir d’achat. – L’IDH pour la Tunisie en 1999 s’est élevé à 0,695. [[L’IDH est calculé comme suit : – Indice de longévité 1999 : Indice 1 = (69.5-25)/(85-25)=0.74 – Indice d’éducation 1999 : Indice 2 = (2/3)* 0.67 +(1/3)*0.7 = 0.68 – Indice du niveau de vie 1999 mesuré par le PIB : Indice 3 = (Log (5300)-Log(100)) / (Log(40000)- log(100))= 0.66 – (0.74+0.68+0.66)/3 = 0.695]] – L’indice de Développement Humain (IDH) pour la Tunisie en 2001 s’est élevé à 0,714. [[L’IDH est calculé comme suit : – Indice espérance de vie = 0,75 – Indice niveau d’instruction = 0,71 – Indice PIB = 0,68 – IDH = (0.75+0.71+0.68)/3 = 0.714]] Au cours de l’année 2001, la Tunisie a réussi à améliorer son classement au niveau mondiale en passant de la 101ème position à la 89ème, en 2004 l’IDH est égal a 0.760. Cette progression vient, en fait, suite à la lutte contre la pauvreté par l’amélioration du bien être social des habitants et la promotion des ressources humaines via l’éducation et la formation. Ces avancées reflètent l’importance des programmes engagés que ce soit en direction des délégations prioritaires, des populations à besoins spécifiques, d’éducation des personnes adultes que ceux destinés à la femme rurale. Pour l’ensemble de la période 1975-2004, on enregistre une moyenne annuelle de 0,7. C’est en 2004 qu’on enregistre le plus haut niveau et c’est en 1975 qu’on enregistre le plus bas niveau. Le changement enregistré entre la première et la dernière année est 48%. Pour mesurer ce changement, nous disposons des résultats pour 8 années de la période 1975-2004. Sur la base de ces informations, on peut estimer qu’en 2010 ces données devraient être de l’ordre de 0,8.Section 2. Analyse économique et sociale :
L’étude du phénomène de la pauvreté et son évolution repose sur des enquêtes sociologiques et des statistiques multiples pour obtenir une réalité complexe. Le taux de pauvreté est un indicateur sensible de l’information statistique sociale. Mais le concept de pauvreté s’étend aussi à de nombreuses autres dimensions du bien-être. L’ampleur de la pauvreté en Tunisie exige une analyse de son évolution. En particulier, il est important d’examiner dans quelle mesure les performances récentes de l’économie tunisienne ont influencé la dynamique du progré social en terme de réduction de la pauvreté. Deux facteurs principaux déterminent la variation de la pauvreté, Il s’agit de la croissance économique et de la répartition des revenus. Le premier, à travers l’élévation du niveau de vie de toute la population et l’expansion de la production de richesse, devrait assurer un plus à tout le monde. Le deuxième, à travers la gestion et la répartition de ce surplus de bien-être, il faut assurer que tout le monde en reçoive la juste proportion. Ainsi l’évolution de la pauvreté traduit en même temps deux effets ; un effet du à l’évolution du niveau de vie, donc a la croissance économique et un autre du à l’inégalité des revenus. Dans le cas de la Tunisie, la pauvreté peut apparaître comme un phénomène essentiellement urbain ou rural, et les implications politiques qui en découlent varient en conséquence. Dans la littérature traitant de la pauvreté, deux approches ont été utilisées pour mesurer les seuils de pauvreté ; l’approche officielle définie par l’Institut National de la Statistique (INS) et l’approche de la Banque Mondiale, recommandée et utilisée depuis 1995 dans les rapports sur la pauvreté en Tunisie. Selon l’approche nationale, la pauvreté est surtout un phénomène urbain, tandis qu’il s’agit d’un phénomène rural si l’on se réfère à l’approche de la Banque Mondiale. Les deux approches utilisent la même définition des besoins nutritionnels et caloriques de base en termes physiques, mais elles diffèrent dans l’estimation des seuils de pauvreté alimentaire et des dépenses non alimentaires qui y sont liées pour les zones rurales et urbaines. Les conclusions qui s’imposent en termes de concentration régionale de la pauvreté sont opposées. D’après l’INS le taux de pauvreté est bien supérieur dans les zones urbaines, sauf en 1980, tandis que la Banque Mondiale arrive à la conclusion inverse pour toutes les années d’études. L’appréhension du phénomène de la pauvreté s’effectue à travers le taux de pauvreté, déterminé à partir des enquêtes sur le budget et les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages. Sur la base de cet indicateur, la pauvreté a substantiellement reculé en Tunisie depuis 1980. Les chiffres ressortant des différentes enquêtes nous renseignent que le nombre de pauvres a connu une baisse relativement accélérée passant de 823 mille en 1980 à 399 mille en 2004contre 376 mille personnes vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté en Tunisie en 2007. L’Institut National du Recensement avait utilisé de méthodes pour déterminer les chiffres de la pauvreté. Selon ces normes, toute personne gagnant moins de 432 dinars par an est considérée comme vivant en dessous du seuil de pauvreté. Au vue de la situation dans les milieux urbain et rural et jusqu’en 1980, les catégories de population pauvres se concentraient dans les zones rurales, représentant à cette période 62.3% de la population totale des pauvres. En 1990, un retournement de tendance a commencé à se profiler et à prendre de l’ampleur. Dans les zones urbaines le nombre de pauvres a atteint selon les statistique de l’institut national de statistique 354 mille, soit 65% du nombre total. Leur part s’est établie autour de 69% en 1995 et à 74% en 2004. Le taux de pauvreté s’est établi aux environs de 4.2% en 2004, contre 6.7% en 1990 et 12.9% en 1980. La situation économique et sociale de Tunisie a évolué, le rythme annuel moyen de croissance du PIB s’est situé, durant ces dernières années, à environ 5% l’an. Selon les statistiques de l’INS le milieu rural conserve son retard en terme de revenu des ménages, tel que révélé par les dépense par personne et par année (DPA). Ainsi malgré une croissance des dépenses des ménages plus forte le niveau des dépenses reste nettement inférieur à celui des ménages urbains. Par ailleurs ce sont les catégories socioprofessionnelles