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L’habitat et les bâtiments industriels à l’horizon 2025

Vers une nécessaire prise de conscience collective

L’ESME Sudria, l’école de l’innovation, des sciences de l’énergie et des technologies avancées, a organisé dans ses locaux, le 18 février 2010 au matin, un événement entièrement consacré à « l’habitat durable du futur », animé par Teddy Follenfant, journaliste, spécialiste des questions d’environnement.

A l’heure où la question énergétique du cadre bâti, y compris les bâtiments industriels, a pris une dimension essentielle dans le débat public, l’ESME-Sudria, particulièrement sensible à la thématique environnementale, a tenté de faire le point sur ce sujet et d’y apporter des réponses claires, à travers le témoignage et le regard d’experts en la matière, à savoir : Emmanuel Coste et Henri Reese, architectes de renom ; Chantal Duchène, responsable du « plan climat-énergie » de la ville d’Ivry ; Nicolas Gravit de l’Eiffage ; Gilles Vermot Desroches de Schneider Electric ; Joël Lafaille du groupe Bouygues ; de Bernard Delpech d’ETDF ; Ronald Knoche de Eco Delta Développement ; Hervé Laborne directeur général de l’ESME Sudria.

État des lieux : le cadre bâti et la facture énergétique

Il a été acté que, à l’opposé de son voisin allemand, la France est nettement en retard en matière d’habitat durable et d’écologie. Cette différence s’explique notamment par l’importance du nucléaire face à d’autres formes d’énergie (vertes) ainsi que par l’omniprésence du vieux bâti. Mais la France souffre également d’autres carences. Tout d’abord, trop d’architectes travaillent seuls. Or, ceux-ci devraient s’entourer d’une équipe pluridisciplinaire pour faire face aux nouvelles pratiques architecturales et techniques qu’impose un développement durable de l’habitat. Autrement dit, ils doivent acquérir une vision globale, pour construire avec une « intelligence énergétique ». De même, il existe une vraie lacune dans l’approche pédagogique, ainsi la France manque-t-elle de personnes qualifiées pour avancer dans le domaine du « durable ». De plus, aujourd’hui, la problématique de la certification de la performance d’un bâtiment pose problème (BBC : bâtiment basse consommation énergétique) : certaines constructions, pourtant neutres en énergie, sont ainsi considérées « hors-la-loi ». Enfin, le bâtiment durable à un coût très important. On peut donc se demander s’il existe une volonté politique de changer les réflexes économiques et de remettre en cause le système pour construire des bâtiments durables. A cela, s’ajoute la frilosité des entrepreneurs qui s’interrogent sur la rentabilité de l’investissement à long terme et sa viabilité. En ce qui concerne la question de la consommation d’énergie, des ressources et des Gaz à Effet de Serre (GES), elle est un enjeu majeur de notre avenir. En effet, depuis que l’on consomme de l’énergie, chaque génération consomme le double de la génération précédente ! En sus, la population augmente. De fait, cette variation sera exponentielle ! D’où la nécessité de réduire notre consommation et de penser « durable », notamment lorsque l’on sait que 30 à 40% de la consommation d’énergie proviennent des bâtiments ! Deux types de bâtiments doivent être distingués : Le bâti neuf : en France, chaque année, le bâti neuf représente seulement 1% du bâti total. Il faut, pour ces 1%, construire intelligemment, inventer la maison intelligente de demain, celle qui produira de l’énergie elle-même. A l’inverse, le bâti ancien constitue un vrai défi. Si l’on peut facilement construire durable, en revanche pour faire du bâti ancien, un bâti durable, cela est beaucoup plus délicat : d’une part, parce que le coût est élevé et, d’autre part, parce qu’il y a des normes architecturales à respecter (notamment dans le cadre des habitats classés, historiques). Il existe heureusement des solutions techniques pour diminuer la consommation d’énergie des bâtiments anciens : l’isolation, les énergies renouvelables et le développement technologique. Sur