Parti en septembre 2006, le voilier scientifique polaire Tara a dérivé en arctique pendant plus d’un an et demi. C’est grâce à sa coque arrondie et plate que le voilier a pu résister aux pressions extrêmes exercées par la banquise et se laisser porter par elle. Le voilier a parcouru 3 400 kilomètres à la vitesse moyenne de 9,3 kilomètres par jour ce qui représente 1 400 kilomètres en ligne droite. Ce long voyage de Tara est passé à 160 kilomètres du Pôle Nord géographique par 88°32′ Nord le 28 mai 2007. Tara est ainsi le navire prisonnier des glaces ayant atteint la position la plus au nord du monde. Le samedi 23 février, après 18 mois d’une remarquable expédition scientifique le bateau revient à son point de départ. Pour vous permettre de vivre cet évènement en direct La Radio de la Mer installe son studio sur le port de plaisance de Lorient, là où s’amarrera la goélette. Les équipages qui se sont succédés à bord vous feront partager leur expérience. Les scientifiques seront également interrogés pour un premier bilan quant à l’impact du changement climatique sur le Pôle Nord et les enjeux écologiques qui en découlent.
L’expédition Tara, dirigée par Etienne Bourgois, s’inscrit dans le cadre de l’Année Polaire Internationale (API) 2007-2009. Elle est un partenaire majeur du programme européen scientifique Damocles. Programme d’envergure qui réunit plus de 45 laboratoires développant un dispositif d’observation pérenne de la glace, mais aussi de l’océan sous-glaciaire (température, salinité, courants), de l’atmosphère, des flux d’énergie entre air, glace et eau. Tel est l’objectif du programme de l’Union Européenne dont Jean-Claude Gascard est le coordinateur scientifique. Damocles regroupe plus de cent scientifiques spécialistes de l’Océan Arctique. À bord de Tara, ces scientifiques ont réalisé des mesures dans l’océan, la glace et l’atmosphère et ont testé des prototypes capables de transmettre des données en surface, mais aussi sous la glace. Au carrefour de la science, de la technologie, de la pédagogie et de la communication, Tara Arctic est une grande aventure humaine qui a la volonté de sensibiliser les citoyens de la planète sur l’importance des équilibres écologiques. L’équipe de Tara étudie donc actuellement différents projets pour poursuivre cette mission. La première étape sera sans doute de créer une fondation Tara dans les mois à venir. Journée spéciale à suivre avec La Radio de la Mer samedi 23 février. – L’arrivée de l’expédition Tara avec Alternative ChannelTara : Un voilier écologique
Pour l’expédition « Tara Arctic 2007-2008 » le voilier polaire est devenu pendant deux ans une base dérivante et un espace de vie et de travail pour de nombreux scientifiques. Malgré les conditions extrêmes rencontrées, l’équipe à bord de Tara s’est efforcée d’optimiser sa consommation de ressources, de limiter ses déchets et de généraliser autant que possible les comportements éco-responsables de chacun en cohérence avec les objectifs de la mission. – Energies : L’approche environnementale du projet fait de la gestion énergétique du bateau un véritable défi dans de telles conditions. Il s’agissait d’exploiter au mieux l’environnement polaire comme source d’énergie, de limiter les pertes et d’optimiser les calories produites, ce qui a demandé une rigueur de chaque instant aux occupants de la base. Tout au long de l’année, les besoins en énergie ont été absorbés par des groupes électrogènes à bord de Tara tournant entre 6 et 12 h par 24h suivant la demande énergétique. En hiver, la production d’énergie a été complétée, chaque fois que possible, par deux éoliennes (3 kW chacune) disposées sur la glace autour de Tara. En été, le soleil permanent a permis une bonne source d’appoint, grâce à la mise en place d’une douzaine de panneaux solaires (total de 2,5 kW), et de couvrir les besoins énergétiques de base. En cas de pic de consommation, comme lors de la présence d’un gros contingent scientifique, les groupes électrogènes sont venus compléter le dispositif. – Isolation : Tara est dotée depuis sa construction d’une épaisse isolation limitant les déperditions de chaleur. Les grandes baies vitrées du carré, recouvertes d’un matériau isolant en hiver, captent la lumière et la chaleur du soleil les mois d’été. Cette