dominantes en milieu rural qui ont les niveaux de revenu les plus faibles à savoir les ouvriers agricoles et les chefs d’exploitation précédés par les ouvriers non agricoles. L’amélioration des indicateurs économiques est le résultat d’une gestion macro-économique saine, essentiellement depuis l’adoption et la mise en oeuvre à partir de 1986 du programme d’ajustement structurel. Afin d’assurer une croissance économique durable et soutenue, la Tunisie a introduit une série de réformes visant particulièrement à réduire le déficit budgétaire tout en préservant les équilibres macro-économiques et en garantissant un environnement social favorable. Le programme d’ajustement structurel a accompagné les contraintes budgétaires par une attention particulière au volet social du développement ; il a ainsi conduit à un accroissement du revenu réel des habitants et une réduction des inégalités sociales, ce qui a eu pour corollaire d’atténuer la pauvreté. Toutefois, ces performances économiques et les acquis sociaux réalisés exigent un effort de veille permanent car ils risquent d’être bousculés par les défis que l’économie tunisienne aura à relever au cours des prochaines années : le pays a en effet contracté des engagements dans le cadre de l’accord de partenariat avec l’Union Européenne, mais également de l’OMC ou ceux pris au niveau national pour répondre à une demande d’emplois de plus en plus importante en nombre et en qualité. En effet, l’accord avec l’Union Européenne aura des implications sociales importantes dans la mesure où les échanges avec cet espace économique représentent près de 75% des importations et 80% des exportations de la Tunisie. Toutefois, la manière progressive et prudente avec laquelle il a été mis en œuvre et qui garantit une certaine protection jusqu’en 2008, permettra à la Tunisie d’amortir les effets négatifs à court terme, de se préparer à cette échéance et de poursuivre durant une période de transition la mise en œuvre des réformes engagées notamment au le plan économique. Les répercussions de l’accord de partenariat seraient ainsi plus fortes au niveau des petites et moyennes entreprises qui n’arriveraient pas à soutenir une forte concurrence, et l’impact serait plus ressenti par la main d’œuvre peu qualifiée appartenant aux secteurs en déclin, en particulier chez les femmes. Au point de vue social, il s’agira de consolider les dispositifs d’insertion et de lutte contre la pauvreté, afin de préserver les catégories les plus vulnérables des répercussions négatives de cet accord. Cela impliquera un effort d’adaptation des politiques et des institutions sociales à un environnement économique international mouvant et imprévisible. Par ailleurs, avec le recul de la pauvreté absolue, il devient de plus en plus difficile d’agir sur l’incidence et la sévérité de la pauvreté. La nécessité de mieux cibler les avantages procurés par les programmes sociaux est donc d’autant plus importante que l’incidence de la pauvreté absolue diminue. L’examen de l’évolution de la distribution des revenus permet de juger de l’efficacité du processus de croissance économique par rapport à l’objectif national de lutte contre la pauvreté. Notons que il faut rappeler ici que toute méthode de mesure de la pauvreté s’appuie sur une structure des besoins. Pendant les années 60 il y a eu des perspectives qui considèrent un revenu de 50 dinars par habitant par an est nécessaire pour assurer un niveau de vie minimal . A partir des années 70 il y a eu des méthode pour la fixation de seuil de pauvreté tel que la méthode de l’institut national de nutrition et de la technologie alimentaire (INNTA) et la méthode de bureau international du travail (BIT). Selon l’institut national de statistique le seuil est assimilé à un revenu minimum en dessous duquel la personne ne pourra pas assurer ses besoins les plus élémentaires en produits alimentaires et non alimentaire. La méthode adopter par l’institut national de statistique consiste a calculer un seuil absolu en partant de deux populations de référence distincts ; population rurale et urbaine et en tenant compte de quelque critère élaboré par des institution internationales telles que FAO-OMS. En 2004 , lorsque un seul seuil de pauvreté est considère ; 432 DT, 4,9 % des individu en milieu urbain sont pauvres contre 2,9 % dans le milieu rural, dans ce contexte l’incidence H dans le milieu rural explique 25%, de la pauvreté national, aussi l’écart moyen de dépense des pauvres est de 17.54% de la ligne de pauvreté en milieu urbain, contre 23.64% dans le milieu rural ce qui signifie que le pauvre de milieu urbain sont plus proche de sortir de l’état de pauvreté que ceux du milieux rural (23.64% > 17.54% > 0 ; avec 0 ou il n y a pas pauvreté) .La dépense moyenne des pauvres ruraux par personne est selon l’institut national de statistique de 329.89 DT contre 356.242 DT au milieu urbain, Ainsi si chaque membre de la population pauvre en milieu urbain reçoit, en plus la somme suivante 75.758 et 102.109 DT pour les individus du milieu rural, il serait possible d’amener les pauvres au niveau de la ligne de pauvreté. En d’autre terme si chaque individu de la population urbaine et rurale avait un transfère de revenu ou de consommation équivaut respectivement à 3.71 et 2.959 DT cela est suffisant pour éradiquer complètement la pauvreté. En conclusion, on peut affirmer que le milieu rural a connu de profondes mutations qui se sont accélérées depuis le début des années 1980. Ces transformations ont permis, grâce à un effort budgétaire et financier important, de rattraper le retard du milieu rural sur le milieu urbain et d’inscrire le monde rural tunisien. Toutefois malgré ces avancées, beaucoup reste encore à faire et le risque d’un recul n’est pas exclu du moment que les ressources financières se tarissent ou que les politiques de développement privilégient les pôles de développement urbains, les secteurs non agricoles ou ceux dans lesquels l’espace rural est dépourvu d’avantage comparatif. Sur un autre plan l’espace rural, dont le développement a été basé jusque là principalement sur la