ce dernier point, il y a un vrai enjeu mondial important que la France doit absolument saisir. En effet, il existe un marché d’affaires qu’il faut faire émerger et développer. La France doit se constituer un « background industriel » qu’elle n’a pas dans la réalité, contrairement à d’autres pays. Le vrai enjeu pour elle est donc de se créer cette industrie verte qui reste aujourd’hui très faible. Elle a raté le temps de l’innovation. Elle doit donc à présent mettre les bouchées doubles, d’autant plus qu’elle bénéficie, dans ce domaine, de leaders mondiaux, tels Veolia Suez, Vinci, Bouygues, Schneider, Eiffage, EDF, AREVA (etc.) qui ont un rôle fondamental à jouer. Les solutions techniques actuelles et futures : Des projets et des exemples très probants d’habitat durable existent déjà et sont des signes prometteurs de la direction dans laquelle on peut aller. Après avoir réalisé «La Bonne Maison» pour Yann Arthus-Bertrand, Emmanuel Coste a réalisé deux constructions exemplaires en matière de développement durable : – le « Natural Positive Building », siège de son agence à Houdan, réalisé en 2008. Ce bâtiment est fondé sur des critères de sobriété, de performance et d’énergie renouvelable. Il s’agit d’un immeuble de bureaux exemplaire en développement durable, symbole d’un mode constructif accessible à toutes les entreprises. http://www.naturalpositivebuilding.fr/ – sa propre maison, à Montfort l’Amaury, dans les Yvelines, baptisée « Maison Canopée ». Cette maison est neutre en énergie grâce à une conception rigoureuse de l’enveloppe et à un système innovant de récupération énergétique, de recyclage des eaux grises en complément de la récupération des eaux de pluie et exemplaire dans le choix des matériaux naturels. http://www.maisoncanopee.com – La ville d’Ivry s’est fortement engagée en faveur de l’habitat durable, car c’est surtout au niveau local qu’il peut se passer des choses concrètes. Elle est ainsi devenue un laboratoire vivant avec la mise au point du « Plan Climat Energie » qui a mis en évidence les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre liées à son territoire. De cette étude est ressortie la nécessité de réduire de 10% les GES, l’objectif étant d’atteindre les 20% en 2020. Comme le tertiaire et l’habitat résidentiel sont les principaux émetteurs de CO2 et de consommation énergétique, le défi sera de réussir à réhabiliter le parc de logements anciens. La solution : le projet « Ivry Confluences » qui constitue une très ambitieuse opération de reconquête de son territoire par la ville. Ce projet prévoit la reconstruction de la ville sur la ville, c’est-à-dire de 175 Ha sur les 600 qu’elle compte. – Les projets « Phosphore 1 et 2 » de la société Eiffage sont des exemples virtuels d’une approche réellement globale d’un développement urbain durable proposant aux collectivités une offre de haute qualité de vie, par la prise en compte de plusieurs critères : respect du territoire et de son environnement, sobriété et efficience énergétiques ; confort et bien-être des personnes, etc. http://www.eiffage-phosphore.com Dans l’ensemble, ce débat consacré à l’habitat durable du futur a été riche et ouvert. Il a démontré que, bien que la France soit en retard, celle-ci a à sa disposition les moyens nécessaires pour construire durable. Reste simplement à ce que la volonté publique suive pour être au rendez-vous de cet enjeu. Ce débat a aussi montré l’utilité de proposer une offre de formations dans ce domaine où il y a de nombreux besoins. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle », explique Hervé Laborne, directeur de l’école, « l’ESME Sudria ouvrira, dès la rentrée 2010, une nouvelle voie d’expertise. Notre école sait adapter ses programmes d’enseignement aux évolutions et enjeux du développement durable ainsi qu’aux besoins des entreprises et des exigences environnementales. Elle fera donc, de ce thème, une des composantes fortes de son offre pédagogique en formant des experts qualifiés. »

 

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