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Tout beau, tout bio ? L’envers du décor

Comment devient-on un agriculteur bio ? Cette reconversion est-elle difficile ? Faut-il se méfier des propositions parfois alléchantes d’une grande distribution aujourd’hui en manque de produits bio ? Que faire face au développement exponentiel de la demande ? Saisir toutes les opportunités de marchés et s’adapter sans complexe à la demande ? Mais aussi l’agriculture biologique favorise-t-elle vraiment le développement des maladies dans les champs ? Quid des bienfaits pour la santé du consom’acteur… Et que faire de la grande distribution qui se lance à l’abordage du business bio ?

Préfacé par Marcel Mazoyer, professeur émérite à Agro Paris Tech, le Tout beau, tout bio ? des journalistes François Desnoyers [[François Desnoyers, 32 ans, est journaliste. Diplômé de l’Institut pratique de journalisme, il est pigiste permanent au journal Le Monde depuis 2004 et chef de rubrique au sein de l’agence de presse TV Agri.]] et Élise Moreau [[Diplômée de l’Institut pratique de journalisme (IPJ), Elise Moreau, 32 ans, est rédactrice en chef du Journal Télévisé de l’agriculture au sein de l’agence de presse TV Agri. Elle a également été journaliste radion à RTL et sur le réseau France Bleu.]] met en scène 
les controverses qui circulent en France sur l’agriculture biologique en interrogeant des dizaines de personnes de la filière : producteurs, consommateurs, distributeurs, scientifiques. Alors tout beau, donc tout bio ? Pas si sûr. Sans prendre parti et en réunissant 
les arguments des pour et des contre, les auteurs se veulent raisonnés dans leur approche du bio, traitant tant des difficultés au quotidien des agriculteurs, que de leur relation complexe et inégale avec la PAC de Bruxelles, la traçabilité des produits ou leur certification plus ou moins exigeante selon les pays. De ce livre, il ressort que les risques de fraudes sur la certification des produits bio sont plus grands s’agissant des denrées importées que celles produites en France. Et comme plus de 35 % des produits bio vendus chez nous sont importés, on se dit qu’il vaut mieux privilégier les circuits courts via la vente à la ferme, les Amap et les marchés locaux. Ce livre confirme aussi que les raisons de la conversion à l’agriculture biologique peuvent être diverses puisque d’anciens adeptes du productiviste effréné font le grand saut après avoir trop travaillé pour engraisser les firmes de l’agrochimie sans dégager un revenu satisfaisant. Mais se convertir à l’agriculture biologique n’a rien d’un long fleuve tranquille pour les paysans privés de l’assistance des molécules chimiques pour sauver une récolte. 
« La bio n’est pas un éden dans lequel on peut s’asseoir et contempler, mais un milieu dynamique en évolution permanente », explique l’agronome Stéphane Bellon interrogé par L’HUMANITÉ. Plus coûteux à produire, les aliments issus 
de l’agriculture biologique sont forcément plus chers 
que ceux de l’agriculture dite conventionnelle. Du coup, de nombreux témoignages nous montrent que 
les parts de marché gagnées par la grande distribution via les produits importés des pays à bas coûts 
de main-d’œuvre risquent de détruire la filière bio 
en France plutôt que de la consolider. Pour Leclerc 
et les autres, ce sont des produits d’appel qui font croître la fréquentation des magasins. En résumé, le monde du bio est paré de nombreux atouts, mais il a aussi ses zones d’ombre, ses crises, ses tragédies, comme en témoigne la situation récente en Allemagne. Cet ouvrage nous entraîne dans les coulisses d’une filière à l’heure de choix décisifs. Une bataille s’engage, à l’issue de laquelle le bio pourrait bien perdre une partie de son âme. Références : Tout beau, tout bio ? de François Desnoyers et Élise Moreau – Editeur : L’Aube – Date de publication : 08/09/2011 – 224 pages – EAN : 9782815902441 – Prix public : 16 €

 

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David Naulinhttps://cdurable.info
Journaliste de solutions écologiques et sociales en Occitanie.

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