valorisation des ressources naturelles, semble souffrir d’une surexploitation des ressources qui risque à moyen et long terme de remettre en cause l’ensemble des acquis. L’indice de GINI mesure le degré de concentration des distributions statistiques, sa valeur varie entre 0 et 1, si un indice est proche de 1 cela veut dire une concentration de la distribution (inégalité de distribution). Il est calculé sur la distribution des dépenses de consommation des ménages, il permet déjà d’éclairer sur l’évolution de la pauvreté et sur son profil régional. En effet, le coefficient de Gini s’est maintenu aux environs de 0.4 et les parts de dépenses de chacun des deux déciles les plus pauvres n’ont augmenté que marginalement. Entre 1990 et 1995, le coefficient de Gini pour le milieu urbain s’est légèrement détérioré mais celui pour le milieu rural a demeuré inchangé. A l’inverse, entre 1995 et 2003, le coefficient de Gini s’est légèrement détérioré en milieu rural, tout en demeurant inchangé en milieu urbain. L’indice de GINI masque une disparité dans la structure de la dépense, même si avec une valeur de 0.4 il indique une légère concentration des revenus. L’enquête nationale sur le budget et la consommation des ménages de 2003 montre, qu’en terme de distribution des revenus entre les différentes catégories de population, les 20% les plus riches comptent pour 47.3% de la consommation totale, alors que les 20% les plus pauvres ne représentent que 6.9% du total de la consommation. De plus, la dépense moyenne des 10% les plus riches représente six fois celle des 10% les plus pauvres.Section 3. Marchés du travail et pauvreté
Les pauvres se rattachent largement à la croissance à travers le marché du travail. Dans les zones rurales, la demande dépend beaucoup des précipitations, qui baissent les années de sécheresse. En tenant compte de ces variations, l’agriculture a créé très peu d’emplois à long terme, connaissant une croissance de seulement 5% en quarante ans. L’exode rural et la mécanisation accrue expliquent cette quasi-stagnation de l’emploi total dans le secteur agricole pendant cette longue période ce qui montre en conséquence que ce secteur n’a pratiquement pas créé d’emplois pour les pauvres. Le salaire minimum journalier réel dans l’agriculture a augmenté en moyenne de 0,5% par an pendant la période 1980-2004, soit d’environ 10% au total pour toute la période, et ne peut expliquer qu’en partie le déclin de la pauvreté. Les gains réels se sont produits entre 1980 et 1983, lorsque le salaire minimum réel a augmenté de 25% dans l’agriculture. Cette forte augmentation a contribué à réduire considérablement l’incidence de la pauvreté pendant la première moitié des années quatre vingt. En revanche, la première moitié des années quatre-vingt-dix a vu l’incidence de la pauvreté gagner du terrain dans les zones rurales. Malgré la concurrence sur le marché du travail dans d’autres secteurs, que ce soit en milieu rural ou urbain, le développement significatif de la mécanisation, favorisé par d’importantes incitations financières, a fait diminuer la demande de travail dans le secteur agricole et a empêché une pression à la hausse sur les salaires réels. A partir des données de l’INS, se dégage un groupe homogène de gouvernorats caractérisés par la présence de taux de chômage relativement élevés par rapport à la moyenne nationale. Ce qui reflète que l’état de l’activité économique, en l’occurrence la persistance d’un taux de chômage élevé dans certains gouvernorats, explique une forte concentration de famille pauvres. Il s’agit essentiellement des gouvernorats de Kasserine, de Gafsa, du Kef, de Siliana, de Zaghouan et de Sidi-Bouzid.Section 4. Disparités régionales et Objectifs du Millénaire pour le Développement
Le développement régional en Tunisie représente un des axes important et prioritaires dans le programme de développement du pays. Les objectifs de l’État s’orientent, vers la réduction de l’inégalité et de la pauvreté entre les régions par la modernisation des infrastructures de base, la valorisation des ressources humaines et l’élargissement des prérogatives des structures régionales .Mais malgré les efforts en matière de réduction de la pauvreté, qui ont ramené l’incidence de la pauvreté à 4,2% en 2004, la pauvreté reste concentrée dans les régions Ouest du pays. On peut posé ici la question de la relation qui existe entre le lieu de résidence et le niveau de vie des ménages qui a attiré l’attention des économistes, en effet, on à deux manières différentes de concevoir cette relation ; pour certains économistes, tel William Alonso (1964), le niveau de vie des ménages détermine leurs localités de résidence. En revanche, selon d’autres économistes, tel John Kain (1968), ce n’est pas le niveau de vie qui influence le lieu de résidence mais plutôt l’inverse .Mais, en réalité les liens entre populations pauvres et lieux de résidence sont doubles. D’une part, l’installation et la concentration des populations défavorisées conduit à « appauvrir » un quartier, aussi bien d’un point de vue économique qu’au niveau social. D’autre part, parce qu’il cumule les difficultés sociales et économiques, un quartier défavorisé peut devenir en soi un facteur potentiel de pauvreté pour ses occupants. Les économistes partagent donc l’idée que la pauvreté et le niveau de vie des ménages ne sont pas aléatoirement distribués dans l’espace. Mais plutôt ils sont concentrés dans des zones contiguës caractérisées par des attributs semblables (niveau d’éducation, taille de ménage, infrastructure, conditions climatiques) appelées « trappe de pauvreté ». Tous les plans de développement ont intégré, dans leur conception, des stratégies de développement régional consistant principalement en la réduction des écarts entre les différentes régions. A ce titre, les notions de disparités régionales, de poches de pauvreté, de régions en expansion, de régions déprimées ont été introduites; la conception et l’introduction de programmes de développement, témoignant d’une conception d’un développement régional et multidimensionnel, ont été faites. Les degrés de