Pour changer, pour innover, pour partager, 30 cinéastes de tous les continents nous proposent leur regard sur l’environnement en 2 minutes. Du Grand Nord au Pérou, de l’Inde au Burkina Faso, tous déclinent avec leur sensibilité et leur talent une problématique environnementale : la fonte des glaces en Arctique, la disparition des papillons dans les campagnes, la pollution des mers en Rade de Brest ou la déforestation en Amazonie. Une collection formidable, diffusée à l’occasion du Festival de Cannes par Arte du lundi au vendredi à 18h55 sur Arte jusqu’au 17 juin.
Sur une idée originale de Noëlle Deschamps [[Fondatrice des ateliers Équinoxe, elle a aussi assuré la direction artistique du projet.]], le septième art, par la voix et la verve créatrice de trente cinéastes de tous les continents, apporte sa pierre à l’édifice écologique et entend réveiller les consciences engourdies. Dépassant le stade des discours d’intention, Terry Jones, Amos Gitaï, Rachid Bouchareb, Pan Nalin et leurs camarades égrènent avec leur sensibilité personnelle et la force de leurs convictions les problématiques environnementales qui ébranlent la planète. Réflexions sur l’héritage empoisonné que nous laisserons à nos enfants, constats dénonciateurs, boîtes à idées ou appels à la mobilisation, ces courts métrages de deux minutes forment un ensemble d’une incroyable richesse, où la limpidité du propos et les trouvailles cinématographiques s’accordent sans fausse note. Dans La leçon de Pierre Jolivet, deux enfants sermonnent leurs parents sur leur empreinte énergétique inconsidérée. Pendant ce temps, en Norvège, des blocs de glace à moitié fondus dérivent tristement sous les yeux d’Asif Kapadia (Le vrai Nord). Postée dans un décor en carton-pâte, Isabella Rossellini (Bon appétit !), affublée d’un ciré jaune, décortique avec fantaisie les conséquences de l’élevage intensif des saumons. Restée sur la terre ferme, Meena Nanji (Un millier d’années) capte l’étrange ballet des sacs plastique ballotés par les vents. Ces mêmes vents chorégraphes qui règlent les mouvements élégants des éoliennes belges, filmées par Jaco Van Dormael (Éole). Dans le désert africain, la poésie bouleversante et désenchantée d’Abderrahmane Sissako se déploie dans Je vous souhaite la pluie, où un tout-petit étanche sa soif en recueillant une larme de désespoir sur la joue de sa mère. Mais que vaudraient ces plaidoyers si la réalisation elle-même ne montrait pas l’exemple ? Avec L’homme tombé sur terre (remix), un bijou d’inventivité et d’humour déjanté, Pen-ek Ratanaruang nous offre une audacieuse leçon sur le recyclage des images. Une manière originale de faire entendre à nouveau un message, rebattu certes, mais d’une urgence capitale.Voir les films
L’héritage, de Terry Jones : Dans un poème, une fillette anglaise interroge son grand-père sur le monde qu’il lui laisse. Oscars, de Rachid Bouchareb : Cérémonie des Oscars, l’embouteillage le plus chic de la planète. Et si on remplaçait les limousines des stars hollywoodiennes par des voitures hybrides ? Bon appétit !, d’Isabella Rossellini : Comédie mettant en scène à la façon d’un théâtre de marionnettes Isabella Rossellini, tour à tour consommatrice et éleveuse de saumon. Elle dénonce avec humour les excès des élevages intensifs de poissons. Je vous souhaite la pluie, d’Abderrahmane Sissako : Un village au milieu du désert, paysage de sécheresse. Son enfant dans les bras, une mère guette le ciel, dans l’espoir de la pluie. Une larme glisse le long de sa joue que l’enfant recueille et porte à sa bouche. La leçon, de Pierre Jolivet : Deux enfants font la leçon à leurs parents sur leur mode de vie peu économe pour l’environnement : 4×4, maison chauffée à 25°C, eau en bouteille, tout y passe. Rien ne se jette, d’Idrissa Ouedraogo : Rien ne se jette ou comment de vieux pneus peuvent devenir des chaussures. Pour lutter contre la prolifération des déchets, les habitants de Ouagadougou pratiquent la récupération. A Dream about Trees, d’Isabel Coixet : La réalisatrice raconte à sa petite fille le rêve qu’elle a fait… Elle était dans la dernière forêt et les arbres mourraient… Et la petite s’interroge : et où donc vivront les koalas ? Naif, de Pablo Trapero : Des enfants qui jouent sur la plage. Des plans de villes sous le flot des inondations. Les enfants construisent une petite ville de sable. Une vague détruit leur ouvrage… Altyapi, de Fatih Akin : Des enfants jouent au football sur un gros tas d’ordures, comme le symbole de ce que l’on laisse aux générations futures. Et malgré tout ils jouent « Eduquer dans le respect ». Against the current, de Jia Zhangke : Conséquences sur l’environnement local de la construction du barrage des Trois Gorges. L’engloutissement de toute une vallée. Word of Ecology, d’Amos Gitaï : Le réalisateur propose de jouer sur les « mots » de l’environnement, les absurdes, les importants, jusqu’à l’explosion… Man who Fell to Earth (Remix), de Pen-ek Ratanaruang : L’histoire d’un homme venu sur la Terre depuis sa planète très lointaine et asséchée pour tenter d’y ramener de l’eau, contée uniquement avec des images recyclées. A l’est de l’hiver, d’Igor Minaev : La vie dans un petit village d’Ukraine sous la neige, il y a 50 ans, quand il y avait de vrais hivers… Y en aura-t-il encore longtemps ? Paysages d’Avril à Pekin, de Lu Yi Tong : A Pékin, un vieil homme fait du roller. Peu à peu Quittant des paysages verts et arborés, il se retrouve au milieu de buildings imposants qui s’élèvent vers le ciel, masquant tout horizon… A Thousand Years, de Meena Nanji : Ballet impressionniste de sacs plastiques, qui envahissent les villes américaines. Echo of eco, de Pan Nalin : A Mumbai, un jeune et riche homme d’affaire en déroute veut mettre fin à ses jours. C’est la nature, source de bien-être, qui va le sauver. True North, d’Asif Kapadia : Démonstration en images de l’impact de l’homme sur le grand Nord et la fonte des glaces… Adieu papillons, de Philippe Le Guay : Le réalisateur s’interroge sur la disparition des papillons de son enfance et prend conscience des effets des pesticides. Les Toilettes, d’Etienne Chatiliez : L’ancien publicitaire en appelle aux hommes politiques, ils devront laisser la planète telle qu’ils l’ont trouvée en arrivant au pouvoir. Le miel de la vie, d’Eric Valli : Il n’aura fallu que quelques années pour que les abeilles soient aujourd’hui menacées de disparition, et avec elles, une part importante du cycle de la vie sur Terre… Prana, de Joslyn Barnes : Dans un grand restaurant de New York en 2025, on ne sert que de l’air pur. Rites, de Jan Kounen : L’inauguration et la bénédiction d’une nouvelle scierie en Amazonie, symbole de la façon dont l’homme détruit la forêt et son propre environnement… Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? d’Elia Suleiman : Un religieux de Tibériade raconte comment son environnement a été bouleversé par l’urbanisation et le tourisme de masse. Matin, de Ronit Elkabetz : Le problème écologique le plus urgent d’Israël est l’eau. La population du pays sans cesse croissante face à ses ressources naturelles d’eau qui diminuent de jour en jour. Le réveil d’une actrice y pourra t-il quelque chose… ? Éole, de Jaco Van Dormael : Aujourd’hui, en Belgique et en Hollande, sur des terrains proches des centrales nucléaires se côtoient des éoliennes… Feral City, de Nour Sabbagh : A partir notamment d’images de sa mère, la réalisatrice montre qu’à Beyrouth, la nature reprend ses droits sur le béton et malgré la guerre… The Whole Schmeer, de Michael Radford : Rencontre avec John Allen, créateur de Biosphère 2, reproduction d’un écosystème indépendant. Temple of heaven, de Ning Ying : Une maman et son enfant posent devant le Temple du Ciel, haut lieu du tourisme à Pékin. Pour la photo, ils sont cachés derrière leur masque anti-pollution. Avec de l’amour…, de Jean-Loup Hubert : En promeneur solitaire, Daniel Duval croise une famille heureuse dans une allée forestière noyée de soleil et s’arrête pour les regarder s’éloigner… Et si l’amour des hommes pour leur planète était aussi naturel… ? La dernière traversée, de Régis Wargnier : En Bretagne, dans un décor apparemment idyllique des épaves sont abandonnées à la rouille. Le réalisateur dénonce : la mer est source de toute la vie sur terre, arrêtons de lui porter la mort.