particularité du carré permet de ne pas avoir recours au chauffage les mois d’été lorsque la température extérieure avoisine 0°C. – Recyclage et gestion des déchets : La gestion des déchets a commencé bien en amont de l’expédition avec l’optimisation des emballages et notamment la suppression de tous les plastiques inutiles. Le bateau possède un container qui a permis de stocker 2 ans de vidange. Durant la dérive, les déchets ont été triés : le verre, le fer et les déchets organiques ont été rejetés en mer dans un trou entretenu dans la banquise. La faible quantité d’emballages papier et carton restant à bord est brûlée sur place, car le CO2 émis pour rapatrier ces déchets en Europe serait bien supérieur. Les autres déchets (plastiques et emballages aluminium) ont été compactés et stockés jusqu’au retour en Europe. Restait la question de ce que l’on appelle les « eaux noires », les toilettes ont été installées sur la glace elle-même, à coté de Tara, pour permettre une évacuation quotidienne vers la mer. Même pour uriner l’équipage devait se rendre dans un endroit spécifique, afin que l’environnement du bateau ne soit pas contaminé, problème important pour la génération d’eau douce propre. Coté médical, les déchets ont quand à eux été stockés dans des containers spécialisés et scellés. – Eclairage : La consommation électrique des ampoules pendant la nuit polaire peut devenir importante, il était donc crucial de la minimiser. La plupart des ampoules du bord ont été remplacées par des lampes à diodes 100 fois plus économes dans les endroits peu fréquentés. Comme la technologie n’est pas toujours synonyme de simplicité, la bougie et la lampe à huile ont pu retrouver une utilité en cas de déficit énergétique imprévu. Un parc de batteries important (2400 Ah) permet de stocker un maximum d’énergie lorsque le groupe est mis en marche (notamment lors de l’utilisation quotidienne du treuil océanographique). – Approvisionnement en eau : L’extrême nord de la planète et notamment l’Océan glacial Arctique est un véritable désert polaire, il ne pleut qu’une poignée de jours par an (les températures n’y sont positives que de mi-juin à mi-août). Loin de toute civilisation mais lieu de vie permanent, la base scientifique a du répondre à un besoin vital : l’approvisionnement en eau. Chaque jour l’équipe a entretenu un stock de neige ou, mieux, de glace propre : en effet, à masse égale, il faut plus d’énergie pour produire de l’eau à partir de la neige qu’à partir de glace, il neige peu en Arctique (l’essentiel de la neige est transporté par le blizzard avant de se figer en congères). Par contre seule la glace de mer de plus de deux ans est consommable, car elle s’est alors dessalée par percolation). L’optimisation de la consommation d’eau a donc été un enjeu écologique vital.L’expédition résumée en chiffres
– Nombre de jours de dérive : 507 – Position de la mise en glace : 79°53N 143°17 E – Position de la sortie des glaces : 74°08N 10°04 O – Position la plus Nord atteinte : 88°32N le 28 mai 2007 (160 Km du pôle Nord géographique) – Date de la mise en glace : 3 septembre 2006 – Date de sortie des glaces : 21 janvier 2008 – Nombre de kilomètres parcourus en dérive : 5 200 Km – Nombre de kilomètres parcourus en ligne droite : 2 600 Km – Plus grande distance dérivée en 24 h : 49 Km – Poids du bateau au début de la dérive : 180 tonnes – Nombre de membres d’équipage qui se sont relayés sur Tara : 20 hommes et femmes – Moyenne d’âge de l’équipage à bord de Tara lors de l’expédition : 33 ans – Nombre de rotations aéroportées vers Tara : 1 en avril et 1 septembre 2007 (11 vols) – Epaisseur moyenne de la glace autour de Tara durant la dérive : 1,5 m – Température la plus froide : – 41 °C – Température la plus chaude : + 9°C – Nombre de jours au-dessus de 0°C : 50 jours entre le 9 juin et le 18 septembre 2007 – Nombre de jours dans la nuit complète : 230 – Nombre de jours dans le jour permanent : 230 – Nombre d’ours vus : 18 – Quantité de nourriture embarquée à Lorient: 8 tonnes rangées dans 6m3 – Quantité de nourriture apportée lors des rotations : 1 tonne – Nombre de litres d’eau nécessaire pour 24 heures : 200 litres – Consommation électrique par jour : 8 kW/h – Consommation journalière de carburant : 43 litres – Nombre de logs : 215