performances de ces différentes stratégies varient sensiblement d’une région à l’autre, les disparités persistent encore et les divergences se creusent davantage. Ce constat est faite par le recours à des techniques statistiques avancées pour l’exploration de données multidimensionnelles. En l’occurrence l’application de la méthode de l’Analyse en Composantes Principales (ACP) sur une batterie d’indicateurs centrées autour des différents Objectifs du Millénaire pour le Développement fournit une bonne illustration de la persistance de disparités régionales en Tunisie, qui s’expriment en termes d’insuffisances par rapport à certains services ou des phénomènes comme l’accouchement en milieu assisté, l’électrification, l’alphabétisation, le branchement au réseau d’assainissement, la participation de la femme à la vie active, l’accès à l’eau potable, l’accès aux équipements ménagers. C’est une méthode contenant un maximum d’informations, par combinaison linéaire des voies disponibles. Les coefficients de cette combinaison linéaire sont déterminés par une analyse en composantes principales, c’est une méthode d’analyse de donnes. Elle cherche à synthétiser l’information contenue dans un tableau des individus ou de zone géographique et des variables quantitatives. Pour produire un résume d’information au sens de l’ACP c’est établir une similarité entre les individus, chercher des groupes d’individus homogènes, mettre en évidence une typologie d’individus. Quant aux variables c’est mettre en évidence des bilans de liaisons entre elles, moyennant des variables synthétiques et mettre en évidence une typologie de variables. L’ACP cherche d’une façon générale à établir des liaisons entre ces deux typologies. La lecture de ce graphique issu de l’application de la méthode de l’ACP aux données disponibles au cas Tunisien conduit aux conclusions suivantes. L’axe horizontal du graphique représente l’axe du pouvoir d’accès aux services publics de base et aux équipements ménagers. Cet axe oppose les gouvernorats équipés en infrastructure de base à ceux les moins équipés. Il met en évidence, également, une certaine dichotomie du paysage tunisien entre l’Est et l’Ouest, qui se dessine sur l’axe horizontal comme suit : – Un manque d’accès à l’eau potable en milieu non communale pour la population de l’Ouest, atteignant 69.7% pour le gouvernorat de jendouba 87% pour kasserine. – Un manque d’accès à l’électricité pour environ 10% de la population de la région de kasserine, contre 1.2% à Tunis, 2.3% à l’Ariana et 2.8% à Monastir. – Seulement 10% des ménages de l’Ouest sont équipés d’une salle de bain. – Un taux d’analphabétisme féminin d’environ 1/3 à l’Ouest représentant le double de celui des gouvernorats de l’Est. L’axe vertical est celui de la santé maternelle, il est déterminé principalement par l’importance de l’accouchement en milieu assisté. En effet, il apparaît à travers la lecture du graphique de l’ACP une discrimination entre les gouvernorats à fort taux d’accouchement à domicile (en bas de l’axe), d’une part, et les gouvernorats à faible taux d’accouchement (en haut de l’axe), d’autre part. Dans les gouvernorats de Zaghoane, Manouba et Kasserine les accouchements à domicile ont atteint en 2005 respectivement 36,44%, 49,11% et 64,76% de l’ensemble des accouchements. A l’opposé, sur l’axe vertical, ce phénomène se trouve dans moins de 3% des cas dans les gouvernorats de tunis, sfax, bizerte et Béja. Rappelons que l’objectif qui semble être difficile à atteindre concerne la réduction de la mortalité maternelle de trois quarts à l’horizon de 2015. Il serait recommandé de mettre en place une stratégie régionale de lutte contre le phénomène des accouchements à domicile au niveau des régions les plus touchées afin de faire reculer de manière sensible la mortalité maternelle. Les régions du Sud-Ouest, du Centre Ouest et du Sud Est enregistrent des taux de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale. Dans toutes les régions du pays les effectifs et les pourcentages de la population pauvre en milieu urbain sont supérieurs à ceux de la population pauvre en milieu rural. Cela correspond à un phénomène d’émigration de personnes paupérisées du milieu rural vers les grands centres urbains du Centre Est et au district de Tunis mais aussi vers les villes chefs lieu de gouvernorat de l’intérieur et même les chefs lieu de délégation, à l’origine de la naissance de quartiers pauvres dont les problèmes sociaux et sanitaires sont souvent plus difficiles qu’en milieu rural pauvre. L’analyse régionale des OMD devrait être focalisée sur les gouvernorats les moins développés. L’indicateur de développement régional met en évidence le déséquilibre régional manifeste qui existe toujours entre l’est et l’ouest du pays. Les gouvernorats les plus sous-développés et qui devraient être l’objet de la régionalisation des OMD en Tunisie sont : Kasserine, Kairouan, Sidi- Bouzid, Zaghouan, Jendouba et Siliana.Section 5. Assurer un environnement durable
Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de libéralisation de l’économie, l’intervention de l’Etat se concentre de plus en plus sur la gestion des ressources naturelles et sur l’amélioration de l’environnement de la production. Ceci s’est fait à travers la prise en compte de l’optique de gestion durable des ressources dans les projets de développement, il est ainsi la stratégie de mobilisation des ressources en eau, ou encore l’amélioration des ressources forestières et pastorales. Cette approche qui s’est concrétisée a la fois dans le cadre de l’Agenda 21 national et des agendas locaux et dans les décisions de la commission nationale de développement durable. La Tunisie fait face à des contraintes climatiques, du fait de l’irrégularité des précipitations et de leur insuffisance et, des contraintes dues à un écosystème fragile, du fait de l’inadéquation qui existe entre les ressources disponibles et les risques qui peuvent encourir de leur exploitation intensive. 1. L’utilisation des sols La Tunisie a opté très tôt pour une politique volontariste de développement durable à travers une recherche continue du meilleur arbitrage entre les impératifs d’un développement économique soutenu et les exigences de la préservation du milieu naturel. À cet égard, l’Agenda 21 national a défini des objectifs spécifiques à la gestion rationnelle de chacune des ressources naturelles en vue d’un développement durable. Plus précisément, il s’agit de : – Améliorer les connaissances concernant les processus de pédogenèse et la dynamique des processus de dégradation des terres. – Mobiliser davantage de la population et l’impliquer dans les programmes de gestion adéquate des terres. – Augmenter le rendement des terres selon les vocations intrinsèques des sols. – Renforcer les programmes de protection des terres contre les phénomènes de dégradation et de désertification selon les approches préconisées par la convention de lutte contre la désertification. – Développer de nouveaux systèmes de subsistances en zones rurales. D’autre part, la Tunisie dépense annuellement environ 135 millions de DT pour les actions de lutte contre la dégradation des terres et s’inscrivent à la fois dans le cadre de la stratégie de conservation des eaux et du sol et dans le cadre de la stratégie de développement forestier qui intègre la lutte contre la désertification. Les récentes études effectuées par le ministère de l’agriculture montrent que 3 millions d’hectares de terres du Centre et du Nord subissent une forte érosion et plus de 7 millions d’hectares des terres du Sud sont affectés par les processus d’ensablement, de déflation éolienne et de salinisation secondaire. Pour assurer la conciliation entre la mise en valeur agricole des terres et la protection des sols contre les différents processus de désertification, la Tunisie a, depuis des décennies, élaboré plusieurs programmes de reboisement, d’amélioration pastorale, de fixation des dunes et de conservation des eaux et des sols. On peut citer à titre d’exemple la loi de protection des terres agricoles contre les utilisations non agricoles (1983), le code de la CES (1995) et les dernières mesures prises en faveur d’une meilleure intégration des populations vivant dans les zones forestières et pastorales dans les systèmes de gestion des sols et des ressources naturelles par la création des associations forestières d’intérêt collectif (AFIC). 2. Les ressources en eau et les utilisations Concernant la gestion des ressources hydrauliques, la Tunisie a adopté depuis plusieurs décennies une stratégie donnant la priorité à la mobilisation et à la valorisation des ressources en eau. Les risques liés à la pollution, aux pénuries en périodes de sécheresse et aux intrusions d’eau salée figurent parmi les axes majeurs de cette stratégie. Sur le volume potentiel total des eaux en Tunisie, 3450 millions de m3 soit les trois quarts, sont considérés comme très sensibles à la pollution. D’après les statistiques nationales sur l’environnement publiées par l’INS, le volume d’eau fournie par les services publics ,est estimé en 2000 à 1135 millions de m3 représentant 52,7% du volume total de l’approvisionnement net, contre 679 millions de m3 en 1990. Les pertes au niveau du secteur agricole, qui accapare à lui seul 80% environ des eaux utilisées, sont estimées à 36%. Pour ce qui est des eaux distribuées par la SONEDE, les pertes sont estimées en 2000 à 18%. L’objectif à long terme, assigné à l’utilisation de l’eau, est de réduire les pertes et d’accroître l’efficacité de l’eau d’irrigation pour renforcer le rôle du secteur irrigué dans la sécurité alimentaire. 3. Les ressources énergétiques La Société Tunisienne d’Electricité et de Gaz, principal consommateur d’énergie primaire, a mis en place une stratégie se basant sur l’utilisation des technologies efficaces et l’encouragement de la substitution d’énergies renouvelables. En effet, la consommation d’énergie primaire a augmenté au cours des dix dernières années au rythme annuel de 4,1%. Parallèlement les ressources propres du pays ont évolué annuellement à un taux de 2,1%. La Tunisie produit environ 78 mille barils de pétrole par jour, elle est devenue importatrice nette depuis 2000 aussi la production de gaz naturel est jugée insuffisante pour satisfaire les besoins énergétiques. 4. Le domaine maritime Le littoral tunisien présente avec 1300 km de côtes, une configuration de paysages très variés et recèle des ressources naturelles importantes qui subissent des pressions multiples. Elles ont trait aux polluants naturels ou artificiels, à l’exploitation des ressources halieutiques et à la concentration des activités humaines et économiques sur les espaces côtiers, qui engendrent des problèmes d’environnement liés à la fragilité des écosystèmes marins. L’utilisation du littoral et des espaces adjacents fait l’objet de surveillance à travers plusieurs dispositifs, où les rôles sont partagés entre les institutions, qui ont en charge l’environnement. 5. L’accès de la population à l’eau potable Des efforts importants ont été déployés par l’adoption de stratégies de développement régional afin d’améliorer les conditions de vie des ménages par l’accès au différents services publics de base tels l’eau potable, l’électrification, les services de santé et l’éducation. La stratégie adoptée a permis l’accès à l’eau potable en 2005 à 77.7% de logement totale. Dans ce contexte l’observation des statistiques au niveau régional montre une dissemblance importante de la population du Nord Ouest et du Centre Ouest n’ont pas accès à l’eau potable. Concernant le réseau d’assainissement en milieu communal, même si le taux global de branchement a enregistré une hausse importante au cours des dernières années,et qui atteint 75.5% en 2005. Au niveau régional, Le taux de branchement varie de 12 dans le gouvernorat de Sidi bouzid à 92.6 au gouvernorat de Tunis.Section 6 : Évaluation des éléments de la stratégie de lutte contre la pauvreté et Principaux défis pour le futur
Les résultats de la dernière enquête des dépenses des ménages tunisiens, montre que les plus riches parmi les Tunisiens, sont au nombre de 747 mille dépensent plus de 4000 DT chacun par an. Il est vrai que dans ce document est distribué par le ministère du développement et de l’INS mais cela n’est pas aussi clairement dit. En effet, la répartition des dépenses familiales a été faite en plusieurs paliers. Le plus bas est consacré à ceux qui dépensent plus ou moins 432 DT par an et par personne et le plus haut est consacré à ceux qui ont un niveau de dépense de plus de 4000 DT par an et par personne. Ce sont donc, les plus pauvres, ceux qui vivent avec légèrement plus d’un Dinar par jour et par personne et ceux qui dépensent, au moins par jour 11 DT et donc les plus riche. Cette enquête considère donc comme riche, toute personne ayant un niveau de dépenses de plus de 4000 DT par an, donc il y a des gens riches sans le savoir. En effet un revenu de 432 dinars par an, ce qui signifie moins de 1100 millimes par jour. Imaginons que 400 des personnes concernées dépensent leur argent uniquement en nourriture, c’est déraisonnable – parce que ce n’est même pas assez pour du pain et du lait, le prix d’un litre de lait s’élève à 950 millimes et un pain coûte 240 millimes, il ne restera alors que 50 millimes. Je crois que le gouvernement devrait fixer le taux de pauvreté à trois fois ce chiffre, et nous verrions alors le grand nombre de personnes pauvres en Tunisie. Dans ce contexte, les chiffres de l’INS et de ministère restent très imprécis et pourraient donner une fausse image de la société tunisienne. Laissons l’analyse des chiffres de coté et regardons bien notre vécu quotidien. On va facilement conclure qu’un citoyen qui gagne et dépense 4000 DT par an n’est pas riche, il est tout juste moyen surtout lorsque tous le monde affirme que les prix ont augmenté. Ainsi, on est en droit de se poser la question suivante ; qui dit vrai, la réalité quotidienne du Tunisien ou les données de l’INS ? Il est de l’intérêt de tous de redéfinir le seuil de la pauvreté pour pouvoir la combattre, en effet, ces chiffres empêchent de lutter contre la pauvreté. Les programmes et mesures prévus par la stratégie de la lutte contre la pauvreté visant les objectifs qui sont orientés sur trois dimensions jugées les plus opportunes pour la lutte contre la pauvreté en Tunisie. La première dimension basée sur l’approche géographique a permis à la Tunisie de cibler l’intervention par la classification des zones urbaines et rurales suivant des indicateurs multiples permettant une analyse multidimensionnelle. Elle a favorisé l’utilisation d’une définition multicritères de la pauvreté permettant d’adopter une politique intégrée d’insertion socio-économique. Les programmes d’insertion basés sur l’approche géographique, conçus grâce à cette méthode d’identification des zones vulnérables, ont pris en considération la situation de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau potable. La deuxième dimension basée sur l’approche sociale de la pauvreté prend comme base la situation de la famille. L’Institut National de la Statistique adopte la méthode des besoins essentiels pour appréhender le noyau dur de la pauvreté basée sur les enquêtes sur le budget et la consommation des ménages tous les cinq ans depuis 1975 elle permit d’avoir une meilleure appréciation de l’évolution dans le temps en se basant sur les mêmes indicateurs. La troisième dimension, basée sur l’approche sectorielle de la pauvreté – exclusion, prend en compte l’accompagnement social des programmes de restructuration des entreprises et des secteurs de production, d’une part , et d’autre part le traitement spécifique du chômage de longue durée touchant les groupes vulnérables. Cette approche méthodique a assuré la cohérence géographique entre les stratégies nationales et les actions de lutte contre la pauvreté en Tunisie. La politique mise en œuvre pendant la dernière décennie a fait que les objectifs de l’Agenda 21 en matière d’éradication de la pauvreté ont bien été pris en considération. Mais le niveau élevé des réalisations et des résultats ne doit pas occulter les défis encore à relever concernant : – L’intégration économique et sociale des populations défavorisées dans la dynamique de développement – Le renforcement de l’action régionale pour les zones défavorisées : promotion des potentialités humaines ; intégration des populations dans la vie régionale, économique et sociale. – La multiplication des programmes sociaux, économiques et territoriaux et renforcement de la coordination entre eux. L’accent devra être mis sur la mise en place parallèle d’un dispositif national et de mécanismes régionaux de coordination des interventions pour l’insertion socio-économique. – Accompagnement des réformes économiques notamment le programme de mise à niveau de l’économie et la libéralisation des échanges par un renforcement de la capacité productive de la main d’œuvre et des programmes de réinsertion : un important investissement à prévoir dans la formation professionnelle, la sécurité sociale… – Promotion de l’emploi pour la réduction du chômage et la couverture totale de la demande additionnelle d’emplois. – Amélioration du bien être du citoyen et augmentation du revenu par habitant, et maintenir d’un rythme élevé de croissance économique et l’élévation de Pouvoir d’achat. Notons que la Banque Mondiale a fait de son mieux pour faire palier aux insuffisances de l’approche administrative en matière de développement qui a été largement appliquée en Tunisie. L’approche participative mise en avant par la Banque Mondiale cherche à combler certaines lacunes, responsables de l’absence des résultats en matière de développement durable. On peut ici dégager quatre principaux facteurs responsables de l’absence des résultats recherchés par l’approche administrative : – un manque de coordination entre le secteur public, secteur privé et le système collectif traditionnel ; – une approche de sommet à la base, qui n’a pas réussi à engendrer l’appui et la coopération de la population et qui, dans le pire des cas, a suscité des conflits entre le pouvoir publics et les populations locales ; – une approche centralisée, qui n’a pas assez tenu compte des spécificités et des connaissances locales en matière de développement ; – une approche sectorielle, qui n’a pas été accompagné d’incitations économiques, en particulier la nécessité d’augmenter les revenus des petits agriculteurs afin d’améliorer leur niveau de vie. Une des originalités de l’approche participative est la conclusion d’accords entre les collectivités et l’administration locale pour la programmation et le financement des interventions. En effet elles doivent être élaborés en commun un Plan de Développement Participatif (PDP), pluriannuel, débouchant sur des Contrats Programmes Annuels (CPA), négociés et signés entre la collectivité représentée par un Comité de Développement et les maîtres d’œuvres (CRDA par exemple). Ceci correspond à une approche fonctionnelle du développement d’entité territoriales capables de gérer l’espace, les ressources naturelles et le développement local, précédant d’autres approches institutionnelles (Communication, Gestion Par Objectifs (GPO),…) qui sont de plus en plus à l’ordre de jour en Tunisie. En effet, la stratégie de développement durable est désormais axée sur la participation des populations pour l’élaboration collective des programmes permettant l’amélioration du niveau de vie des populations. D’ailleurs, la réduction de la pauvreté est le principal objectif stratégique de la coopération internationale pour la réalisation d’un développement durable. Dans ce contexte La bonne gestion de ressources naturelles permet d’amortir la pression des surpâturages, de déboisement, d’érosion hydrique et éolienne et de désertification. Cela contribue à l’amélioration des conditions de vie de la population, suite à l’augmentation de leur revenu issus de l’activité d’élevage et à la diminution du taux d’exode des chefs des familles et des jeunes. Aussi la bonne gouvernance (comme la mise en œuvre de la Gestion Par Projets, la Gestion Par Objectifs,…) et le renforcement institutionnel (renforcement des ressources humaines, améliorations des outils et matériels de travail,…) permettent d’accélérer le processus développemental et d’améliorer la gestion des fonds de projet ce qui contribue directement à l’amélioration de la rentabilité des actions de projet, et par suite l’augmentation de revenu principal facteur de réduction de la pauvreté. Il est à signaler qu’il y a une nuance concernant le niveau de développement durable. Cela, pourrait être interprétée comme un indice relatif de désaccord entre les différents piliers de développement durable, à savoir le développement économique, le développement social, le développement environnemental.Conclusion
La Tunisie est l’un des pays qui a le plus spectaculairement réduit son taux de pauvreté, passé de 12.9% de personnes vivant en dessous du seuil national de pauvreté en 1980, à 6.2% en 1995 a 4.2% en 2004, toutefois depuis quelques années, liées sans doute en partie au taux de chômage en hausse, avec une transformation notable : les pauvres sont de plus en plus urbains 69.6% en 1998 contre 41.8% en 1980. La Tunisie devrait atteindre, ou dépasser, les différents objectifs du millénaire pour le développement. – Il devrait atteindre un taux de pauvreté inférieur à 2% en 2015, même si la pauvreté touche actuellement le noyau dur de la population vulnérable et que les instruments de lutte contre ce phénomène méritent d’être renforcés pour un meilleur ciblage. – L’objectif d’une éducation primaire pour tous les enfants est presque atteint. La baisse du taux d’abandon permettra de résorber les quelques 1,2% des élèves qui n’achèvent pas le cycle primaire. – L’objectif de « l’élimination des disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 » est atteint par la Tunisie depuis 2000. – Les efforts déployés en matière de vaccination des enfants pourront faire reculer la mortalité infantile de manière sensible et dépasser l’objectif de réduire de deux tiers le taux de mortalité infantile entre 1990 et 2015. – La mortalité maternelle reste un indicateur pour lequel les projections à l’horizon de 2015 semblent relativement pessimistes, avec un taux de réalisation d’environ 70%. Malgré les performances enregistrées au niveau de la réduction de la mortalité maternelle, et en dépit de tous les efforts d’amélioration des indicateurs de couverture périnatale, les résultats montrent quelques déséquilibres entre les régions. Une priorité devrait être accordée à la réduction de ces disparités par le ciblage des zones les moins performantes, particulièrement les régions du centre ouest et du Sud. Depuis des années, la Tunisie a intégré les principes du développement durable dans ses politiques nationales, elle se déploie à inverser la déperdition des ressources environnementales et à améliorer les conditions environnementales de la population, ce qui permis l’accès à l’eau potable de façon durable à une importante pourcentage de la population totale. Par ailleurs, l’analyse développée sur la base d’indicateurs centrés autours des objectifs du millénaire pour le développement a permis de mettre en relief les disparités régionales qui caractérisent le paysage de la Tunisie. Il est dans l’intérêt de tous les pays de favoriser un environnement économique international dynamique et favorable. En outre, les questions relatives à l’environnement économique international, notamment les questions environnementales, ne pourront être abordées efficacement que dans le cadre d’un dialogue constructif et d’un véritable partenariat fondé sur des intérêts et avantages mutuels, compte tenu du fait qu’étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l’environnement mondial, les Etats ont des responsabilités communes mais différenciées. Les ressources et mécanismes financiers jouent un rôle fondamental dans la mise en œuvre d’Action 21. De façon générale, le financement de ce programme viendra des secteurs public et privé nationaux de chaque pays. En ce qui concerne les pays en développement, l’aide pour le développement est une importante source de financement extérieur, Certes, l’évolution de la coopération internationale pour le développement est considérée parmi les évolutions les plus surprenantes de la sphère des affaires internationales. En effet, la coopération internationale pour le développement ne cesse de se développer en répondant de mieux en mieux aux besoins des nations, dans un cadre global de développement durable. Le concept du développement durable est, cependant, diversement interprété en fonction des préoccupations des pays ou régions. A l’origine, des considérations écologiques et environnementales ont conduit à percevoir le développement durable comme un processus qui aboutit à une croissance économique soutenue tout en préservant l’environnement naturel, en évitant notamment une utilisation excessive des ressources naturelles. La coopération internationale s’impose afin d’accélérer le développement durable dans les pays en voie de développement, tout en ayant pour principal objectif la réduction et, à terme l’éradication de la pauvreté. Cette pauvreté et pour le mesurer par des indicateurs précis il faut qu’on fixe sa seuil. La pauvreté dépend de deux facteurs qui ont une forte relation avec le développement durable qui sont ; la croissance économique et la distribution du revenu. Suite a notre travail on a montré qu’en Tunisie on a une importance diminution de pauvreté, en 2004 plus de 2.9% de la population rurale est dans l’incapacité d’atteindre un niveau de bien être correspondant a un minimum acceptable évaluer par 432 DT contre 4.9% en milieu urbain, aussi on peut affirmer que la profondeur et la gravité de la pauvreté mesurés dans les deux milieux urbain et rural, ont reculé d’une manière continue entre 1980 et 2004. Cette détérioration a touché par ailleurs l’ensemble des régions avec toutefois la persistance d’un différentiel en défaveur des zones du Sud et de l’Ouest du pays. Pour la Tunisie la libéralisation et de l’ouverture de l’économie en améliorent la coopération international est un instrument pour réaliser une croissance partagée et un développement profitable à toutes les catégories sociales et à toutes les régions. Les changements qualitatifs intervenus dans le mode de vie sont reflétés par l’amélioration remarquable des indicateurs suivants : – Plus de 9 ménages sur 10, au niveau national, disposent de l’eau potable et de L’électricité. – Plus de 84,9% des ménages, en milieu rural, disposent de l’eau potable et 94,1% de L’électricité en 2004, contre près de 1 ménage sur 5 en 1980. – La baisse du taux de pauvreté qui se situe à 4,2% en 2004, alors que, dans les années 1960, près du tiers des Tunisiens vivaient au-dessous du seuil de pauvreté. On peut affirmer que les milieux rural et urbain ont connu de profondes mutations qui se sont accélérées depuis le début des années 1980. Ces transformations ont permis, grâce à un effort budgétaire et financier important, de rattraper le retard du milieu rural sur le milieu urbain et d’inscrire le monde rural tunisien dans la dynamique de développement. Toutefois malgré ces avancées, beaucoup reste encore à faire et le risque d’un recul n’est pas exclu du moment que les ressources financières se tarissent ou que les politiques de développement privilégient les pôles de développement urbains, les secteurs non agricoles ou ceux dans lesquels l’espace rural est dépourvu d’avantage comparatif. Sur un autre plan l’espace rural, dont le développement a été basé jusque là principalement sur la valorisation des ressources naturelles, semble souffrir d’une sur-exploitation des ressources qui risque à moyen et long terme de remettre en cause l’ensemble des acquis. À cet égard, l’Agenda 21 national a défini des objectifs spécifiques à la gestion rationnelle de chacune des ressources naturelles en vue d’un développement durable. Plus précisément il faut que Le taux de pauvreté qu’il devrait atteindre un niveau inférieur à 2% en 2015.
Développement durable et lutte contre la pauvreté : Cas de la tunisie
Sans remettre ce rapport en cause ni les avancées obtenues dans de nombreux domaines je trouve dommage que ne soit pas abordé la question de la démocratie, et des droits de l’homme en particulier la libérté de la presse, les libértés syndicales et d’expression.
Développement durable et lutte contre la pauvreté : Cas de la tunisie
… ni la question de la prévarication croissante de la famille du Président sur tous les secteurs. La mainmise de l’entourage présidentiel sur les grandes entreprises, les concessions et marchés publics finit par décourager toute initiative individuelle.
Si la grande pauvreté a effectivement été quasiment éradiquée depuis des années, une nouvelle pauvreté des classes populaires et moyennes se développe. En particulier, le pays peine à fournir un avenir à toute sa jeunesse, qui rêve en masse d’émigrer ! On assiste à la dernière génération de familles nombreuses, diplômée Bac+4 et 5, qui a poursuivi des études de longues années le long desquelles on lui a appris à ne pas se servir de son cerveau pour autre chose que pour rabâcher, qui a obtenu ces diplômes après des années de redoublement et n’a pourtant pas un niveau universitaire satisfaisant. On estime que 25 ou 30% sont au chômage et une bonne moitié à tenir des emplois dans l’industrie ou les services tels que les centres d’appel à faible qualification. Ceux qui trouvent un poste à la hauteur de leur formation l’obtiennent essentiellement par relation.
En matière de gestion de l’eau, cet article est aussi artificiellement optimiste:
– aucune ville tunisienne n’est équipée d’un réseau de tout à l’égout, ce qui provoque des inondations régulières des quartiers populaires quand il pleut fortement,
– rejets en mer d’eaux usées non ou peu traitées dans toues les zones balnéaires,
– le pire étant la pollution et l’assèchement des nappes phréatiques dans les zones touristiques, y compris à Tozeur, oasis aux portes du Sahara dont le fameux « chott el jerid » (lac salé)se tarit.
Très mauvaise collecte des déchets ménagers et traitement dans des décharges ouvertes (celle de Sousse dont les fumées se déposaient sur les oliveraies a été fermée l’an dernier), sans parler naturellement de la pollution visuelle des chantiers permanents dans toutes les villes et bourgades (et des photos partout du même homme).